INXS - X (1990)


Le soufflé retombe ...

Curieuse trajectoire que celle d’INXS … groupe de quelconques qui se vit soudain, sur la seule vertu d’un disque (« Kick »), par ailleurs pas leur plus réussi, propulsé au rang de groupe majeur de la décennie. Même si cette décennie était celle des années 80, assez justement perçue comme un trou d’air artistique, en comparaison des trois qui l’avaient précédée …
Double coup de bol, INXS surfe sur la vague d’un rock australien alors à la mode en compagnie des métalleux écolo Midnight Oil, et le chanteur d’INXS Michael Hutchence se voit par une presse teenage en manque de belles gueules rebelles (et surtout d’imagination) proclamé Jim Morrison de sa génération. Il finira d’ailleurs comme Jimbo, suicidé ( ? ) aux antidépresseurs …
Pourtant au départ INXS c’est le groupe des frères Farriss, leaders et auteurs des titres. Groupe d’abord rodé dans le très dur circuit du pub-rock australien, ayant effectué un virage funky dansant à la Duran Duran (leur premier succès américain « Original sin »), avant de revenir vers du rock dur à l’australienne (« Listen like thieves », leur d’assez loin disque le plus cohérent).
Le succès heureux de « Kick » et de la kyrielle de hits que ce disque plaisant, mais pas plus, a obtenu va les laisser face à une page blanche. Comment eux, qui errent sans direction précise dans le music business depuis une décennie vont-ils pouvoir faire pour concrétiser leur tout frais succès ? En fait, le seul lien qui relie l’essentiel de leur discographie est le producteur Chris Thomas, qui a commencé en studio avec les Beatles et Pink Floyd, avant de devenir l’homme de l’ombre des Pretenders, en tout cas leur metteur en sons. S’il y a quelque chose de réussi dans ce « X », c’est bien le travail de Thomas, qui arrive par moments à donner le change, tout du long de ce follow-up raté.
Parce que les INXS se montrent totalement incapables d’écrire la suite de « Kick ». Ne reste plus que le son de leurs succès, sans les chansons qui vont avec. Certes, sur la lancée de « Need you tonight » et des autres, le premier single extrait ce « X », le très quelconque « Suicide blonde » (allusion paraît-il à la bombinette disco Kylie Minogue, un temps petite amie perverse de Hutchence), avec son harmonica bluesy et ses cocottes de guitare funky fera son bonhomme de chemin dans les charts. Ensuite, c’est la soupe à la misère. INXS singe misérablement ce qui vend. Le U2 « héroïque » dans « Disappear », la pop pompière des Simple Minds dans « The stairs » (qui commence par une intro décalquée sur celle d’ « Always the sun » des Stranglers), les ballades pour troisième âge de l’Elton John sur « By my side ». On ne tend l’oreille que sur « Lately », pas trop mauvaise, et on s’aperçoit qu’elle est co-écrite par Stevie Wonder, ceci expliquant sans doute cela, même si l’aveugle dreadlocké n’est pas lui non plus dans sa meilleure période. Et tout le reste de ce disque, plus par manque de temps et d’envie que par charité, on n’en dira rien …
INXS allait par la suite confirmer (enfin, façon de parler), sortant une paire disques que tout le monde a oublié d’écouter, soi-disant à juste titre, que leur succès et leur réputation tenaient beaucoup plus du hasard que du talent …