WILD FLAG - WILD FLAG (2012)


Girl power (pop)

Wild Flag, on peut voir çà comme une sorte de super groupe féminin d’indie rock énervé. Dont les deux filles les plus connues (Carrie Brownstein et Janet Weiss) étaient les deux tiers du défunt band Sleater-Kinney. Dont j’ai pas grand-chose à dire, j’ai qu’un seul de leurs disques, « Dig me out », acheté à cause d’une pochette pastichant celle de « Kontroversy » des Kinks, et que j’ai même pas du écouter… Sleater-Kinney, c’était l’époque des riot grrls, loin en matière de notoriété derrière L7 ou Hole … Une version féminine, féministe et militante du grunge, ou quelque chose comme ça…
Et donc, après la proverbiale traversée du désert, retour aux affaires sous forme d’un quatuor dont le nom est paraît-il inspiré du « Pink Flag » de Wire. Why not, même si ça saute pas aux oreilles. Les Wild Flag ne sont pas des poulettes de l’année, mais des quasi quadras bien entamées par des lustres de pratique rock’n’roll et des silhouettes qui commencent à s’envelopper, ce qui nous évite la farce de la hype éventée des nymphettes top glamour sans aucune consistance musicale. On ne retiendra d’elles que leur boucan, elles le savent, et ont donc mis le paquet sur cet aspect …
Même si de l’indie-rock à guitares en avant, on n’entend plus que cela depuis … toujours ou au moins bien longtemps. Rien de nouveau sous le soleil, si ce n’est une certaine chaleur, une forme d’entrain printanière et réjouissante. Un parti pris mélodique indéniable, c’est un disque « écrit », et non pas un vaste grabuge électrique fourre-tout trop souvent entendu, où, faute d'être capable de mieux, on préfère mettre de lourdes grattes saturées plutôt que des refrains qui se retiennent. Deux filles se partagent le micro, il y a plein de chœurs derrière, c’est bien foutu, soigneusement mis en place, très mélodique. Beaucoup plus proche de la power pop énervée de la fin des 70’s que d’un quelconque métal bourrin…
Et ce sont finalement les morceaux les plus rentre-dedans qui sonnent le plus quelconques (« Boom », « Short version », « Black tiles »). Par contre, quand l’accent est mis sur la mélodie et l’arrangement classieux, le résultat me semble bien meilleur, qu’il s’agisse de power pop énergique (« Romance » et son refrain pétillant), de titres d’obédience très 60’s (« Endless talk »), de facture très classic-rock (« Electric band »), d’embardées lo-fi très Pavement (« Something come over me »), ou d’une ballade mid-tempo psychédélique se concluant en bouillie sonique (« Glass tambourine ») …
Mention particulière pour mes deux morceaux préférés, « Future crimes », tournerie très pop à l’entêtant gimmick de claviers, qui pourrait faire un très radiophonique single ; et le titre le plus long et le plus ambitieux du disque, « Racehorse », avec son intro à la Breeders et son refrain en forme d’hymne.
« Wild Flag » est un disque réussi, qui cherche pas à en mettre plein la vue (on s’éternise pas, on trie, on garde que le meilleur, les quarante syndicales minutes et basta), le filles assurent, avec mention particulière à Janet Weiss, très impressionnante derrière ses fûts (non, non, elle se prend pas pour Phil Collins, mais c’est quand même autre chose que Moe Tucker ou Meg White). Evidemment, dans un marché phonographique en totale déconfiture, et dans un créneau dans lequel la concurrence foisonne, il faudra un sacré paquet de concours de circonstances pour que ce disque, qui à mon avis ne fera quand même pas partie des oeuvres marquantes de ce siècle, devienne un best-seller. En tout cas, il surnage de la mélasse fadasse qui semble de mise aujourd’hui, et c’est déjà bien …