Un génie, on vous dit ...
Aphex qui ? Aphex Twin, voyons … me dites pas
que vous connaissez pas, parce que là ça va chier. Parce que moi je connais
plein de gens (enfin, au moins un ou deux) qui pourraient vous parler pendant
des heures de ce que ce type, Richard D. James, plus connu sous le nom d’Aphex
Twin entre autres sobriquets, a apporté à la musique. Enfin, à la musique
électronique pour être précis … Hey, partez pas tous !!
Il paraît que James est un génie. Si les dates qui
sont annoncées sur cette compile sont exactes, il avait quatorze ans en 1985
quand il a commencé à enregistrer des morceaux tout seul comme un grand. Le
Mozart des circuits imprimés, en quelque sorte … D’entrée, au bout de quelques
minutes, surgit une question angoissante : « mais quand est-ce qu’il
chante ? ». A la fin du disque, au bout d’une heure et quart, arrive
la réponse : « jamais ». Bon, peut-être qu’il chante comme une
casserole et que contrairement à d’autres qui font des skeuds qui se vendent,
il sait se taire. Ou alors il est muet. Après tout, Beethoven était aussi un
génie de la musique et il était sourd, et y’a des fois que je me dis qu’il
avait bien de la chance, Beethoven … Donc Aphex Twin fait des disques
instrumentaux, et son instrument de prédilection, c’est la disquette.
Personnellement, j’ai rien contre. J’ai rien pour non plus, notez bien …
Aphex Twin au grand complet : kessta, Lester, t'aimes pas mes disques ? |
Même s’il me semble que dans ce cas précis, des
types comme Kraftwerk faisaient au siècle dernier des choses beaucoup plus
intéressantes sur leurs disques ratés
(« Computer world », ce genre de choses), que D. James sur ses
chef-d’œuvres. Parce que là, franchement, y’a des trucs … tenez, « Green
calx » par exemple … c’est quoi, là ? il a enregistré une machine à
laver en mode essorage pendant qu’il jouait à « Space Invaders », et
dans ce cas, faut être juste et pas en rajouter (pas mon genre, hein, vous me
connaissez, rigueur et objectivité avant tout), mais c’est complètement crétin
… Il y a aussi quelques trucs pas très originaux, « Schottkey 7th
Path » (‘tain, c’est quoi ces titres ?), je sais pas ce qu’il y a
lieu d’en penser, mais je serais Mike Oldfield, je prendrai rendez-vous avec
mon avocat, parce que, ça ressemble quand même à « Tubular bells » …
Enfin, bon, ce que j’en dis … Et puis, il ont appelé ce bazar IDM (« intelligent
dance music », je précise pour les fans de Canned Heat, s’il en reste).
C’est sûr qu’il faut être vachement intelligent pour danser là-dessus, désolé,
j’y arrive pas … j’ai pas essayé non plus, je danse que dans ma tête, moi …
Arrivé à ce stade, les plus perspicaces auront
remarqué que ce skeud ne bénéficie pas de l’infâmant libellé « poubelle
direct ». C’est quand même intéressant de voir l’évolution de ce type, et
par extension de l’électro-machin-bidule, des balbutiements de la chose aux débuts
des années 90. Même s’il n’y a aucune date qui permette d’affirmer que la
compile est livrée dans l’ordre chronologique, on sent une progression, et pas
seulement liée à l’augmentation des moyens mis en œuvre (davantage de matos, de
logiciels, d’émulateurs, de boîtes à rythme, de samplers, …). D. James apprend
à jouer et à composer, on passe des ridicules claviers à un doigt à la Guetta
(« Ageispolis), à plein de nappes construites, travaillées, réfléchies, et
ce n’est pas un hasard si pour moi le meilleur titre est d’assez loin le
dernier, « Actium ».
Sinon, on part de l’ « ambient » (qui
n’a d’ailleurs rien à voir avec ce que faisait Brian Eno qui a inventé le
terme) au début du disque avec ses titres secs et austères, pour finir par des
tempos qui s’accélèrent, et des choses qui rappellent ce qu’on l’on entendait
dans les premières free parties, quand des types tout d’orange vêtus se
destroyaient les tympans dans la gadoue en gobant des pilules de toutes les
couleurs … Et il faut reconnaître que la musique électronique a plus évolué en
dix ans que le rock et toutes ses chapelles en cinquante. Il semblerait aussi
que là, en matière de musiques électroniques, on ait fait le tour aussi depuis longtemps …
Ça va, j’ai pas été trop méchant ?