Guitar Man
L’homme sans lequel Keith Richards et tant d’autres auraient peut-être appris le violoncelle ou le kazoo à la place de la guitare. Et qu’on le veuille ou pas, un des trois incontournables des 50’s, avec le Petit Richard et le gros Elvis. Auteur de « Johnny B. Goode », un des trois morceaux que tout type qui a tenu une guitare dans les doigts a essayé de jouer, au même titre que « Jeux interdits » ou « Smoke on the water ».
Quand tout a commencé à s’emmancher, Chuck Berry était déjà un ancêtre, un quasi trentenaire (il est né en 1926), musicien inconnu végétant sur de petits labels et accompagnant d'autres inconnus qui voulaient bien de lui, essayant vainement de se faire remarquer des frères Chess, patrons du mythique label de blues de Chicago.
Trop vieux, et pas au bon endroit au bon moment (c’est à des milliers de kilomètres de là, dans le petit studio de Sam Philips à Nashville, que la révolution est en marche), Chuck Berry n’a aucune chance. Mais comme tant d’autres, c’est en rompant tous les codes traditionnels, en expérimentant en dépit du bon sens, qu’il va trouver.
Bill Black et Scotty Moore massacrant en studio un vieux standard rhythm’n’blues d’Arthur Crudup et Presley se joignant à eux par la voix a donné « That’s alright Mama ». Chuck Berry qui a évidemment entendu ce titre, va aller à l’opposé. Lui, le Noir, part d’une structure musicale bien blanche (une trame country), accélère au-delà du raisonnable le tempo, le saupoudre de blues. Ce titre (« Ida Red »), Berry va le faire écouter à Leonard Chess, qui lui fait modifier le tempo, rajouter une guitare électrique et le rebaptise « Maybellene ». Contre la publication en single, Berry doit abandonner deux tiers des royalties à un certain Fratto, homme de paille des frères Chess, et à l’influent DJ Alan Freed, qui bien entendu n’ont en rien participé à l’écriture. « Maybellene » sera un bon succès, mais Berry gardera une rancune tenace à l’égard du music-business qui l’a spolié pour la première (et pas la dernière) fois, et une méfiance paranoïaque envers tous ceux qui y gravitent. Ajoutez une avarice légendaire, et vous avez avec Chuck Berry la hantise des organisateurs de concert pendant des décennies …
Evidemment, si l’on compare avec ses « classiques » comme « Sweet little sixteen », « Carol », « Johnny B. Goode », … ce « Maybellene » n’est encore qu’une ébauche. Berry est un bosseur, et un malin. Il va jouer légèrement sur le tempo, et surtout travailler comme un forcené sur sa Gibson, avant de petit à petit mettre en place sa patte, ce style inimitable que tout le monde va dès lors s’efforcer de copier. Première étape avec « Brown eyed handsome man », franche attaque de guitare in intro, et le rythme « Chuck Berry » déposé. Confirmation avec « Roll over Beethoven », premier immense classique . Nouvelle étape avec « Too much monkey busines », et cette fois, c’est la mélodie irrésistible qui arrive. Dernière évolution avec « Oh baby doll », pas son plus connu, mais qui oriente la musique de Chuck Berry vers des boogies très rythmés, un filon qu’exploiteront ensuite tous les « Sweet little sixteen », « Johnny B. Goode », « Carol » …
Trop vieux, et pas au bon endroit au bon moment (c’est à des milliers de kilomètres de là, dans le petit studio de Sam Philips à Nashville, que la révolution est en marche), Chuck Berry n’a aucune chance. Mais comme tant d’autres, c’est en rompant tous les codes traditionnels, en expérimentant en dépit du bon sens, qu’il va trouver.
Bill Black et Scotty Moore massacrant en studio un vieux standard rhythm’n’blues d’Arthur Crudup et Presley se joignant à eux par la voix a donné « That’s alright Mama ». Chuck Berry qui a évidemment entendu ce titre, va aller à l’opposé. Lui, le Noir, part d’une structure musicale bien blanche (une trame country), accélère au-delà du raisonnable le tempo, le saupoudre de blues. Ce titre (« Ida Red »), Berry va le faire écouter à Leonard Chess, qui lui fait modifier le tempo, rajouter une guitare électrique et le rebaptise « Maybellene ». Contre la publication en single, Berry doit abandonner deux tiers des royalties à un certain Fratto, homme de paille des frères Chess, et à l’influent DJ Alan Freed, qui bien entendu n’ont en rien participé à l’écriture. « Maybellene » sera un bon succès, mais Berry gardera une rancune tenace à l’égard du music-business qui l’a spolié pour la première (et pas la dernière) fois, et une méfiance paranoïaque envers tous ceux qui y gravitent. Ajoutez une avarice légendaire, et vous avez avec Chuck Berry la hantise des organisateurs de concert pendant des décennies …
Evidemment, si l’on compare avec ses « classiques » comme « Sweet little sixteen », « Carol », « Johnny B. Goode », … ce « Maybellene » n’est encore qu’une ébauche. Berry est un bosseur, et un malin. Il va jouer légèrement sur le tempo, et surtout travailler comme un forcené sur sa Gibson, avant de petit à petit mettre en place sa patte, ce style inimitable que tout le monde va dès lors s’efforcer de copier. Première étape avec « Brown eyed handsome man », franche attaque de guitare in intro, et le rythme « Chuck Berry » déposé. Confirmation avec « Roll over Beethoven », premier immense classique . Nouvelle étape avec « Too much monkey busines », et cette fois, c’est la mélodie irrésistible qui arrive. Dernière évolution avec « Oh baby doll », pas son plus connu, mais qui oriente la musique de Chuck Berry vers des boogies très rythmés, un filon qu’exploiteront ensuite tous les « Sweet little sixteen », « Johnny B. Goode », « Carol » …
Chuck Berry et un imitateur ... Gaffe à ton pif, Angus ! |
Comme d’autres (Lewis, Presley), Chuck Berry cultivera, et pas seulement dans ses textes, une attirance pour les (trop) jeunes filles, et une certaine forme d’exubérance joyeuse, notamment sur scène. Berry sera, pour l’époque s’entend, très spectaculaire, mettant au point pas de danse saugrenus (sa fameuse « duck walk »), et gesticulations diverses. A l’image des bluesmen, toutes ses gesticulations scéniques sont surtout là pour masquer son jeu de guitare et éviter que des gens dans le public puissent bien le visualiser pour ensuite le copier. Chuck Berry sait qu’il a inventé quelque chose et gardera le plus longtemps possible jalousement tous ses « secrets ». A ce sujet l’anecdote de sa première rencontre avec Keith Richards est révélatrice. Le guitariste des Stones, qui s’inspirait beaucoup de son jeu, a tenu à le saluer lorsqu’ils étaient à la même affiche d’une émission télé. A la main tendue de Richards, Berry lui répondra par une bonne droite dans le pif, l’accusant de n’être qu’un putain de voleur …
Ce « His Best Vol I » est une excellente compilation chronologique, l’essentiel de ses classiques et en tout cas les plus connus des années 50 sont là (manque juste le tardif « You never can tell », clippé par Tarantino dans « Pulp fiction »). Idéal pour une première approche …
Ce « His Best Vol I » est une excellente compilation chronologique, l’essentiel de ses classiques et en tout cas les plus connus des années 50 sont là (manque juste le tardif « You never can tell », clippé par Tarantino dans « Pulp fiction »). Idéal pour une première approche …