Too much ?
En fait, c’est surtout ça qui me plaît chez ces
Boys-là … ce côté absolument ringard et kitsch, cette apparente nullité assumée
… cette (fausse, bien entendu) impression que ces deux types n’ont pas bougé
d’un iota depuis leurs débuts, qu’ils refont le même disque depuis la nuit des
temps… le genre de choses qu’on ne pourrait pas reprocher (éclats de rire) …
aux Cramps ou à Canned Heat …
Les deux types, absolument indéfendables selon l’Evangile
de Saint Johnny Thunders, savent cependant trouver des mélodies simples,
simplettes et simplistes, qui devraient retenir l’attention de tout fan des
Beatles et de Paul McCartney normalement constitué, enjolivées de textes au
énième degré qui sont loin d’être aussi niais que ce que l’on pourrait croire
de prime abord.
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Pet Shop Boys live : les cubistes du disco ? |
Les Pet Shop Boys ont trouvé une formule et s’y
tiennent. Leurs disques, de loin, sonnent rigoureusement tous de la même façon,
électro-pop synthétique et dansante copyright début des années 80. Même si avec
leurs dizaines de millions de disques vendus, ils pourraient se payer les
meilleurs sessionmen et les orchestres symphoniques, Tennant et Lowe continuent
de donner dans le tout synthétique cheap. Cheap seulement en apparence, les
dernières bécanes numériques qu’ils s’efforcent de faire sonner comme de vieux
synthés analogiques sont là et bien là, les couches sonores sont innombrables,
et les emprunts ou clins d’œil aux dernières « tendances »
électroniques sont présentes (« Theatre », « Yesterday when I
was mad »).
Leur truc de base, aux Pet Shop Boys, c’est donc la
danse-disco des années 80 qui les a vu naître artistiquement, et enchaîner,
mais pas à des fréquences de bagnards, des disques invariablement parsemés de
singles qui se vendent par camions. Ces deux zigotos ont, mine de rien,
toujours plusieurs mélodies imparables en réserve, et en inondent leurs
galettes. Qu’est-ce que vous pouvez trouver à redire à des choses comme « Can
you forgive her ? », « Liberation » ou « Yesterday,
when I was mad » ? Rien, y’a rien à dire. Ce sont des choses qui se
retiennent à la première écoute, même si les arrangements et les mélodies à
tiroir de « Yesterday … » ont du laisser songeurs tous ceux qui
s’escriment à l’écriture, leur montrant la différence entre une chansonnette sympa et un morceau bien écrit…
Et puis, parce que les Pet Shop Boys savent flirter
avec toutes les limites, même celles du ridicule, mais sans y sombrer
toutefois, ils font un sort au « Go West », hymne disco-pedzouille
des funestes Village People, rendant ce titre écoutable et encore plus dansant
que l’original. Et comme rien n’est neutre chez les Pet Shop Boys, c’est
évidemment un moyen pour eux de mettre, comme souvent dans leurs disques, la
cause homosexuelle en avant, comme ils l’avaient fait quelques années
auparavant, lorsqu’ils avaient fait chanter une Dusty Springfield en plein
coming-out sur leur « What have I done to deserve this ? ».
De plus, contrairement à leurs collègues only synthés (tous ceux qui ont eu à endurer live les sinistres Portishead, Massive
Attack et consorts comprendront), les Pet Shop Boys donnent des concerts
absolument déments par le kitsch déployé, à faire passer Elvis à Las Vegas
(tiens, et « Always on my mind », c’est pas géant comme
reprise ?) pour un concile de franciscains, et inscrivant le duo anglais
dans la droite lignée de gens comme les Sparks ou Queen…