Les Purs
Mudhoney est un peu l’ancêtre de la vague grunge. Ils
étaient de Seattle, furent parmi les premiers (une formation embryonnaire du
groupe, Green River, est désormais culte car on y trouvait aussi deux futurs
Pearl Jam) à faire rugir les guitares, et se retrouvèrent signés sur le label
Sub Pop, au départ un minuscule label de Seattle, mais qui peut s’enorgueillir
d’avoir compté dans ses rangs Nirvana bien sûr, mais aussi Sebadoh,
Soundgarden, Dinosaur Jr, L7, Tad, Screaming Trees, …
Mudhoney ont été des premiers signés chez Sub Pop, leurs
premières traces discographiques datent de 1988. Et les quelques rares qui
suivaient l’activité du label les citaient comme potentiellement capables d’en
être la locomotive. Parce que Mudhoney, c’est du costaud, pas seulement une
bande de graisseux qui moulinent du hardcore primitif.
Mudhoney s’entraîne au menuet ... C'est pas gagné ... |
Une rythmique technique (ça se contente pas de bastonner,
ça swingue et ça pulse), deux leaders naturels, le chanteur Mark Arm et le
guitariste Steve Turner. Et tout ce beau monde qui met la main à l’écriture
pour un résultat loin d’être le pavé monolithique auquel on pourrait s’attendre.
En clair, Mudhoney, malgré les chemises à carreaux, c’est pas des bûcherons, il
y a des chansons …
Ce « Every goo boy deserves fudge » est leur
second disque et le dernier chez Sub Pop, avant qu’ils quittent le label indé pour aller végéter chez une
major (Reprise), avant de finalement revenir au bercail. Il y a dans la musique
de Mudhoney des choses qui viennent des dinosaures hard des seventies, Black
Sabbath en particulier.
Particulièrement évident sur l’instrumental qui ouvre le disque, où l’épique
« Broken hands », plus long morceau du disque avec sa conclusion en
spirale sonique. Des clins d’œil aux précurseurs Hüsker Dü (période finale
mélodique) avec « Thorn » ou « Into the drink ». Il y a
aussi tous les germes du grunge, avec les couplets lents et les refrains
explosifs (le très grand « Let it slide », tout
« Nevermind » est en gestation dans ce titre).
Et puis, tout ce qui n’appartient qu’à Mudhoney, ces
morceaux j’menfoutistes qui envoient sans prévenir ruades punk (« Who you
drivin’ now », « Shoot the moon »), sonorités garage 60’s
(« Move on »), metal désossé (« Something so clear »), ou
power pop très énervée (« Good enough », « Rockin’
around », cette dernière soutenu par un harmonica peu académique).
Dommage que ce tout de même excellent disque se termine
par une paire de titres bourrins et bas du front, qui viennent un peu gâcher la
fête.
On pourrait raisonnablement penser que de voir tous leurs
amis et leurs semblables surfer sur la vague grunge avec succès pendant que eux
restaient dans le domaine du confidentiel, aurait pu avoir raison de Mudhoney.
Il n’est en rien. Après avoir mis un temps sa carrière en pointillés, il
semblerait que le groupe l’ait réactivée ces dernières années, enchaînant les
sorties d’albums …
Mudhoney - Into the Drink
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