BEACH BOYS - SUNFLOWER (1970)


Une petite éclaircie ...

Depuis « Pet sounds », le fan des Beach Boys guette de la part du groupe ou de Brian Wilson le disque qui égalerait leur chef-d’œuvre. En oubliant qu’un chef d’œuvre est inégalable. Alors les fans qui par définition ne sont pas très lucides, ont hurlé au loup à la parution du « Smile » de Brian Wilson (une mignonne fumisterie, mais une fumisterie quand même), alors que le coup de maître du Beach Boy calciné par l’acide est le « Brian Wilson » de 1988. Les mêmes fans parlent avec des trémolos dans la voix de ce « Sunflower », certains allant même jusqu’à y voir le digne successeur de « Pet sounds ». Encore raté. Leur dernier grand disque, c’est celui d’après, « Surf’s up », certes atypique, mais bon et grand disque.
Les Professeur Tournesol ?
Ce « Sunflower » est trop souvent surestimé, le « retour » de Brian Wilson augurant monts et merveilles … qui sont loin d’être toujours au rendez-vous. Quand même mieux que les productions précédentes, tous ces « Wild honey », « Friends », « 20/20 » passés dans les oubliettes de l’Histoire. « Sunflower » a été un gros succès commercial … en Angleterre, et un bide partout ailleurs. C’est vrai qu’à bien des égards c’est un album « anglais », qui délaisse tous les aspects rock’n’roll et surf music pour se cantonner essentiellement sur le format pop. De la pop baroque et surproduite, un « gros son » plein d’arrangements sophistiqués, empilant par-dessus les habituelles harmonies vocales pléthore de cordes, cuivres, bizarreries sonores et effets stéréo divers. Brian Wilson a pour la première fois depuis « Pet sounds » vraiment participé, tant à l’écriture, mais surtout à la production, ce qui explique sans doute ce foisonnement …
La seule chose qui fasse vraiment défaut, ce sont les chansons, je veux dire les grandes chansons qu’on est en droit d’attendre des Beach Boys. Les meilleurs titres se suivent sur ce qui était le début de la face B du 33T original. « Tears in the morning », signée par l’inattendu (à ce niveau) Bruce Johnston  est pour moi le « A whiter shade pale » des Beach Boys, (c’est un compliment). « All I wanna do », fragile et bancal, est pour ces raisons le titre le plus attachant du disque, « Forever » montre que les Beatles (et pour celle-ci les compos de George Harrison) sont toujours une référence pour les Boys, et qu’ils ont bien raison ; quant à « Our sweet love », il ne lui manque que les arrangeemnts aériens de Van Dyke Parks pour soutenir la comparaison avec les morceaux de l’époque « Pet sounds » …
Pour le reste, ma foi, on est loin d’atteindre les sommets, et on sent des gars un peu perdus face aux mutations du rock qui s’enchaînent depuis quelques années à une vitesse qu’ils sont incapables de suivre. Quel est l’intérêt de traiter des compositions façon rythm’n’blues (« Got to know a woman », « It’s about time »). Les Beach Boys sont faits pour le rythm’n’blues comme Nadine Morano pour la lecture de Kant … La naïveté adolescente de « Deirdre » fait un peu sourire par son anachronisme, la planerie hippie « Cool, cool water », c’est l’hydrocution puis la noyade dans un trip de baba-cool, ce que les Beach Boys n’ont jamais été … Quelques titres alimentent une forme de nostalgia, on jurerait que « This whole world » a été écrit en 1965, alors que « Add some music to your day » sunshine pop à la Mamas & Papas, aurait pu faire le bonheur des juke-box de 1967 …
Non, en fait, la seule bonne chose avec ce « Sunflower », c’est qu’il est depuis une dizaine d’années couplé dans les rééditions avec « Surf’s up », le vrai chant du cygne des Beach Boys …

Des mêmes sur ce blog :