Affichage des articles dont le libellé est Live Music. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Live Music. Afficher tous les articles

UFO - STRANGERS IN THE NIGHT (1977)


Et pourtant c'est un bon live ...

Rarement disque en public aura vu le jour sous des auspices aussi défavorables. Car avant même d’écouter la moindre note, on sait déjà que :
- les musiciens sont alcoolos, drogués, et se foutent régulièrement sur la gueule entre eux tant ils se détestent.
- « Strangers in the night » (clin d’œil à Sinatra) est présenté sous le visuel le plus moche jamais créé par Hypgnosis, les graphistes auteurs des pochettes précédentes du groupe et des visuels de Pink Floyd dans les 70’s.
Et pourtant la mayonnaise prend. Les haines réciproques qui minent le groupe entraînent une tension et une envie de se surpasser, ingrédients indispensables pour une bonne prestation live.
Et surtout, il ne faut pas oublier que le répertoire de UFO est un des tout meilleurs du hard anglais des années 70, qui comptaient quand même de sacrés clients dans le domaine. Les talents d’auteur de Mogg, Way, et Schenker, les superbes parties de guitare du même Schenker (avant, que complètement carbonisé par les poudres blanches, il s’en aille poursuivre de son côté une carrière totalement erratique), l’indiscutable qualité intrinsèque de chansons comme « Doctor, doctor », « Lights out », « Love to love », « Too hot to handle », « Rock bottom », et le final explosif (« Shoot, shoot ») contribuent à faire de ce Cd un des sommets (le sommet ?) de la carrière de UFO, le plus pop des groupes hard anglais des seventies (ou le plus hard des groupes pop, c’est vous qui voyez).

KISS - ALIVE ! (1975)


Rock'n'roll circus
Pour moi, les Kiss, tout du long de leur interminable carrière, c’est soit mauvais, soit sans intérêt. Et pour ce que je connais de leurs disques studio, seul le « unmasked » « Lick it up », trouve grâce à mes oreilles.
Mais si les Kiss sont aujourd’hui une entreprise (y’a pas d’autre mot) très florissante (vendant une foultitude de produits dérivés, et envisageant de transformer le groupe en trademark, c’est-à-dire que Kiss pourrait perdurer encore des décennies, sans aucun de ses membres originaux), c’est sur les planches américaines qu’ils ont acquis leurs titres de gloire au milieu des années 70. Et pour les fans du groupe, ce « Alive », premier d’une longue série numérotée, reste la pierre angulaire de leur édifice. Et pour une fois, les fans ont raison.
Parce que comparés aux versions des trois albums studio précédents, les titres présents ici déchiquettent tout. Les Kiss, les rockers « sérieux » s’en méfiaient. Ces gugusses new-yorkais avaient piqué leur idée de super-héros aux comics de la Marvel, et leur look et leur musique, souvent de façon un peu trop voyante et honteuse, à des gens comme Alice Cooper, les New York Dolls et le glam anglais. Des copieurs, même pas foutus, malgré tous leurs efforts pour se faire remarquer, d’avoir un semblant de petit hit.
Leur idée de génie, ce sera d’aller à contre-courant. Le prog est en pleine vogue, le rock devient sérieux, ce n’est plus une musique pour faire la fête, c’est quelque chose que l’on va écouter quasi-religieusement en concert, en s’extasiant devant des titres de demi-heure perclus de solos à rallonge. Sur scène, Led Zeppelin et Yes, même combat (putain, je vais me faire des amis, là …). Le rock est devenu une musique faite par des trentenaires pour des trentenaires, et surtout les concerts de rock donnent l’occasion de voir des types habillés comme ils se sont levés, éclairés par quatre loupiotes clignotantes. Les Kiss, dès le départ et leurs premières années de galère, ont envisagé la scène comme un exutoire, présentant un spectacle qui en mette le plus possible plein les yeux et les oreilles, et qui s’adressait à une nouvelle catégorie de public, le jeune nerd boutonneux, qui ne comprenait rien aux savants concepts de « Tales from topographic oceans ».
Et s’il n’y avait eu que les costumes de Bozo le Clown, Gene Simmons qui crache du feu et du sang, des batteries qui tournoient en s’élevant en l’air, des light-shows élaborés, des fumigènes à profusion, tout ça n’aurait pas duré. Les Kiss sur scène assuraient grave. Et intelligemment. Pas de grand virtuose chez eux ? Les morceaux dureraient trois minutes. Pas de grand chanteur charismatique ? Ils se relaieraient au micro.
Il y a dans ce « Alive » une énergie brute, primaire (et bien que comme à peu près tout les live, celui-ci ait été plus ou moins remanié en studio, cette rage-là transparaît de partout). Il y a dans ces titres exécutés pied au plancher, plus à voir avec le punk-rock qu’avec Deep Purple et ses « Space fuckin’ » qui durent toute une face de vinyle. Même si les Kiss utilisent les plus grosses ficelles, un navrant solo de batterie de dix minutes (ils n’auraient pas dû), et tout ces « rock’n’roll » dans les titres, ou hurlés entre les morceaux. Un tantinet démago, pour que le spectateur de base comprenne bien de quoi il s’agit, même si quand on entend lâcher un « rock’n’roll » tous les trois mots, Eddie Cochran doit se retourner dans sa tombe, et Presley revenir manger un sandwich au beurre de cacahuète dans ses chiottes en or de Graceland …
Alors, mine de rien, ces quatre épouvantails bruyants ont jeté les bases de ce que doit être un concert de rock et un spectacle en même temps. Et sorti avec ce « Alive », un des disques majeurs du hard des seventies.

Des mêmes sur ce blog :



ASTOR PIAZZOLLA & GARY BURTON - THE NEW TANGO (1987)


Tango Blues

Mon truc, ce serait plutôt les Stones ou les Clash. Alors, c’était a priori mal parti pour un vieux avec son accordéon et son band qui rencontrent un joueur à la mode d’espèce de xylophone.

La rencontre a eu lieu au festival de Montreux en 1986. Et quand on connaît le goût sûr et l’ouverture musicale de Claude Nobs, le directeur du festival, on tente l’expérience.

Et on découvre un Cd à des années-lumière des parquets cirés ou de Gotan Project. Et le tango, cette espèce de parade sexuelle alambiquée d’un autre temps, devient sinon captivant, du moins intéressant. Hormis quelques passages, qui ont la bonne idée d’être assez rares et assez courts, où les deux stars s’écoutent jouer, la plupart du temps c’est ensemble qu’ils avancent et défrichent de nouveaux paysages musicaux.

Une musique venue des basses couches populaires, chargée de tristesse et à forte connotation sexuelle. Ça peut définir le tango. Mais aussi le blues. Et c’est là, dans ces plages lentes et tristes, que l’on a soudain l’impression que Buenos Aires se retrouve tout à coup dans le delta du Mississippi.

Et ça fonctionne plutôt bien.


SLY & THE FAMILY STONE - THE WOODSTOCK EXPERIENCE (2009)


L'arnaque indispensable

N’eût été le décès de l’ancien beau-fils de Presley, le gros coup de l’été 2009 aurait été la commémoration des 40 ans de Woodstock. Le genre de projet minutieusement préparé par Sony pour rajouter un peu de toile aux parachutes dorés de ses actionnaires. « Take the money and run » comme disait Steve Miller …

5 doubles Cds comprenant les rééditions d’un disque studio de l’époque, plus l’intégralité de la performance de l’artiste à Woodstock. Sont concernés les signatures maison Joplin, Airplane, Johnny Winter, Santana, Sly & The Family Stone. Et si ce genre de machins vous plaît, le coffret avec l’ensemble des 10 Cds.

Woodstock, ce barbecue géant de hippies… Dont on connaît le son (les triple 33 T, les doubles Cds, et tous les titres qui traînent sur des compilations, coffrets, bootlegs, …) et l’image (le film de Wadleigh). Avec quand même quelques moments qui ont marqué leur époque et les générations futures.

Hendrix à l’aube du quatrième jour, devant trente mille rescapés hébétés, qui lacère l’hymne américain à grands coups de Stratocaster. Santana qui se fend d’un « Soul Sacrifice » aussi chaud que le soleil exceptionnellement présent cet après-midi là. Le plombier Joe Cocker, les yeux exorbités, qui invente la air guitar sur « With a little help from my friends ». Alvin Lee qui se fend d’un hallucinant solo sur « I’m going home ».

Comment vouliez-vous qu'ils passent inaperçus ?
Et Sly et sa Famille qui propulsent à grands coups de « I want to take you higher » leur soul-funk psychédélique dans un ailleurs cosmique.

Sly & The Family Stone, justement. Essentiellement un groupe de Noirs. Et des Noirs, à Woodstock, il n’y en avait pas beaucoup, sur scène, et encore moins dans le public, d’après le film. Et j’étais curieux de voir si le show de la Family était du niveau de ce que tout le monde connaissait.

Et bien oui. En cinquante minutes de folie furieuse, Sly et son groupe envoient une grande leçon de musique totale, une scansion rythmée hallucinante et hallucinée. Il me semble que les témoignages live de Sly & The Family Stone ne sont pas très nombreux, et donc cette prestation est indispensable.

Ce soir-là, le sieur Sylvester Stewart et sa famille ont tutoyé les étoiles. Le buzz sera tel que Miles Davis  lui-même poursuivra Sly de ses avances, le suppliant de travailler avec lui. Lequel Sly, trop souvent (toujours ?) « high », n’en aura rien à foutre et jettera même Davis des studios quand il sera lassé de le voir dans ses pattes. Le jazzman, de dépit, se lancera à corps perdu avec McLaughlin et consorts dans ce que l’on appelera jazz-rock, et que quelques malentendants persistent à trouver génial. L’autre Maître de la black music, James Brown, ruminera dans son coin avant de trouver la réponse à Sly qui aligne en ce début des 70’s 45 T et 33 T majestueux. James Brown se sentira tout à coup terriblement vieux et dépassé, il jouera son va-tout dans un sublime coup de poker, virant ses antiques JB’s pour embaucher une troupe funky d’ou émergeront les tignasses afro de Bootsy et Catfish Collins. Une des premières séances de ce groupe donnera la moitié du faux live mais vrai chef-d’oeuvre « Sex Machine ».

Mais il y a quand même quelques détails que le chaland potentiel doit savoir.

Le disque studio du package Sly & The Family Stone, c’est « Stand ! », au demeurant excellent. Mais pas de bol,  je l’avais en 33 T et racheté en Cd. Je me retrouve donc avec un joli petit frisbee au logo Woodstock et à l’estampille Sony Music dont je n’ai que faire.

Autre détail, le son du concert est remastérisé. Ce qui veut dire que l’on entend beaucoup moins l’énorme souffle de mammouth de la sono qui faisait disparaître la moitié de la musique. Revers de la médaille, les bandes ont été « retravaillées ». Si Sly Stone ne s’en tire pas trop mal, le résultat pour d’autres est pour le moins curieux, avec notamment l’Airplane, le plus mélodique des groupes psychédéliques qui sonne comme … Steppenwolf. Au vu de la qualité du coffret Rhino « 3 Days of Peace & Music », on peut dire que les ingés de Sony ont sorti avec ces bandes un boulot de  gougnafiers.


Mais comme je suis de bonne humeur, je vous mets pour le même prix mon avis sur les quatre autres.

L’Airplane renforcé de Nicky Hopkins au piano, sonne comme un groupe de hard, avec Grace Slick et Balin qui hurlent, et balance une interminable version (plus de vingt minutes) de leur emblématique mais fort ennuyeux « Woodenships ». Disque studio : « Volunteers ». A réserver au conseil d’administration du fan-club.





Santana est grandiose, tout est du niveau de « Soul Sacrifice ». Disque studio « Santana » son 1er 33T avec la tête de lion sur la pochette. Mais tout le concert existait déjà officiellement (coffret « Legacy » il me semble).







 
Johnny Winter fait ce qu’il a toujours fait et refera ad vitam eternam, son numéro de juke-box avec longs solo de guitare un peu partout se terminant par (quoi d’autre) « Johnny B Goode ». Doit bien exister 300 live de l’albinos texan aussi bons ou meilleurs que celui-là. Disque studio « Johnny Winter » de 1969 avec la pochette noire (lui par contre excellent).





 
Reste le cas Janis Joplin. Elle s’était opposée à ce que sa prestation apparaisse sur le triple 33 T de 1970. Et là on comprend pourquoi. Ce n’est pas elle qui est en cause, elle est même très correcte au chant, même si d'après les témoignages des "rescapés", elle était pourtant "ailleurs". Mais le groupe (le Kozmic Blues Band) est pitoyable avec mention  spéciale à une section de cuivres imbécile passant du free-jazz à la soul et au rythm’n’blues à l’intérieur du même morceau et couvrant tout le reste de son affreux raffût. A fuir absolument. Disque studio « Kozmic Blues ».




Comment ça, j’ai pas trop causé du live de Sly & The Family Stone. Je vous ai dit quelque part qu’il était excellent et indispensable. Et je persiste et signe.

Du même sur ce blog :
There's A Riot Going On



WOODSTOCK 40 - 3 DAYS OF PEACE & MUSIC (2009)


Définitif ... en attendant ...

6 Cds pleins à la gueule (7 h 50 au total) sur LE festival de rock.
Dont on commence à connaître pas mal de choses … La BO du film de Wadleigh, les 2 Cds rajoutés (« Woodstock Vol 2 »), l’édition « 25th Anniversary », plus tous les titres sortis sur des compilations, coffrets, … des participants. Plus en 2009 (40ème anniversaire, bonjour le prétexte) l’intégrale des concerts des artistes Sony (Sly & The Family Stone, Santana, Joplin, Airplane, J. Winter).
En fait, ce qui m’a poussé à l’achat, c’est le label. Ces Cds sortent sous l’étiquette Rhino, les maîtres de la réédition et du traitement du son. Car ce qui posait problème dans le cas Woodstock, c’était cette sono au souffle effrayant qui bouffait la moitié de la musique. Les rééditions Sony avaient « nettoyé » et compacté le son sans discernement pour un résultat peu convaincant. Ici, et les gens de Rhino s’en expliquent sur le somptueux livret, tout a été conservé (les « pains » des musiciens, le bruit des ballets d’hélicoptère, et surtout la moindre bribe musicale). Mais le son a été « spatialisé », ce qui donne un rendu superbe, notamment sur les concerts acoustiques. Comme d’habitude un travail d’orfèvre des gens de Rhino.
Il y a quand même quelques trucs qui agacent. Rien que le titre du coffret déjà : « 3 Days of Peace & Music ». Alors que le slogan d’époque de Woodstock c’était « 3 jours de paix, d’amour et de musique ». 40 ans après, l’amour a disparu (plus bankable ?). Pourtant, il s’est pas mal pratiqué si l’on en juge par le film de Wadleigh … Et puis, il y a les absents de cette réédition : le Band comme souvent (ils n’étaient que sur une compilation « 25th Anniversary »), mais aussi Ten Years After dont le « I’m Going home » fut un des moments forts du festival. Etrange, même si ce titre est bien connu (il est sur la BO du film). Manquent aussi à l’appel quelques seconds couteaux (les oubliés Keef Hartley Band).
Malgré tout, ce coffret constitue la vision d’ensemble la plus complète à ce jour et montre une chose : c’est que si le festival est pour plein de bonnes raisons mythique, toute la musique produite dans ces trois jours n’a pas été au top.
Certains cas sont connus. Janis Joplin, desservie par un Kozmic Blues Band minable s’était de son vivant opposée à la parution des bandes la concernant, Daltrey a publiquement qualifié la prestation des Who comme étant le pire concert de leur carrière, le Band a joué dans l’indifférence générale car tout le public attendait l’apparition de Dylan qui n’est pas venu …
Un certain nombre d’autres n’occupant pas le haut de l’affiche démontrent pourquoi : prestations anecdotiques de Sweewater (mauvaise copie de l’Airplane), ou des oubliés Bert Sommer, Quill, John B. Sebastian, Butterfield Blues Band …
Quelques uns plus connus sont pénibles (Ravi Shankar, le Dead en petite forme, ou les 28 ( !! ) minutes d’une statusquonnerie boogie improvisée par Canned Heat, …).
Surnagent évidemment ceux que l’on savait excellents pour l’occasion (Santana, Sly Stone, Hendrix, …). Auxquels il faut ajouter les superbes extraits peu connus des concerts de Creedence et Mountain (avec un magnifique Leslie West). Mais pour moi, la révélation de ce coffret, c’est Joan Baez. Pratiquement la doyenne du festival, enceinte jusqu’aux yeux, les quatre morceaux présents filent le frisson tant sa présence vocale est fabuleuse. On a trop souvent oublié à quel point c’est une immense chanteuse, au profit de son image de pasionaria combattante de toutes les causes perdues.
Le copieux livret, en plus d’une iconographie first class fourmille d’anecdotes souvent peu connues.
Ainsi le rôle joué par l’armée américaine. Alors que Woodstock  se voulait une manifestation « alternative » contre l’engagement militaire US au Vietnam, ce sont les hélicoptères de l’armée qui ont permis l’acheminement des musiciens perdus dans les gigantesques embouteillages autour du site, qui ont permis le transport d’une structure médicale, d’eau, de nourriture, … autant de choses que l’organisation du festival avait laissées de côté. Faute de quoi Woodstock aurait été une catastrophe humanitaire totale.
Ou l’attitude ultra-mégalo des lourds Iron Butterfly, prévus à l’affiche, mais que leurs caprices de divas ont condamné à rester sur le tarmac de l’aéroport de La Guardia à New-York.
Ou comment les atermoiements d’Arlo Guthrie renâclant à jouer alors que la pluie n’était pas arrêtée, ont permis à Melanie, inconnue totale qui n’avait rien enregistré mais traînait backstage avec sa guitare, d’aller sur scène faire un triomphe et lancer sa carrière …
Ceci posé, il n’en reste pas moins que cet objet est typique du mercantilisme à tout crin d’une industrie musicale moribonde, qui préfère recycler ses archives ad nauseam qu’investir sur de jeunes créateurs. Et dont les arguments « vendeurs » sont souvent faux. Certains encarts publicitaires affirment que ce coffret présente l’intégralité des concerts. Une trentaine de Cds seraient nécessaires pour cela (c’est écrit dans le livret). Pour les 50 ans ? Contrairement à ce qui est annoncé au verso du coffret, il n’y a pas la moitié des titres inédits (ils ne sont inédits que dans les compilations génériques estampillées Woodstock). Je n’ai pas fait un pointage, mais la plupart des titres prétendus inédits sont sortis officiellement sur des compilations ou coffrets d’artistes participant au festival. Des vrais inédits, il y en a au maximum une poignée.
Donc en conclusion, arrive la question qui fâche : faut-il lâcher un peu plus d’un billet orange pour cet objet ?
Oui, si l’on n’a rien (film, compilations précédentes) concernant Woodstock.
Eventuellement, si l’on veut quelques morceaux rares ou inédits de ses artistes et groupes favoris.
Non dans tous les autres cas.







YES - YESSONGS (1973)



Pour un usage unique

Triple 33 Tours (!) sorti en 1973 et retraçant la tournée mondiale effectuée en 1972, « Yessongs » prouve au moins une chose : les Yes sont capables de jouer sur scène les indigestes pièces montées de leur « répertoire ».
Insupportable en version studio, l’ « œuvre » de Yes, sommet de prétention vaniteuse, passe à peine mieux l’épreuve de la scène. Morceaux à rallonges et solos (inter)minables, il n’y a rien à sauver de ce kougloff sonore.
« Yessongs », c’est un peu comme le « Metal Machine Music » de Lou Reed, un truc à écouter une fois dans sa vie, et à oublier ensuite pour le restant de ses jours.


Des mêmes sur ce blog :



 

TANGERINE DREAM - RICOCHET (1975)



Pas seulement des ronds dans l'eau

En principe et par principe (il faut des principes dans la vie), je n’apprécie pas les longs morceaux ou les instrumentaux planants. Alors là, du coup, avec deux instrus planants de 20 minutes chacun, c’était plutôt mal parti pour le « Ricochet » de Tangerine Dream.
Et pourtant, il faudra bien un jour réhabiliter le rock allemand des années 70. Ce ne sont pas les étiquettes qui lui manquent (progressif, planant, krautrock), mais plutôt la reconnaissance par un public un peu plus large.
Car il y a plus d’inventivité, de recherches (et de trouvailles) rythmiques et sonores dans « Ricochet » que dans les discographies entières de Yes, Genesis, ELP et autres navrants anglais progressifs.
Avec leurs cousins forcément germains Can, Neu, Amon Düül, voire Kraftwerk, Tangerine Dream a ouvert une brèche dans la musique où continuent de s’engouffrer encore aujourd’hui nombre de groupes généralement électroniques.
« Ricochet » est un bon exemple de réussite de ces précurseurs novateurs.

Des mêmes sur ce blog :
Atem













IGGY & THE STOOGES, CARCASSONNE, 27 JUILLET 2011

photo LADEPECHE.fr


Coincé dans la programmation du festival (un concert par soirée) entre Ben l’Oncle Qui Saoule la veille et Cricri Maé le lendemain et en concurrence avec à quelques hectomètres de là Pétunia Jordana gratos (cherchez les erreurs…), Iggy & the Fucking Stooges.
Pour le cadre, difficile de faire mieux, théâtre centenaire à ciel ouvert au cœur de la Cité médiévale fortifiée. Température polaire pour l’endroit et la saison, il flotte depuis deux jours, on se croirait en Bretagne … Les dieux du rock’n’roll semblent pourtant décidés à se montrer cléments, le crachin cesse dans l’après-midi, et la seule proximité du concert de l’Iguane réchauffe l’atmosphère.
Même s’il faudra défenestrer quelques particularismes locaux… à commencer par la sono et le light show résidents de l’endroit, certes high-tech mais plus propices aux crooneries d’Eddy Mitchell bientôt à l’affiche pour son soi-disant dernier tour de piste, qu’à du rock high-energy. Mais les Stooges vont pousser cette sono dans ses derniers retranchements.
Pas de fosse non plus, face à la scène, c’est le carré VIP, normalement encombré par les notables locaux de tout poil et quelques vénérables dames patronesses. Si Iggy fait son strip-tease, elles seront aux premières loges pour admirer ses bollocks, ça leur fera quelque chose à raconter à leur manucure le lendemain…Tout ce beau ( ? ) monde a du se rencarder, compris que Iggy Pop c’était pas pour eux, y’a personne et les Stoogesmaniacs vont se l’accapparer.
Le vrai public est pour le moins hétéroclite, des évadés de la maison de préretraite pour les contemporains des Stooges, aux minots échappés de la colo de vacances avec leur coupe de douilles justinbieberisée, venus voir le type dont ils ont téléchargé l’intégrale gratos en trois clics sur Rapidshare, en passant par tous les looks de l’Internationale Rock’n’roll, le tout dans une ambiance bon enfant … Le theâtre (environ 3000 places assises, mais on passera tout le concert debout) est plein aux  deux tiers, le rock’n’roll ne fait plus recette …
On vient voir quoi, exactement ? Les Stooges, le séminal groupe pré-punk destroy ? Hum, faut pas rêver , les Stooges se sont crashés en plein vol au milieu des seventies, dans un grand nuage aux vapeurs d’alcools forts, de drogues dures, et de groupies consentantes (pléonasme). Ce groupe là et tout ce qu’il pouvait représenter est bel et bien mort. Non, maintenant ne reste plus que James Osterberg, vénérable sexagénaire, qui ressuscite le temps de quelques dizaines de minutes un jour sur deux le fantôme Iggy & the Stooges. Avec des compères aux cheveux gris-blancs, le pote des débuts Scott Asheton aux drums, Mike Watt (enfin je suppose, y’a pas eu de présentations) à la basse, le sax de « Funhouse » McKay (on l’a pas vraiment entendu, de toutes façons tout le monde s’en fout, c’est Iggy qu’on veut voir et entendre), et le riffeur destroy ultime de « Raw power », James Williamson, qui a laissé tomber un job florissant dans l’informatique pour venir déverser son métal sonique derrière Iggy  après la mort de Ron Asheton. La nostalgie, camarades, ne reste plus que cela …
21h30, pile à l’heure prévue, la nuit n’est pas encore tout à fait tombée quand l’Iguane et sa troupe envahissent la scène avec « Raw power », puis « Search and destroy ». Iggy est arrivé torse nu, un jean noir taille basse, la tignasse longue et péroxydée. Il a comme le soupçon d’un zeste de début d’embryon de bedaine, et traîne un peu une patte, mais de toutes façons, même avec un déambulateur, il assurerait le show. Dès le quatrième titre, « Shake appeal », il ORDONNE au public de « venez danser avec les Stooges » (en français dans le texte) et une trentaine d’heureux élus montent sur scène pour un petit pogo aux côtés d’Iggy. Sympa, comme d’ailleurs son attitude durant tout le set …
Derrière, raide comme la justice, Williamson mouline l’électricité sur sa Gibson rouge. De tout le concert, il n’esquissera qu’un pas de côté, quand lors d’une ruade, Iggy vient balancer un coup de talon sur sa gratte. Ce qui ne l’empêchera pas d’envoyer (enfin) la foudre sur l’intro de « 1970 ». Parce que le reste du temps, c’est Iggy qui fait le show, sautant comme un cabri, arpentant de long en large les quarante mètres de scène, venant dans le public, le faisant participer. Loin des prestations dangereuses et ultimes des Stooges seventies certes, mais le vieux assure …
22h25, et arrive « I wanna be your dog » qu’on hurle tous en chœur. Exit les Stooges. Deux minutes plus tard, ils reviennent, « Penetration » à fond, le volume sonore commence à être conséquent, réverbéré par les énormes murs de pierre de l’enceinte. Dans la bouillie stridente qui suivra, on distingue « Kill city », du fameux quatrième disque des Stooges pas sorti officiellement à l’époque, une paire d’autres titres (« No fun » peut-être) que l’on a du mal à reconnaître dans la purée de pois sonique qui s’abat dans le vieux théâtre …
22h45, les quatre autres boivent déjà une bière backstage, Iggy finit de saluer et de remercier le public, puis s’éloigne à son tour …
En regagnant le parking, on distingue du bruit en ville … ah oui, on l’avait oubliée celle-là, c’est Pétunia Jordana … no fun …
On s’en fout, on vient d’en prendre plein les mirettes et les oreilles…
Ah ouais, et Iggy a pas baissé son froc, tant pis pour les dames patronnesses qui de toutes façons étaient pas là …
C’était à Carcassonne, Sarkozye méridionale, ce 27 Juillet de l’an de grâce 2011…

Des mêmes sur ce blog :

IRON MAIDEN - LIVE AFTER DEATH (1985)



Je me souviens, je me rappelle …
J’étais monté à la ville ce soir-là. Je n’étais pas au courant, mais je me suis vite rendu compte qu’il y avait un concert d’Iron Maiden, en passant non loin du Palais des Sports …
Toutes ce files de jeunes gars (16-18 ans de moyenne, pas une nana, pas un black ou un reubeu) en baskets, Rica-Lewis moule-burnes, tee-shirt noir floqué « AC/DC Back in black », bulldozer de Trust ou bien sûr Iron Maiden, veste en jean patchée et badgée avec souvent la trogne d’Eddie cousue dans le dos, cheveux longs, poignets de force cloutés … Ils se précipitaient au concert de leurs héros Iron Maiden.
Sans moi, merci … Toute cette New Wave of British Heavy Metal, les Saxon, Judas Priest, Tygers of Machin, … dont les Maiden étaient devenus en quelques années les incontestables leaders, eh bien je n’aurais pas échangé leur intégrale discographique contre un seul Led Zeppelin, même pas « In through the outdoor » …non, non, n’insistez pas … déjà trop vieux, déjà blasé, tout çà …
Tandis que tous ces minots, là, ils étaient à deux pas du bonheur. Une fois subies à l’entrée les brutalités des paramilitaires KCP qui fliquaient et contrôlaient les billets de manière euh …musclée de ce genre de gros concerts, ne restait plus à attendre que les loupiotes s’éteignent, que résonnent les bribes d’un discours de Churchill, les riffs de « Aces high », et c’était parti pour une avalanche d’une heure et demie de milliers de watts de lights et de sono …
Sans aucun temps mort, juste quelques arpèges de gratte à la « Jeux interdits » sur un titre, un autre qui commençait comme une ballade, mais ça ne durait pas, Iron Maiden envoyait le bois sans interruption. En laissant au vestiaire toutes les fanfreluches progressives et les guipures classico-pompières qui me faisaient détester leurs disques studio. Là, en concert au milieu des 80’s, juste du bruit et de la fureur, les Maiden sont excellents … Et finalement, si ces gars ont vendu des zillions de disques et sont aujourd’hui une institution très respectée du music-business, c’est parce que on stage, ils ne trichaient pas … ils donnaient à ceux qui venaient les voir exactement ce qu’ils attendaient. Avec les Maiden, pas d’annulation capricieuse, pas de risque de voir d’improbables junkies arriver avec quatre plombes de retard, piquer du nez au second titre, et finir le concert dans une ambulance du SAMU…
Rien que du sérieux et de la rigueur germanique chez Maiden, copyright Scorpions …
Ce « Live after death » est une sorte de Greatest hits en public,  tous les meilleurs titres en version radicale, un concert commencé pied au plancher, continué au sprint et fini en trombe, y’a même un Cd de rabiot avec cinq titres bonus par rapport au double vinyle d’origine … une affaire pour les fans, et même les autres …