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JULIAN CASABLANCAS - PHRAZES FOR THE YOUNG (2009)


La grosse tête ?

Ce doit être sympa d’être Julien Maisonblanches. Un papa fondateur de l’agence Elite, du fric plein les poches, un physique à lever toutes les top models de l’agence paternelle, le chanteur d’un groupe à la mode, c’est pas vraiment la biographie d’un bluesman du Delta.
Alors forcément, à lui moins qu’un autre, on va rien pardonner. Faut dire qu’il traîne pas mal de casseroles depuis qu’il s’est fait un prénom. Un caractère de cochon, et une fâcheuse tendance à vouloir que tout tourne autour de sa personne qu’il croit auguste. Alors là, en cette fin des années 2000, il sort un disque solo. Au mauvais moment, parce que tout le monde en attend un des Strokes, et sous le prétexte vaseux que ses acolytes en ont aussi sorti. Comme un enfant gâté qui n’en fait qu’a sa tête …
Ce disque est globalement assez vilain, pue l’argent facile gâché en studio et l’auto complaisance. Il donne l’illusion sur le premier titre, « Out of the blue », parce qu’on y retrouve des ingrédients connus, la voix nonchalante, la rythmique sautillante strokienne. Mais déjà, il y a tous ces synthés qui sonnent faux, qui font toc. Et toutes ces choses (les chœurs brumeux, les mélopées tristes) qui semblent des copier-coller venues de chez REM. « Out of the blue » donne la direction du disque, pratiquement tout est fait avec des machines, en empilant des couches de synthés datés, renvoyant plus que de raison à des choses anodines des funestes années 80 (le single « 11th dimension », c’est le retour des fantomatiques Visage, Human League et Spandau Ballet, et c’est juste ridicule, refaire ça vingt cinq ans après, où est l’intérêt ?), piquant sans vergogne les bonnes idées du Beck (le scientologue, pas Jeff) des débuts qui mélangeait country et electro (« Ludlow St »), plagiant quasiment des vieux tubes sixties certifiés (« Stand by me » et « Time is on my side » dans « 4 chords of the Apocalypse »), …
Si l’on ajoute à cette litanie oubliable, une ballade sans intérêt (« Glass »), et une autre tout juste à peu près avenante (« Tourist », rien que le titre très radioheadien, fait penser à du Thom Yorke enjoué, certes, mais du fuckin’ pénible Thom Yorke quand même), et quand on aura précisé que ce « Phrazes … » ne contient que huit titres, le compte des morceaux acceptables sera vite fait.
« Out of the blue » donc, plus « Left to right », jolie mélodie même si on n’y sent pas vraiment un Casablancas concerné. Meilleur du lot d’assez loin pour moi, « River of brakelights », le plus ouvertement electro du lot avec chanteur pour une fois « dedans », impliqué, morceau réminiscent de ce que faisait le King Crimson « reformé » des années 80.
L’on sait depuis que ce disque et l’attitude dilettante de Casablancas ont hypothéqué forcément longtemps la parution du quatrième Cd des Strokes, et la survie même du groupe qui l’a révélé.
Tout ces caprices de gosse (de) riche pour çà ? No way …

WHITNEY HOUSTON - WHITNEY HOUSTON (1985)


Allo Houston, nous avons un problème ...

Comme je suis un type bien, faut pas compter sur moi pour dire du mal des mort(e)s …
Bon, puisque vous insistez, juste un peu, alors …
En France, ce qu’on retiendra surtout, voire uniquement de Whitney Houston, c’est que Gainsbarre voulait la fucker dans une émission de Michel « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » Drucker. Parce que par ici à l’époque, Whitney Houston, c’était juste une jeune chanteuse de variété à la voix de cristal, mais au physique un peu plus avantageux que, au hasard ( ? ) Nana Mouskouri … Et là, elle apparaissait comme la jeune fille modèle aux prises avec un vieux pervers alcoolo… sauf que finalement, la Houston s’est révélée être au moins aussi déglingo que le pochetron de la Rue de Verneuil, cumulant mari imbécile (le junkie tabasseur Bobby Brown), consommation effrénée de coke et de junk food, et une fois la gloire venue et repartie syndrome de réclusion continue bien connu des fans d’Elvis le Bouffi …
Tandis que chez elle, là-bas, au pays de Michael Jordan, qui aime bien célébrer les nègres qui réussissent à condition qu’ils restent polis et fassent là où on leur dit de faire, elle était entrée avec ce premier disque dans le cercle très fermé des divas de la musique populaire, (genre particulier quasi séculaire dont l’archétype peut se  définir par la tante à Whitney, Dionne Warwick) … à savoir une technique vocale irréprochable au service de musiques et de textes incolores, inodores et sans saveur (le mot « love » est dans la moitié des titres de chansons de ce « Whitney Houston »), et l’entretien d’une image lisse et souriante genre la une de Cosmopolitan ou Vogue … Mais voilà, là où Warwick pouvait compter sur des joyaux ciselés par Burt Bacharach et Hal David, Houston doit se contenter de compositions fadasses vite torchées par les laborieux scribouillards recrutés par Clive Davis, le PDG d’Arista qui avait fait de Whitney Houston sa « priorité ».
Il y a dans ce disque des ballades gluantes servis par une armée de requins de studio très côtés (Phillinganes, East, Buchanan, …, ils étaient sur « Thriller » de Michou Jackson), une débauche d’arrangements (les faux violons, les fausses cordes, les empilages de synthés) qui se voulaient tellement à la mode que là, plus de vingt cinq ans après, ils ne sonnent pas sympathiquement vieillot ou vintage, ils sont juste totalement ringards. Clive Davis ressort toutes les recettes éculées pour faire vendre du disque, à commencer par les duos avec les noms ronflants à la mode : un Jackson pour deux duos (pas Michael, sans doute trop cher, mais le frérot Jermaine, qui bien que sans aucun talent, réussit à faire écouler des millions de rondelles pourvu que son nom y figure), le centriste chantant Teddy Pendergrass …
Ce disque est une grosse daube écoulée par dizaines de millions all around the world. La seule chose à conserver est bel et bien la voix de Whitney Houston qui évite d’en faire des tonnes (c’est-à-dire à l’inverse d’une quelconque québecquoise braillarde), mais sans réussir à sauver par une forme épurée un fond d’une médiocrité repoussante …
Tiens, elle aurait dégotté quelqu’un du calibre de Gainsbourg comme Pygmalion, elle aurait certainement fait une carrière autre que celle de gentille bimbo nunuche qui a été la sienne …

BJÖRK - POST (1995)


Rain Woman

C’était au temps béni ( ? ) où elle était l’égérie des bobos branchouilles et de toute l’intelligentsia fashion, en gros tous ceux prompts à adôôôrer le dernier cataplasme sonore avant de s’extasier de son contraire. Et elle ne perdait pas une occasion de faire sentir sa « différence », l’Islande, ses fringues flashy de mauvais goût, ses braillements aigus, son côté autiste lunaire. Tout cela faisant sourire, quand on avait connu l’indie-rock et la babacoolerie de ses précédents Sugarcubes. Troupe de hippies partouzards et alcoolos, s’il faut en croire ce qu’ils racontaient à la presse.
Björk en tenue camouflage ...
Et puis, Björk s’est muée en elfe new age, créature asexuée aux propos de modernité abscons, défricheuse téméraire de la chose pop. Foutaises et savant plan marketing, jolie mécanique de com enrayée par des grains de sable en forme d’hystériques pétages de plombs de diva capricieuse. Humainement, Björk est détestable. Musicalement, faut voir … Elle n’a pas toujours été cette harpie au look d’Yvette Horner électrocutée qui sort ces temps-ci des concertos d’iPad. Elle a fait une merveille de disque (« Homogenic »), un excellent « Debut », et coincé entre les deux, ce « Post » que l’on s’est empressé d’englober dans une trilogie merveilleuse.
Pour moi, « Post » est loin de valoir les deux autres, même s’il est bien meilleur que tous ceux qu’elle a sortis depuis quinze ans. « Post » n’est pas un disque, c’est un assemblage de bric et de broc, où se côtoient en dépit du bon sens titres d’exception et crétineries sonores absolues.
Rayon foireux, tout d’abord l’infect « It’s oh so quiet », reprise d’un classique ringard de comédie musicale américaine (« Blow a fuse ») popularisé des décennies plus tôt par l’oubliée Betty Hutton. Björk en Stanley Donen polaire (jusque dans le clip de ce titre), désolé mais pour moi ça le fait pas du tout … « Enjoy » ne réjouira que ceux qui ont envie de l’être à tout prix, « I miss you » nous ressert les horribles rythmes affreux-cubains à la sauce electro, c’est pour moi le pire titre du disque …D’autres choses sans me rebuter me laissent assez circonspect (« Cover me », « Possibly maybe », « The modern things », « You’ve been flirting again ») mais comme je suis de bonne humeur aujourd’hui, je vais pas en dire de mal…
Restent quand même selon moi quatre grands morceaux, ceux qui sont le mieux foutus et en même temps symbolisent le mieux l’aspect exploratrice sonore forcenée que l’on a attribuée à la Castafjord boréale. Des titres comme « Isobel » et « Army of me » (géniaux), le braillard mais très bien construit « Hyper ballad », ou l’OVNI sonore « Headphones » (où l’on sent vraiment la patte noirâtre se son compagnon d’alors, le pas très joyeux Tricky).
Conclusion bassement matérielle : il faut l’avoir ou pas ce « Post » ? Ben oui, j’ai dit que j’étais de bonne humeur …

De la même sur ce blog :
 Medulla 


DONNA SUMMER - THE BEST OF DONNA SUMMER (2001)


Voilà l'été, it's Summer time ...

Finalement, de toutes ces divas disco américaines de la fin des 70’s, il n’en reste pas beaucoup dont le souvenir a résisté à l’outrage des ans. Il n’y a même que le nom de Donna Summer qui éveille encore quelques souvenirs chez les amateurs de boules à facettes. Parce que déjà à l’époque, tout le monde n’avait d’yeux (surtout) et d’oreilles (un peu) que pour elle.
Elle avait de bien beaux ... chapeaux, Donna Summer
Déjà, et c’est pas rien de le dire, elle était mieux balancée que Thelma « Don’t leave me this way » Houston ou Gloria « I will survive » Gaynor. Y’avait guère qu’Amii Stewart qui pouvait par sa silhouette rivaliser, mais elle sortait des trucs vraiment pourris. Tandis que la Summer, elle a aligné une série de hits qui ont marqué l’âge d’or du disco. Elle avait en plus une bonne voix, et derrière elle le malin moustachu italo-allemand Giorgio Moroder qui écrivait et produisait tous ses titres. Un Moroder que certains ont pris pour un génie (les mêmes qui croient que Cerrone a du talent), alors qu’il n’est qu’un laborieux rat de studio, ayant eu la chance d’être au bon endroit au bon moment.
Le bon endroit, c’était le New York de la seconde moitié des seventies, dans lequel une jeunesse toute urbaine commençait à être gavée sévère par tous les ploucs à chemise à carreaux sévissant dans la country, le folk, ou le futur du rock comme disait l’autre. C’est par et dans la réaction que naissent d’autres courants musicaux. Deux endroits devenus mythiques ont canalisé cette réaction musicale. Le CBGB d’où sortira le mouvement punk de la côte Est et le Studio 54, temple du disco… Et le côté destroy de l’affaire n’était pas forcément où on l’imagine. D’un côté les prolos, la colle à rustine, la bière tiède et les putes décaties, de l’autre les friqués, les saladiers de coke, les cocktails aphrodisiaques et les partouzes avec les top models. Sodome et Gomorrhe sur fond de « tchac-poum » …
Donna Summer fut la reine sonore des nuits du Studio 54, avant que les premiers séropos et l’hécatombe qui a suivi ne sifflent la fin de la récréation au milieu des années 80. Et pendant une poignée d’années autour de 1980, elle a accumulé les hits. Dont la plupart sont présents sur ce « Best of ». La plupart car il manque quand même le tardif  et bien-pensant « She works hard for the money », mais plus ennuyeux, « Love to love you baby », un de ses plus connus. Et comme il faut préciser que son morceau emblématique « I feel love » n’y est pas en version originale, mais en version « expended » et plus ou moins remixée, ce « Best of » n’en est pas tout à fait un  …
Restent quelques monuments disco des années 77-78-79 comme « McArthur Park », « Hot stuff » (pour moi son meilleur titre, LE titre disco de l’époque, avec l’énorme « tchac-poum » rythmique, la basse slappée, les chœurs de jeunes ( ? ) vierges ( ?? ) et tout le tremblement), « The Wanderer » … Assez vite, Donna Summer se démarquera du disco pur et dur pour s’orienter vers la variété dansante (« Love’s unkind », plus ou moins plagiat d’ABBA, le génie de l’arrangement des Suédois en moins), voire la variété « de qualité » ( ? ), avec tous ces titres centristes, radiophoniques et souvent pathétiques comme « On the radio », « Breakaway », « Love is on control », et à partir des années 80 des machins qu’il vaut mieux oublier …
Conclusion évidente, un « Best of » de Donna Summer, ça vaut pas un disque moyen de Chic …

AMY WINEHOUSE - BACK TO BLACK (2007)


Lady Soul ou Lady Heroïne ?

On va pas refaire l’histoire, la réécrire … Encore moins faire une bio ou une nécro. Je bosse pas aux Pompes Funèbres du rock… Il est des destins qui s’écrivent tout seuls, sans que qui ce soit ait à les forcer. Et celui d’Amy Winehouse était tellement prévisible, qu’il n’y aura finalement que tous les Pujadas de JT qui ont pu feindre la surprise ou l’incompréhension quand elle a clamsé.
Pour moi, Amy Winehouse, ça restera un putain de bon disque qui à lui seul a relevé le niveau des années zéro. Un disque pour les vieux, tous ces grabataires qui savent que Wilson Pickett ou Marvin Gaye ne sont pas des rugbymen. Un disque de vieille soul américaine. Et là où ça prenait une tournure surréaliste, c’est qu’il était fait par une jeune Anglaise de vingt-trois ans. Tatouée avec un mauvais goût de docker, coiffée comme Aretha « Lady Soul » Franklin ou Dusty « In Memphis » Springfield, fringuée comme une pute roumaine de bord d’autoroute…
Et pourtant ça n’avait pas très bien commencé. J’avais entendu une pub à la radio, avec un type qui baragouinait un truc du genre : « Avec Amy Winehouse, la nouvelle révélation soul, revivez la légende Tamla ». Derrière, en fond sonore, des extraits de « Rehab », 45T éclaireur de ce « Back to black ». Tamla de la soul ? C’est nouveau, il me semblait plutôt que c’était Stax ou Atlantic. Comme quoi les directeurs marketing des maisons de disques sont même pas foutus de promouvoir correctement des artistes exceptionnelles comme Amy Winehouse. Parce que moi, ce que j’entendais, c’était des « no, no, no » gospel et cette voix grave et soyeuse, naturelle. On sentait pas la technique d’une Castafiore braillarde comme chez toutes ces fuckin’ québecquoises dont on nous gave depuis cent ans … Le flash … quelques jours après, le Cd est sorti et a tourné plus que de raison dans le lecteur.
Un Cd sur lequel il n’y a pas grand-chose à jeter, à l’opposé d’un single malin entouré de sinistres daubes. Un truc cohérent, avec une couleur et une unité de son homogène. Dus à un assemblage hétéroclite, celui d’un jeune producteur tendance Mark Ronson, et de vieux de la vieille, les Dap Kings, musiciens de studio du label revivaliste soul américain Daptone Records qui végétaient dans l’anonymat comme backing-band de Sharon Jones, leur star inconnue … Emmené par des simples ô combien évidents, « Rehab », « You know I’m no good », « Back to black », « Love is a losing game », qui arrivèrent à concilier tendances, courants et chapelles a priori antagonistes, surfant sur un retro-futurisme-revivalisme-machin (de toutes façons, depuis en gros le milieu des seventies, tout n’est que rabâchage permanent), Amy Winehouse récolta un succès aussi bienvenu que quelque peu démesuré, comme le music-business et le buzz savent si bien les générer, dès lors qu’ils sentent entre leurs pattes quelque personnage hors-normes. On s’aperçut même qu’elle avait sorti un disque auparavant (« Frank », que j’ai pas réussi à écouter jusqu’à la fin mais qui m’a tout l’air épouvantable). Le reste s’écrira à la une des tabloïds, la toxique diva se révélant totalement destroy et nettement plus punk que tous les Blink Chose et Sum Bidule réunis.
Certains lui prédisaient une carrière à la Aretha Franklin, elle choisira une courte vie à la Janis Joplin … Reste ce « Back to black » miraculeux qu’on ne se lasse pas d’écouter …

MARIANNE FAITHFULL - A CHILD'S ADVENTURE (1983)


Dieu que Marianne était jolie ...
C’était l’aristocratique, et pas seulement par sa naissance, reine du Swingin’ London des 60’s. Plutôt Stones que Beatles, Marianne … Brian, Mick, Keith (le meilleur coup des trois d’après sa biographie à elle, ce qui on s’en doute avait fait vachement plaisir à Jagger). Les Stones, le genre de fréquentations qui vous laisse en petits morceaux tant émotionnellement que physiquement quand ça s’arrête. Disparue, oubliée (jusque dans les crédits de ce « Sister Morphine » qu’elle avait ô combien inspiré mais aussi co-écrit), survivant on ne sait trop comment à ses dépressions suicidaires …
Revenue miraculeusement sur le devant de la scène avec le fantastique et déchirant « Broken English » en 79, en pleine tornade punk. Dont le succès lui permettait, malgré la trentaine passée, de démarrer une « carrière ». Il y eut donc une suite à « Broken English », (« Dangerous acquaintances »), moins inspirée et l’effet de bonne surprise en moins. Et encore ce « A child’s adventure » en 1983.
Avec encore quelques bonnes choses. Le « Times Square » d’ouverture est une belle ballade dévastée, mais quelque peu gâtée par des claviers, synthés, percussions électroniques qui en atténuent l’impact émotionnel. « Ashes to my hand » est un bon titre, qui n’aurait pas dépareillé dans « Broken English ». Et « Morning come » est la merveille de ce disque, tout en mélancolie crépusculaire et dépouillée.
Mais le reste … « Blues millionnaire » est, horreur, malheur, un reggae (le disque a été enregistré en Jamaïque), dans un style très Grace Jones, ce qui est loin d’être un compliment… Il y a aussi des airs celtiques, « Falling from grace », desservi par la voix de pélican enroué de Marianne peu à son avantage sur cette ballade électronique, et « Ireland » ou Lady Marianne déblatère sur la « question irlandaise » (autrichienne de naissance, qu’est-ce qu’elle en a à cirer ?) sur un fond sonore qui multiplie tous les clichés celtico-gaéliques … « Running for our lives » a le double désavantage de cumuler un titre à la Iron Maiden et des arrangements à la « In the air tonight » de Phil Collins. « She’s got a problem » (nous aussi, nous aussi …) met un point final à l’aventure avec ses arrangements très moches (Wally Badarou, producteur du disque).
Ce « Child’s adventure » sera le dernier de ce qui sera considéré comme une trilogie entamée avec « Broken English ». Marianne Faithfull retournera un temps à ses seringues et aiguilles, ses dépressions et ses cures de désintox, … la suite, pour ceux que ça intéresse, doit être dans Wikipedia, et malheureusement aussi, dans les rayons des disquaires …
Mais Dieu que Marianne était jolie …

De la même sur ce blog : 



MORRISSEY - VAUXHALL & I (1994)


La mort lui va si bien ...

Les Smiths, c’était pas trop ma tasse de thé … Morrissey en solo non plus… Ses disques avec Ronson, où il se la joue play-boy glam sur le retour, sympas mais bof …
Morrissey presque le dos au mur ...
En Angleterre, les Smiths et le Mozz étaient une institution, adulés par la presse musicale et le public. Et pour Morrissey, brutalement, tout cela prend fin. Une chanson « bizarre » (« National Front Disco » en 1992), quelques déclarations équivoques, quelques apparitions publiques douteuses, et Morrissey se voit taxé d’extrêmedroitiste, de nationaliste et de raciste. La chochotte glam en prend un coup au moral, d’autant plus que la Faucheuse fait le vide autour de lui : son ami producteur Ronson, des proches …
Alors du passé Morrissey fait table rase et se pointe en 94 avec ce « Vauxhall & I », souvent considéré comme son meilleur. Forcément, vu le contexte, c’est pas un disque joyeux. Inutile de chercher les mélodies entraînantes pour fin de banquet, les refrains à reprendre en chœur. Ce Cd est triste. Très beau aussi. Musicalement parfait. Avec une surprise de taille à la production, assurée par Steve Lillywhite. Le producteur-roi des années 80, celui des grosses batteries et des guitares carillonnant (U2, Simple Minds, Peter Gabriel, Stones …) fait ici preuve d’une délicatesse, d’une retenue, d’un sens du détail dans les arrangements qu’on ne lui soupçonnait pas.
Reste les textes, souvent bouillon cubes cryptiques, abscons et précieux chez Morrissey, plein de références personnelles, nécessitant un parfait bilinguisme et une connaissance approfondie de sa biographie. Ne rentrant dans aucune des deux catégories, j’ai quelque peu zappé ces aspect-là, mais les bribes perçues confirment que tristesse et une certaine forme de désenchantement sont au cœur de son propos. Comme un travail de deuil extériorisé…
Morrissey, son personnage, son style vocal particulier tout en douceur, en ont souvent hérissé plus d’un, moi le premier. Mais pour ce « Vauxhall & I », rien à dire, tout est parfait …

Du même sur ce blog :
Viva Hate

DUSTY SPRINGFIELD - A GIRL CALLED DUSTY (1964)


Une certaine idée de la variété

Ce Cd est la réédition du 1er album de 1964 publié par l’Anglaise Dusty Springfield. Une Anglaise sous forte influence US, ainsi que le montrent les (nombreuses) reprises présentes : Dionne Warwick, Lee Dorsey, Supremes, …

Le résultat est excellent, une  soul teintée de rythm’n’blues, servie par une des meilleures (la meilleure ?) voix blanches de l’époque. Des arrangements et une production « grand public » ne doivent pas rebuter les puristes. Le tout donne certes dans la variété, mais de la variété de très grande classe. Tout le contraire des Nouvelles Stars, Star Ac et Cie.

Sa voix, les genres musicaux abordés font de Dusty Springfield une des grand-mères artistiques d’Amy Winehouse, autre chouchroutée anglaise.

A noter sur ce Cd une section bonus conséquente (8 titres) avec notamment le 1er single de Dusty (« I only want to be with you »), énorme succès en Angleterre, mais aussi en France par l’adaptation qu’en avait faite Richard Anthony (« A présent tu peux t’en aller »).


DUSTY SPRINGFIELD - DUSTY IN MEMPHIS (1969)


Un homme et une femme ...

La femme, c’est Dusty Springfield. La plus belle voix anglaise, quelque peu au creux de la vague en cette fin des 60’s après quelques années de gros succès populaires.

Encore un peu de choucroute ?
L’homme, c’est Ahmet Ertegun. Fondateur des disques Atlantic, qui a personnellement engagé Aretha Franklin, Wilson Pickett, Otis Redding et vient de signer Led Zeppelin. Le plus grand patron de maisons de disques que la musique ait connu. Avant tout un connaisseur et un fan de ses artistes. Rien à voir avec les sinistres comptables actuels dont le seul intérêt est de se faire de l’argent sur le dos du public ET des artistes.

En 1968, Ertegun offre à Dusty Springfield tout ce dont un chanteur pouvait rêver : un disque clé en mains, enregistré dans les studios de Memphis, avec les plus grands musiciens,  producteurs et compositeurs de soul. Lorsque Dusty est arrivée à Memphis, cette perfectionniste maladive aurait testé une centaine de titres ! Insatisfaite du résultat, elle abandonne le projet, avant de se raviser sous l’amicale pression d’Ertegun et de finaliser onze titres à New York qui sortiront sur le 33T original.

Le résultat est exceptionnel, les critiques dithyrambiques, et « Son of a preacher man » (que le malin Tarantino ira chercher pour le soundtrack de « Pulp Fiction ») choisi comme premier single fait une percée dans les charts … Et le public ne suit pas et « Dusty in Memphis » est un bide retentissant, qui va marquer le début de la fin pour sa carrière.

Il s’agit pourtant bel et bien d’un des quatre ou cinq plus grands disques de soul jamais gravés. Une œuvre totalement indispensable.

Réédité il y a quelques temps par Rhino avec la bagatelle de 14 titres bonus. Tous également d’une qualité sidérante, tant artistique que sonore.


GOSSIP - STANDING IN THE WAY OF CONTROL (2005)


So hype ?

Vous vous arrêteriez pour les prendre en stop ?
Musicalement, Gossip c’est bien pauvre … Une batteuse encore plus problématique que Meg White des White Stripes, quelques simplissimes lignes de basse, et quelques riffs de guitare énervés sur les refrains …Et surtout l’impression que bien souvent, tout s’effondre, se délite, qu’il ne reste plus rien pour assurer la texture musicale … Pour au final des titres sans consistance reproduisant des schémas maintes fois entendus en beaucoup mieux chez Nirvana, Breeders, Strokes, …

Le seul élément qui sauve ce disque, c’est la voix de sa Castafiore XXL Beth Ditto. Une voix comme il n’en arrive qu’une par lustre et qui justifie à elle seule l’achat de ce disque … même si ce n’est pas (encore) Janis Joplin (manque à fumer quelques milliers de paquets de clopes et à boire quelques hectolitres de Jack Daniels). Même si tout ça empeste très fort le gros coup marketing. Ce « Standing … » est encore sur un label indépendant, le suivant (« Music for men ») est chez Columbia. Et il y a aussi une certaine propension à réduire le groupe à la seule Beth Ditto, qui en fait des brouettes au niveau « com » (sur les trois photos du groupe du livret, c’est toujours elle qui est en avant et au milieu, tout le monde sait qu’elle est lesbienne, qu’elle finit ses concerts en sous-vêtements, qu’elle a posé à poil pour le NME, …). La carrière solo arrivera à grands pas …

Ce « Standing … » est (heureusement ?) assez court, et cette édition se voit augmentée de remixes inutiles des deux titres à succès, « Standing in the way of control » façon techno ( ? ) et « Listen up » en version disco-punk.

Des mêmes sur ce blog :



SLY & THE FAMILY STONE - THE WOODSTOCK EXPERIENCE (2009)


L'arnaque indispensable

N’eût été le décès de l’ancien beau-fils de Presley, le gros coup de l’été 2009 aurait été la commémoration des 40 ans de Woodstock. Le genre de projet minutieusement préparé par Sony pour rajouter un peu de toile aux parachutes dorés de ses actionnaires. « Take the money and run » comme disait Steve Miller …

5 doubles Cds comprenant les rééditions d’un disque studio de l’époque, plus l’intégralité de la performance de l’artiste à Woodstock. Sont concernés les signatures maison Joplin, Airplane, Johnny Winter, Santana, Sly & The Family Stone. Et si ce genre de machins vous plaît, le coffret avec l’ensemble des 10 Cds.

Woodstock, ce barbecue géant de hippies… Dont on connaît le son (les triple 33 T, les doubles Cds, et tous les titres qui traînent sur des compilations, coffrets, bootlegs, …) et l’image (le film de Wadleigh). Avec quand même quelques moments qui ont marqué leur époque et les générations futures.

Hendrix à l’aube du quatrième jour, devant trente mille rescapés hébétés, qui lacère l’hymne américain à grands coups de Stratocaster. Santana qui se fend d’un « Soul Sacrifice » aussi chaud que le soleil exceptionnellement présent cet après-midi là. Le plombier Joe Cocker, les yeux exorbités, qui invente la air guitar sur « With a little help from my friends ». Alvin Lee qui se fend d’un hallucinant solo sur « I’m going home ».

Comment vouliez-vous qu'ils passent inaperçus ?
Et Sly et sa Famille qui propulsent à grands coups de « I want to take you higher » leur soul-funk psychédélique dans un ailleurs cosmique.

Sly & The Family Stone, justement. Essentiellement un groupe de Noirs. Et des Noirs, à Woodstock, il n’y en avait pas beaucoup, sur scène, et encore moins dans le public, d’après le film. Et j’étais curieux de voir si le show de la Family était du niveau de ce que tout le monde connaissait.

Et bien oui. En cinquante minutes de folie furieuse, Sly et son groupe envoient une grande leçon de musique totale, une scansion rythmée hallucinante et hallucinée. Il me semble que les témoignages live de Sly & The Family Stone ne sont pas très nombreux, et donc cette prestation est indispensable.

Ce soir-là, le sieur Sylvester Stewart et sa famille ont tutoyé les étoiles. Le buzz sera tel que Miles Davis  lui-même poursuivra Sly de ses avances, le suppliant de travailler avec lui. Lequel Sly, trop souvent (toujours ?) « high », n’en aura rien à foutre et jettera même Davis des studios quand il sera lassé de le voir dans ses pattes. Le jazzman, de dépit, se lancera à corps perdu avec McLaughlin et consorts dans ce que l’on appelera jazz-rock, et que quelques malentendants persistent à trouver génial. L’autre Maître de la black music, James Brown, ruminera dans son coin avant de trouver la réponse à Sly qui aligne en ce début des 70’s 45 T et 33 T majestueux. James Brown se sentira tout à coup terriblement vieux et dépassé, il jouera son va-tout dans un sublime coup de poker, virant ses antiques JB’s pour embaucher une troupe funky d’ou émergeront les tignasses afro de Bootsy et Catfish Collins. Une des premières séances de ce groupe donnera la moitié du faux live mais vrai chef-d’oeuvre « Sex Machine ».

Mais il y a quand même quelques détails que le chaland potentiel doit savoir.

Le disque studio du package Sly & The Family Stone, c’est « Stand ! », au demeurant excellent. Mais pas de bol,  je l’avais en 33 T et racheté en Cd. Je me retrouve donc avec un joli petit frisbee au logo Woodstock et à l’estampille Sony Music dont je n’ai que faire.

Autre détail, le son du concert est remastérisé. Ce qui veut dire que l’on entend beaucoup moins l’énorme souffle de mammouth de la sono qui faisait disparaître la moitié de la musique. Revers de la médaille, les bandes ont été « retravaillées ». Si Sly Stone ne s’en tire pas trop mal, le résultat pour d’autres est pour le moins curieux, avec notamment l’Airplane, le plus mélodique des groupes psychédéliques qui sonne comme … Steppenwolf. Au vu de la qualité du coffret Rhino « 3 Days of Peace & Music », on peut dire que les ingés de Sony ont sorti avec ces bandes un boulot de  gougnafiers.


Mais comme je suis de bonne humeur, je vous mets pour le même prix mon avis sur les quatre autres.

L’Airplane renforcé de Nicky Hopkins au piano, sonne comme un groupe de hard, avec Grace Slick et Balin qui hurlent, et balance une interminable version (plus de vingt minutes) de leur emblématique mais fort ennuyeux « Woodenships ». Disque studio : « Volunteers ». A réserver au conseil d’administration du fan-club.





Santana est grandiose, tout est du niveau de « Soul Sacrifice ». Disque studio « Santana » son 1er 33T avec la tête de lion sur la pochette. Mais tout le concert existait déjà officiellement (coffret « Legacy » il me semble).







 
Johnny Winter fait ce qu’il a toujours fait et refera ad vitam eternam, son numéro de juke-box avec longs solo de guitare un peu partout se terminant par (quoi d’autre) « Johnny B Goode ». Doit bien exister 300 live de l’albinos texan aussi bons ou meilleurs que celui-là. Disque studio « Johnny Winter » de 1969 avec la pochette noire (lui par contre excellent).





 
Reste le cas Janis Joplin. Elle s’était opposée à ce que sa prestation apparaisse sur le triple 33 T de 1970. Et là on comprend pourquoi. Ce n’est pas elle qui est en cause, elle est même très correcte au chant, même si d'après les témoignages des "rescapés", elle était pourtant "ailleurs". Mais le groupe (le Kozmic Blues Band) est pitoyable avec mention  spéciale à une section de cuivres imbécile passant du free-jazz à la soul et au rythm’n’blues à l’intérieur du même morceau et couvrant tout le reste de son affreux raffût. A fuir absolument. Disque studio « Kozmic Blues ».




Comment ça, j’ai pas trop causé du live de Sly & The Family Stone. Je vous ai dit quelque part qu’il était excellent et indispensable. Et je persiste et signe.

Du même sur ce blog :
There's A Riot Going On



BJÖRK - MEDULLA (2004)



Voyage au bout de l'inuit
Björk a sans conteste été l’artiste féminine majeure des années 90 (c’était pas difficile, y’avait pas trop de concurrence), grâce à son triplé « Debut » - « Post » - « Homogenic ». Sa pop explosée, mêlée à toutes les tendances électroniques, ses étranges tenues vestimentaires bariolées, l’hyper charisme soigneusement mis en scène du personnage, ont laissé peu de gens indifférents, et tous les bobos prompts à s’enticher du dernier cataplasme branchouille se sont extasiés devant cette Kate Bush pour malentendants…
Avoir du talent est une chose, s’en servir à bon escient en est une autre. Les choix artistiques de Björk depuis la fin des années 90, montrent une artiste en perte de vitesse. Ce « Medulla » en est l’exemple.
Des morceaux a capella, un accompagnement musical très réduit (quelques boucles rythmiques, quelques lignes de synthé). Le concept est intéressant, se servir de la voix (la Castafjörd ?) comme d’un instrument de musique (voix lead, chœurs, human beat box, …), mais a déjà été entendu à longueur d’interviews de chanteurs. Et de toute façon poussé au zénith par des gens comme Liza Fraser dans les Cocteau Twins.
Alors il est certes facile de crier au génie de ce « Medulla », s’extasier de la précision des arrangements, des chants traditionnels islandais ou inuits. Mais ne subsiste rapidement qu’un sentiment de répétition tout au long du Cd et une impression que ces 45 minutes s’éternisent.

De la même sur ce blog :
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THE SUPREMES - MORE HITS (1965) SING HOLLAND / DOZIER / HOLLAND (1967)




Piège Supreme
Il y a quelque chose d’involontairement drôle dans cette réédition de deux 33 T des Supremes : l’un des albums s’appelle « Sing Holland – Dozier – Holland », mais les 24 morceaux du Cd sont tous signés du brelan d’auteurs magique de la Motown ; l’autre album est intitulé « More hits », mais seuls trois incontournables du girl-group (« Stop ! In the name of love », « Back in my arms again » et « You keep me hangin’ on ») se retrouvent sur l’ensemble du Cd.

Autant dire que la déception est de mise, la moindre compilation bâclée des trois filles contiendra beaucoup plus de ritournelles imparables que ce triste Cd, tant l’essentiel des morceaux présents ici est constitué des fonds de tiroir du répertoire du groupe et la stratégie commerciale de l’époque (on inonde le public de 45 T et de 33 T, à raison d’un 45 tous les deux mois et d’un 33 tous les quatre) montre ses limites aujourd’hui.

Et ce non pas que la stratégie commerciale d’aujourd’hui soit meilleure : le son de ce Cd est mauvais (à peine meilleur que le saccage sonore de « Where did our love go ? » / « I hear a symphony » paru dans la même collection). Or chacun sait que la compilation de hits est la seule bonne méthode pour aborder le répertoire des Supremes, et donc que le maigre public attiré par le seul intérêt de ce Cd (rendre disponibles des vieux 33 T disparus du catalogue) sera forcément déçu par la qualité sonore proposée.

Dommage car pour l’ensemble de leur oeuvre Diana Ross et ses complices méritaient mieux que ce Cd bâclé.

Bon, profitez de deux merveilles de titres, "Stop ! In the name of love" et de la vidéo (certes pas officielle), de "You keep me hanging on", le grand hit psychédélique des Supremes et de la Motown, où l'on découvre les talents (?) de pongiste de Diana Ross ...










LITTLE RICHARD - HERE'S LITTLE RICHARD (1957)



Abopbopaloobopalopbamboom

1er « vrai » disque de Little Richard (après quelques enregistrements anecdotiques auparavant) pour le label Specialty. Paru en 1957, ce Cd studio s’ouvre par un des plus grands (sinon le plus grand) morceaux de rock’n’roll de tous les temps, « Tutti Frutti », avec sa voix hystérique, son rythme irrésistible, et ses onomatopées à la place des paroles. Quelques décalques de l’hymne absolu sont aussi présents (« Ready Teddy », « Jenny, Jenny », et l’autre classique du Cd, « Long Tall Sally »), au milieu de morceaux plus apaisés mais tout aussi magnifiques (« Rip it up »).


La plus fabuleuse voix ayant jamais chanté du rock’n’roll est ici présente à son état brut, originel. Rigoureusement indispensable.




UTE LEMPER - PUNISHING KISS (2000)



Ni Ute ni soumise, Lemper est sans reproche


Bon, autant être clair. Elle aurait le physique de, au hasard, Juliette, j’aurais jamais écouté ses disques. D’ailleurs, elle avait  beau être aussi troublante avec son look longiligne et glacial que Garbo dans la « Reine Christine », j’en avais écouté aucun. Juste je l’avais aperçue quelques fois à la grande époque de Nulle Part Ailleurs parce que De Caunes qui en était dingo de la belle Ute, l’invitait plus souvent que de raison à venir chanter en direct un de ses machins cabaret berlinois triste.
Jusqu’à ce que je tombe un jour dans un magasin de disques (à l’époque où il y avait des magasins de disques, avant qu’on télécharge du mp3 gratos sur Rapidshare ou Megaupload) sur cette pochette, avec sous son nom à elle, plein de gens dont j’aimais bien les disques. Un disque de reprises donc. Mais pas des trucs très connus ou  convenus, pas les têtes de gondole des catalogues de Cave, Waits, Costello, Hannon et consorts…
Deux remarques préalables. Primo, Ute Lemper chante bien, ce qui est loin d’être le cas de toutes celles (et aussi tous ceux) que l’on pose derrière un micro. Deuxio, tous les accompagnements sur ce disque sur essentiellement à base de musique dite « classique » et s’éloignent donc pour la plupart des versions originales. Il n’empêche qu’un bon titre, et ces gens-là en ont écrits de pas dégueus, même joué au kazoo, ça reste un bon titrre.
Le tout est supervisé par Neil Hannon, conducator de Divine Comedy, qui s’offre même deux duos avec la belle, le lentissime « Tango ballad » de l’antique Kurt Weill, et son propre « Split », titre très pop, dans une veine anglaise Squeeze – Costello.
Costello … Tiens, puisqu’on en parle. De lui sont repris « Passionate fight », style variété haut de gamme avec arrangements luxuriants, et le « Punishing kiss » qui donne son titre au Cd, qui lui, a juste le défaut d’être vers la fin du disque et de nous offrir une version toute en pathos et baroque décadent, qui arrive après quelques autres morceaux du même tonneau et donc marque moins les esprits. Et parce que c’est ce genre de choses que finalement, on attendait d’Ute Lemper, les titres traités de façon « prévisible » sont les plus anodins. Il n’y en a pas beaucoup, heureusement.
Par contre, qu’arrive une grande mélodie, des arrangements plus réussis, ou une grosse performance vocale, et obligatoirement, on tombe sous le charme … comment résister à « Little water song» (Nick Cave) et « The case continues » de Divine Comedy qui ouvrent le disque ? Impossible de ne pas être séduit par la relecture de « Couldn’t you keep … » de Costello, ou des « Streets of Berlin » de la surprise du générique Philip Glass, plus connu pour sa musique sérielle et répétitive.
Meilleur titre du Cd, le « Purple Avenue » de Tom Waits, pour lequel évidemment l’atmosphère baroque convient parfaitement.
Curiosité, le « Scope J » du « difficile » Scott Walker, qui multiplie sur plus de dix minutes quantité de séquences et d’ambiances, pour un résultat évoquant parfois … Björk (musicalement, parce que pour le reste, hein, y’a pas photo avec le petit boudin islandais…). Beau numéro vocal d’Ute Lemper sur ce titre très expérimental, comme d’ailleurs pas mal de productions de l’ancien Walker Brothers.
Bon, promis, un jour j’écouterai Juliette …