TERRY ZWIGOFF - BAD SANTA (2003)

 

Le Père Noël est une ordure ...

Y aura-t-il de la neige à Noël ? Peut-être … ou peut-être pas. Ce qui est sûr c’est qu’ils vont nous ressortir la rengaine pourrie de Tino Rossi, et toute une ribambelle de films de circonstance, à base de dessins animés Disney et de ringardises avec De Funès. Mais ça m’étonnerait qu’on voit « Bad Santa » le soir de la dinde aux marrons et des pataugas dans la cheminée …

Terry Zwigoff

Parce que « Bad Santa » est un film pas vraiment dans l’esprit des soirs de réveillon, il pourrait y avoir avis de tempête traumatique chez les chères têtes blondes en cas de visionnage familial. Pourtant y’a tous les ingrédients du film de Noël, à commencer par le Père Noël himself, un lutin qui l’accompagne, un petit garçon qui va voir sa vie changée, une petite histoire d’amour et presque une happy end …

Derrière « Bad Santa » on trouve les frères Coen, officiellement uniquement producteurs exécutifs. En fait, les scénaristes du film (Glenn Ficarra et John Requa) reconnaissent que les frangins leur ont aussi refilé un scénario sur lequel il n’y avait pas grand-chose à retoucher. Derrière la caméra, Terry Zwigoff, qui avait obtenu une petite reconnaissance pour son documentaire sur les frères Crumb (dont bien sûr l’iconoclaste Robert, auteur de Bd – Fritz the Cat – et de pochettes de disques – « Cheap thrills » de Janis Joplin) et son premier film « Ghost world » (adaptation d’une BD avec notamment Scarlett Johannson et Steve Buscemi). Zwigoff ne fait pas partie des réalisateurs que l’Histoire retiendra comme grand manieur de caméra, c’est service minimum, il filme des acteurs.

Billy Bob Thornton & Tony Cox

Et parmi eux, Billy Bob Thornton se taille la part du lion. Il est Willie, le Bad Santa, ancien surdoué du perçage de coffres-forts, et déclassé à cause d’un éthylisme continuel. Il continue cependant d’exercer ses talents en période de fêtes de fin d’année, se faisant embaucher dans les grands centres commerciaux pour jouer le Père Noël avec un nain qui est son elfe accompagnateur, son complice Marcus qui l’a remis sur les rails (Tony Cox). Le soir du réveillon, ils se font enfermer dans le magasin et avec l’aide de la femme de Marcus, percent le coffre et s’en vont avec le fric et quelques babioles de luxe qui peuvent traîner dans les rayons.

Et comme en plus d’être bourré du matin au soir, Willie est un serial niqueur (gibier de prédilection les femmes à fort tonnage), Marcus a fort à faire pour que les deux associés fassent leur boulot d’animation et le braquage qui suit. Bien évidemment, le personnage du Père Noël ne serait pas complet sans quelques autres « handicaps » : il déteste, mais vraiment, les enfants et s’exprime toujours dans un langage obscène et ordurier à faire passer la feue bande de Charlie-Hebdo pour la Comtesse de Ségur …

Tout à fait logiquement, il va trouver sur sa route un gosse obèse et simplet dont il finira par squatter la luxueuse maison (maman est morte, papa est un escroc comptable en prison, ne reste que la grand-mère sénile), en compagnie de sa nouvelle conquête, une serveuse de bar (pas du tout enveloppée) qui fantasme sexuellement sur le Père Noël et ses attributs (non, bande de pervers, pas ceux auxquels vous pensez, juste son bonnet qu’il doit conserver pour l’honorer). Viendront se rajouter un directeur de magasin suspicieux, un chef de la sécurité qui voit rapidement arriver le coup qui se prépare, et une bande de gosses qui tyrannise le petit gros …


Billy Bob Thornton s’en donne à cœur-joie, mais ne surjoue pas, n’en fait pas trop comme c’est généralement le cas des ivrognes de comédie (il a l’air vraiment bourré quand il arrive en titubant, attend les enfants assis sur son fauteuil-trône clope au bec et bouteille de whisky à la main avant de les insulter, de se pisser dessus, de destroyer les animaux postiches de la crèche à coups de batte de base ball, …), au milieu d’une bordée d’insultes et d’insanités classées X (« On dit qu’il peut rentrer partout, même dans la chatte de Margaret Thatcher » celle-là me plaît bien, même s’il faut à peu près avoir l’âge de rentrer en hospice pour savoir qui était Margaret Thatcher). Ce curieux Père Noël est quand même un ignoble sympa (c’est pas lui qui fait les choix les plus pourris, ça revient à Marcus et sa femme), il finit même (conte de Noël oblige) par se prendre d’affection pour le petit obèse débile, et le final en plus ou moins happy end se place sous le signe de la rédemption. L’honneur et le bon goût sont (presque un petit peu) saufs.

Ce qui ne fait tout de même pas de « Bad Santa » un chef-d’œuvre de film comique. Des personnages auraient pu être développés dans le ressort comique (la femme de Marcus, la grand-mère), d’autres sont plus laborieux dans leurs rôles (le directeur du magasin, son chef de la sécurité).

Reste un Billy Bob Thornton rayonnant dans quelques grandes scènes comiques …

Evidemment, il y aura des suites (« Bad Santa 2 », « Bad Santa 3 »), pas vues mais qui ne bénéficient pas de beaucoup de louanges …

Joyeux Noël …


1 commentaire:

  1. Jamais vu, mais beaucoup entendu parlé. Ca avait chroniqué sur le blog, un 24 décembre, je crois.

    RépondreSupprimer