Mondo Bizarro
Ce « Dub housing » est le second volet de
la doublette de référence de Pere Ubu, paru quelques mois après leur
célébrissime (sourires narquois dans l’assistance) « Modern dance ».
Avec lequel il partage une réalisation a minima (quelques jours en studio avec
un budget famélique) et cette apparence surréaliste et novatrice, la surprise
en moins. On pourrait aussi le qualifier de plus accessible, avec des titres
mieux construits (entendre par là qu’on peut déceler des structures
couplets-refrains à peu près mémorisables). Rien cependant qui puisse attirer
le « grand public », Pere Ubu restant synonyme d’avant-garde,
« compliqué », « branché », quelquefois qualifié de
post-punk (alors que quand ce disque est paru le punk battait son plein), ou de
post-rock (ce qui ne veut rien dire) …
Même leurs photos filent mal au casque ... |
Des morceaux étranges, plutôt bruitistes et
expérimentaux, il en reste encore : le morceau-titre « Dub
housing », « Thriller » (rien avoir avec Michou Jackson
évidemment, plutôt un collage genre « Revolution n° 9 » de Lennon,
c’est dire s’il n’est pas le meilleur du Cd), « Blow Daddy-O » …
Malgré l’étrangeté sonore souvent déconcertante, ce
qui fait la liaison chez Pere Ubu, c’est la voix de David Thomas, poussée par
son quintal et quelque vers les aigus les plus affolants. Immédiatement
reconnaissable, et beaucoup plus « placée », beaucoup moins
hystérique et saccadée que sur « Modern dance ». Dès lors, entre
efforts d’écriture et modulation vocale, les titres sont beaucoup plus
abordables … « Navvy », c’est un rock basique en pointillés,
« On the surface », un titre pop et sautillant, tout en brisures de
rythme … « Caligari’s mirror », référence au film baroque allemand,
(les références cinématographiques « antiques » sont nombreuses sur
ce disque), alterne ambiances planantes et refrain très power-pop, « Ubu
dance party » est un reggae autiste, « I will wait » du
free-jazz psychiatrique … Le dernier titre, « Codex » ressemble à une
B.O. de film, dont le thème aurait été composé par un Nino Rota sous acide …
Pere Ubu, comme ses « cousins » Residents,
ont été des groupes ayant influencé pas mal de gens se réclamant post-quelque-chose
… Pas assez glamour, très peu vendeurs, et seulement cités du bout des lèvres
par des groupes leur ayant emprunté pas mal de choses, ils continuent depuis
plus de trente ans leur bonhomme de chemin loin des sentiers de la gloire.
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