PERE UBU - DUB HOUSING (1978)


 Mondo Bizarro

Ce « Dub housing » est le second volet de la doublette de référence de Pere Ubu, paru quelques mois après leur célébrissime (sourires narquois dans l’assistance) « Modern dance ». Avec lequel il partage une réalisation a minima (quelques jours en studio avec un budget famélique) et cette apparence surréaliste et novatrice, la surprise en moins. On pourrait aussi le qualifier de plus accessible, avec des titres mieux construits (entendre par là qu’on peut déceler des structures couplets-refrains à peu près mémorisables). Rien cependant qui puisse attirer le « grand public », Pere Ubu restant synonyme d’avant-garde, « compliqué », « branché », quelquefois qualifié de post-punk (alors que quand ce disque est paru le punk battait son plein), ou de post-rock (ce qui ne veut rien dire) …

Même leurs photos filent mal au casque ...
Des morceaux étranges, plutôt bruitistes et expérimentaux, il en reste encore : le morceau-titre « Dub housing », « Thriller » (rien avoir avec Michou Jackson évidemment, plutôt un collage genre « Revolution n° 9 » de Lennon, c’est dire s’il n’est pas le meilleur du Cd), « Blow Daddy-O » …

Malgré l’étrangeté sonore souvent déconcertante, ce qui fait la liaison chez Pere Ubu, c’est la voix de David Thomas, poussée par son quintal et quelque vers les aigus les plus affolants. Immédiatement reconnaissable, et beaucoup plus « placée », beaucoup moins hystérique et saccadée que sur « Modern dance ». Dès lors, entre efforts d’écriture et modulation vocale, les titres sont beaucoup plus abordables … « Navvy », c’est un rock basique en pointillés, « On the surface », un titre pop et sautillant, tout en brisures de rythme … « Caligari’s mirror », référence au film baroque allemand, (les références cinématographiques « antiques » sont nombreuses sur ce disque), alterne ambiances planantes et refrain très power-pop, « Ubu dance party » est un reggae autiste, « I will wait » du free-jazz psychiatrique … Le dernier titre, « Codex » ressemble à une B.O. de film, dont le thème aurait été composé par un Nino Rota sous acide …

Pere Ubu, comme ses « cousins » Residents, ont été des groupes ayant influencé pas mal de gens se réclamant post-quelque-chose … Pas assez glamour, très peu vendeurs, et seulement cités du bout des lèvres par des groupes leur ayant emprunté pas mal de choses, ils continuent depuis plus de trente ans leur bonhomme de chemin loin des sentiers de la gloire.


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