THE DARKNESS - PERMISSION TO LAND (2004)

 

... On the edge of hard ...

The Darkness, c’est l’histoire de quatre fans de hard un peu bourrins qui ramassent le jackpot … contre toute attente, et peut-être surtout la leur …

A la base du groupe, deux frangins. The Darkness, c’est la chose de Justin et Dan Hawkins, originaire du Suffolk (cambrousse au Nord-Est de Londres), deux guitaristes dont un chante lead (Justin), et qui s’entoureront au gré d’une carrière en pointillés de comparses occasionnels à la rythmique. Ils commencent à monter leur affaire au début des années zéro, alors que tous les compteurs et courants musicaux ont été remis à zéro. Les nouveaux héros, sauveurs, revivalistes, … du rock se comptent sur les doigts de la main de Django Reinhart, et officient dans des groupes qui commencent par The (Strokes, Libertines, White Stripes et leurs suiveurs, imitateurs et disciples). Les Hawkins seront donc The Darkness.

The Darkness, plein d'Awards pour eux ...

Et vont œuvrer dans un genre lui aussi sinistré où ne subsistent que quelques vieilles idoles, pas toujours au mieux de leur forme. Avec un coup d’avance (enfin, quelques mois) sur Airbourne, ils vont se lancer dans un hard rock à la AC/DC. Intention louable, mais éminemment casse-gueule. Autant la machine de guerre des Young Brothers semble jouer un truc tout simple et tout con, autant c’est compliqué à reproduire. Pour pas être accusés de pâle copie, The Darkness s’en va brouter également dans des pâturages autrefois visités par Thin Lizzy (dont ils se disent grands fans, mais j’en vois pas trop l’influence), Aerosmith (la concision), Van Halen (le côté exubérance mélodique), ou à l’inverse Black Sabbath (la lenteur plombée) … Bon, ils peuvent citer qui ils veulent, les Darkness font juste ce qu’ils peuvent …

Leur succès sera pourtant considérable (surtout chez eux en Angleterre, un peu moins ailleurs). J’ai la méchanceté de penser que sans le soutien d’une vénérable maison de disques qui a de gros moyens (Atlantic, la même qui distribue dans une grande partie du monde … AC/DC), le succès des Darkness aurait été moindre. Au passage, une petite remarque. « Permission to land » est doté (enfin, si on veut) d’une des pochettes les plus vulgos du rock (copié-collé de celle de « The pros and cons of hitch-hiking » de Roger Waters après son départ-éviction de Pink Floyd). Pas sûr que du temps du brave Ahmet Ertegün ce genre de mauvais goût ne serait pas resté dans les archives du graphiste …

Le morceau « de bravoure » (enfin, celui qui a cartonné sur les radios) de The Darkness c’est « I believe in a thing called love », qui deviendra la locomotive (poussive pour moi) du disque. Rien compris à ce titre que je qualifierai au mieux de très quelconque, mais bon, les goûts et les couleurs du hardos de base du début du siècle, c’est pas un truc que je maîtrise vraiment … A tout prendre, je préfère nettement l’introductif « Black shuck » qui recycle dans son début tous les plans de AC/DC, le dénommé Justin Hawkins réussissant un improbable mix vocal entre Bon Scott et le Brian à casquette qui lui a succédé … Sauf que le Justin sombre souvent dans l’énervant piaillement aigu de tous les machos à voix de castrat du genre, n’est pas Robert Plant qui veut. Et tant qu’à parler de clichés machos, The Darkness s’y vautre dans des choses aussi élégantes (?) que « Get your hands off my woman (motherfucker) ».

Justin Hawkins

Dans leur hard-rock qui se veut « classique », il manque quand même du solo de guitare, les deux frangins se contentant d’épaissir le son par des synthés au lieu des sarabandes de notes qu’on est en droit d’attendre au cœur des titres. Ces synthés (bon point, ils sont pas envahissants) prennent malgré tout le dessus lorsque le groupe s’essaye à la ballade musclée (« Love is only a feeling », le début de « Holding my own ») elles aussi pas franchement convaincantes. Perso, le titre que je trouve le plus réussi, c’est le hard mélodique de « Growing on me », entraînant et décontracté comme le Van Halen de la période David Lee Roth …

The Darkness ont eu la chance d’être au bon endroit au bon moment. Ça suffit pour réaliser un bon score commercial. Par contre, les amateurs du genre qui avaient mis quelques billes sur leur nom ont dû déchanter, le groupe a connu une existence erratique encombrée de come-backs qui n’ont même pas réussi à convaincre le noyau dur des fans de la première heure …

Faut dire que tous les anciens dont ils s’inspiraient, sans être pour autant géniaux à cette époque-là, assuraient quand même davantage …