TOY - HAPPY IN THE HOLLOW (2019)

My Bloody Toy ?

Eux, là, Toy, ils ont trouvé le nom qui tue … Tapez juste Toy sur un moteur de recherche, et vous risquez pas de tomber sur eux. Et puis si par hasard vous atterrissez sur leur page Wikipedia (uniquement en anglais et pas bien fournie, maintenant traduite en français depuis la sortie de ce skeud), le lien qui renvoie à leur site vous donne une erreur 404 (page introuvable). Là, ils sont fidèles au titre de leur rondelle, ils sont pas heureux dans le creux, mais semblent ravis d’être au fond du trou de l’anonymat… Et je parle même pas du packaging de leur galette, un digipack spartiate avec rien d’écrit sur la tranche (vachement facile à retrouver au milieu de la pile) et pas grand-chose ailleurs, juste le titre des morceaux dans une police minuscropique, et pour seule littérature : « Recorded and mixed by TOY, engineered by James Hoare (James Qui ??), special thanks to Takatsuna Mukai and Dan Carey ». Voilà voilà … Avec ça, démerde toi.
Toy, un jouet extraordinaire ?
Finalement, le mieux à faire, c’est de l’écouter le disque de Toy. Et ma foi, force est de constater qu’on en a entendu de pires, y compris chez des prétendus cadors du wokanwol. Bon, inutile aussi de piquer le sac à une mémé qui sort de la Poste pour aller l’acheter. « Happy in the hollow » s’adresse à un public de connaisseurs selon la formule à relents élitistes consacrée. Pour une fois, on vise pas les collectionneurs de raretés garage sixties. Les Toy, en matière de revival (parce qu’ils ne sont pas exactement des défricheurs d’espaces sonores inconnus), font faire au schmilblick un bond de deux décennies et demi. On passe de 1966 à 1990 avec eux. Vous situez les machins de 90 ? Non, eh bien dans mon infinie mansuétude, je vous offre un tour dans la machine à remonter le temps. Voyage sponsorisé par Toy.
Les Toy étant anglais, ce sont les groupes anglais qui te sautent d’abord à la figure. My Bloody Valentine et Spiritualized, on les trouve à peu près partout. Dans les ambiances éthérées, cotonneuses, brumeuses, liquides, tant au niveau de la musique que de la voix (le leader et guitariste Tom Dougall). Un genre musical risqué (parce que si tu es juste moyen, tu es aussi chiant qu’une pluie bretonne) qui ne s’accorde qu’avec l’excellence. Et les Toy le sont parfois excellents (« Sequence One », « The Willo », « Mechanism » sont des titres aux qualités évidentes).
S’accrocher à un son, le photocopier, tout le monde ne fait quasiment plus que ça. Pour se démarquer du troupeau, faut de temps en temps avoir une idée, trouver un gimmick, innover … les Toy en sont capables, s’en allant parfois vagabonder vers des rythmiques krautrock (le frénétique dans le contexte « Energy » qui rappelle les Thee Oh Sees), et n’hésitant pas à se démarquer des fameuses ( ? ) guitares « liquides » à la My Bloody Valentine pour en glisser des acoustiques (« Mistake a stranger »), voire gentiment surf à la Hank Marvin (des Shadows, me souffle mon arrière-grand-père) sur « Last warmth of the day » ou « Jolt awake ».

« Happy in the hollow » est construit d’une façon évolutive (ou alors le hasard fait bien les choses). On démarre très MBV pour finir à la Jesus & Mary Chain (ou 3ème Velvet, ce qui revient à peu près au même) sur le final (« Move through the dark »). En passant par des claviers élaborés à la Stranglers (« The Willo ») à ceux joués à un doigt très Orchestral Manœuvres (« Mechanism »), et en s’arrêtant faire un petit coucou au Floyd d’après Barrett et d’avant la face cachée de la Lune (« Charlie’s House », seul écart au son 90’s prédominant). Manière d’enfoncer le clou lysergique, deux titres sont quasi instrumentaux (« Jolt awake » et « Charlie’s House »).
Bon, c’est pas avec ce genre de bousin que les Toy vont remplir les arenas. Ils ont débuté en faisant la première partie des horribles Horrors, c’est dire s’ils reviennent du diable vauvert, comme le disait Leon Zitrone quand il commentait le tiercé dans la télé 4/3 en noir et blanc il y a cinquante ans. Et … je m’arrête là, avoir réussi à caser le nom de Zitrone dans un post sur un disque de rock suffit à mon bonheur …
Mais sans déc., il est vraiment pas mal ce « Happy in the hollow » …