PETER HAMMILL - NADIR'S BIG CHANCE (1975)

Hammill & Images ?

Ils t’entraînent au bout de la nuit, les démons de minuit … ça fout les jetons, hein… ben Peter Hammill, c’est un peu pareil. Rien qu’à voir son nom, ou celui de son groupe Van der Graaf Generator, n’importe qui d’à peu près normal (ce qui exclut gilets jaunes, sympathisants LaREM, supporters du Qatar St-Germain, chasseurs à courre, joueurs de golf, numismates et clients de McDo, liste entière contre intégrale de Led Zep en premier pressage vinyle état mint), se doit de détaler au plus vite. On est censé se retrouver en face d’un type qui faisait du prog différent, mais enfin du bordel de fuckin’ prog quand même. J’ai réussi à passer plus d’un demi-siècle de nuisances sonores en évitant soigneusement d’exposer mes fragiles conduits auditifs à VdGG (et je compte bien persévérer), mais bon, Peter Hammill je me suis laissé tenter.

Sur la seule foi de déclarations moultes fois répétées de John Lydon, gueulard des Pistolets Sexuels, vomissant à tue-tête que Peter Hammill était le chanteur qui l’avait le plus influencé et que c’était lui le vrai ancêtre de tout punk digne de ce nom. Conclusion, que tout le monde devrait connaître : John Lydon est un con, mais sur ce coup-là, il a pas tout faux. Même s’il faut de sacrées contorsions cérébrales pour ranger sur la même étagère les – au hasard – Ramones et Peter Hammill.
« Nadir’s … » est avec une paire d’autres (« Fool’s mate », « In camera ») s’il faut en croire les spécialistes des disques qu’il ne faut jamais avoir écouté dans sa vie, une rondelle représentant ce qu’Hammill a fait de mieux. Parce que Hammill, tel une sorte de Rod Stewart – Faces prog, sortait en même temps des disques solo et des disques de son groupe. Tout ça parce qu’étant le principal compositeur, en plus d’être chanteur et guitariste, et d’avoir un caractère de cochon, il n’en faisait qu’à sa tête (de lard), et que s’il avait fait où on lui disait de faire, il aurait été plus célèbre et plus riche que Phil Collins et Genesis réunis … 
« Nadir’s … », moi j’aime bien. D’abord parce que ça a peu à voir avec le funeste prog, et puis parce que le mec Hammill, il a une présence vocale qui marque son territoire. Capable de chanter dans des registres très différents, et d’habiter ses chansons. Et puis, il est capable d’envoyer le bois (le morceau-titre, « Open your eyes », « Birthday special »), s’appuyant sur de gros riffs de guitare, parfois doublés par un sax.
On pense au glam-rock qui commence à partir en sucette en 75, parfois à Alice Cooper (le phrasé malsain et psychotique, comme sur « Nobody’s business), d’autre fois à Scott Walker (ou Jacques Brel, les folk-blues morbides du Belge rameutent de nombreux fans qui le reprennent, de Bowie à Ange, en passant par Steve Harley) sur « Shingle song », par ailleurs superbe ballade, moins évidente que la fabuleuse « Been alone so long », pour moi le sommet du disque. Et évidemment, toutes ces parties chantées qui inspireront très fortement, c’est le moins qu’on puisse dire le Rotten cité plus haut (« Nadir’s big chance », ou « Birthday Special » qui aurait pu figurer tel quel sur « Nevermind the bollocks »).
On n’échappe pas aux tristes marqueurs du prog (le concept fumeux de l’album construit autour de Rikki Nadir, double de Hammill, « People … », le final pénible de « Airport » aussi pénible que du Radiohead à venir, le trop long « Two or three spectres », dernier titre du skeud et manifestement titre de trop.
Pour ceux qui sont pointilleux, on précisera que la plupart des titres ont été écrits avant la formation de Van der Graaf Generator, ou qu’ils avaient été laissés de côté par le groupe.
Pas l’épiphanie, mais une bonne surprise inattendue …