ALLAH-LAS - WORSHIP THE SUN (2014)

Faits comme l'Oyseau ?
Y’a des fois, malgré ma bonne volonté et mon obstination, que certains trucs me passent vite par-dessus l’occiput. Ce skeud il en fait partie.
Pas qu’il soit mauvais. Non, il est même plutôt pas trop mal. Mais comment dire … le 38975ème groupe de l’année qui donne dans la nostalgia 60’s, à la longue, ça finirait même par rebuter les gonzos qui tapissent leurs murs de compiles Nuggets ou Peebles, et d’affiches de concerts au Fillmore. Alors, pensez, un type comme moi, vieux fan de Madonna (assumé, vous avisez pas de dire du mal de la Ciccone des 80’s, ou ça va chier …).
Des fois, rien qu'à voir une photo, on a entendu le disque ...
Mon malheur, c’est qu’en plus des vieilles bimbos de Detroit, j’ai écouté plein d’autres choses. Et ce « Worship the sun », je l’ai déjà plus ou moins entendu depuis des décennies, même s’il est sorti y’a 2-3 mois. Les Allah-Las (que des cons, avec un nom pareil, ils vont finir par se faire serrer par des keufs texans au prétexte qu’ils doivent être de dangereux terroristes djihadistes … à moins que ce soit fait exprès pour ça, juste pour faire parler d’eux, ce qui est encore moins malin …) font une fixette assez grave sur le Los Angeles psychédélique et pop des mid sixties, et ce disque m’a tout l’air d’être une homélie aux Byrds et aux disques qu’ils sortaient à cette époque-là (« Fifth dimension » et « Younger than yesterday »). Aux moins les deux tiers des titres de ce « Worship the sun » me semblent en découler directement.
Seulement, là, voilà, danger. Les Byrds, s’ils sont à peu près totalement oubliés aujourd’hui, ou alors bêtement réduits à un groupe obnubilé par les reprises en version électrique des titres de Dylan, ont été en ce mitan des années 60 ceux qui ont fait bouger les lignes. Paresseusement mais judicieusement présentés comme des Beatles américains, ils pouvaient en dehors du boulet Crosby (pourvoyeur de folks feignasses qui firent malgré tout leur petit effet en ces temps reculés), s’appuyer (en plus de reprises bien trouvées) sur les redoutables compositeurs qu’étaient Hillman et McGuinn, et sur des harmonies vocales complexes et irréprochables. Le tout avec une mise en place sonore pointue, visant à reproduire les effets de drogues (cannabis puis LSD) sur le cerveau. Les Byrds étaient les précurseurs et au cœur du cyclone musical qui allait ravager la Californie avec les Love, Airplane, Dead, Doors, et tous les autres …
La pochette du premier Floyd ? Non, toujours les Allah-Las ...
Les Allah-Las, c’est les Byrds revus par le Secours Populaire. Y’a de la mélodie, des harmonies vocales savantes, de la musique « sous substances » (ou plus vraisemblablement qui ressemble à de la musique sous substances), mais c’est quand même assez loin de valoir les modèles évidents. Et puis, bien que les compos des Allah-Las soient pas minables, on ne trouve rien du calibre de « Eight miles high » ou « So you want to be a rock’n’roll star ».
Bon, évidemment, faudrait être de sacrés monomaniaques pour s’arrêter aux Byrds. On trouve aussi chez ces jeunes gens des tentatives de décollage spatiaux très Barrett-early Floyd (« Ferrus gallery »), des ballades écroulées comme sur le 3ème Velvet (« Nothing to hide »), trois instrumentaux qu’on jurerait vintage (dont le quasi surf « No werewolf »). Tout le reste, c’est de la chair à compilations Nuggets du futur avec les qualités et les défauts de ce genre d’entreprise (les trucs qu’auraient pu faire de petits hits mais que pas de bol personne a l’époque a écoutés). Ainsi, parce qu’il réunit à peu près tous ces critères, le titre le plus emblématique de ce « Worship the sun » doit être « Had it all », que, pas trop cons, les Allah-Las ont sorti en single. Tiens, et puisqu’on parle de singles, les deux derniers titres du disque sont issus de leurs 45T, avec un amusant (enfin, si on est d’humeur badine) « Every girl », qui lui ressemble plutôt aux titres des Stones circa 64-65.
Ah, et sur leur site y’a une vidéo où ils reprennent façon jam acoustique improvisée le « Alone again or » des Love, le titre qui est à la fois l’aboutissement et la quintessence de cette période qu’ils semblent tant aimer …

Allez, suivant, puisque le filon semble inépuisable …