GEORGE ROY HILL - BUTCH CASSIDY AND THE SUNDANCE KID (1969)


Nouveau western ...

C’est un peu comme cela que le film avait été présenté, comme si un western ne pouvait être qu’un film de John Ford avec John Wayne … sauf que Sergio Leone avait déjà bouleversé pas mal de codes avec « Le bon, la brute et le truand » notamment, et que Peckinpah, alors que le tournage de « Butch Casssidy … » n’était pas terminé, traumatisait les spectateurs avec les gunfights et les jets d’hémoglobine au ralenti de « La Horde sauvage » …
« La Horde sauvage » (the wild bunch dans la langue de Lady Gaga), hasard ou pas, étant justement le nom de la bande qui accompagnait le légendaire braqueur Butch Cassidy au tournant du siècle dans le Sud américain. Le scénariste William Goldman dut trouver un autre nom pour les complices de Cassidy (ce sera la bande du Hole in the Wall). Lequel Goldman avait déjà eu pas mal de soucis avec son scénario, un des plus chers payés par un studio.
Le film doit être construit autour d’un Paul Newman en pleine gloire (« Luke Cool Hand »), et réalisé par un pote à lui, George Roy Hill. Pour partager l’affiche avec Newman, la production est prête à mettre le paquet, les noms de Brando, Jack Lemmon, Warren Beatty et surtout celui de Steve McQueen, l’autre star masculine de l’époque circulent. Finalement, Hill et Newman réussiront à imposer un quasi-inconnu, Robert Redford, venu du théâtre comique new-yorkais, et qui sera le Sundance Kid.
Le scénario repose sur l’histoire plus ou moins authentique de Cassidy et du Kid, largement réaménagée. Cassidy et le Kid n’étaient en fait pas des Robin des Bois américains (juste des truands n’hésitant pas à dégainer les premiers), n’étaient pas copains comme cochons (le Kid venait de rejoindre la bande, c’est un peu par hasard que les deux hommes et la maîtresse du Kid ont fui ensemble), la Bolivie n’a été que la fin supposée de leur périple sud-américain, … D’un autre côté, « Butch Cassidy … » n’a jamais prétendu vouloir être un film historique.
Il reprend (avec un budget conséquent) la trame du western classique, les hors-la-loi sympathiques, les grandes poursuites, les grands espaces sauvages, … Mais c’est avant tout une comédie, et d’ailleurs Newman dont ce n’était pas la spécialité, avait des doutes sur le résultat final, trouvant souvent que c’était too much de ce côté-là … Mais là où le film peut être perçu comme vraiment original, c’est surtout au niveau du découpage et du montage. Le générique du début façon film muet (clin d’œil au « Great train robbery », court-métrage de 1903 considéré comme le premier western ?), la longue  poursuite (une demi-heure), la fuite de Cassidy et du Kid vers l’Amérique du Sud résumée par une succession de photos sépia, le final sur une image arrêtée… A noter aussi deux scènes peu utiles dans le déroulement du film, mais qui ont alimenté des discussions sans fin entre les « spécialistes », la plus controversée étant celle de la reddition à un shérif au milieu de la poursuite (non-sens, casse la tension, etc, … tels ont été les reproches). Mais surtout la scène dite de la « bicyclette », qui laisse planer un doute sur la relation ambiguë entre Cassidy et Etta Place (la maîtresse du Kid jouée par Katharine Ross), avec en fond sonore le fameux morceau de Burt Bacharah et Hal David chanté par B.J. Wilson (« Teardrops keeps falling in my head »), que Hill a maintenu contre vents et marées, et surtout la bronca des producteurs qui voulaient le remplacer par un machin country ou hillbilly traditionnel …
A sa sortie, le film a été éreinté par la critique (c’est pas vraiment un western, c’est pas vraiment une comédie, c’est qui ce Robert Redford, ce genre …). L’accueil du public a été lui enthousiaste, et logiquement, l’industrie du cinéma prête à tous les revirements pourvu que ça remplisse les caisses, a multi-nominé et multi-récompensé « Butch Cassidy … » aux Oscars …
« Butch Cassidy and the Sundance Kid » est une merveille de film sympa, avec pour cadre des paysages parmi les plus somptueux jamais mis en images (tournage dans une multitude de parcs nationaux américains, mais aussi au Mexique), des scènes devenues mythiques, comme la partie de poker du Kid au début, celle du strip-tease de Katharine Ross, celle de la bicyclette, celle de la poursuite avec son questionnement obsessionnel (« Who are those guys ? »), un trio d’acteurs majeurs Newman – Redford – Ross (même si cette dernière est moins présente à l’écran que les deux hommes).
Et surtout, des gens qui se sont bien amusé sur le tournage, et une complicité qui se voit entre Newman, Redford, et George Roy Hill. Et ce n’est certainement pas un hasard si les trois hommes se retrouveront au générique quelques années plus tard d’un film au succès encore plus colossal, « L’arnaque » …

PS. Assez bizarrement, il me semble que le film « passe » mieux en version DVD qu’en version Blu-Ray dans lequel une image trop flashy et brillante dessert notamment les scènes filmées en nuit américaine, une version Blu-Ray dotée en bonus d’un commentaire du film d’un ennui total … Par chance, sur de nombreux packages Blu-Ray, le DVD figure aussi dans le boîtier …