Des cramés, des vrais … Dotés du nom de groupe le plus
improbable depuis … Zodiac Mindwarp &The Love Reaction au moins. Les King
Gizzard sont une famille nombreuse de déjantés (sept, dont deux batteurs, just
like l’Airplane, l’Allman Bros, et dans leur cas, surtout les Warlocks, deux ou
trois guitaristes et un harmoniciste à plein temps).
Les King Gizzard ne font pas dans l’avant-garde. Comme
une palanquée de groupe actuels, ils donnent dans le heavy psyché 60’s. Mais
autant on devine chez les autres une application à faire comme si, laissant le
plus souvent l’impression de fonctionnaires copistes du rock, avec les King
Gizzard il se passe quelque chose. On sent qu’ils font pas semblant, sont dans
le truc à fond. Il y a dans ce groupe un jusqu’auboutisme impressionnant, une
force de frappe peu commune. Peut-être parce qu’ils sont Australiens, pays-continent
fournisseur de rudes soudards électriques depuis des décennies.
Quand les King Gizzard accélèrent, ils enterrent tous les
fils de Blue Cheer de la création et rivalisent en sauvagerie et puissance avec
Mötorhead, rien que ça … Suffit d’écouter les quatre titres enchaînés du début
qui donnent une suite d’une lourdeur chronique, infimes variations d’un même
martèlement oppressif de guitares et de batteries de plus de dix minutes. Ou
comment pousser jusqu’à la démesure un gimmick de plomb en fusion …
King Gizzard se pose clairement lors de cette intro tous
potards sur onze comme l’héritier de tous ces groupes pour motards from hell,
dans la droite filiation de Steppenwolf, Hawkwind ou des déjà cités Blue Cheer
et Mötorhead. Défoncés jusqu’à l’os, mâchoires crispées, cuirs noirs crasseux
et volume sonore maximum. Petites filles s’abstenir.
Ouais mais voilà, ils sont tellement rétamés que tout à
coup ils passent à autre chose, une folkerie glam très T.Rex, un peu déviante
quand même, comme si on avait passé une camisole de force à Marc Bolan
(« Empty »). Et quand le Roi Gésier et ses Sauriens Magiques donnent
dans la « chanson » (parce que la chansonnette de ces types sonne
quand même plutôt bizarre, si vous voyez ce que je veux dire …) psyché, c’est
du côté des plus cintrés qu’ils vont piocher. Comme le bouffeur de space cakes
Barrett, et leur « Hot water » a des faux airs du « Pow R Toc
H » sur le premier Floyd. On peut dès lors s’attendre à tout, et même au
pire, parce que c’est bien connu, l’acide, ça fait aussi des trous dans le
cerveau. La seconde partie du disque est plus irrégulière, plus en roue libre,
avec dans une paire des titres intitulés comme « jams ». On n’est pas
exactement chez Cream, les Allman ou Gov’t n Mule, on se situe plutôt du côté
de l’enfonçage de clous que de celui de la longue démonstration instrumentale.
Un hommage au 3ème Velvet ? Ou la grosse fatigue ? |
Le titre le plus « facile » (tout est relatif
avec ces zozos), c’est le dernier « Her & I (Slow Jam II) », qui
fait assez penser aux rivages abordés live par le Captain Trip Garcia du Dead. En
tout cas rien à voir avec la « Slow Jam I » sorte de reggae (si, si)
seulement envisageable après combustion journalière de quelques dizaines de
joints, et de ce fait le titre le plus cool (au sens Peter « Legalize it »Tosh
du terme) du disque.
Restent pour avoir fait un tour d’horizon complet deux
titres, dont l’un leur vaudra à n’en pas douter une comparaison facile mais
justifiée avec les 13th Floor Elevators du dément Roky Erickson, la sunshine
pop-rock from hell de « Satan speeds up ». Quant à l’autre, pour moi
le meilleur et le plus original de cette galette, « Am I in heaven »
(décidément, ils voyagent beaucoup dans les limbes), il taquine la country
comme le Beck des débuts. Sauf qu’ici, on dirait « Loser » repris par
Sepultura (un peu de plouc music et beaucoup de boucan).
A mon avis, faut en profiter de ces King Gizzard. Et vite.
Je vois pas comment, arrivés à ce stade de décomposition physique et cérébrale,
ils pourraient continuer longtemps. D’autant qu’ils semblent totalement
dépendre (toutes les compos, et une foultitude d’instruments) d’un certain Stu
MacKenzie. Au vu de la musique qu’il compose, le gars doit être à la limite de
l’auto-combustion, genre batteur de Spinal Tap.
Disque du grand n’importe quoi essentiel de l’hiver…
Des mêmes sur ce blog :
Paper Mache Dream Balloon
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