BABY SHAMBLES - SHOTTER'S NATION (2007)


Piqûre de rappel ...

Finalement, ce qui est le plus étonnant avec Pete Doherty, c’est qu’il soit encore vivant. Tant il a été présenté (en forçant le trait ?), comme un junkie irrécupérable, et un type ingérable humainement. De la chair à fantasmes pour journalistes poursuivant une certaine esthétique de la déglingue rock, ou le sensationnel à mettre en une de leurs tabloïds.
Des emblématiques proto-clashiens Libertines, qui n’arrêtent pas de se séparer et de se reformer depuis plus de dix ans, de ses rapports pour le moins étranges avec son pote Carl Bârat, de ses dérives le faisant voyager de l’obscurité des prisons anglaises aux flash des paparazzi quand il avait Kate Moss à son bras, … Doherty se rêve poète décadent, peaufine inlassablement ses titres pour ensuite les jeter sur des disques bâclés et foutraques, et joue souvent jusqu’à la caricature son personnage de clodo bling-bling.
En principe, la came est planquée dans le chapeau de Doherty ...
Mais ses disques n’en demeurent pas moins attachants, dans lesquels alternent coups de génie et fumisteries totales. Ils sont pleins de rock déglingué, approximatif. Beaucoup de tripes et pas trop de technique. Du rock comme on l’aime.
Et tant qu’à faire, il y a même sur ce « Shotter’s nation » un morceau fantastique. « Delivery » il s’appelle. Plus ou moins démarqué du « All day and all of the night » des Kinks. En tout cas, une merveille pop.
Le reste est pas mal non plus. Meilleur que le « Down in Albion » précédent, qui était sympathique certes, mais aussi furieusement bordélique. « Shotter’s Nation » est un disque à l’ancienne, comme à l’époque du vinyle. 40 minutes, 12 morceaux courts. Ce qui évite le remplissage, et permet d’aller à l’essentiel. Des rock « clashiens » (« Carry on up the morning »), des ballades titubantes (« Unbilotitled », « There she goes »). Et preuve que Doherty a du talent, il reçoit l’adoubement de Bert Jansch (guitariste exceptionnel et légende du folk anglais pour une de ses dernières participations à un disque) qui vient gratouiller sur le très bon titre acoustique final, « Lost art of murder ».
Bonne production claire et limpide  de Stephen Street (producteur « historique » des Smiths et de Blur), ce qui nous change du fouillis sonore de Mick Jones le coup d’avant.
« Shotter’s Nation » n’est pas le disque du siècle, mais un des meilleurs venus de la perfide Albion en l’an de grâce 2007. Ce qui n’est déjà pas si mal.
Ah oui, j’oubliais, ce disque est paru sous l’intitulé Baby Shambles. Personne n’a été dupe. Même si Baby Shambles est un « vrai » groupe, c’est uniquement la chose de Doherty …