Les Sonics, ta mère elle va adorer ...
Les Sonics, c’est LE groupe ultime. Garage préciseront les pointilleux. Au diable les pointilleux !
Les Sonics ont poussé les curseurs tellement loin dès le paléolithique supérieur (1965 pour être précis) que depuis personne n’a fait aussi fort, aussi bien. Et surtout pas mieux.
Les Sonics sont Américains (Tacoma, à trois larsens de Seattle), traînent leurs guêtres d’ados dans un paysage musical tchernobylisé. Oh certes on trouve à cette époque-là plein de choses aux States, du folk, de la pop, de la soul, du blues, … presque tout ce qu’on veut en fait. Sauf du rock’n’roll. Et le rock’n’roll, c’est juste ce que les gars des Sonics aiment par-dessus tout. Pour ça, il faut écouter ce qui vient d’Angleterre, les Stones, Kinks, Who, Animals, Pretty Things, … et s’en inspirer.
Les Sonics dans la brume électrique |
Oubliez le punk, le hardcore, les bruitistes divers, les Stooges, le MC5, les Cramps, les garagistes japonais ou scandinaves, les guignols du death metal, tout ce que vous voulez d’extrémiste et d’agressif au niveau sonore, la référence, la mètre-étalon auquel tous ces gens-là (les plus honnêtes d’entre eux l’ont d’ailleurs reconnu) ont voulu se mesurer, c’est le premier (et seul intéressant) disque des Sonics, ce « Here are the Sonics !!! ».
Qui commence par un monstrueux « The Witch », tout petit succès local, honteusement ignoré par Lenny Kaye sur sa compile Nuggets, et à l’origine face B de leur premier 45T, une reprise du « Keep a knockin’ » de Little Richard. Un titre qu’on ne sait trop comment, ils ont réussi à écrire. Pas très compliqué, plutôt du genre très efficace, classique toutes catégories instantané. Comme leurs trois autres compos personnelles (sur les seize de la réédition Cd, soit les douze du vinyle original plus quatre bonus), « Boss Hoss », « Strychnine » et « Psycho », d’une simplicité et d’une évidence absolues.
Le reste, des reprises nucléaires. Des pionniers du rock’n’roll (« Roll over Beethoven » de Chuck Berry, « Good Golly Miss Molly » de Little Richard), des standards Motown (« Do you love me » des Contours, « Money » de Barrett Strong), de classiques soul (« Night time is the right time » de Ray Charles) ou rhythm’n’blues (« Walking the dog » de Rufus Thomas), … Le tout descendu à toute blinde, à grand coups de riffs bêtas et de hurlements sauvages, dans un chaos sonore total…
Ce genre de musique qui foisonnera dans tous les garages américains de la seconde moitié des 60’s, accordera à quelques-uns (Remains, Seeds, Standells, Mitch Ryder, 13th Floor Elevators, …) une certaine reconnaissance populaire et de petits succès. Rien de tout cela pour les Sonics, au management particulièrement indigent. De toutes façons, le groupe avait a peu près tout donné avec ce premier disque, une paire sans intérêt suivront, avant la débandade et une reformation à un âge canonique au début des années 2000 passée à peu près inaperçue.
Preuve ultime que les Sonics étaient quand même de furieux cinglés, les trois derniers titres du Cd correspondent à un single de Noël. Et quel single ! « Don’t believe in Christmas », (rien que le titre ! ), est une variation sur le « Too much monkey business » de Chuck Berry, ces choses-là ne peuvent pas sortir d’un esprit sain. « Santa Claus » n’est autre qu’une reprise de « Louie Louie » avec paroles aberrantes. Et mort-aux-rats sur le cake à la strychnine, la seule chanson de Noël du lot, une reprise de « Jingle bells », ils l’ont appelée … « The village idiot ».
Rock’n’roll suicide …
Et dans ce genre-là, inutile de chercher mieux, vous trouverez pas …