SIXTIES ARCHIVES - LOUISIANA PUNK (1983)


Garagistes du bayou
Dans la série de disques du label Eva consacrés à la scène garage U.S. des mid-sixties, escale en Louisiane, où comme partout ailleurs, les jeunes américains prennent en pleine poire la British Invasion, achètent des instruments, montent des groupes et essayent la plupart du temps d’imiter les Anglais. Avec des résultats variables … Faut dire que les compilations sur ce thème et cette période, il y en a déjà beaucoup, et d’excellentes (Nuggets, Peebles). Et quel qu’ait été le foisonnement créatif underground, les quelques-uns qui auraient mérité une reconnaissance de plus grande ampleur sont connus depuis longtemps. Inutile de chercher dans ce Cd le colossal groupe culte oublié par tous dont l’écoute va vous changer la vie … aucune légende en devenir, juste des bandes de potes qui jouent du rock …

Tenaces ...les Bad Roads en 2008
Les mieux représentés du lot avec trois titres, les Bad Roads, n’ont pas l’air très imaginatifs. « Too bad », certes intéressant, ne fait que recycler une mélodie des Yardbirds (celle de « Mr, you’re a batter man than I » en l’occurrence), « Blue girl » fait beaucoup penser au « Who do you love » de Willie Dixon et Bo Diddley, et leur reprise du « Til the end of the day » des Kinks est pas terrible, mais au moins, ils auront chanté un bon titre dans leur vie …

Les Bad Roads représentent une tendance du mouvement, celle des copieurs des Anglais … Ron Gray & The Countdowns, un titre excellent, les One Way Street (un bon « Tears in my eyes »), les cinéphiles ( ? ) Gaunga Dyns, les peu imaginatifs Satans procèdent de la même démarche …

L’autre tendance majeure, c’est celle des possesseurs de Farfisa, les Persian Market, Playgue, Surrealistic Pillar (bonne joke en référence à un fameux disque de l’Airplane), Moon-Dawgs …

Quelques uns, enfin, et ce sont les plus intéressants, tentent de fuir les stéréotypes, en affichant des références peu souvent de mise. Les Bad Boys livrent un bon rythm’n’blues très Stax, les douze cordes acoustiques d’Al Michael & The Medallions font penser aux Byrds…

Et puis il y a vers la fin un titre fabuleux, la reprise du « Smokestack lightning » de Lightnin’ Hopkins. On dirait exactement (le son, la rythmique, la voix, tout en fait) du Creedence repris par le Gun Club (« Run through the jungle »). L’auteur de ce miracle sonore prémonitoire s’appelle Joe DeGrinda, il est retourné aux oubliettes, mais là, l’espace de trois minutes, il a tutoyé les étoiles …

Ce « Louisiana punk », à l’origine un 33T sorti au début des années 80, est réédité depuis peu en « vinyl replica », soit un Cd dans une pochette cartonnée identique à l’originale, ce qui permet de profiter du visuel le plus repoussant (scanné sur un planche de Rahan ?) ayant jamais servi à enrober un disque. Niveau sonore incroyablement bas, notes de pochette illisibles sans microscope, même pas les dates d’enregistrement (tout entre 1965 et 1968 je dirais, mais c’est quand même le genre de détails qui compte pour les rares personnes que cet objet peut intéresser). Il est peut-être plus judicieux de rechercher d’occase les rééditions Cd du début des 90’s qui comprenaient des titres bonus …