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BJÖRK - MEDULLA (2004)



Voyage au bout de l'inuit
Björk a sans conteste été l’artiste féminine majeure des années 90 (c’était pas difficile, y’avait pas trop de concurrence), grâce à son triplé « Debut » - « Post » - « Homogenic ». Sa pop explosée, mêlée à toutes les tendances électroniques, ses étranges tenues vestimentaires bariolées, l’hyper charisme soigneusement mis en scène du personnage, ont laissé peu de gens indifférents, et tous les bobos prompts à s’enticher du dernier cataplasme branchouille se sont extasiés devant cette Kate Bush pour malentendants…
Avoir du talent est une chose, s’en servir à bon escient en est une autre. Les choix artistiques de Björk depuis la fin des années 90, montrent une artiste en perte de vitesse. Ce « Medulla » en est l’exemple.
Des morceaux a capella, un accompagnement musical très réduit (quelques boucles rythmiques, quelques lignes de synthé). Le concept est intéressant, se servir de la voix (la Castafjörd ?) comme d’un instrument de musique (voix lead, chœurs, human beat box, …), mais a déjà été entendu à longueur d’interviews de chanteurs. Et de toute façon poussé au zénith par des gens comme Liza Fraser dans les Cocteau Twins.
Alors il est certes facile de crier au génie de ce « Medulla », s’extasier de la précision des arrangements, des chants traditionnels islandais ou inuits. Mais ne subsiste rapidement qu’un sentiment de répétition tout au long du Cd et une impression que ces 45 minutes s’éternisent.

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STAN GETZ / JOAO GILBERTO - GETZ / GILBERTO (1963)



Jazz / Bossa

Un jazzeux américain de renom, deux jeunes révolutionnaires musicaux brésiliens (oui, deux, car Jobim qui n’a droit qu’à un « featuring » sur la pochette, joue et a écrit l’essentiel des titres), une poignée de standards mondiaux (« Girl from Ipanema », « Desafinado », « Corcovado », …)
« Getz / Gilberto » est un classique qui déborde largement les cadres du jazz et de la bossa nova, pour créer une musique atemporelle et intemporelle.
Pourtant, si l’on en croit les livres d’Histoire, tout est à peu près accidentel. Getz n’était pas au début très branché par la musique brésilienne. Quand aux inoubliables prestations vocales d’Astrud Gilberto, c’était la seule personne dans le studio sachant parler anglais. Un essai a été fait avec elle sur un couplet de « Girl from Ipanema ». On connaît la suite …
Précision : je ne suis fan ni de jazz ni de musique brésilienne, mais je recommande cette excellente rondelle.




FELA - ORIGINAL SUFFERHEAD / ITT (1981)




 

Fela, si on aime la musique africaine …


Il est incontournable. La première et pour le moment encore la seule star musicale africaine de reconnaissance mondiale. Peut-être, parce que un peu à l’instar d’un Marley, il a dépassé le stade de la curiosité exotique, en se faisant le chantre et le porte-parole d’idéaux politiques et sociaux.

La musique de Fela est indissociable de l’homme public Fela, chez qui se mêlent traditions locales, études en Angleterre, influences de toutes les musiques noires, particulièrement le blues, le funk et le jazz, et engagement politique total dans son pays, le Nigéria, tout juste émancipé de la tutelle anglaise et dans lequel se succèdent au pouvoir des dictatures militaires.

Fela est un militant, un politique, dont la musique ne constitue qu’un moyen pour faire passer des messages. Mais la démesure qui poursuivra Fela toute sa vie lui fait faire les choses en grand. Il y a sur disque comme sur scène une véritable armée de musiciens, choristes et danseurs. Tout d’abord c’est Africa 70, qui mené par le fabuleux batteur Tony Allen jette les bases de ce que l’on appellera afro-beat, ensuite Egypt 80, à l’ouvrage dans les deux disques « Original Sufferhead » et « ITT » réunis ici. L’équivalent de deux 33 T, pour un total de … trois titres.

Autant dire qu’on n’est pas dans un format radiophonique. Le temps n’a aucune importance, la musique ne sert qu’à aboutir à une transe, après un long cheminement où les séquences rythmiques se succèdent et se chevauchent, entrecoupées de parties chantées répétitives et de quelques solos de sax de Fela …

Les deux premiers titres « Original Sufferhead » et « Power show » sont plutôt jazzy, avec une place prépondérante accordée aux cuivres. « ITT » un des morceaux les plus connus de Fela (son tube ?) est beaucoup plus funk-rock, assez proche parfois de James Brown ou de Herbie Hancock selon les séquences musicales. C’est un des titres les plus engagés de Fela, dans lequel la firme américaine ITT devient International Thief Thief, allusion guère dissimulée aux multinationales qui pillent sans vergogne toutes les richesses africaines, avec la complicité bienveillante de gouvernements fantoches copieusement arrosés de pots-de-vin …

La discographie de Fela étant assez pléthorique, ces deux disques parus à une période charnière pour lui (la prise d’assaut de Kalakuta, sa « république » libertaire, et ses nombreux emprisonnements au début des années 80), font partie de ceux qui reviennent le plus souvent lorsque l’on évoque les sommets de sa carrière.

Une expérience culturelle dans tous les sens du terme …