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ALLAH-LAS - WORSHIP THE SUN (2014)

Faits comme l'Oyseau ?
Y’a des fois, malgré ma bonne volonté et mon obstination, que certains trucs me passent vite par-dessus l’occiput. Ce skeud il en fait partie.
Pas qu’il soit mauvais. Non, il est même plutôt pas trop mal. Mais comment dire … le 38975ème groupe de l’année qui donne dans la nostalgia 60’s, à la longue, ça finirait même par rebuter les gonzos qui tapissent leurs murs de compiles Nuggets ou Peebles, et d’affiches de concerts au Fillmore. Alors, pensez, un type comme moi, vieux fan de Madonna (assumé, vous avisez pas de dire du mal de la Ciccone des 80’s, ou ça va chier …).
Des fois, rien qu'à voir une photo, on a entendu le disque ...
Mon malheur, c’est qu’en plus des vieilles bimbos de Detroit, j’ai écouté plein d’autres choses. Et ce « Worship the sun », je l’ai déjà plus ou moins entendu depuis des décennies, même s’il est sorti y’a 2-3 mois. Les Allah-Las (que des cons, avec un nom pareil, ils vont finir par se faire serrer par des keufs texans au prétexte qu’ils doivent être de dangereux terroristes djihadistes … à moins que ce soit fait exprès pour ça, juste pour faire parler d’eux, ce qui est encore moins malin …) font une fixette assez grave sur le Los Angeles psychédélique et pop des mid sixties, et ce disque m’a tout l’air d’être une homélie aux Byrds et aux disques qu’ils sortaient à cette époque-là (« Fifth dimension » et « Younger than yesterday »). Aux moins les deux tiers des titres de ce « Worship the sun » me semblent en découler directement.
Seulement, là, voilà, danger. Les Byrds, s’ils sont à peu près totalement oubliés aujourd’hui, ou alors bêtement réduits à un groupe obnubilé par les reprises en version électrique des titres de Dylan, ont été en ce mitan des années 60 ceux qui ont fait bouger les lignes. Paresseusement mais judicieusement présentés comme des Beatles américains, ils pouvaient en dehors du boulet Crosby (pourvoyeur de folks feignasses qui firent malgré tout leur petit effet en ces temps reculés), s’appuyer (en plus de reprises bien trouvées) sur les redoutables compositeurs qu’étaient Hillman et McGuinn, et sur des harmonies vocales complexes et irréprochables. Le tout avec une mise en place sonore pointue, visant à reproduire les effets de drogues (cannabis puis LSD) sur le cerveau. Les Byrds étaient les précurseurs et au cœur du cyclone musical qui allait ravager la Californie avec les Love, Airplane, Dead, Doors, et tous les autres …
La pochette du premier Floyd ? Non, toujours les Allah-Las ...
Les Allah-Las, c’est les Byrds revus par le Secours Populaire. Y’a de la mélodie, des harmonies vocales savantes, de la musique « sous substances » (ou plus vraisemblablement qui ressemble à de la musique sous substances), mais c’est quand même assez loin de valoir les modèles évidents. Et puis, bien que les compos des Allah-Las soient pas minables, on ne trouve rien du calibre de « Eight miles high » ou « So you want to be a rock’n’roll star ».
Bon, évidemment, faudrait être de sacrés monomaniaques pour s’arrêter aux Byrds. On trouve aussi chez ces jeunes gens des tentatives de décollage spatiaux très Barrett-early Floyd (« Ferrus gallery »), des ballades écroulées comme sur le 3ème Velvet (« Nothing to hide »), trois instrumentaux qu’on jurerait vintage (dont le quasi surf « No werewolf »). Tout le reste, c’est de la chair à compilations Nuggets du futur avec les qualités et les défauts de ce genre d’entreprise (les trucs qu’auraient pu faire de petits hits mais que pas de bol personne a l’époque a écoutés). Ainsi, parce qu’il réunit à peu près tous ces critères, le titre le plus emblématique de ce « Worship the sun » doit être « Had it all », que, pas trop cons, les Allah-Las ont sorti en single. Tiens, et puisqu’on parle de singles, les deux derniers titres du disque sont issus de leurs 45T, avec un amusant (enfin, si on est d’humeur badine) « Every girl », qui lui ressemble plutôt aux titres des Stones circa 64-65.
Ah, et sur leur site y’a une vidéo où ils reprennent façon jam acoustique improvisée le « Alone again or » des Love, le titre qui est à la fois l’aboutissement et la quintessence de cette période qu’ils semblent tant aimer …

Allez, suivant, puisque le filon semble inépuisable …


THE ASTEROID #4 - THE ASTEROID #4 (2014)

Live from Tchouri ?
Non, les Asteroid #4 ne sont pas des requins pragmatiques qui sortent un disque pour profiter de la couverture médiatique du tas de ferraille qui s’est posé sur un tas de cailloux dans l’espace. Le groupe existe depuis longtemps dans une certaine confidentialité (les types auraient des « vrais » boulots à côté), et a sorti quelques disques qui aux dires de ceux qui les ont écoutés partent dans tous les sens et tous les genres.

Ce skeud éponyme (manque d’imagination ou volonté d’affirmer et d’affiner leur vraie nature musicale, euh … on s’en fout), comme son nom le suggère, est plutôt à ranger dans la catégorie space rock, même s’il y a plein d’autres choses. Ce machin vomi du néant aurait pu être génial si ses auteurs ne s’étaient pas embourbés à deux reprises (« Mount Meru » et « Ode to Cosmo ») dans deux saletés hindouisantes qui auraient sans doute ravi Shankar (que ceux qui n’ont pas compris écrivent à la rédaction, ils gagnent un sitar d’occasion …). Ces deux titres qui empestent patchouli, encens et méditation au fond de l’ashram foutent tout en l’air.
Parce que le reste, c’est du bon. Du tout bon. Et parfois même du lourd, du très lourd. Les fans d’Hawkwind pourraient bien voir se dresser leurs poils blanchis à l’écoute de « Rukma Vimana » ( ? ) et « Revolution prevail ». C’est du niveau de ce qu’on entendait sur « Space ritual » et « Do Re Mi … », ces riffs lourds qui tournent en boucle dans une ambiance heroic-fantasy gorgée d’amphétamines, quand la bande à Lemmy et Dave Brock lessivait les troupeaux de hippies et de freaks venus se prendre des shoots de watts et de stroboscopes en pleine poire vers 72-73.

Les Asteroid #4 adoucissent parfois le propos, ça reste spatial, mais c’est plus léger, plus éthéré dans la lignée de Spiritualized et Spacemen 3 (leur nom serait un hommage au groupe de Jason Pierce et Peter « Boom » Kember, et indéniablement de nombreuses similitudes existent). Il y a un côté mystique, zen halluciné, bab planant, parfois floydien qui émerge de titres comme « The river », « Back of your mind », « Yuba ».
Et puis, pour confirmer l’aspect puzzle sonore qui a fait leur « réputation », deux merveilles de chansons, étangs sonores paisibles au milieu d’océans plutôt agités.  « Ropeless free climber » c’est de la pop mystique ( ? ) construite autour d’un funeste sitar et là, ça sonne juste parfait. Et puis ce qui est pour moi le sommet du disque, l’extraordinaire « The windmill of the autumn sky », country-rock-americana-machin, c’est du niveau de Wilco avec la fragilité du Neil Young du début des 70’s, totalement irrésistible.

Pas sûr cependant que même avec leur jolie pochette influencée par « Space ritual » et le lettrage de celles du Grateful Dead, les Asteroid #4 attirent le troupeau des nostalgiques 70’s … 


En écoute et plus si affinités ici


TY SEGALL - MANIPULATOR (2014)

La relève ?
Ty Segall, la tarte à la crème de la critique rock, tendance « c’était bien mieux avant ». L’Espoir majuscule de ceux pour qui toute forme de musique qui vaille d’être écoutée est parue avant 1980. Cela commence à faire quelques années que son nom circule, et que les éloges pleuvent sur son œuvre. Alors que ce jeune gars de vingt sept ans (gaffe, mec, c’est l’âge fatidique pour rentrer dans la légende les deux pieds en avant) a un parcours pour le moins déroutant.
Brian Eno période Roxy Music ? non, Ty Segall
Des disques en veux-tu en voilà qui partent dans tous les sens, des projets parallèles innombrables. Avec comme terrain de jeux la scène indie-garage-machin de San Francisco qui gravite autour de la figure tutélaire de John Dwyer, le leader des (entre mille autres) excellents Thee Oh Sees. Aux dires de ceux qui suivent Segall dans ses pérégrinations ininterrompues, y’a chez lui de la qualité qui a besoin d’être canalisée. On passe du folk introspectif au rock heavy psychédélique tendance Blue Cheer (un de ses derniers projets, le « groupe » Fuzz, tous larsens et comme son nom l’indique pédales fuzz en avant, dans lequel Sygall est batteur, alors que d’ordinaire il chante et joue de la guitare). Et comme il est sur de petits labels et semble peu préoccupé par tout ce qui touche à la « gestion » de sa carrière, le bonhomme semblait se confiner à une célébrité ne dépassant pas le bouche à oreille entre « initiés » et s’en contenter.
Il semblerait que Segall ait avec ce « Manipulator » décidé de passer la vitesse supérieure. Sans toutefois se vendre au music business. Le disque paraît sur le label de Chicago Drag City, étiqueté « indie-rock expérimental », et il m’étonnerait fort que l’objectif marchand soit de rivaliser avec Rihanna ou Kanye West. Ceci posé, « Manipulator » est un disque ambitieux, qui entend reprendre les choses là où les grands dinosaures des seventies les avaient laissées. A savoir qu’à cette époque, pour passer un palier supplémentaire et définitivement assoir sa légende, le truc à faire c’était le double album. Des Who aux Stones en passant par Led Zep, c’était l’exercice obligé. On fera pas à Segall l’injure de le comparer à ceux-là (même si les doubles des Who, qu’ils soient des 70’s ou pas, on peut pas dire que … bon, vous avez compris), et lui-même, qui me semble pas trop con, ne s’y hasarde pas. Mais y’a de çà, comme des airs de « Physical graffiti », difficile d’esquiver la comparaison … même s’il serait vain d’essayer de trouver dans « Manipulator » quelque chose qui s’apparente à « Kashmir », « Custard pie » ou « Houses of the holy ».
Kurt Cobain unplugged ? Non, Ty Segall
Même si « Manipulator » est un disque à guitares. Mais aussi, et c’est chose assez rare pour être souligné, à chansons. Si, si … des titres courts, nerveux, mais « construits », avec des couplets, des refrains, des ponts, des solos, des gimmicks décoratifs, et ingrédient indispensable, des mélodies mémorisables sinon mémorables. Parce que des murs de feedback, les quatre premiers cons venus avec les cheveux dans les yeux sont capables de faire (voir tous les grungeux des 90’s et leurs descendants). Mais aligner 17 titres et faire en sorte qu’on commence pas à bâiller à partir du quatrième, c’est peu commun par les temps qui courent et Segall y parvient. Je sais pas si son disque sera cité comme un de ceux qui ont compté dans le rock (enfin si, je me doute un peu qu’il sera moins célébré dans les siècles qui viennent que – au hasard – le « Double Blanc »), mais là le Segall a sorti un truc comme il en sortira pas des quantités dans l’année.

Il y a dans « Manipulator » des choses variées sans que ça sonne auberge espagnole sonore. Parce qu’il y a une unité de son d’abord (une ambiance rétro-seventies de bon goût), parce que délibérément, c’est la guitare au cœur de tous les titres (lucidement, le garçon n’entend pas se livrer à une imitation forcément risible de Page ou Hendrix). Et ensuite, comme un Lenny Kravitz qui aurait oublié d’être neuneu, c’est plein de clin d’œil, d’hommages plus ou moins distanciés aux « grands anciens », sans jamais sombrer dans la copie, la redite ou le mimétisme … Segall a fait un travail de fourmi (hein, que vous l’attendiez, celle-là, bon c’est fait), évoquant T.Rex (« The man skinny lady », The clock »), le krautrock (« The connection man »), les vieux dinosaures boogie (« The faker »), les Who de Tommy repris par Black Sabbath (« The feels »), le rock (folk ou pas) barbouillé de psychédélisme comme il en pleuvait dru il y a quarante cinq ans, tout le circus heavy hardos de la même période (avec même l’obligatoire solo de batterie, ici pour rire, du moins on l’espère, sur « Feel ») …
Seule concession à l’air du temps (enfin, l’air d’il y a dix-quinze ans), la batterie très hip-hop style de « Mister Main », et seule concession à ceux qui voudraient que pareil phénomène vende des disques, le très middle of the road « Stick around » qui conclue le skeud.
Mention particulière et félicitations du jury pour « Manipulator » le titre, qui en trois minutes fait alterner vieux synthés (ceux de « Who’s next » ?), guitares carillonantes à la U2 – Alarm – Big Country, solo tout en saturation et mélodie étrange. Un truc qui pourrait faire un single totalement zarbi à la « When doves cry » de Prince (1984, ce qui ne rajeunit personne, et surtout pas moi). Mention aussi pour « The hand » qui sur un seul titre fait défiler tous les plans qui ont fait la gloire et la fortune de Led Zep (l’atmosphère celtique, les riffs hardos et le passage acoustique).

« Manipulator », c’est le disque parfait fait par un jeune pour des vieux …


PUJOL - KLUDGE (2014)

Un état d'esprit ...
Pujol, c’est plus ou moins un groupe, tant le dénommé Daniel Pujol y tient une place primordiale (compositeur et multi-instrumentiste). Comme son nom ne l’indique pas, Daniel Pujol vient de Nashville, Tennessee. Et non, il ne donne pas dans la country. Son truc, ce serait plutôt … plein de choses en fait, essentiellement des vieilleries ripolinées aux couleurs du temps. D’ailleurs, il a sorti dans le temps  un (quoi d’autre) 45T vinyle sur le label Third Man, celui du Monsieur Loyal de la ville, le sieur Jack White himself.
Ce « Kludge », il paraîtrait qu’il a été enregistré la nuit, dans un centre de prévention et de soins pour jeunes candidats au suicide, avec du matos plus ou moins hors d’usage refilé par des associations caritatives. Il semblerait aussi que Pujol et sa troupe n’aient pas été soignés-résidents de ce centre. Une anecdote peut-être, mais qui traduit bien une nouvelle forme de « do it yourself ». Un cheminement très punk, davantage par l’esprit qu’au sens 1977 du terme.
Daniel Pujol, un pneu garage ...
« Kludge » n’a rien à voir avec Clash, Pistols, Ramones (quoique, parfois), ou Television. Pujol donne plutôt dans une sorte de power-pop, genre musical ayant connu son apogée vers 1978-80, ce qui ne nous éloigne guère de 77, on en conviendra. Cette attitude à l’arrache, démerde, de SDF musical se ressent. Il y a dans ce « Kludge » un aspect lo-fi indéniable, tout ce vieux matos étant assez imprévisible, fonctionnant correctement quand il en avait envie, et comme cette troupe dépenaillée n’avait pas les moyens de s’éterniser, plein de pains, d’approximations et autres bugs ont été conservés. Même si cet aspect lo-fi n’est valable que pour l’aspect technique, la tendance globale du skeud étant plutôt à la luxuriance instrumentale, quitte à flirter parfois dangereusement avec le syndrome Arcade Fire – Of Montreal.
Bon, de ces disques estampillés « Système D », j’en ai des wagons chez moi. A d’infimes exceptions près (j’en ai pas là des masses qui me viennent à l’esprit, tiens si, Jonathan Richman ou Young Marble Giants, … et s’il m’en arrive d’autres, je vous dirai), un disque vite fait est forcément quelque part un disque cafouilleux,  qui laisse sur sa faim et un furieux goût d’inachevé. « Kludge » n’échappe pas à la règle. Y’a du potentiel, du « background », du « vécu », mais aussi du j’m’enfoutisme flagrant peut-être à propos et marrant pour ceux qui le font, mais bon, quand t’écoutes ça peinard chez toi, ça le fait beaucoup moins.
Pujol live
Des exemples ? OK … « Dark haired suitor » et « Spooky scary », ça fait un peu Bob Dylan imité par un ventriloque, si vous voyez ce que je veux dire … Quoi que le type qui chante (Pujol ?) a une voix encore plus pénible, quelque part autant crispante et « difficile » que celle de Kevin Coyne qui passe mieux dans le registre hystérique que dans le registre conteur. Et cette volonté à vouloir coller au plus près à de vieux totems (en moins bien) est plutôt en défaveur de Pujol, on a l’impression d’avoir affaire à des versions du pauvre des Pixies (« Manufactures ») ou de Hüsker Dü (le dernier titre « caché »).
Finalement, ces types-là je les trouve meilleurs quand ils se lâchent dans des choses crétines et premier degré (« Pitch black » le punk tendance bubblegum ?), « Small world » avec son gimmick d’orgue Bontempi pas entendu depuis au moins Charlie Oleg) que quand ils se la jouent « sérieux ». Pas la peine qu’ils chiadent leur power-pop déclinée un peu à toutes les sauces, de toutes façons ils se retrouveront à la fin à brailler devant trois punks à chien sur un tapis de gros riffs hardos (le titre live « Post grad » où on entend réellement les clebs des punks aboyer, à tel point que je me demande si c’est pas un fake total).

Au final, un (des ?) talent(s) certain(s) pour un disque sans prétention. Corollaire, un disque pas vraiment indispensable …


PARQUET COURTS - SUNBATHING ANIMAL (2014)

Un peu Courts ?
Parquet Courts ? Des génies … Et pour une fois tout le monde est d’accord, des vieux « classiques » (Rock & Machin) aux branchouilles toujours à l’affût du dernier cataplasme tendance (les soi-disant Inrockuptibles, le mag-site web qui s’auto-buzze Pitchfork). Tout le monde ? Non. Du fond de son village gaulois, Lester Gangbangs, qui en a vu et surtout entendu d’autres, compte bien mettre ses milliers de lecteurs en garde. Méfiance, braves gens, rien de neuf et encore moins d’original dans cette rondelle.
Vous avais-je dit qu'ils étaient de Brooklyn?
Parquet Courts, c’est une bande de jeunots autoproclamés punk ou post-punk, ou garage-punk, enfin tout ce que vous voulez du moment qu’il y a punk dans la dénomination. Les Parquet Courts viennent de Brooklyn, l’endroit in, arty, branché de la planète rock, qui malheureusement pour des Yeah Yeah Yeahs ou Liars passables, a livré depuis une dizaine d’années beaucoup de machins plus ou moins dispensables (TV On The Radio, Animal Collective, LCD Soundsystem, Yeasayer, MGMT, Rapture et !!!, ces deux derniers bien que venant d’ailleurs s’y étant installés).
Les Parquet Courts sont pas vraiment des finauds, bon, quand on se réclame punk-quelque-chose, c’est bien le moins, mais quand même. Faut les entendre se pointer avec leurs Doc Martens à semelles en plomb, leurs références tellement évidentes qu’elles en deviennent gênantes (manqueraient-ils d’imagination, parce qu’une fois sorti de limites plagiats, reste plus grand-chose). On les trouve originaux par rapport aux autres suscités. Certes, alors que la plupart de cette scène de Brooklyn citait comme un mantra les rythmes saccadés de Gang of Four (Anglais, post-punks, ayant vendu des nèfles), les Parquet Courts concentrent leur tir sur des choses empruntées à des groupes uniquement new-yorkais, le Velvet, Television et Sonic Youth … sans en avoir le talent… Apparemment, plein de gens ( ? ) se contentent de ce son pavlovien, mettant de côté le manque de consistance évident de ce « Sunbathing animal ».
C’est finalement quand ils semblent se lâcher, ne pas vouloir (ré)citer à tout prix que les Parquet Courts sont à mon sens les meilleurs. Même si ça vole pas à un niveau stratosphérique (« Duckin’ & dodgin », simpliste, crétin, répétitif, mais efficace ; l’intéressante, une fois n’est pas coutume, et assez longue tournerie post-punk « She’s rollin’ », voire « What color is blood », pour une fois pastiche réussi de la famille Velvet).
Les Parquet Courts, ou l'art d'avoir la bière triste ...
Par contre rayon débit, l’addition pourrait être salée. Par charité, on ne retiendra que la voix pénible du chanteur (oui, oui, au moins autant que celle du type de TV On The Radio), parce que n’est pas le muezzin psychotique Lydon qui veut, pour situer le registre … et notez que c’est pas mieux quand il se prend pour Byrne des Talking Heads (« Black & white »). Les compos, c’est aux deux-tiers sans trop d’intérêt. Paraît que sur scène c’est bien, mais enfin, comment dire, je demande pas à voir et à entendre.
En fait sur ce « Sunbathing animal », y’a qu’un truc qui m’intrigue. Les trois premiers titres s’énoncent « Bodies », « Black & white » et « Dear Ramona ». Hasard ? « Bodies », c’est aussi un titre des Pistols, « Black & white », un disque des Stranglers (ou un titre de Michou Jackson), et « Dear Ramona », ça rappelle quand même les Ramones, qui n’étaient pas de Brooklyn, mais pas loin (le Queens), à moins que ce soit pour le « I heard Ramona sing » de Frank Black …

Voilà à quoi on est réduit, avec ce second disque des Parquet Courts (le premier, je l’ai aussi avec sa pochette country – cow-boy - « Happy trails », mais je me rappelle même pas à quoi il ressemble, tellement ça m’avait marqué), on s’invente des Trivial Pursuit version rock … Mais qui joue encore au Trivial Pursuit ? Et qui écoutera encore les Parquet Machin dans trois ans ?

Des mêmes sur ce blog :





THE BLACK KEYS - TURN BLUE (2014)

Balle au centre ...
Y’a pas un fan de la première heure qui pourrait faire un selfie après avoir écouté « Turn blue » ? Juste pour voir … et rire un peu … Allez, les Black Keys ont viré mainstream, c’était déjà bien audible sur le précédent (« El Camino »), là, aujourd’hui, y’a plus d’ambigüité. Bon, on va pas sortir les noms d’oiseaux, les clouer au pilori. Niveau galère et ventes faméliques, ils ont cotisé, et ma foi, si maintenant ça rigole, tant mieux pour eux. Et on pourrait trouver des milliers de groupes qui aimeraient sortir un disque du niveau de « Turn blue » … s’ils en étaient capables.
Carney & Auerbach : The Black Keys
Parce que « Turn blue », je l’aime pas. Pas beaucoup en tout cas. Mais on peut pas dire que le boulot soit saboté. Les trois types, puisque Danger Mouse apparaît, et c’est confirmé par les propos de Carney et Auerbach, comme beaucoup plus que le producteur, ont mis beaucoup d’atouts de leurs côtés. Niveau compositions, niveau mise en sons, niveau production, ça tient la route. Même la pochette, avec ses faux airs de Vasarely, fait arty, et marque une évolution notable dans la façon dont les Black Keys envisagent le packaging de leurs œuvres …
« Turn blue » se paye le luxe de commencer, non pas par un machin racoleur destiné à attirer le puceau boutonneux de base du Midwest, mais par un titre long (presque sept minutes), ambitieux et « climatique », s’égrenant sur un tempo lent avec des passages très floydiens ou des solos de guitare genre Dire Straits avec moins de technique et plus de roubignolles. Danger Mouse multiplie les synthés, beaucoup sont à connotation très 80’s, et même si ce revival électronique est aujourd’hui très tendance (après tout, les guitareux copient jusqu’à l’écœurement les sons des 60’s-70’s, pourquoi les joueurs de disquettes pourraient pas donner aussi dans le rétro, hein, je vous demande, même si je m’en tape …). C’est même parfois too much, un titre comme « Fever » avec ses gimmicks putassiers, sonne comme du Cars bas de gamme, le « Year in review » qui suit, j’sais pas, mais moi ça me fait penser au « Natural blues » de Moby, c’est dire si c’est pas naturel et si c’est pas du blues … Pire (quoique), dans « 10 lovers », il y a comme des faux airs dans la mélodie de « In the air tonight ». A l’usage des jeunes générations incultes, il s’agit d’une scie du Phil Collins solo, qui avait en son temps (le début des 80’s, on y revient) foutu la honte même aux fans endurcis de Genesis, pourtant habitués aux horreurs sonores …
Danger Mouse, le 3ème Black Keys
Heureusement pour les vieux fans, il y a quelques sonorités pour eux. Des machins plus rêches, plus sournois, plus Black Keys d’avant quoi. Même si rien ne sonne rustique primitif, le titre le plus « rock » du Cd, avec son espèce de Diddley beat mutant, n’arrivant qu’à la septième piste (« It’s up to you now »). Et le boogie final (« Gotta get away »), dont n’aurait pas voulu les ZZ Top 80’s n’inversera sûrement pas la tendance. Surtout qu’il survient après des morceaux dont je ne sais trop que penser (hommages ? manque d’inspiration ?), réminiscents des choses piaillées par Jagger dans (décidément …) les 80’s (« Waiting on words » me fait penser au « Waiting on a friend » sur « Tattoo you »), du Lennon époque Plastic Ono Band (« In our prime », avec ce son de piano et cette reverb dans la voix, gaffe, si Yoyo Ono l’entend, elle va lâcher ses avocats, avant un final où Auerbach se prend pour un guitar hero, ce qu’il n’est pas et ça s’entend).
Ah, j’allais oublier, pourtant Auerbach en cause beaucoup, certains textes font référence à son divorce (bâillements …).

« Turn blue » est un disque calibré, avec en point de mire succès radiophoniques et arenas remplies. Partant du principe de qui peut le plus peut le moins, les Black Keys peuvent revenir, une fois leur compte en banque bien matelassé, à leurs premières amours blues rustiques … ou continuer avec le consensuel dans lequel s’embourbe « Turn blue » …

Des mêmes sur ce blog :

ISRAEL NASH GRIPKA - ISRAEL NASH'S RAIN PLANS (2013)

Forever Young ?
Avec un blaze pareil, c’est pas gagné (et encore quelquefois on l’appelle Israel Nash Gripka, et ne me demandez pas pourquoi). Tu pars dans la vie avec un prénom qui te donne envie de buter tes parents tellement il est lourd à porter, et un nom qui peut faire croire que t’es le fils d’un Anglais, co-boulet avec Crosby de Stills et Young …
Ben non, Israel Nash, c’est pas le fils de Graham Nash, et c’est tant mieux pour lui, dans la musique comme ailleurs, l’ombre tutélaire des géniteurs se révèle souvent assez pesante … N’empêche, le Israel, il a sorti ces derniers temps un disque qui va faire croire que c’est le fils à Neil Young, pour rester dans la famille des Beatles américains.

Ce type est un rustique parmi les rustiques, et semble vomi du néant, ou plutôt des seventies (ou d’un « Spinal Tap » hillbilly) avec son look de baba barbu, qui s’entête à n’enregistrer dans son trou à rats du Missouri qu’avec du matos vintage tant au niveau des instruments que de la console (c’est lui qui produit, en plus, le gars sait ce qu’il veut et a vu le résultat, les capacités pour arriver à ses fins), il a fait un des meilleurs disques des années 70 qu’est pas sorti dans les années 70. On aurait envie d’écrire logiquement. Sauf que parmi les multitudes en manque d’imagination qui copient-collent les antiques générations, bien peu se hissent à ce niveau bluffant.
C’est bien simple, « Rain plans », il aurait pu sortir tel quel dans la disco de Neil Young, avant (ou après, peu importe) des choses comme « After the gold rush » ou « Harvest ». Et non, je déconne pas … Suffit d’écouter le skeud, c’est la pure vérité vraie. « Rain plans », c’est du folk qui s’ouvre au monde du rock, qui évite le pensum austère du type assis dans la pénombre avec sa guitare acoustique s’évertuant à tisser un répertoire que pourront reprendre des scouts à la veillée ou Cabrel en panne d’inspiration … D’ailleurs Israel Nash il a sorti un disque de folk plein de grattes électriques, et pas qu’un peu, mais qui jamais ne s’enlisent dans le gros son hardos.

Neil Young, c’est évident, plus souvent que de raison, mais sans pour autant qu’on puisse crier au plagiat. Totalement dans l’esprit et profondément différent, ne serait-ce que par la mise en avant de la pedal steel guitar, peu usitée dans la disco du Canadien. Si « Who in time », l’énormissime sommet du disque qu’est le titre « Rain plans », « Iron on the mountain », ou « Mansions » (on the hill ??), c’est pas du Young style pur sucre, je veux bien m’inscrire au fan-club de Stromae (les plus perspicaces l’auront noté, ça fait deux coms successifs dans lesquels je cite ce trisomique musical, mais j’y peux rien, je viens de le désigner comme héritier indiscutable des Mumuse, Coldplay et Radiomachin, catégorie Belge triste une fois …).
Bon, revenons-en à notre folkeux. Ouais, Neil Young, mais aussi le père Dylan. Dont « Woman at the well » qui ouvre le disque (country-rock pépère, mélodie « facile ») et « Rexanimarum » (qui le clôt en un parfait symétrisme et mériterait de devenir le « Knockin’ on heaven’s door » des années 2010) auraient pu telles quelles relever le niveau de nombre d’albums du Zim dans les seventies …
Curieusement, au mépris de tout sens mercantile (quelqu’un a-t-il dit à Israel Nash que des gens pourraient avoir envie d’acheter ses disques ?), c’est l’entrée de ce « Rain plans », en gros les trois premiers titres, qui est la plus faible. Enfin, faible, façon de parler, c’est le reste qui fait très fort.

Meilleur disque de l’année (dernière).


En écoute (et plus si affinités) ici



BLACK LIPS - UNDERNEATH THE RAINBOW (2014)

De toutes les couleurs ...
« Underneath the rainbow » dure trente quatre minutes. Et quand le skeud est terminé, tout être normalement constitué doit se poser une question, un peu saugrenue mais inévitable : les Black Lips sont-ils là, aujourd’hui, en ce printemps ripou de 2014, le meilleur groupe du monde ?
J’en vois déjà qui manquent de s’étouffer, ‘tain le Lester depuis le temps qu’on l’avait pas vu, qu’on se demandait s’il avait péri en mer, avait été pris en otage par des muslims vendeurs de pavot, ou pire, nommé ministre par Manu militari Valls, voilà t-il pas qu’il nous assène des énormités à propos d’un groupe qui a même pas fait la une des Inrocks. D’autant que si on s’en va googleliser « Black Lips », on va trouver des montagnes de pages où plein de gens qui s’affichent musicalement incontestables vont vous raconter que ce « Underneath … » c’est quasi de la daube … Les écoutez pas ces pantins, c’est moi qui ai raison, comme d’habitude, quand bien même ma légendaire modestie dusse-t-elle en souffrir …
Les Black Lips 2014, comme une pochette des Byrds, on dirait ...
Parce que les Black Lips y’a des années que skeud après skeud, ils se sont forgé une crédibilité en plutonium enrichi dans le milieu du punk-garage-sixties-bidule (eux se qualifient de flower-punk, ce qui ne veut rien dire, mais fallait y penser…), le genre de réputation après laquelle courent des milliards de groupes. Objectif avoué de l’opération : ravir les quatre pantins rances serviteurs rigoristes de la chapelle et surtout à ce moment-là ne plus bouger d’un iota. Et arrivés à ce stade, qu’est-ce qu’ils ont fait les Black Lips ? Sont allés chercher Mark Ronson, producteur-DJ branchouille et variéteux (Lily Allen, Robbie Williams, Aguilera, …) et dans un grand éclat de rire sonore, ont consciencieusement « saboté » leur carrière (leur précédent et déjà excellent selon moi « Arabia Mountain »). Là, avec « Underneath the rainbow », ils font le contraire, vont chercher un type « crédible » (Carney des Black Keys) pour produire quelques morceaux, mais en contrepartie se lâchent encore plus tout au long des douze titres.
Qu’il n’y ait pas de malentendus. C’est sérieux, les Black Lips, on n’est pas chez les Ludwig Von 88 ou Sha Na Na. Mais les quatre d’Atlanta ne s’interdisent rien. Même pas de se payer Mick Rock himself pour la photo de pochette (qui au passage a de faux airs de celle de l’antique 33T éponyme du Band avec sa dominante sépia). Même pas de citer des choses très éloignées du garage sixties (« Justice after all » ou « Drive-by Buddy », c’est du classic rock comme Petty ou Springsteen ne savent plus en faire depuis des décennies), de faire des références appuyées aux crétineries punk californiennes des 90’s comme Green Day ou Offspring (« Smiling »), de rendre hommage aux Ramones (enfin, c’est ce qu’il me semble) avec « I don’t wanna go home », de rendre obsolète le disque de « reformation » des Pixies (parenthèse : mais qu’est-ce qui lui prend à ce gros patapouf de Frank Black, arriérés d’impôts ? notes en retard chez le traiteur ? et tout çà en virant Kim Deal, faut pas déconner, gros lard …) avec un morceau comme « Funny », savants entrelacs de mélodies pur sucre et de grosses guitares fuzz …

Et puis, manière de faire un doigt aux garagistes 60’s intégristes, ils jettent en milieu de disque une sorte de truc yé-yé bubblegum très pop (« Make you mine »), un peu plus loin revisitent à leur façon le riff du « Lucifer Sam » du Floyd de Barrett, ça s’appelle « Do the vibrate », et ils le font suivre d’une bouillasse psyché (« Dandelion dust »), peut-être une référence au énième degré aux Stones (« Dandelion » est la face B de « We love you » sortie au milieu de l’an de grâce 1967, quand les Cailloux s’essayaient – de façon assez risible – au psychédélisme).
« Underneath the rainbow » est une rondelle qu’on ne sait à quel degré il faut l’appréhender. Jetée en pâture sur ce qu’il reste du « marché du disque » et démerdez-vous avec. Les Black Lips semblent comme tous les idiots savants n’en faire qu’à leur tête. Sortent un disque a priori joli, consensuel mais qu’on peut aussi percevoir comme une vaste joke j’menfoutiste. Bande de zigotos totalement ingérables qui balancent une rondelle « grand public » sur le label indépendant (mais balèze, on y trouve aussi Bloc Party, les Streets, Justice et … Charlotte Gainsbarre) Vice Records, les Blacks Lips peuvent compter sur leur leader azimuté Cole Alexander (adepte entre autres « facéties » de terminer ses morceaux live futal sur les chevilles, signe d’extrême satisfaction chez lui) pour fracasser consciencieusement et méticuleusement tout plan de « carrière » …

Des mecs bien qui font de bons disques … Le meilleur groupe du monde de la Terre d’aujourd’hui ...

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TEMPLES - SUN STRUCTURES (2014)

Le retour des babas ?
A force de revivals, il y en a qui vont finir par se frotter à de vieux trucs un peu chelous qu’on préfèrerait voir oubliés à jamais (à quand le retour au jazz-rock et au prog emersonien ? ça fout les jetons, hein ?). Et bizarrement, la plupart de ceux qui sont censés savoir dans les médias, s’entichent régulièrement de ces passéistes, alors qu’il y a des fois où l’on aimerait bien avoir des nouveaux noms, certes, mais qui proposent quelque chose de frais, d’original … quoique, y a-t’il encore quelque chose de nouveau, d’original, à découvrir ? Tout n’aurait-il pas été déjà entendu ?
La hype du moment, ça risque d’être les Temples. Anglais comme il se doit, qui après quelques singles accrocheurs, catchy comme on disait avant qu’ils naissent, livrent avec ce « Sun structures » un premier disque censé marquer son temps. Il paraît que Johnny Marr et Noel Gallagher adôôôôrent les Temples. Oh putain, le Marr et le Gallagher, deux ringards de chez ringard, qui ont pas sorti quelque chose d’audible depuis … et qui de toute façon n’ont jamais brillé par leur esprit musical aventureux (les Smiths et Oasis, c’était déjà du revival).

Les Temples, donc. Il me semblait avoir compris tout leur truc avant d’écouter les skeud. De la pochette, où on voit quatre types éparpillés dans la nature façon « Who’s next », avec son château pour prince charmant de manga, avec son leader-chanteur James Edward Bagshaw qui s’est fait un look Marc Bolan 71, avec ses titres de morceaux qui fleurent bon le retour de la revanche du rêve hippy. Le binôme central du disque s’énonce « Move with the seasons » - «  Colours to life » et on entend déjà les clochettes, les guitares fuzz, on sent l’encens et le patchouli au milieu de ces communautés du retour aux sources qui font l’amour aux arbres entre deux prières à l’alma mater.
Bon, ben, bingo ! C’est exactement de ça dont il retourne. Dans un impressionnant numéro de singes savants les quatre zozos des Temples ressuscitent le cauchemar hippy, sans vraiment prendre la peine de le mettre au goût du jour. Ce « Sun structures » (« Nous sommes du Soleil » ?) est un exercice de style. Parfois brillant. Témoins le titre d’ouverture (« Shelter song ») amusante pop pour hippies, « The golden throne », qui pourrait faire un single un peu pute avec ses synthés vulgaires et ses trompettes à la Love, « The guesser » bossa nova détournée sur une mélodie qui doit beaucoup au « Walk on by » de Dionne Warwick. Et puis le gros truc de ce skeud, c’est pour moi « Sand dance », plus de six minutes, motifs arabisants, comme si ces minots avaient voulu sur leur premier disque sortir leur « Kashmir ».
Tout n’est pas de ce bon niveau. L’essentiel, c’est quand même ripolinées avec les plug-ins à la mode, des recettes, des tics d’écriture, des harmonies vocales, des incantations qu’on a entendu des milliards de fois ailleurs il ya longtemps. Sur les compiles Nuggets (« Sun structures » le titre, « Test of time », ces pop-rocks psychédéliques des 60’s). Chez le gourou new age Devendra Machin (« Move with the season »), chez gloups … Yes (« Mesmerise », on croirait entendre le maléfique Wakeman). Aussi des mélodies tristes remplies d’harmonies vocales («Keep in the dark ») comme les Beach Boys après « Pet sounds » quand ils étaient gavés de LSD. Globalement, les Temples, on dirait le résultat d’une improbable fornication entre The Coral (le côté pop de foncedé) et l’Incredible String Band (la fanfare buissonnière hippie des 60’s) …

Tiens, à ce sujet, y’a deux questions qui me turlupinent : les Temples ont-ils déjà pris du LSD ? Vivent-ils encore chez papa-maman ? Tout ça pour dire que si c’est pas vraiment mauvais, c’est pas non plus renversant, on sent la recherche du truc dans l’air du temps, du marché de niche, … Pas l’impression d’avoir perdu mon temps à écouter cette rondelle, mais pas l’impression d’avoir eu affaire à de futurs cadors du rock …

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CAGE THE ELEPHANT - MELOPHOBIA (2013)

Prendre leur défense ?
Non, comptez pas sur moi, faut pas déconner … Tout chez ces types sonne faux. Pensé, pesé, réfléchi. Le retour sur investissement attendu (y’a de la thune derrière, in fine celle de Sony, qui finance leur label prétendu indépendant Relentless).

« Melophobia » de Cage The Elephant … Juste Ciel, peut-on faire plus neuneu que pareils intitulés ? … enfin, passons … passons aussi sur la pochette, on dirait celle de « Albion » de William Sheller relookée par un trisomique … Ces types, le coup d’avant (« Thank you happy birthday »), ils se prenaient pour Nirvana et tous les chevelus grunge. Aujourd’hui, ils font de la power pop, genre Blondie dans les années 2000 ou Strokes des années 80 … ou le contraire, peu importe … Comme à peu près tout le monde, incapables de créer, ils imitent. C’est la tendance depuis presque trente ans, faut faire avec… ou sans, on n’est pas non plus obligé de se fader tous ces ersatz de pacotille …
Et malgré mes airs d’incorruptible, je suis parfois preneur de ce genre de choses. Quand c’est bien fait, quand on sent une démarche de fans, de types qui sont à fond dans le truc, dans leur truc … Mais les Cage Machin, à l’instinct, c’est juste des branleurs qui veulent réussir à refiler du skeud, et sont prêts à tout pour çà, y compris donc à changer leur fusil d’épaule à chaque rondelle.
« Melophobia », il est même pas mauvais… Juste sans intérêt. Derrière chaque note, chaque mesure, chaque couplet, on sent le brainstorming pour que ça sonne comme ceux-ci ou ceux-là… Le prolo du dimanche Lavilliers il disait que la musique est un cri qui vient de l’intérieur. Les Cage Bidule, ils préparent de la musique comme les mecs en blouse blanche des labos Monsanto nous préparent la bonne bouffe OGM de demain. 

Ce « Melophobia », il peut même résister aux critiques. Parce que c’est bien fait, on peut pas le leur enlever. Totalement pute, mais bien fait. Y’a même des morceaux qui pourraient faire des hits pas trop honteux (« Come a little closer », le plus évident, mais pourquoi pas aussi ce « Hipocrite » plein d’arrangements et de gimmicks malins). Il y a aussi beaucoup de choses d’une vulgarité crasse … Ah, ce « Take it or leave it », on Dirait Début de Soirée (« et tu chantes, chantes, ce refrain qui te plaît … » spéciale dédicace à tous les connards sourds qui trouvent géniales les années 80) qui reprendrait Chic ou Blondie … Et puis, cette voix du type qui chante (je veux même pas savoir comment il s’appelle) geignarde dans les aigus (« Telescoped») comme du Thom Yorke shooté à l’hélium … Et pourquoi avoir recours à une vraie section de cuivres, si c’est pour les faire sonner comme des synthés sur « Black widow », dommage, ce titre serait presque une amusante parodie des thèmes des James Bond des années 80 …
Pourtant, je veux bien croire ces types sont pas trop cons à la base, ils sont même capables de pondre un titre intéressant, en l’occurrence « Teeth » qui mêle de façon étrange boucan grungy, rap metal, sax free stoogien et final beefheartien … un numéro d’équilibriste sonore certes idiot, mais bizarrement plutôt réussi …
Un peu tout le paradoxe de ces types … comme leur parcours géographique d’ailleurs, ayant quitté les States (ils viennent du Kentucky, terre des ploucs sudistes, voir les Kings Of Leon) pour Londres … On les sent capables de faire de bons trucs, mais là ils m’ont l’air complètement maraboutés par toute une armada de managers, conseillers marketing, agents de communication, toute cette faune de parasites incompétents qui gravitent dans le milieu musical … lâchez-vous, les mecs, faites votre truc, et envoyez bouler tous ces tocards, le résultat sera peut-être bien meilleur …

Et une énigme pour finir. Y’a Alison Mosshart (oui oui, celle des Kills et de Dead Weather) en guest sur un titre. Que celui qui a des indices sur le pourquoi du comment de cette apparition saugrenue sur cette rondelle le fasse savoir, il n’y a rien à gagner …


DOUG TUTTLE - DOUG TUTTLE (2014)

Encore un ?
Encore un quoi ? Ben voyons, encore un type qui fait de la musique en regardant dans le rétroviseur. Direction années 60 psychédéliques. Pas le premier, oh certes non, sûrement pas le dernier non plus, tant on redécouvre régulièrement monts et merveilles de cette période, une des plus foisonnantes en matière de production, et aussi de qualité musicale.
Et alors, qu’est-ce qu’il a de plus ce Doug Tuttle que les autres ? Et qui c’est, d’abord ce zigoto, il sort d’où ? Euh, j’en sais foutre rien, il est américain, chevelu ( ? ),  son dernier groupe s’appelait Mmoss ( ?? ), il y jouait avec sa gonzesse qui s’est barrée, il s’en est trouvé fort marri (ce qui a donné l’inspiration et les textes de ce disque), et est parti vivre son aventure tout seul comme un grand. Echoué sur le label de Chicago Trouble In Mind, où sévit le jeune prodige Jacco Gardner, le Batave planant responsable l’an dernier d’un somptueux « Cabinet of curiosities », tout parfumé au … pop-rock psychédélique 60’s. Voilà voilà, la boucle est bouclée …

Ce « Doug Tuttle », donc, il empeste le cœur du centre du milieu du monde psychédélique américain, la Californie des années 65-66-67. Le Tuttle, il a du écouter les Byrds de 65-67, et aussi tous les groupes de San Francisco de l’époque. Ça sonne donc rigoureusement vintage, avec notamment un batteur nerveux qui pulse, loin des coups de pompe sur des doubles grosses caisses mixées en avant à la mode depuis plus de trente ans. Le Tuttle, lui, il a tout composé, chante et joue de la guitare. Les compos, c’est de l’exercice de style, classique, bien fait, mais ça a un peu tendance à tourner en rond dans des climats brumeux et cotonneux, notamment dans la seconde partie du disque, avant une bienvenue éclaircie finale. Le chanteur Tuttle, c’est pas une des grandes voix du rock c’est sûr, mais c’est fait simplement, proprement, en ajoutant plein d’effets et de filtres pour un rendu gris, opaque, souvent bien secondé par des harmonies vocales de comparses bien en place (le côté Byrds évident). Là où il est le plus impressionnant, c’est à la guitare. A l’opposé du m’a-tu-vu bling bling oyez oyez comme je joue vite et que je suis technique de mise chez tous ceux qui se prennent pour Clapton, Beck, Page, Hendrix ou qui on voudra au Panthéon, Doug Tuttle est d’une sobriété, d’un bon goût et d’une efficacité jamais démenties. C’est pourtant un sacré client, écoutez dans l’exercice de style archi-rebattu du long solo ce qu’il fait sur la ballade lysergique « Turn this love », il n’a rien à envier à ces maîtres de la six-cordes discrets du rock psyché que furent Jorma Kaukonen ou John Cippolina. Ce « Turn this love » est le titre de loin le plus long (6 minutes) du disque. Les dix autres sont expédiés aux alentours des deux-trois minutes réglementaires.

Ça commence par un hybride entre les Byrds et le Floyd de Barrett (« With us soon »), ça donne sans équivoque la ligne de ce qui va suivre, et ma foi, c’est assez accrocheur d’entrée. On s’aperçoit que Tuttle met souvent au début ou à la fin, voire au début et à la fin de ses titres des effets de bande accélérées ou ralenties et ça devient un gimmick assez agaçant tant c’est finalement prévisible. Les mélodies sont pour la plupart simples et bien trouvées (mention particulière à « Forget the day » et sa tentative plutôt réussie de boucle cosmique à la « A day in the life »), avec toujours cet effet madeleine proustienne qui renvoie à sa période chérie. Ça pique un peu du nez sur les tempos médiums et embrumés, et on en vient parfois à penser au shoegazing de My Bloody Valentine (flagrant sur « Where you plant … » avec là aussi une jolie partie de guitare). Une (légère) poussée d’adrénaline, un rythme plus enlevé (« Lasting away »), on se retrouve en présence de pop bubblegum (ou yéyé), c’est amusant mais quelque peu anecdotique. Après deux-trois titres qui font redite, le tempo se fait plus enjoué vers la fin du disque (« I will leave », c’est exactement comme les Byrds pop, les titres que composait Gene Clark sur « Mr Tambourine Man »). Le final (« Better days »), comme son nom l’indique, signe la fin de l’ambiance mélancolique et ouvre une fenêtre vers un futur qui pourrait plus gai …

Faudra pour ça en dépoter quelques-uns de ce « Doug Tuttle ». C’est pas gagné, même s’il surnage assez facilement du lot des productions rétro de ces jours-ci …


JAKE BUGG - SHANGRI LA (2013)

Un petit Bugg ?
Non, faut être sérieux, parce que lui, là, le Jake Bugg, c’est l’Espoir, celui qui va sauver le truc, remettre le machin dans le bon sens, faire revivre la chose … Il est jeune (19 ans), point trop laid (trollé ?), ça peut servir, et … Anglais. Bon, on fera avec, ça aurait été mieux si c’était un Ricain. Remarquez, il se rattrape en faisant une musique plus américaine qu’anglaise, à base de folk, rock ou pas, de country, etc, etc, …
Comme j’ai oublié ma boule de cristal, j’ai aucune d’idée du succès ou pas qu’il va réellement rencontré. Parce que tout le monde (enfin, ceux qui « savent », qui ont bon goût) enquille les superlatifs sur le présumé prodige. Mais en attendant, c’est Bieber et Gaga qui vendent …
Moi, j’émets quand même quelques réserves. On nous fait le coup du génie en devenir tous les dix mois. Après Miles Kane, Tame Impala, Ty Segall, Jacco Gardner, au tour de Bugg. Son disque, il est pour moi un ton en-dessous de ceux des autres sus-cités. Qui, soit dit en passant, ne sont pas des valeurs sûres pour autant. C’est pas eux, c’est Iggy Pop, Bowie ou les Stones qui passent à la caisse, qu’on voit ou entend dans les publicités …

« Shangri La » donc. Du nom du studio ayant appartenu à Dylan et The Band et où a été enregistré ce disque. Triple symbolique du titre pour ce qui concerne le rock, on peut y voir aussi la référence au girl group new-yorkais des 60’s, et à la chanson des Kinks. Faut faire gaffe, garçon, avec des appels du pied comme ça, faut être au niveau après. Bon, là, apparemment, il en manque … Pas faute de s’appuyer sur du solide, Pete Thomas, le « vieux » batteur des Attractions de Costello, Chad Smith celui des Red Hot, Brendan Benson (Raconteurs) à la co-écriture de plein de titres, et surtout le sorcier des manettes Rick Rubin. Lequel confirme avec ce disque qu’il est bon dans tous les genres, responsable ici d’une production « classique », sans esbroufe, mais qui réussit quand même à surpasser tout le reste, et surtout l’essentiel, les chansons …
Niveau écriture, c’est pas mauvais-mauvais, il y a même deux-trois trucs excellents, mais dans ces genres battus et archi-rebattus depuis presque cinquante ans, ce « Shangri La » n’a rien d’exceptionnel. Surtout que le Bugg est doté d’une voix qui rappelle assez souvent furieusement celle de Bob Dylan, c’est-à-dire assez « difficile » à l’oreille. C’est clairement le public ricain qui est visé dans ce disque, parce que sinon je vois pas trop l’intérêt d’entamer les hostilités par un morceau 100% country (« There’s a beast … »), et un suivant qui l’est quand même à moitié (« Slumville sunrise », doté d’une belle mélodie). Le reste navigue entre les mid-tempo d’une americana typique (« Messed up kids », « All your reasons »), accélérations franchement rock (« Kingpin »), relents de power pop comme c’était à la mode vers la fin des 70’s (« What doesn’t kill you »), assoupissement quasi laid back (« Kitchen table »), folks ou folk-rocks forcément dylaniens (« Me and you », « Pine trees »), torch song bien faite (« A song about love »), un truc pour finir qui me fait penser au vieux et oublié Country Joe McDonald, avec un emprunt mélodique au « Well all right » de Buddy Holly (« Storm passes away »)
Rien d’exceptionnel, du bon boulot un peu passéiste fait correctement. Peut-être un titre qui pour moi ressort du lot, « Simple pleasures », voix et instruments « concernés », atmosphère prenante, un truc qui pourrait passer à la radio, avec un bout de mélodie sur le refrain qui rappelle pas mal celle du « Zombie », gros succès en son temps des funestes Cranberries …

Je veux bien croire que Jake Bugg est un futur grand en devenir. Mais enfin, y’a encore du boulot, et il faudra sortir des disques autrement plus risqués et convaincants que ce « Shangri La », peut-être dans le haut du panier de la production actuelle, mais qui n’a rien de transcendant …


IAN HUNTER - SHRUNKEN HEADS (2007)

American Alien Boy ...
Un artiste culte, Ian Hunter. Un de ces types qui a failli être tout en haut, qui vent pas tripette, mais qui peut compter sur des fans acharnés qui achètent tous ses disques. Logé à la même enseigne que lui, et pour situer, on peut citer Elliott Murphy ou Graham Parker. Devraient monter un club, tous les trois. Futures très grosses stars en devenir des années 70 qui n’ont jamais vraiment concrétisé, et qui ont trouvé leur plus grand nombre de fans en s’expatriant (Murphy l’Américain en France, les deux British aux States).
Hunter, je le suis depuis Mott The Hoople … sans être un forcené de ses productions … de loin en loin, je vais voir ce qu’il fait. Là, franchement, j’aurais pas misé un kopeck sur lui pour ce nouveau siècle. Parce qu’à force trop vieux (le bonhomme est né avant que Adolf envahisse les Polaks, donc plus vieux que les Stones, Dylan, Macca et tous les autres), et parce qu’un jour il avait rejoint le club de tous les ringards du rock, le Ringo Starr All-Star Band. Et Hunter était de la promo comportant également la sublime mais oubliée batteuse de Prince Sheila E, mais aussi les affreux Hogdson (Supertramp) et Lake (Emerson, Lui-Même & Palmer). Et devant un parterre de cheveux gris ou blancs (pour ceux qui avaient encore des cheveux), entre un « Logical song », un « Yellow submarine » et une reprise de Little Richard ou Elvis qu’il accompagnait à la guitare, Hunter venait deux fois au micro dans la soirée. Une fois pour « All the young dudes », le coup d’après pour « Once bitten, twice shy »… Un peu triste, voire pathétique … Quarante ans de sang et de sueur au service du rock pour sept ou huit minutes devant les projos et une troupe en goguette de vieilles mémères à yorkshires …
Ian Hunter 2007
Ian Hunter, c’est pourtant un mec bien. Qui a pas bougé d’un iota depuis la fin des années 60. Tu vois une photo de lui aux débuts de Mott et une aujourd’hui, c’est la même. Les bouclettes rousses à la Dylan 66-67, et les éternelles dark shades (ça fait le look, mais dans son cas c’est une nécessité, il est très myope). Dès le départ, Hunter a su ce qu’il voulait faire, ou plutôt être : un clone de Bob Dylan. Malheureusement pour lui, il a toujours dû composer avec de fortes personnalités qui ont croisé sa carrière quand tout pouvait réussir (Guy Stevens, Mick Ralphs, David Bowie, Mick Ronson), s’est retrouvé pseudo-héros glam ou chanteur devant des guitaristes envahissants … Et surtout, dans tous les cas, prié de laisser toute tentative de dylanerie au vestiaire.
Il s’est rattrapé en solo, à partir du milieu des seventies, mais bon, n’est pas Dylan qui veut … et Hunter, qui avait ferraillé pendant des années pour se hisser tout en haut du London qui swingue, allait se consacrer à une musique beaucoup plus roots, beaucoup moins liée à la mode, ce genre de chose qu’on appelle maintenant americana.
Et ce « Shrunken heads » (ça y est, j’y arrive, mais bon, venez pas me raconter que vous saviez tout ce qui précède, je vous croirais pas … enfin, pas tous …), je vais vous dire un truc, il est excellent. Contre toute attente (enfin, la mienne …). Non seulement Hunter fait maintenant du Dylan 70’s avec la voix du Dylan des 90’s (c’est à dire bien mieux que ce que fait Dylan maintenant), mais en plus il rocke comme Springsteen et Seger savent plus, ou ballade comme … seuls les Anglais (genre Rod Stewart, Jagger, Burdon, …) ont toujours su faire quand ils se prenaient pour des chanteurs Américains.
Evidemment, personne l’a acheté « Shrunken … » … Petit label, genre musical pas à la mode (euphémisme), et puis, Hunter lui-même y croyait pas vraiment. C’est enregistré façon bœuf en studio (on les entend parfois se caler au début, parler, et rigoler à la fin), juste pour le fun, aucune pression, pas de comptes à rendre, plus rien à foutre du fuckin’ success… c’est peut-être d’ailleurs pour ça que ça fonctionne. Mais attention, le boulot est pas salopé pour autant, ça assure. Preuve que c’est pas une vaste blague, y’a le dénommé Jeff Tweedy qui vient duoter sur trois titres … oui, oui, le Jeff Tweedy de Wilco, celui-là même … Wilco étant je le rappelle le meilleur groupe américain de ce siècle qui aura ma peau …
Ian Hunter live 2013
Bon, « Shrunken … », on le comparera pas non plus à « Born to run » ou « Blonde on blonde ». Parce qui si tout est grosso modo honnête sur la onzaine de titres, y’en a trois-quatre qui s’oublient vite, hyper-prévisibles et convenus, sans la petite trouvaille, le petit gimmick, le break, la mélodie du refrain, le lick de guitare qui donnent à un morceau un goût de revenez-y.  Par contre, quand tout s’emmanche bien, on se régale d’écouter des « Words (big mouth) » avec un Hunter tellement Dylan des meilleurs jours que c’en est troublant, des rocks velus et couillus pour hommes comme « Fuss about notin’ » ou « Strecht », les ballades éternelles made in 70’s comme « Read ‘em ‘n’ weep » ou « Shrunken heads » (là, on jurerait les Faces qui accompagnent un Rod Stewart – en petite forme le Rod car Hunter n’a quand même pas le gosier d’acier de l’Ecossais au fort tarin). Et puis, il y a le titre qui aurait pu être celui de toute une génération (enfin, celle de Hunter, celle des vieux de la vieille encore en vie), l’excellemment bien nommé « I am what I hated when I was young ». Dommage que ce « My generation » pour cheveux blancs soit gâché par la plus grosse (la seule ?) faute de goût du disque, un ridicule accompagnement country avec banjos et tout le tremblement. Non, mon pauvre Ian, t’aurais pas dû te prendre sur ce coup pour Waylon Jennings, t’es pas crédible une seconde dans cet exercice …

Aux dernières nouvelles, sa septième décennie bien entamée, Hunter qui de toute façons est bien incapable de faire autre chose, continue de sortir des disques (encore un cette année). En accélérant même les cadences de parution …