King Gizzard Etc … est un groupe totalement à part,
donnant une couleur musicale différente à chacun de ses disques. Et des
disques, ô bonne mère, ils arrêtent pas d’en sortir. Le groupe (ils sont sept
quand même, ça fait des bouches à nourrir, ceci explique peut-être cela, quoi
que …) depuis ses débuts discographiques en 2011 a sorti quatorze, oui quatorze
Cds. Avec comme objectif annoncé d’en faire paraître la bagatelle de cinq en
2017. Et vous savez quoi, ils y sont arrivés (limite, le dernier est sorti le
31 décembre).
Famille nombreuse, famille heureuse ? |
Evidemment, pareil stakhanovisme ne doit pas faire rire
la maison de disques. C’est pourquoi ils ont décidé de faire sans. Encore plus
forts que Radiohead qui avait initié le truc avec « In rainbows »,
les King Machin ont foutu les morceaux de ce « Polygondwanaland »
direct gratuitement sur Internet. Mais là où les tristes sires de Radiohead
demandaient une facultative participation financière et avaient quelques
semaines plus tard sorti le Cd physique, les King Gésier mettent leurs titres
en version flac (le meilleur format audio sans aucune déperdition par rapport à
la source originale), y joignent les visuels en images haute définition, et
donnent en plus à tous les téléchargeurs la licence de distribution. Résultat
des courses, des dizaines de petits labels, certains créés pour l’occasion,
sortent des éditions à petit tirage dans les formats les plus improbables
(vinyles colorés, transparents, Cds gatefold, cassettes audio) de ce « Polygondwanaland ».
Leur maison de disques, si tant est qu’ils en aient encore une, a dû vachement
apprécier. Mais les King Truc s’en foutent …
Bon, ils ont beau être doués ces zozos (presque tous sont
multi instrumentistes, et des instruments que vous risquez pas de trouver dans
le Leclerc du coin, genre glass marimba, mais késako ?), on sort pas une
soixantaine de titres dans une année sans qu’il y ait quelques déchets …
Surtout que là, avec « Polygondwanaland », ils
versent dans le côté obscur de la farce, ils donnent dans le prog. Et le prog
de chez prog, celui des seventies. Mais comme cette horde australienne est
composée de gens de goût, ils ne s’abaissent tout de même pas à recréer les
daubes à la Yes ou Genesis. Ils regardent plutôt du côté du kraut, ou alors des
groupes évoluant plutôt à la marge du genre, genre le Floyd, Crimson, Magma …
Bon, forcément, y’a pas de quoi s’agenouiller et crier au génie devant tous les
titres, quelques-uns peuvent être laissés de côté, comme « The castle in
the air » (se sont pas trop foulés sur celui-là, on dirait bien qu’ils ont
samplé le son du vieux jeu d’arcade « Space Invaders »), ou le
bordélique et ultime « The fourth colour » qui semble un collage de
tous les trucs qu’ils avaient pas réussi à caser sur les morceaux précédents.
King Gizzard & The Lizard Wizard live |
Le reste se laisse écouter, à condition d’aimer les
ambiances sonores chaloupées orientales, et la flûte (tel un Ian Anderson des
Antipodes, Stu McKenzie, le leader du groupe, en fout un peu trop partout). Si
l’on n’est pas allergique au schémas rythmiques des premiers Peter Gabriel en
solo, on appréciera « Searching … », si l’on n’est pas réfractaire au
King Crimson des 80’s on trouvera « Tetrachromacy » plutôt
intéressant. Même si ces titres font un peu remplissage, sont moins travaillés
et élaborés que les autres.
Je sais pas comment ils font (et je m’en tape) mais les King
Bidule sortent des disques finis, même si c’est à une cadence infernale, ça
sonne pas du tout maquette approximative, y’a du boulot sérieux sur le son et
les arrangements. Et ils réussissent à accoucher de choses intéressantes, voire
plus. Rayon réussites, « Deserted dunes … », avec son pilonnage martial
et répétitif, évoquera au choix Magma (pour les fans de prog) ou les Thee Oh
Sees (auxquels les King Chose semblent vouer un véritable culte). « Inner
cell » planerie mélodique orientalisante, pourrait être un morceau de
chevet pour Robert Plant. Et puis il y a dans ce « Polygondwanaland »
une merveille absolue. Elle dure plus de dix minutes, est placée au début du
disque et s’appelle « Crumbling Castle ». Derrière un fracas de batteries
rythmant une tournerie garage psyché, ce titre revisite (clin d’œil au énième
degré ?) tous les tics du prog seventies, enchaînant sous des synthés
sifflants ponts et breaks tarabiscotés en tous genres, des accélérations dévastatrices avant un final tout en saturation
barbouillée. De telles cavalcades ne s’écrivent pas par hasard, faut du talent
pour pondre des trucs comme ça sans donner l’impression de se prendre le melon
et de laisser transparaître une vanité prétentieuse satisfaite.
Mais bon, faudrait qu’ils se calment un peu les King
Gizzard, parce qu’on va finir par avoir du mal à suivre leur folle cadence …
Des mêmes sur ce blog :
Paper Mache Dream Balloon
Oui oui, toujours aussi intéressant ce groupe, débordant d'idées et effectivement y'a du tri à faire mais quand on se donne le temps on tombe sur des petites merveilles!
RépondreSupprimerDes Australien dont le leader raconte sa vénération pour Malcolm Young rapport à l'interaction guitare/batterie. Le rythme, la vie quoi!!
Deux batteurs, trois guitaristes... le prochain disque sera du Southern Rock ?
RépondreSupprimerDu southern rock ? Oh, ils en seraient bien capables, s'ils l'ont pas déjà fait ...
Supprimer