LITTLE BOB STORY - RINGOLEVIO (1987)

Little Boss ...
Bon, comment dire …déjà que les disques de Little Bob, c’est matière assez rare (non pas qu’il en ait pas sorti beaucoup, mais c’est pas le genre de « catalogue » qu’on réédite) et à un prix délirant (généralement d’occase qui plus est), y’a comme chez tous du déchet. Dont ce « Ringolevio ». Sachant tout de même que les déchets de Little Bob (avec ou sans la Story), ça vaut bien les Best of de la plupart.
« Ringolevio », c’est d’abord un bouquin de l’écrivain américain « culte » Emmett Grogan. Bouquin que j’ai pas lu, donc ça m’évitera de m’embourber dans un parallèle avec le disque. Ce que je sais, c’est que Little Bob et sa Story, on peut pas les accuser de faire du rock intello, c’est pas le côté littéraire de leur truc qui passe en priorité. Little Bob, de toutes façons le studio et ses disques il s’en fout un peu, ce qui compte c’est la scène, où là, franchement, y’a rien à dire, depuis presque quarante ans il donne tout, que ce soit devant une centaine de personnes ou … une centaine de personnes. Tout son problème, ce petit bonhomme est connu, apprécié et respecté (c’est pas une curiosité rock’n’rollante exotique à la Johnny), par tout un tas de zicos anglais ou américains qui vendent infiniment plus de disques que lui, tandis que lui, Little Bob, il n’a eu au mieux que des « succès d’estime », et encore je suis gentil.
Little Bob Story 1987
Ce petit bout de rocker haut comme trois boots Anello & Davide, fut et demeure respecté par les scènes pub-rock et punk anglaises, et quand il va enregistrer aux Etats-Unis, jouent sur son disque (« Rendez-vous in Angel City » 1989) des gens comme Steve Hunter (Mott The Hoople), Kenny Margolis (Mink/Willy DeVille), Dave Alvin (Blasters), Charlie Sexton (Bob Dylan Band), Eddie Munoz (Plimsouls), … Pas mal pour un type quasi inconnu en France … Et sur ce « Ringolevio » en intro du premier titre éponyme (qui par ailleurs casse pas des briques), y’a la douce voix de castrat de Lemmy qui éructe un tonitruant « Listen up, sons of bitches, Little Bob is gonna to tell you a story ». Parce que quand Little Bob est en ville, Le Moteur en Chef vient lui serrer la paluche.
« Ringolevio », le dernier disque de l’historique Story a donc été enregistré à Londres. Et inconsciemment ou pas, il sonne comme un baroud d’honneur. Little Bob et sa bande vont laisser de côté cet éminemment sympathique côté crasseux, bordélique, tout aux tripes et au feeling qui caractérisait ses disques pour se « payer » le gros son de l’époque. Celui de la fin des années 80, grosses batteries sophistiquées en avant, riffs hardos, potards sur onze, son FM, … Résultat, c’est bien joué, putain de bien chanté, mais ça va aussi bien à Little Bob qu’une sonnerie « Helter Skelter » sur le portable de Christine Boutin… « Shadow lane », on dirait du Foreigner, « Life goes on », c’est juste bourrin, « Crosses on the hill », on dirait un slow des Scorpions, et la reprise du classique « Hush » ne fera pas partie de celles qui resteront dans les annales. Et mine de rien, on en est déjà à la moitié du skeud.
LBS et le producteur Hervé Deplasse (1er à gauche) 
Heureusement, ça s’arrange dans la seconde moitié, on laisse tomber le côté hard à deux balles pour revenir vers des choses beaucoup plus classic rock, soul, rhythm’n’blues. On n’est pas loin de l’axe Springsteen – Seger avec des titres comme « Sad song » et « Roads of freedom » (ce dernier, on jurerait vraiment du Springsteen d’entre les deux « Born .. »). D’autres fois, ça ressemble aux Cars (sans les tonnes de synthés) le temps d’un « Tell everybody the truth », « Motorcycle song » démarre comme un rock épique, mais dure moins de trois minutes et laisse sur notre faim, et les bonnes idées de « Green back dollar » sont gâchées par ce maudit son hardos FM.
On l’aura compris, « Ringolevio » n’est pas le disque que les livres d’Histoire retiendront comme l’œuvre essentielle de Little Bob (avec ou sans la Story). Il colle à son époque comme un vieux chewing-gum, et malgré cet effort « d’ouverture » n’aura pas plus de succès que ses prédécesseurs.
« Ringolevio » a été réédité avec en bonus les quatre titres d’un EP précédent (« Cover girl »), titres sympathiques très orientés soul-rhythm’n’blues (cuivres, chœurs féminins en plus de la Story), mais qui eux non plus ne font pas partie des choses essentielles à retenir de Little Bob.

Alors plutôt que de chercher cette rondelle ou les autres à des prix plus que prohibitifs, allez le voir en concert (faudra quand même pas trop tarder, il va avoir 70 balais), et là vous allez vous prendre une heure et demie de rock’n’soul  total par un des plus grands shouters blancs de sa génération …