BRUCE SPRINGSTEEN - DARKNESS ON THE EDGE OF TOWN (1978)


Le bal du pompier ...

Plus de deux ans se sont écoulés entre la sortie de « Born to run », maîtresse pièce de Springsteen et la parution de « Darkness … ». Jon Landau justifie ses appointements de manager par des querelles et bisbilles avec la Columbia, label de toujours (et qui le restera) de Springsteen. Lequel tourne sans relâche, et en attendant que sa situation se décante, peaufine son disque. Méticuleusement, remettant sans cesse sur le métier ses titres. Il faut enfoncer le clou, confirmer, tout çà …
Springsteen & The E Street Band 1978
« Darkness … », c’est pas un mauvais disque. Tout un tas de titres qui font partie du patrimoine des springsteenophiles, pas de (mauvaise) surprise, l’œuvre reconnue classique d’un gars qui l’est tout autant, etc, etc ... Mais moi, y’a des trucs qui me chiffonnent, qui m’agacent un peu sur ce disque, et c’est cette accumulation de petits pas grand-choses qui fait qu’au final cette rondelle me gonfle …
Tout est trop calculé, on sent là-dedans aucune étincelle, aucun dérapage, aucune vie… un truc direct pour le musée (ou le panthéon, c’est pareil) du binaire. Le skeud à faire écouter dans les lycées, pendant les TP de twist’n’rock … c’est scolaire, le doigt sur la couture du pantalon, les cheveux bien au carré, rien qui dépasse … on sent les prises interminables des instruments, de la voix pour que tout soit parfait…
Et justement, l’axiome de base du rock depuis qu’il existe, c’est que plus on fait n’importe quoi, plus on a des chances de faire avancer le schmilblick. « Born to run », à part le morceau-titre, n’est pas parfait, il y a un côté jeune chien fou qui fonce, on verra bien ce qui arrive, ça sonne bien, y’a du feeling, on la garde … Sur « Darkness … » rien de tout ça. Cette voix forcée, toujours en surchauffe de Springsteen m’exaspère. Hey man, tu seras jamais Otis Redding, et tes potes qui moulinent derrière, ce seront jamais les MG’s. Pourquoi ces gueulantes vocales et instrumentales sur « Abel raised a Cain » ou « Streets of fire », pour moi l’exemple type des morceaux surjoués. Dis, Mr le Boss, tu crois que si vous vous étiez lâchés un peu, ils auraient été plus mauvais ces titres ? Parce qu’au final la barrière entre lyrique (et supportable) et pompier (et insupportable) elle est mince, ça se joue à rien. Et pour moi, sur « Darkness … », ça bascule trop souvent du mauvais côté …
Alors je garderai « Badlands », « Candy’s room » et « The promised land » sur un iPod de survie pour la fin du monde, et tous les autres, je m’en passerai facilement …

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Nebraska