Affichage des articles dont le libellé est Les centristes. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Les centristes. Afficher tous les articles

CHICAGO - CHICAGO IX - GREATEST HITS (1975)



Le meilleur et le pire
Chicago, cette fanfare hippie aujourd’hui oubliée, a connu ses meilleurs moments à ses débuts, fin 60’s début 70’s. Formation pléthorique, encore plus nombreux que les Sept Nains, et au moins aussi opiniâtres au travail, avec la perpétuelle marotte de numéroter ses disques en chiffres romains … Aux dernières nouvelles, le groupe ou ce qu’il en reste aurait embauché Peter Wolf ( !? ) du J. Geils Band et récemment publié un Chicago XXXII ( !! ).
Ce IX paru en 1975 est leur première compilation, et se situe (forcément) entre le VIII, sorte de tribute-album à ceux qui les ont influencés, et le X, qui symbolise la prise de pouvoir par le bassiste Peter Cetera et une orientation définitive vers du rock FM lent et hyper-commercial (les scies « If you leave now » ou plus tard « Hard to say I’m sorry », ce genre …)
Le groupe a débuté dans un style voisin d’une autre famille nombreuse, Blood Sweat & Tears, précurseurs d’une certaine idée de fusion alors fort en vogue, en mélangeant sonorités venues du rock, de la pop, du jazz, de la soul, du rythm’n’blues, du funk … Chicago, où tout le monde composait, avec une prédominance exercée par le claviériste Peter Lamm et le tromboniste James Pankow, aura dans ses débuts laissé une œuvre hétéroclite, passant d’une plage à l’autre de la fulgurance rock à la redondance cuivrée …
Cette compilation en témoigne, en faisant voisiner titres d’anthologie du groupe (« 25 or 6 to 4 » gros hit, les excellents « Does anybody really … », « Feelin’ stronger every day », ou le phénoménal « Beginnings »), et puis d’autres choses beaucoup plus anecdotiques, soul et rythm’n’blues blanchis, gâtés par des arrangements de fanfare cuivrée jazzy (« I’ve been searching so long », « Call on me » funky mou à la Earth, Wind & Fire ), ou des ballades qui commencent à devenir pataudes (« Wishing you where here », comme du Wings en petite forme).
On peut aussi regretter qu’il n’y ait pas plus de titres de leur premier et meilleur disque (le bleu et noir « Chicago Transit Authority », le seul à ne pas avoir de numéro), et qu’à l’exception de « 25 or 6 to 4 », on n’entende pas trop sur cette compilation leur fabuleux guitariste Terry Kath, un des rares « héritiers » crédibles de Hendrix, beaucoup plus intéressant que les habituels nominés de l’époque à ce poste (Trower, Marino, California, …), et qu’on n’aura d’ailleurs guère l’occasion d’entendre par la suite, puisqu’il s’auto-révolverisera à la roulette russe quelques années plus tard …

Des mêmes sur ce blog :





BRUCE SPRINGSTEEN - NEBRASKA (1982)



Unplugged

Et si ce machin, à la pochette austère et blafarde, était le meilleur disque de Springsteen ?
Entre deux déferlantes électriques pas toujours exemptes de reproches (« The River » et « Born in the USA »), Springsteen, seul avec sa guitare et son harmonica, se prend en même temps pour Dylan et Neil Young, et nous livre un disque de folk-rock plein d’histoires tristes et désabusées de l’Amérique profonde, celles des petites gens.
Ceux qui ne voyaient en Springsteen que le Boss, maître des cérémonies électriques de son E Street Band, oublient qu’à la base, c’est un conteur d’histoires et qu’il est autant influencé par les folk-singers que par les pionniers rock’n’roll.
Il nous livre là des merveilles : la ballade « Mansion on the hill », le rock’n’roll minimaliste de « Johnny 99 », « State Trooper » (son électricité discrète et menaçante, son phrasé proche de l’Alan Vega de Suicide), la rythmée « Open all night » que Mark Knopfler de Dire Straits a dû écouter avant d’écrire « Walk of life », …
Avant la mode lancée par MTV, Springsteen faisait de l’ « Unplugged », et rien n’est à jeter de ces quarante minutes magiques.

Du même sur ce blog :
Born To Run
Darkness On The Edge Of Town
Live / 1975-1985


















BILLY JOEL - 52nd STREET (1978)




Il aurait pu être …

… Bob Seger, Bruce Springsteen, Randy Newman ou Elton John … la place de ces quatre là étant déjà prise, il se contentera d’être Billy Joel. Ce qui n’est si mal, il s’en est bien sorti, merci pour lui …
Surtout vers la fin des années 70, où ses disques, celui-ci, son prédécesseur « The Stranger », dégoulinaient de hits dont étaient friandes les FM américaines. Sur ce « 52nd Street », la locomotive mondiale s’appelle « Honesty », magnifique mélodie et ballade classieuse, même si elle a tendance à parfois frôler les rivages pompiers et grandiloquents propres à ce genre d’exercice. Tous les amateurs de musique centriste américaine de l’époque ont également plébiscité le rock’n’roll enlevé de « Big shot », et le superbe « My life », un titre à rendre McCartney jaloux, et qui reprend les choses là où Tatie Elton John les avait laissées avec « Goddbye yellow brick road ».
Ces trois titres s’enchaînant au début du disque, le restant peine à soutenir la comparaison. Avec quelques machins assez anodins, la ballade héroïque « Until the night », l’espagnolade FM « Rosalinda’s eyes » (comme une rencontre impromptue et improbable entre Mink DeVille et Toto), et même une paire de morceaux franchement ratés, « 52nd Street » heureusement bien court, et « Half a mile away » où Billy Joel n’est guère crédible dans le registre rythm’n’blues. Parce que Billy Joel n’est guère un rustique. Un temps présenté comme un rival du garagiste du New Jersey à chemise à carreaux Springsteen (d’ailleurs surtout par leur maison de disques commune, Columbia, qui profitait de cette émulation de pacotille pour booster la carrière des deux), Billy Joel incarnera l’image du musicien (il est pianiste, assez doué même paraît-il), coqueluche du bobo urbain amateur de rock mainstream. Témoin le précieux et travaillé « Zanzibar », paraît-il hommage à Steely Dan plutôt qu’à Freddy Mercury, mais qui finalement hésite entre plusieurs genres, n’est pas vraiment rock, pas vraiment jazz, pas jazz-rock, et surtout pas terrible …
La production du disque est chiadée, cherche à séduire le plus grand nombre, c’est évident. Billy Joel est un pur produit du music business américain, à destination du public américain. Ses disques sont sinon cruciaux, du moins intéressants, et on a du mal à imaginer en France où il n’est guère connu et a très peu tourné, que ce gars est une institution qui a vendu des dizaines de millions de disques chez lui aux States …