ANIMAL COLLECTIVE - FEELS (2005)

 

Animal on est mal ...

Animal Collective furent dans les années 2000 les chouchous de Pitchfork, mag musical ricain spécialisé dans l’avant-garde pop si l’on veut être diplomate, ou dans les ectoplasmes branchouilles si l’on veut être réaliste. Ce groupe qui sortait des maxis ou des Lp à la vitesse où Bigard enchaîne les tristes blagues en-dessous de la ceinture, est originaire du Maryland, côte Ouest des States.

Chacun sa croix : Animal Collective 2005

« Feels » est leur sixième rondelle en six ans, et la première de leur tiercé consécutif prétendu « majeur » (« Feels » donc, « Strawberry jam » et « Merriweather post pavillion ». J’ai écouté les trois et believe me, y’a vraiment pas de quoi passer des nuits blanches à les mettre en boucle sur le lecteur.

Mais qui sont ces Animal Collective. Ben voyons, un « collectif ». Quatre types planqués derrière des pseudos énigmatiques et aussi couillons qu’un discours de politique générale de Bayrou, soit Avey Tare, Deakin, Geologist et la « star » Panda Bear (star parce que ce bisounours a mené de front une carrière solo remplie de disques extraordinaires – ou totalement inaudibles au choix). Pour ce « Feels », sont venus prêter main forte Kristin Valtysdottir (Islandaise, sorte de Björk du pauvre, ce qui n’est pas rien) sous le pseudo de Doctess et un violoniste d’avant-garde, forcément d’avant-garde Eyvind (Kand), un joueur d’alto, John Cale devait pas être libre, c’est ballot, ça aurait remonté le niveau.

« Feels » en Cd, c’est un machin cartonné, avec les six pseudos des zozos, la liste des titres, un code-barres, et les trois lignes de mentions légales de copyright du label. Un packaging royal, et que les mecs viennent pas chouiner que les gens sont pas sympas, ils téléchargent gratos plutôt que d’acheter de la musique. Sans parler du contenu, soignez un peu le contenant et ça ira peut-être moins mal …


Derrière les neuf titres du disque, y’a un puissant concept. Partir d’un open tuning de guitare très désaccordé, et caler tous les autres instruments (rythmique, piano, synthés) sur cette guitare qui joue faux. Et rajoutez sur quelques titres des impros en une prise du violoneux. Vous l’entendez arriver le truc ?

Niveau écriture, Animal Collective donne dans la pop tendance symphonique (ou pompière, c’est selon) avec deux types de morceaux : un sur un mid tempo et un sur un down tempo, mais vraiment down. Manière de bien achever les chevaux, ces titres seront étirés à la limite du supportable grâce à des intros et surtout des outros interminables, le tout mixé façon shoegazing (tous les instruments et les voix sont passés à travers moultes bécanes pour aboutir à une sorte de brouillard sonore d’où émerge … rien de bon en fait). Parce que se prendre pour My Bloody Valentine rejouant « Pet sounds » au petit matin blême après une nuit passée sous substances (les Animal Machin ont avoué chercher l’inspiration dans le LSD), c’est une chose, arriver à un résultat audible, c’en est une autre …

Le résultat, sur lequel un certain nombre de sourds se sont extasiés, ressemble à de l’Arcade Fire sous Lexomil pour les morceaux « rapides » (« Did you see the words », « Grass », et « Turn into something ») les six autres plus ou moins à du Devendra Banhart (barde folk velu contemporain).


Ma préférence va nettement pour les titres les plus enlevés qui sont écoutables voire plaisants avec mention spéciale pour « Grass », pas forcément parce que c’est le meilleur, juste parce que c’est le plus court. Le plus intéressant (« Did you see the words ») ouvre le disque. On est intrigué par ce son étrange qui devient quand même assez vite crispant, ça ressemble donc à Arcade Fire, ou à des Beach Boys qui tels Adjani, seraient au fond de la piscine (l’atmosphère mate, aquatique). « Turn into something » clôture la rondelle, c’est plutôt enlevé (surtout par rapport à la grosse demi-heure qui a précédé), il peut être – toutes proportions gardées – considéré somme le titre folk-rock de l’album.

Les six autres titres, ils me gavent sévère. Certains (« Daffy Duck » (?), « Banshee beat ») flirtent avec les huit minutes, et s’apparentent à de longues ruminations invertébrées., « Bees » réussit l’exploit d’être à la fois et sinistre et minimaliste, « Loch raven », ça commence agonisant, et ça finit en état de mort cérébrale (ou l’inverse), « Flesh canoe », c’est du brouillard sonore, léthargique et minimaliste. J’aurais aimé rajouter à la liste des titres à sauver « The purple botlle », amusant avec son chant à l’hélium, son tempo frénétique et minimaliste à la Devo, mais il est beaucoup trop long (plus de six minutes) et comme chacun sait, les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures …  

Allez, poubelle direct, et toutes mes excuses à Gérard Manset dont le titre d’un de ses meilleurs morceaux ne méritait pas d’être associé à pareille chose…


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