Vingt mille lieues sans sa mère ...
En 2003, Pixar commence à devenir un empire au sein de l’Empire Disney. La firme à l’origine rachetée par Steve Jobs à George Lucas, est passée du rang de boîte à fabriquer des ordinateurs haut de gamme, à une filiale de Disney spécialisée dans l’animation de synthèse. Et dont les premières productions, « Toy Story 1 & 2 », « 1001 pattes », « Monstres et Cie » surpassent (tant artistiquement qu’en succès publics) ceux de la maison mère, engluée dans des suites qui courent après le succès des films originaux (« La belle et le clochard 2 », « Cendrillon 2 », « Les 101 dalmatiens 2 »).
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| Andrew Stanton |
Stratégiquement pour le groupe Disney, le gros coup
à venir doit être une nouvelle production Pixar, « Les
Indestructibles », des sortes de super-héros Marvel, revus en mode famille
dysfonctionnelle et images de synthèse.
Pixar, dans ses débuts, c’est organisé autour de
trois tètes pensantes au niveau artistique et créatif, John Lasseter, Lee
Unkrich et Andrew Stanton. C’est ce dernier qui sera officiellement
coréalisateur de « …Nemo » (avec Unkrich), de fait, c’est lui qui fera la
plus grosse partie du boulot (supervisant scénario, équipes d’animations et
d’effets spéciaux, et principal réalisateur).
Avant les fonds d’écran verts et le tout numérique,
l’animation était le seul domaine visuel qui pouvait transformer le rêve et
l’imagination en réalité visuelle. On pourrait s’imaginer une bande de potes
autour de bonnes bouteilles et trouvant l’inspiration en fin de soirée au fond
des verres … tu parles, Pixar c’est réglé comme du papier à musique, et plutôt
sur le mode multinationale – chef de projet que sur le mode téquila – gin fizz.
Faire un film d’animation qui se passe sous l’eau, c’est pas original ou nouveau. « La petite sirène » chez Disney en 89, et de toutes façons dès l’ouverture du 1er Disneyland (1955 en Californie, ce qui ne rajeunit personne), il y avait une attraction sous-marine (avec une machine étanche et amphibie en forme de sous-marin sur rails qui faisait virtuellement visiter les fonds marins, occupés entre autres par de vraies jeunes filles déguisées en sirène, qui avaient beaucoup plus de succès que les poissons en plastoc au milieu desquels elles évoluaient).
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| Nemo & Marin |
Ensuite il faut intégrer tout ça dans un scénario, et s’amuser à rajouter des allusions subliminales à d’autres films, généralement de la maison Disney-Pixar, mais pas seulement. Ça va de l’évident (Nemo, comme le capitaine de Jules Verne le film commence comme « Bambi » par la mort de la mère, il y a un séjour dans une baleine comme dans « Pinocchio ») jusqu’au totalement cryptique (quelques mesures de la musique de « Psychose » lors de l’apparition de la petite nièce du dentiste, certains bateaux dans le port qui comportent le prénom des types qui les ont dessinés, le « chef » des requins s’appelle Bruce, comme avait été baptisée par l’équipe de Spielberg la maquette du requin dans « Les dents de la mer », une pub pour le film « Les indestructibles » qui sortira l’année suivante sur la page d’un magazine chez le dentiste, une figurine de Buzz l’Eclair sur une étagère, …).
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| Nemo & Dory |
« Le monde de Nemo » se déroule à un
rythme effréné, les gentils doivent faire face à une multitude de méchants (des
requins au milieu d’un champ de mines, une lamproie dans les abysses, des
champs de méduses, des mouettes affamées, …), trouvant aussi des alliés
précieux (des tortues dans un courant marin, une baleine, un pélican, …). Les
effets comiques annulent l’aspect anxiogène des situations, et évidemment tout
est bien qui finit bien.
« Le monde de Nemo » n’est pas seulement un film d’animation à cent à l’heure. Visuellement, c’est magnifique, notamment la représentation toute en réalisme stylisé du milieu aquatique. Tout ce qu’on voit à l’écran est méticuleusement travaillé, et l’arrière-plan est aussi détaillé que les « personnages » principaux.
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| Jaws |
Pour terminer, et parce que c’est la période, une
recette d’utilisation du film en période de fêtes, lorsque la marmaille
familiale ou des amis commence à être remuante. Mettez-leur le film à la télé,
et ils vous foutront la paix pendant une heure et demie, ce qui laissera le
temps de faire chauffer le tire-bouchon entre adultes bien élevés. Attention,
c’est du one shot, si vous retentez le même coup le Noel suivant, les petits
salopiauds braillards auront vite fait de s’apercevoir qu’ils l’ont déjà vu ce
truc, et faudra trouver autre chose pour les occuper …
Ce qui prouve que « Le monde de Nemo » est
un film qui ne s’oublie pas, et donc un grand film …






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