ANDY & LARRY WACHOWSKI - MATRIX (1999)

Bruce Lee et la Matrice ...

« Matrix », moi ça me dépasse. Enfin, surtout son succès. La référence de la fin du siècle dernier en matière de culture geek. Un vaste gloubi-boulga où se mêlent science-fiction angoissante forcément angoissante (avec des pompages éhontés de « Alien » et « Terminator »), histoires pour petits nenfants (les mangas, Alice au pays des Merveilles, la Belle au Bois Dormant, …), bastons taekwandesques pour attirer les fans endeuillés de Bruce Lee, bouillasse techno et/ou hardcore en fond sonore, j’en passe et des trucs plus pénibles encore.
C A Moss, Andy & Larry Wachowski
« Matrix », c’est lors de sa parution l’œuvre d’une vie des pas encore sœurs Wachowski (et comptez pas sur moi pour en rajouter une couche sur l’histoire des deux mecs qui se sont fait implémenter une matrice). Qui mettent cinq ans pour accoucher du bestiau. A grands renforts d’effets numériques et spéciaux en tout genre à la pointe de la modernité, d’un scénario abracadabrant mais suffisamment malin pour nourrir en même temps QI négatifs et réflexions métaphysiques (la vie est-elle un songe, la virtualité peut-elle agir sur la réalité, vous avez trois heures et une boîte de Doliprane pour répondre). Et aussi d’un casting qu’on jurerait issu des premiers prix d’une comice agricole, multipliant profils bovins inexpressifs. Et qu’on me dise pas que c’est le jeu des acteurs, Reeves (pas l’astrophysicien, le Keanu), Fishburne et la Moss sont au taquet, au maximum de leurs possibilités …
Pour appréhender « Matrix », faut retomber en enfance, débrancher le cerveau, et regarder les images. Et là, ça peut fonctionner. Tu suis le lapin blanc, tu passes à travers le miroir, tu arrives dans un autre monde, tu deviens un mutant (ou un vrai humain, allez savoir) qui file des torgnoles plus vite que son ombre, tu évites les balles, tu bousilles de l’androïde indestructible... Tu peux même mourir virtuellement et ressusciter réellement (à moins que ce soit le contraire), pour finir, après avoir sauvé l’humanité (qui a disparu), par t’envoler tel Superman qui aurait troqué son survêt moulant rouge et bleu contre un long manteau de cuir noir, vers de nouvelles aventures … Elles est pas belle, ta nouvelle vraie vie ?
Les gentils
Reste que « Matrix », c’est même pas si mauvais que ça au final… Comparé à des « Hulk », « Captain America », et les suites interminables des super-héros Marvel (à quand le 25ème Batman et le 72ème Spiderman ?). Même si comme de bien entendu, on connaît la fin dès le début. Neo / Reeves, c’est comme Macron, c’est l’Elu. Celui qui mine de rien, va sauver la galaxie. Avec la Moss (pas la Kate, la Carrie Ann) dans le rôle de Brigitte, et Laurence Poissoncouille dans celui d’Edouard Philippe. Y’a même le traître qui va les abandonner au cours de la mission (non, pas Hulot, Joe Pantoliano), passer du côté obscur de la farce et faire copain-copain avec les hybrides fringués à la Blues Brothers – Reservoir Dogs – Men in Black – Laurent Delahousse, mais bien fait pour lui, il se fera dégommer par un type qu’il vient pourtant de tuer … Vous avez rien compris, c’est pas grave, vous allez quand même lire jusqu’au bout. C’est comme ça, « Matrix », y’a rien à comprendre, c’est bête comme chou, mais tu regardes jusqu’à la fin …
Le méchant
Le seul truc qui sauve le film, c’est le rythme. Ça commence très fort, et ça accélère toujours (contrairement à la série des « Speed » qui avait « révélé » le beau gosse ombrageux Reeves). Les Wachowski y sont pas allés avec le dos de la cuillère (vous savez, la fameuse cuillère, celle que le gosse fringué en dalaï lama explique à Neo qui rend visite à l’Oracle qui fait des cookies, comment il faut faire pour la tordre rien qu’en la regardant), les frangins ont utilisé des kilomètres carrés de rideaux verts devant lesquels, filmés par des caméras hyper high tech disposées concentriquement et qui prennent des photos pour donner les fameux effets de ralenti accéléré chers à John Woo, s’agitent des acteurs suspendus à des câbles façon trapézistes chez les Gruss, … et que il va vite falloir que je mette un point quelque part pour finir cette phrase ...
La Warner a mis un gros paquet de pognon devant le museau des Wachowski, assorti d’un contrat bien ficelé (là, les mecs, ils sont bien dans le réel, l’espèce sonnante et trébuchante), anticipant un gros succès populaire, et toute une litanie de déclinaisons, dont deux épisodes supplémentaires si le premier volet de ce qui était conçu comme une trilogie fonctionnait … Jackpot. On compte plus les millions de dollars de cash rien que sur l’exploitation du film en salles, sans parler de la multitude d’éditions VHS, Dvd, Blu-Ray, les produits dérivés (BD, bouquins, jeu vidéo, …). Côté business, on n’est pas dans la matrice, mais bien dans le monde réel …
Welcome to the machine & have a cigar ?