THE BEACH BOYS - SUMMER DAYS (AND SUMMER NIGHTS !!) (1965)

... And summer girls ...
Les Beach Boys, c’est une trentaine de disques studio et dix fois plus de compilations. Mais c’est pas très difficile de s’y retrouver dans ce labyrinthe. Les compiles, elles reprennent les hits, car les Beach Boys en ont eu un gros paquet, et c’est assez compliqué de mal tomber. Les albums studio, hormis l’incontournable « Pet sounds », on peut quasiment tous les oublier. D’ailleurs, pour un groupe ayant vendu des dizaines de millions de disques, il a fallu attendre des années (2001 pour être précis) avant que la plupart soient réédités en Cd.
Des premiers communiants ? Non, les Beach Boys 
Si après cette intro à faire fuir le chaland, il reste encore quelqu’un, le skeud dont au sujet de lui que je vais causer « Summer days … », il est paru un an avant « Pet sounds », et fait donc partie de ces 33T qui sortaient à un rythme effréné (deux à trois par an, sans compter les compiles) depuis les débuts du groupe. Un disque fidèle aux canons de l’époque et à l’exploitation tous azimuts qui était faite des groupes bankables. Deux-trois hits, quelques titres corrects, et du remplissage à base de fonds de tiroir. « Summer days … » ne déroge pas à la règle. Ça sent le truc assemblé vite fait, l’ensemble des douze titres dure 26 minutes. Et malgré tout, faut faire le tri.
Le final du disque est calamiteux. Un instrumental (rappelons quand même que ce qui a contribué à la légende des Boys, ce sont leurs harmonies vocales, les meilleures du bon côté ( ? ) du Rideau de Fer), un titre de doo-wop (« I’m bugged at my ol’ man ») qui n’est vraiment pas le genre de prédilection du groupe, et pour finir un court machin a capella totalement sans intérêt.
Le cœur du disque est construit autour d’une thématique plus que prévisible (la plage, l’été, les meufs), toute la philosophie un peu simplette des Beach Boys depuis toujours (maintenant, à 70 balais, ça le fait encore moins pour eux). Et bizarrement, comme un signe prémonitoire de ce que seront les dix premières années du groupe (après, vaut mieux laisser tomber), on trouve tout ce qui a caractérisé le groupe dans les années 60.
Alors forcément, y’a des trucs qui ressemblent à Chuck Berry (toute première source d’inspiration de Brian Wilson), et ils sont placés au début (« The girl from New York City » et « Amusement Parks USA »). Ensuite le travail sur les harmonies vocales, symbolisé à l’époque par tous les girl-groups, qu’ils soient chez Spector ou la Tamla. Le « Then I kissed her » des Crystals de Spector est la reprise qui s’imposait. Ensuite les Beatles, qui ont traumatisé à jamais Brian Wilson. La compétition se met en place avec « Girl don’t tell me » qu’on pourrait prendre pour un inédit des Fab Four. A noter pour l’anecdote que c’est le seul titre du disque entièrement joué par les Beach Boys, sans doute pour présenter le côté « groupe » et imiter au mieux la technique précaire des Beatles des débuts (en principe, ce sont des requins de studio à la manœuvre, en particulier les habitués des sessions de Spector, Hal Blaine, Carol Kaye, Leon Russell et toute la clique …). Au tournant des 60’s, un regain d’inspiration du groupe (et surtout le retour en son sein de Brian Wilson) donneront quelques disques intéressants (le superbe « Surf’s up » notamment) et seront marqués par une certaine tristesse des mélodies. On en a les prémisses sur ce « Summer days … », avec la quelque peu désabusée et traînante « Let him run wild ».
Séance photo avec Al Jardine
Et puis et surtout, les Beach Boys sont dans cette première moitié des 60’s un groupe à singles. Issus de ce disque, deux ont grimpé en haut des charts. « Help me Rhonda », déjà présent dans le précédent album (« Beach Boys today ! ») l’est ici dans sa version « radiophonique ». Pas grand-chose à dire, c’est un Beach Boys classic, qui reprend toutes les formules (le gentil rock’n’roll, les changements de rythme, les chœurs, le refrain en pièce montée) ayant déjà fait leurs preuves. D’un tout autre calibre est « California girls ». Brian Wilson a dit qu’il s’agissait là du meilleur titre qu’il ait écrit. Bon, il est peu cinglé, le Brian, il doit plus se souvenir qu’il a écrit « Good vibrations » … N’empêche, il a pas tout à fait tort, « California girls » est un des meilleurs titres du groupe, et peut-être celui qui le symbolise le mieux à ses débuts. Musicalement, il domine sans peine cet album, et son thème contenu dans le titre (ça vole pas très haut les textes des Beach Boys), il est récurent dans ce disque et lui aussi contenu dans le titre, les « summer days », c’est fait pour draguer, en espérant que ça débouche sur des « summer nights » torrides. Le tout très fleur bleue, dicté par l’époque et l’image romantique que tient à cultiver le groupe.

Le groupe … il serait temps d’en parler. Les Beach Boys sont une affaire familiale (les trois frangins Wilson, le cousin Love, le pote Jardine, et l’autre pote Johnston, dont on sait pas trop s’il en fait vraiment partie). Affaire chapeauté par papa Wilson, qui en bon Thénardier du rock, envoie ses enfants au turbin et prend la monnaie. Ce qui n’empêche pas certaines curiosités « stratégiques ». Pourquoi Jardine (Johnston, il y est jamais) ne figure pas sur la pochette (il est sur des photos de la séance, et « signe » comme les quatre autres, un texte sur la pochette du 33T ?). la réponse est selon moi à chercher dans le fait que les Beach Boys ne sont pas vraiment un « groupe » au sens rock du terme, mais plutôt une trademark au son immédiatement reconnaissable, et les accompagnateurs du plus doué du lot, Brian Wilson, qui signe toute la partie musicale de l’affaire, ne laissant que les paroles à cousin Mike Love … Déjà le germe de tout un tas de rancunes tenaces, qui donneront lieu à partir des 70’s à des pitreries procédurières tout du long de l’interminable saga du groupe …

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