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CHUCK BERRY - HIS BEST VOLUME I (1997)


Guitar Man
L’homme sans lequel Keith Richards et tant d’autres auraient peut-être appris le violoncelle ou le kazoo à la place de la guitare. Et qu’on le veuille ou pas, un des trois incontournables des 50’s, avec le Petit Richard et le gros Elvis. Auteur de « Johnny B. Goode », un des trois morceaux que tout type qui a tenu une guitare dans les doigts a essayé de jouer, au même titre que « Jeux interdits » ou « Smoke on the water ».
Quand tout a commencé à s’emmancher, Chuck Berry était déjà un ancêtre, un quasi trentenaire (il est né en 1926), musicien inconnu végétant sur de petits labels et accompagnant d'autres inconnus qui voulaient bien de lui, essayant vainement de se faire remarquer des frères Chess, patrons du mythique label de blues de Chicago.
Trop vieux, et pas au bon endroit au bon moment (c’est à des milliers de kilomètres de là, dans le petit studio de Sam Philips à Nashville, que la révolution est en marche), Chuck Berry n’a aucune chance. Mais comme tant d’autres, c’est en rompant tous les codes traditionnels, en expérimentant en dépit du bon sens, qu’il va trouver.
Bill Black et Scotty Moore massacrant en studio un vieux standard rhythm’n’blues d’Arthur Crudup et Presley se joignant à eux par la voix a donné « That’s alright Mama ». Chuck Berry qui a évidemment entendu ce titre, va aller à l’opposé. Lui, le Noir, part d’une structure musicale bien blanche (une trame country), accélère au-delà du raisonnable le tempo, le saupoudre de blues. Ce titre (« Ida Red »), Berry va le faire écouter à Leonard Chess, qui lui fait modifier le tempo, rajouter une guitare électrique et le rebaptise « Maybellene ». Contre la publication en single,  Berry doit abandonner deux tiers des royalties à un certain Fratto, homme de paille des frères Chess, et à l’influent DJ Alan Freed, qui bien entendu n’ont en rien participé à l’écriture. « Maybellene » sera un bon succès, mais Berry gardera une rancune tenace à l’égard du music-business qui l’a spolié pour la première (et pas la dernière) fois, et une méfiance paranoïaque envers tous ceux qui y gravitent. Ajoutez une avarice légendaire, et vous avez avec Chuck Berry la hantise des organisateurs de concert pendant des décennies …

Evidemment, si l’on compare avec ses « classiques » comme « Sweet little sixteen », « Carol », « Johnny B. Goode », … ce « Maybellene » n’est encore qu’une ébauche. Berry est un bosseur, et un malin. Il va jouer légèrement sur le tempo, et surtout travailler  comme un forcené sur sa Gibson, avant de petit à petit mettre en place sa patte, ce style inimitable que tout le monde va dès lors s’efforcer de copier. Première étape avec « Brown eyed handsome man », franche attaque de guitare in intro, et le rythme « Chuck Berry » déposé. Confirmation avec « Roll over Beethoven », premier immense classique . Nouvelle étape avec « Too much monkey busines », et cette fois, c’est la mélodie irrésistible qui arrive. Dernière évolution avec « Oh baby doll », pas son plus connu, mais qui oriente la musique de Chuck Berry vers des boogies très rythmés, un filon qu’exploiteront ensuite tous les « Sweet little sixteen », « Johnny B. Goode », « Carol » …
Chuck Berry et un imitateur ... Gaffe à ton pif, Angus !
Comme d’autres (Lewis, Presley), Chuck Berry cultivera, et pas seulement dans ses textes, une attirance pour les (trop) jeunes filles, et une certaine forme d’exubérance joyeuse, notamment sur scène. Berry sera, pour l’époque s’entend, très spectaculaire, mettant au point pas de danse saugrenus (sa fameuse « duck walk »), et gesticulations diverses. A l’image des bluesmen, toutes ses gesticulations scéniques sont surtout là pour masquer son jeu de guitare et éviter que des gens dans le public puissent bien le visualiser pour ensuite le copier. Chuck Berry sait qu’il a inventé quelque chose et gardera le plus longtemps possible jalousement tous ses « secrets ». A ce sujet l’anecdote de sa première rencontre avec Keith Richards est révélatrice. Le guitariste des Stones, qui s’inspirait beaucoup de son jeu, a tenu à le saluer lorsqu’ils étaient à la même affiche d’une émission télé. A la main tendue de Richards, Berry lui répondra par une bonne droite dans le pif, l’accusant de n’être qu’un putain de voleur …
Ce « His Best Vol I » est une excellente compilation chronologique, l’essentiel de ses classiques et en tout cas les plus connus des années 50 sont là (manque juste le tardif « You never can tell », clippé par Tarantino dans « Pulp fiction »). Idéal pour une première approche …

JOHN FOGERTY - JOHN FOGERTY (1975)


Creedence Revival
Un cliché (forcément) sur le visuel du disque : John Fogerty, look total plouc, au milieu de la cambrousse avec un chien informe à ses pieds. Même Cabrel n’oserait pas …
Mais Fogerty n’est pas un vulgaire péquenot sudiste à chemise à carreaux. On parle là du leader, de l’âme du plus grand groupe de rock’n’roll américain, Creedence Clearwater Revival.
John Fogerty et un imitateur célèbre ...
Après la fin peu glorieuse (artistiquement) du groupe et un encombrant projet country (« Blue Ridge Rangers »), Fogerty fait en 1975 ce qu’il sait le mieux faire : du pur Fogerty.
Et forcément, comment ne pas penser à Creedence … Même alchimie des compositions, même voix, même guitare. Et Fogerty qui joue de tous les instruments recrée même par moments la magie des structures rythmiques de Cook et Clifford.
Deux hits, « Almost Saturday night » et « Rockin’ all over the World » (qui fera le bonheur et la fortune des graisseux de Status Quo), quelques reprises (« You rascal you », « Lonely teardrops », « Sea cruise ») et le reste bien dans la ligne du parti. En fait, un album de Creedence en solo. Pas au niveau des chefs d’œuvre passés (« Willy & the Poor Boys », « Green River », « Cosmo’s Factory »), mais nettement supérieur à des machins genre « Pendulum » ou « Mardi Gras ».
Avec ce disque éponyme comme point de départ, Fogerty aurait pu prétendre à une carrière solo fabuleuse. Un successeur raté (« Hoodoo »), des embrouilles sans fin avec sa maison de disques, le tiendront ensuite éloigné des studios et de la scène pendant pratiquement dix ans, jusqu’à un fulgurant retour en 1984 (« Centerfield »)

Du même sur ce blog :
Centerfield


LITTLE RICHARD - THE GREATEST HITS 16 (1987)


Oooooh  My Soul, une compile de Little Richard ...
Les débuts du rock’n’roll se devaient d’avoir une image, une icône. Ce fut Elvis (aux débuts, parce que les sandwiches au beurre de cacahuètes l’ont vite épaissie, l’image). Il leur fallait une guitare. Ce fut celle de Chuck Berry. Et une voix. Aucun doute possible, c’est celle de Little Richard.
En effet, qui d’autre que le futur ex-révérend Penniman peut symboliser le chant du rock’n’roll, cette diction hystérique qui allait secouer l’Amérique du milieu des années 50, avant de faire succomber à ses rythmes le reste de la planète ?
La voix de Little Richard sauve cette compilation, car ce Cd n’est pas terrible : moins de 40 minutes au compteur, une présentation non chronologique, un son pas génial (no remasters), un visuel tout moche, …
Les plus grands classiques sont là (« Lucille », « Long tall Sally », « Good Golly Miss Molly », « et l’indépassable « Tutti fruti »), mais quelques morceaux de plus et une présentation plus soignée n’auraient pas été du luxe.
Vu la multitude de compilations de la première « folle » du rock sur le marché, on peut facilement trouver mieux que ce Cd sorti sur un label improbable, Bescol ( ? ), aux temps préhistoriques du support.



JERRY LEE LEWIS - 25 ALL-TIME GREATEST SUN RECORDINGS (2000)


S'il n'en reste qu'un ...

Il y a de fortes chances que ce soit lui, Jerry Lee, le Highlander du rock. De toutes façons, ils ne sont plus que trois, de ces années cinquante rock’n’roll … Chuck Berry est aux fraises, s’entêtant en vieux grigou qu’il a toujours été, à donner des concerts pathétiques (il a 85 ans, ceci explique peut-être cela, mais faut savoir raccrocher la Gibson, papy …), la fofolle Little Richard a mis sa carrière en pointillés depuis plus de 50 ans. Et tous les autres sont morts …

Jerry Lee Lewis et sa femme : sa cousine Myra, 13 ans ...
Jerry Lee Lewis, lui, ce serait plutôt le Trompe-la-Mort  du binaire. Donné refroidi un nombre incalculable de fois, tant on l’a hospitalisé dans des états critiques dus à une hygiène de vie outrancière sur bien des plans, ayant réussi on ne sait trop comment à ne pas crever en prison … car il a été dans le désordre accusé et jugé pour, en vrac, pédophilie (il avait épousé une fille de treize ans, sa cousine en plus …), bigamie (il avait « oublié » de divorcer de la précédente), multiples fraudes fiscales, voies de faits avec arme innombrables, … Il a aussi été entendu par les attorneys pour la mort suspecte (y gagnant son défintif surnom de Killer) de deux de ses sept ou huit femmes successives (l’une étrangement noyée dans la piscine familiale, l’autre ayant pris une bastos en pleine tête quand Jerry Lee nettoyait son flingue, ces deux-là, comme par hasard, voulant divorcer et ramasser quelques dollars au passage). Or, plus près de ses sous que Jerry Lee, malgré les efforts louables de quelques-uns, y’a pas …

Et malgré tout ça, musicalement, Jerry Lee Lewis reste encore crédible, publiant, certes de plus en plus épisodiquement, des disques qui tiennent étonnamment bien la route (« Last man standing » en 2006 par exemple). Certes assez loin de ce qu’il a fait à ses débuts sur le label Sun de Sam Philips. Parce que chez Sun, en cette seconde moitié des années cinquante, y’avait des clients … Pas tous en même temps, mais se sont tout de même succédés dans le petit studio de Nashville, Presley, Perkins, Cash, Orbison, pour ne parler que des plus connus … et Jerry Lee Lewis donc.

Pas très académique, mais efficace ...
Un Jerry Lee qui a passé ses années glorieuses chez Sun en équilibre entre le rock’n’roll le plus sauvage et la country « habitée » et énergique. S’appuyant sur son « pumping piano », dans un style ultra-destroy pour l’époque, venu des honky-tonk louisianais où il a grandi, et une voix toute en syncopes, changements de tons et de rythmes. Une marque de fabrique inégalable et inimitable. Même si ses pièces d’anthologie (Whole lotta shakin’ going on », « Great balls of fire », « High school confidential » et « Breathless ») viennent de l’aspect rock’n’roll de sa carrière, Jerry Lee, qui a commencé par enregistrer de la country, ne délaissera jamais la plouc music, et à partir des années 60, en fera le genre dominant de ses productions studio. Chez Sun, il alternera les enregistrements dans les deux styles, à l’image de son voisin d’écurie Carl Perkins. Et puis, Lewis sera un de ceux qui reprendront le plus les standards contemporains confirmés, pas toujours avec bonheur cependant (on ne se frotte pas impunément, et quelque peu en dilettante semble t-il, à des choses comme « What I’d say » de Ray Charles ou « Good Golly Miss Molly » de Little Richard), mais le dynamisme de jeune chien fou de Lewis et quelques descentes du revers de la main des touches d’ivoire arrivent dans la plupart des cas à faire passer la sauce.

Cette compilation parue sur le label Varese, et consacré aux rééditions d’oldies, (un peu comme Rhino, le prestige en moins), fait défiler dans un ordre à peu près chronologique les standards, évidemment, mais se distingue de la multitude de celles sur le marché par la sélection de quelques pièces country ou de reprises peu connues du répertoire de Lewis.

Du même sur ce blog :





BUDDY HOLLY - BUDDY HOLLY (1958)


Disque "solo"

C’est allé tellement vite le concernant (Holly est mort un an et demi après ses premiers succès), et l’essentiel des galettes sur le marché étant des compilations, que par facilité (surtout commerciale ?), on a oublié maintenant que Buddy Holly faisait paraître des disques sous deux noms différents, en solo et avec les Crickets. Subtilité des contrats de l’époque, et qui ne change rien, c’étaient les mêmes personnes (les Crickets et l’auteur-producteur Norman Petty) que l’on retrouvait derrière lui sur tous les disques.

Ce « Buddy Holly » est le troisième et dernier disque publié par Buddy Holly. On pourrait même dire le second, tant celui d’avant « That’ll be the day » n’est déjà qu’une compilation de ses premières séances d’enregistrement, séances qui ne comprennent pas, hormis le morceau-titre, aucun de ses titres d’anthologie. Ici, par contre, ça se bouscule (« Peggy Sue », « Everyday », « Valley of tears », « Words of love », « Rave on », il faudrait à peu près tous les citer).

Buddy Holly & The Crickets
Buddy Holly est un des rares de cette époque-là à ne pas faire du rock’n’roll. Ou plus exactement pas que du rock’n’roll. C’est LE mélodiste des années 50.  Et ce n’est pas un hasard si le Lennon des débuts s’efforcera de lui ressembler, physiquement (la photo de la pochette, non, non, ce n’est pas Lennon au tout début des années 60) et baptisera son groupe d’abord les Silver Beetles en hommage aux Crickets. L’influence de Holly sur cette musique que l’on appellera pop est considérable. Celle se son producteur, auteur ou co-auteur Norman Petty reste plus ambiguë. On a longtemps cru qu’il était l’homme de l’ombre, celui sans qui Buddy Holly n’aurait pas été grand-chose. La tendance maintenant, au vu d’archives et de témoignages des rares rescapés de l’époque, serait plutôt d’en faire une sorte de Colonel Parker, plus intriguant que talentueux, uniquement crédité sur les morceaux de Holly grâce à des conditions « toutes particulières »  du contrat qui les liait. La vérité doit se situer entre les deux, Petty ayant quand même prouvé avant ou après sa collaboration avec Buddy Holly que c’était un musicien doué, et pas un simple escroc …

Ce « Buddy Holly » démontre deux choses que tout le monde devrait savoir, mais une petite piqûre de rappel ne fait jamais de mal … La première, c’est qu’on ne touche pas à un titre chanté par Little Richard sans prendre le risque de se couvrir de ridicule (« Ready Teddy » ici). La seconde, c’est que Holly alignait en 1958 des chansons époustouflantes à une cadence infernale, les cinq titres bonus ajoutés aux douze originaux sont rien moins que « That’s my desire », « Think it over », « Fools paradise », « Well all right » et « Take your time ».

Bon, évidemment, aujourd’hui que sont disponibles des légions de compilations bien foutues et même une intégrale de 6 Cds contenant à peu près tout le matériel enregistré par le natif de Lubbock, ce Cd pas  souvent et pas toujours réédité dans des conditions optimales, fait un peu figure de parent pauvre dans la discographie de Buddy Holly. Il n’en est pas moins excellent …

Du même sur ce blog :
The Very Best Of Buddy Holly & The Crickets


X - WILD GIFT (1981)


X File

X, dès le départ, est un drôle d’assemblage. Un couple de babas à la ville comme à la scène, John Doe (bassiste et chanteur) et Exene Cervenka (auto-proclamée poétesse – just like Patti Smith – et chanteuse), un guitariste fada de rockabilly (Billy Zoom, qui a fait partie des derniers tours de piste du band de Gene Vincent), et un batteur (Don Bonebrake) sur lequel il n’y a pas lieu de s’extasier outre mesure. Le groupe vit à Los Angeles, le paradis du glamour et des surfeurs bronzés, et en cette fin des 70’s, le lieu le plus improbable pour l’éclosion d’un orchestre punk. 

De gauche à droite, Zoom, Cervenka, Bonebrake, Doe : bien classés, X ...
Une petite scène se formera pourtant, dont X sera partie prenante, en compagnie des formations embryonnaires des Go-Go’s, Blasters, Germs, Lobos… Le déclic surviendra pour X quand le has-been Manzarek, des feu Doors, s’entichera du groupe, les accompagnera quelquefois sur scène, les aidera à trouver un label et produira leurs disques. Dont ce « Wild Gift », leur second …

Le son général, l’ambiance du disque, sont de prime abord assez déconcertants, pour l’époque s’entend. Assez loin de toutes les références du punk anglais, adossé sur un binaire simplissime voire simpliste dérivant du rock’n’roll revisité glam. Chez X, grâce à Billy Zoom, la touche rockabilly est en avant, particulièrement sur des titres comme « In this house … », « Beyond and black », « Year 1 », … Le chant, notamment celui d’Exene Cervenka, peut en rebuter plus d’un. Souvent déclamatoire, forcé dans les aigus, il se marie cependant très bien à la voix de John Doe, les deux se partageant le micro.

« Wild gift » est un disque varié, concis (13 titres en un peu plus de demi-heure), très mélodique même sur les morceaux effectués pied au plancher, piochant très occasionnellement des choses chez les punks Anglais (« When our home… »), d’autres dans la new wave de Devo (« Adult books »). Malgré tout, X a son image sonore propre, ce contraste entre le feu et la glace des deux voix, et ces racines rock’n’roll et rockabilly qui pointent partout. Manzarek, s’il doit être pour quelque chose, et peut-être même pour beaucoup dans la fluidité des compositions, reste étonnamment dans l’ombre, sobre et discret (à peine discerne t-on quelques nappes de claviers), ce qui n’est pas d’habitude sa principale qualité …

X durera ce que durera le couple Doe – Cervenka (des titres font déjà allusion à une rupture larvée ou consommée comme « In this house … » ou « White girl »), les dissensions et le split ne sont plus très loin. En tout cas, avec ce « Wild gift » et son prédécesseur, les X ont remis Los Angeles, où jusque là régnaient sans partage Eagles, Fleetwood Mac et autres Doobie Brothers, sur la carte du rock qui rocke et qui rolle …


GENE VINCENT - MISTER GENE VINCENT (1991)


Sur la Highway to Hell ...

Une curiosité … un Cd assez rare, jamais réédité. Paru en 1991 sur un label français (Musidisc), il compile des morceaux provenant pour l’essentiel de séances aux Etats-Unis en 1966.
A cette époque-là, Gene Vincent est carbonisé. Physiquement d’abord. Il traîne de plus en plus la jambe, séquelle d’un accident de moto quand il était adolescent, consomme de plus en plus drogues et alcool, son état de santé devient vraiment préoccupant. Artistiquement ensuite. Il n’a eu qu’un seul vrai grand succès (« Be bop a lula »), a été lâché par sa maison de disques historique Capitol, traîne sur de petits labels, voit son public s’étioler, ne garde plus que quelques fans en Europe, et surtout en France où il est l’objet d’un petit culte, renforcé par un jeu de scène apocalyptique dans ses tenues de cuir noir qui ont marqué tant d’esprits à l’époque …
Gene Vincent dans les 60's : Cuir noir et rock'n'roll attitude
En fait, lors de ses séances américaines, il ne reste plus à Gene Vincent qu’une chose : sa voix. La plus belle voix blanche du rock’n’roll, qui trouve sa plénitude dans le mid-tempo, surclassant même la technicité démonstrative et le pathos outré des Presley et Orbison. Que ce soit dans des choses dans la  lignée se son répertoire traditionnel (le phénoménal « Bird doggin’ », son dernier grand titre, traité soul-rythm’n’blues), la reprise de la scie « Pistol packin’ Mama » ou celles de « I’ve got my eyes on you » ou « Lotta lovin’ ». De bons morceaux par un grand chanteur …
Sauf que … certains des titres figuraient déjà sur la discographie de Gene Vincent. Ce ne sont que de nouvelles versions, qui n’apportent pas grand chose (un plus « gros » son, des arrangements de cuivres, quelques chœurs soul), et les puristes préfèreront à juste titre les enregistrements originaux.
Et puis, à l’écoute sur certains titres, y’a un truc, là … on met le casque, on monte le volume et … des grésillements, des craquements, le retour du bras sur la platine … ils ont osé, ils ont pas recherché les bandes, certains morceaux sont directement repiqués sur le vinyle. Particulièrement flagrant sur « Hi Lili Hi Lo » ou « I’m a lonesome fugitive ». Si l’on ajoute une masterisation et une égalisation plus qu’approximatives, on peut affirmer qu’avec cette compilation, Musidisc a fait un boulot de sagouin, qui frise l’escroquerie pure et simple. De plus, on ne trouve rien sur la date, le lieu et les musiciens des séances, autant de détails qui sont cruciaux quand on met sur le marché des enregistrements peu connus. On doit se contenter d’une notule très wikipédiesque sur Gene Vincent qui n’apprendra rien au simple connaisseur, et encore moins au vrai fan.
Lequel n’aura en définitive qu’une poignée de titres sur lesquels se rabattre : les assez rares « Lonesome boy », « Lady bug » et « Ruby baby », (ce dernier morceau signé Leiber-Stoller). Et surtout une troisième version de « Be bop a Lula », après l’originale de 1956 et la version dite « lente » de 1962. Celle enregistrée lors de ces séances de 1966 est plus lente que l’originale, la voix est plus posée, les arrangements différents, et il me semble qu’elle ne se trouve que sur ce disque … Pas sûr que cet « inédit » pousse grand monde à rechercher ce Cd d’occasion sur les sites web dédiés …
Après ces séances, Gene Vincent va poursuivre son chemin de croix, enregistrant et se produisant sur scène de moins en moins souvent, jusqu’à ce que ses addictions diverses aient raison de lui en 1971…

Du même sur ce blog :
Bluejean Bop !
Be Bop A Lula

STRAY CATS - GONNA BALL (1981)


Too much, too soon ...

Ce devait être l’album de la consécration. Les Stray Cats, lentement mais sûrement, s’approchaient de la reconnaissance mondiale (première partie de la tournée des Stones, « frémissement » de l’omnipotent marché américain, …).
Slim Jim Phantom, Brian Setzer, Lee Rocker
Alors, moins d’un an après leur premier disque, arrivait sur les platines « Gonna Ball ». Beaucoup plus personnel (seulement trois reprises), beaucoup plus varié dans ses inspirations musicales, la présence de Ian Stewart (Stones connexion), tout semblait au départ réuni pour le grand succès planétaire.
Qu’à-t-il manqué à ce disque ? Dave Edmunds, surtout. Le subtil producteur gallois n’est plus là, Setzer et ses hommes poussent les boutons dans le studio et cela s’entend, notamment sur le single « Little Miss Prissy », limite hard-rock, qui renvoie plus à Johnny Winter ou au Zeppelin période « Rock’n’roll » qu’aux pionniers rockabilly. Le rockabilly, justement auquel les Stray Cats étaient au yeux du public définitivement liés, est moins présent ici. On trouve du jazzy (« One more day »), du swing cuivré (« Wasn’t that good ») annonciateur de ce que sera le Brian Setzer Orchestra. Le public n’était pas prêt pour ces changements et n’a pas suivi, il lui faudra une compilation (« Built for Speed ») destinée au marché américain pour accrocher.
Reste malgré tout un bon disque avec une superbe chanson (« Lonely summer nights ») qu’on jurerait extraite de la B.O. d’ « American Graffiti ».

Des mêmes sur ce blog :



SIXTIES ARCHIVES - TEXAS PUNK FROM THE SIXTIES (1983)


La D2 ...

Ce « Texas Punk » (punk au sens 60’s du terme, pas des types à crête orange) fait partie d’une collection générique « Sixties Archives » déclinée en plusieurs volumes sous l’égide du label français Eva, disparu depuis …  Ce volume est donc « spécialisé » dans l’obscur tendance garage-bands en provenance du Texas dans la seconde moitié des 60’s. Le tout pour un résultat assez loin tout de même de la Rolls du genre garage, le coffret Nuggets, extrapolation du double 33T du même nom assemblé par Lenny Kaye … Assez loin aussi de nombreuses autres compilations (« Back from the grave », « Pebbles », …). Parce qu’à force de fouiner dans les poubelles de l’histoire musicale, on finit par y trouver des choses qui auraient autant gagnées à rester inconnues.
Drôles de zèbres : The Coastliners 1966
Cette compilation témoigne tout de même de la vitalité et de la multitude de groupes de cette « lost generation » américaine du milieu des années 60. Car après avoir inventé le rock’n’roll dans les 50’s, les Américains ont perdu la recette (qui peut citer un bon 33T de rock, accessoirement ’n’roll, digne de ce nom paru aux USA entre 58 et 65 ?). La pérennité du genre sera conservée et bonifiée en Angleterre (tout le British Blues Boom, les Beatles et le Merseybeat …), retraversera l’Atlantique (la British Invasion). Dès lors, une multitude de groupes inspirés ou laborieux copistes verront le jour, graveront le plus souvent quelques singles, au mieux quelque 33T pour les plus doués ou les plus malins …
Même le Texas, fief  des rednecks, n’a pas échappé au mouvement, et ce Cd présente 18 morceaux qui ma foi, valent bien un florilège des twists un peu balourds de, au hasard ( ? ), Springsteen … Au rayon imitateurs laborieux (non, je parle plus de Springsteen, quoique), on peut mettre les Reddlemen (like the Rolling Stones) , les Passions et les Circus (Pretty Things), les Castliners (un bon titre, le second trop calqué sur le Merseybeat). Kempy & the Guardians ont beaucoup écouté les Yardbirds … Quelques-uns font preuve d’originalité, les Y’all’s vont de l’avant avec leur titre mélangeant Beatles et guitares fuzz ; les Status Quo ne préfigurent pas le boogie monolithique de leurs homonymes mais plutôt Blue Cheer et Iron Butterfly avec leurs gros riffs fuzzy ; Him ressemble à un brouillon de Canned Heat avec son boogie primitif,  les Oedipus & The Mothers récoltent la palme du meilleur nom de groupe et du morceau le plus insignifiant du disque, les Pack sont les plus psychédéliques…
Quelques belles réussites, les Venetian Blinds avec un titre sauvage et sautillant à base de Farfisa tex-mex annoncent Sam the Sham ou Question Mark, les Pirates (sans Danny Logan) avec un bon morceau bluesy, les Continentals font brûler la gomme et ignorent royalement les British en se cantonnant à un excellent Diddley beat sur-accéléré. Et relégués fin de Cd, pour moi les meilleurs du lot, Danny & The Counts , avec notamment « Ode to the wind », qui derrière un intitulé un peu bébête, cache une merveille de ballade pop psychédélique …
Bon, évidemment tous ces gens ont eu une notoriété qui n’a pas dû dépasser le cadre de la famille et des amis, mais démontrent que le rock’n’roll, même au second plan, a toujours su rester vivant dans les mid-sixties aux USA…


MC5 - HIGH TIME (1971)


Hard times

« High Time » du Five …
Difficile d’en parler sans évoquer les deux précédents. Qui pour le malheur de ce « High Time » avaient placé la barre très (trop ?) haut. Et tant qu’à évoquer « Kick out the Jams » et « Back in the USA », autant ne pas faire dans la demi-mesure.

« Kick out the Jams » est le plus grand disque live de tous les temps, « Back in the USA » le plus grand disque de pur rock’n’roll. C’est mon avis et je le partage.

Proxima Estacion Esperanza ?
Alors forcément quand à la fin de « Sister Ann » 1er titre de « High Time », déboule une section de cuivres , après des nappes de claviers et des chœurs féminins, on se pose des questions. Dont les réponses sont faciles à trouver dans le « way of life » du groupe. Perpétuellement défoncés, leur maître à penser ( ? ) John Sinclair en prison, ce sont cinq épaves qui entrent en studio, pour enregistrer dans le chaos, l’improvisation et « expérimenter ».

Mais autant être clair : le MC5 même en chute libre, ça déménage sévère. Parce qu’il y a une assise rythmique qui sans être géniale sait mettre la pression, parce que Rob Tyner est un grand chanteur, et aussi parce que sévit dans le Five la plus terrifiante paire de guitaristes à avoir relié des six-cordes à un ampli, les faux siamois (ils ne jouent jamais la même chose ensemble) Wayne Kramer et Fred « Sonic » Smith.

Alors sur « High Time », pas de terrorisme sonore à la « Kick out the Jams », pas de rock’n’roll roots à la « Back in the USA », mais plutôt des compositions très inspirées par la soul et le rythm’n’blues. Et malgré l’état de délabrement total du groupe, le résultat sonne sec, précis, tranchant. Sans jamais donner l’impression de bouillement sonique incandescent et incontrôlé, comme le faisaient leurs voisins de Detroit les Stooges à la même époque avec « Funhouse »

« Miss X » est la ballade plombée définitive qu’aucun groupe de hard ne sera capable d’égaler, « Over & Over » avec l’utilisation qui est faite des claviers pourrait sans problème figurer dans « Who’s next ». Et le reste est d’un bon niveau, même si au sein de quelques titres des digressions saugrenues vers du psychédélisme lourd (avec Iron Butterfly ou Blue Cheer comme points de repère) ne sont pas toujours très efficaces. Le tout emmené par des parties de guitare qui déchiquettent tout sur leur passage.

Avec ce dernier disque du Five et quelques mois plus tard le « Raw Power » des Stooges prendra vraiment fin une forme ultime de rock dangereux et violent.

 Ce sera le clap de fin de l’expression musicale la plus radicale, entamée par deux bandes de fous furieux, il y a une quarantaine d’années à Detroit, Michigan.

Depuis, ceux qui ont suivi ont toujours essayé de les copier. Sans y arriver.

Des mêmes sur ce blog :
Back In The USA

THE SONICS - HERE ARE THE SONICS !!! (1965)


Les Sonics, ta mère elle va adorer ...
Les Sonics, c’est LE groupe ultime. Garage préciseront les pointilleux. Au diable les pointilleux !
Les Sonics ont poussé les curseurs tellement loin dès le paléolithique supérieur (1965 pour être précis) que depuis personne n’a fait aussi fort, aussi bien. Et surtout pas mieux.
Les Sonics sont Américains (Tacoma, à trois larsens de Seattle), traînent leurs guêtres d’ados dans un paysage musical tchernobylisé. Oh certes on trouve à cette époque-là plein de choses aux States, du folk, de la pop, de la soul, du blues, … presque tout ce qu’on veut en fait. Sauf du rock’n’roll. Et le rock’n’roll, c’est juste ce que les gars des Sonics aiment par-dessus tout. Pour ça, il faut écouter ce qui vient d’Angleterre, les Stones, Kinks, Who, Animals, Pretty Things, … et s’en inspirer.
Les Sonics dans la brume électrique
Les Sonics vont se trouver d’entrée confrontés à un petit problème : aucun des cinq ne sait vraiment jouer d’un instrument ou chanter. Qu’à cela ne tienne, ils vont faire de ces tares a priori rédhibitoires leur principale qualité. Utilisant les plus grosses ficelles pour masquer leurs énormes lacunes. Tout est enregistré à un volume déraisonnable, tous les potards à onze, tous dans le rouge. Le résultat est une bouillie sonore de laquelle surnagent de gros accords saturés plein de fuzz, quelques riffs d’un sax corne de brume, quelques notes de claviers martelés. Quant au chanteur, un fou furieux nommé Gerry Roslie, il préfère vociférer à la place de chanter. Comme son modèle c’est Little Richard, en dépit de tout bon sens, il va parsemer absolument tous ses titres (souvent dès l’intro, allez savoir pourquoi) de hurlements à faire passer ceux de Alan Vega sur « Frankie teardrop » pour des vagissements de prématuré.
Oubliez le punk, le hardcore, les bruitistes divers, les Stooges, le MC5, les Cramps, les garagistes japonais ou scandinaves, les guignols du death metal, tout ce que vous voulez d’extrémiste et d’agressif au niveau sonore, la référence, la mètre-étalon auquel tous ces gens-là (les plus honnêtes d’entre eux l’ont d’ailleurs reconnu) ont voulu se mesurer, c’est le premier (et seul intéressant) disque des Sonics, ce « Here are the Sonics !!! ».
Qui commence par un monstrueux « The Witch », tout petit succès local, honteusement ignoré par Lenny Kaye sur sa compile Nuggets, et à l’origine face B de leur premier 45T, une reprise du « Keep a knockin’ » de Little Richard. Un titre qu’on ne sait trop comment, ils ont réussi à écrire. Pas très compliqué, plutôt du genre très efficace, classique toutes catégories instantané. Comme leurs trois autres compos personnelles (sur les seize de la réédition Cd, soit les douze du vinyle original plus quatre bonus), « Boss Hoss », « Strychnine » et « Psycho », d’une simplicité et d’une évidence absolues.
Le reste, des reprises nucléaires. Des pionniers du rock’n’roll (« Roll over Beethoven » de Chuck Berry, « Good Golly Miss Molly » de Little Richard), des standards Motown (« Do you love me » des Contours, « Money » de Barrett Strong), de classiques soul (« Night time is the right time » de Ray Charles) ou rhythm’n’blues (« Walking the dog » de Rufus Thomas), … Le tout descendu à toute blinde, à grand coups de riffs bêtas et de hurlements sauvages, dans un chaos sonore total…
Ce genre de musique qui foisonnera dans tous les garages américains de la seconde moitié des 60’s, accordera à quelques-uns (Remains, Seeds, Standells, Mitch Ryder, 13th Floor Elevators, …) une certaine reconnaissance populaire et de petits succès. Rien de tout cela pour les Sonics, au management particulièrement indigent. De toutes façons, le groupe avait a peu près tout donné avec ce premier disque, une paire sans intérêt suivront, avant la débandade et une reformation à un âge canonique au début des années 2000 passée à peu près inaperçue.
Preuve ultime que les Sonics étaient quand même de furieux cinglés, les trois derniers titres du Cd correspondent à un single de Noël. Et quel single ! « Don’t believe in Christmas », (rien que le titre ! ), est une variation sur le « Too much monkey business » de Chuck Berry, ces choses-là ne peuvent pas sortir d’un esprit sain. « Santa Claus » n’est autre qu’une reprise de « Louie Louie » avec paroles aberrantes. Et mort-aux-rats sur le cake à la strychnine, la seule chanson de Noël du lot, une reprise de « Jingle bells », ils l’ont appelée … « The village idiot ».
Rock’n’roll suicide …
Et dans ce genre-là, inutile de chercher mieux, vous trouverez pas …



EVERLY BROTHERS - THE DEFINITIVE EVERLY BROTHERS (2000)


La chance aux chansons

Ils passaient à la télé et à la radio quand ils n’étaient que deux gamins chantant, au début des années 50 … bien avant les déhanchements d’Elvis le Pelvis. Et donc, comme ils se plaisaient à le faire remarquer lors de leur fabuleux « Reunion concert » de 1983, le rock’n’roll, ouais, c’est bien joli, mais eux ils étaient déjà là avant …

Même si leurs premiers succès ne datent réellement que de la fin des années 50, et même si tout n’a vraiment commencé qu’avec « Bye bye love » en 1957. Un titre comme une marque de fabrique, un thème gentillet, une mélodie immédiatement mémorisable, et Don et Phil Everly qui chantent… d’une façon unique, instantanément reconnaissable. Toujours à l’unisson, et pas seulement sur les refrains, sur tout le titre … Pas une nouveauté, des duos, voire des groupes chantant, la country music (et son public) en était particulièrement friande, de toutes ces voix de tête à fort accent campagnard et redneck vocalisant de concert.

Everly Bros fin 50's
Les Everly eux ont une diction parfaite et délaisseront très vite la stricte country de leurs débuts pour s’orienter vers une variété haut de gamme. Leur synchronisme vocal parfait, à une époque ou le re-recording n’existait pas et encore moins Auto-Tune, l’évidence des mélodies et les arrangements somme toute très grand-public, très centristes des morceaux, vont les installer pendant presque dix ans au sommet des hit-parades américains.

Comme beaucoup à cette époque-là, ils pourront s’appuyer sur les morceaux clés en main fournis par un jeune couple d’auteurs-compositeurs Felice et Boudleaux Bryant, qui leur écriront l’essentiel de leurs créations. Et comme tout le monde, les Everly Brothers constelleront leur répertoire de reprises choisies de Little Richard, Buddy Holly, Roy Orbison, … Ils reprendront même le « Je t’appartiens » de Gilbert Bécaud (oui oui, on  parle bien du même, du type en costard noir et Adidas blanches ( ! ) des shows de Maritie et Gilbert Carpentier) qui adapté en « Let it be me » sera un de leurs plus gros succès. Les Everly ne se cantonneront jamais aux romances adolescentes pour lesquelles ils étaient à peu près sans équivalents, ils n’auront pas peur, à l’inverse de stars centristes reconnues (Sinatra, Warwick, …), de se frotter à du rockabilly (« Wake up Little Suzie »), voire du rock’n’roll tout ce qu’il y a de plus roots (« Bird dog », « Claudette », « Lucille », …).

Everly Bros - Reunion Concert Septembre 1983
Le premier des deux Cds de cette compilation (50 titres en tout) est le meilleur. De 1957 à 1961, les Everly Brothers ont aligné avec une régularité de métronome des titres colossaux, de la lente ballade countrysante « Maybe tomorrow » à l’angélique « Take a message to Mary », en passant par la très pop « Cathy’s clown » (devenue « Le p’tit clown de ton cœur » une fois reprise par Hallyday), l’himalayenne « Walk right back » qui n’a rien à envier aux productions Motown ou Spector, la pièce montée baroque « Temptation ». Mention particulière à « All I have to do is dream », tout simplement une des plus belles chansons du monde …

Le second Cd, jusqu’aux disputes qui entraîneront la « séparation » des deux frangins au milieu des seventies,  est un ton en dessous. Même s’il débute par « Crying in the rain », qui donne vraiment envie de chialer tellement c’est beau, et qu’il pleuve ou pas … Insensiblement et insidieusement, la qualité intrinsèque des titres décline, au profit d’arrangements de plus en plus fignolés et tarabiscotés, qui voit les Everly se livrer à des choses vocalement ahurissantes et insensées. Laissant de côté les mélodies simples et chansons évidentes. Le succès s’en ressentira, peu de titres iront tutoyer le haut des charts, et l’enlevée « The price of love » sera en 1965 leur dernier grand hit.

Les dernières années du duo paraissent quelque peu désuètes, qui les voit s’entêter sur la recette qui a fait leur fortune, avec des orchestrations de plus en plus sirupeuses. Cette compilation se conclut par « On the wings of a nightingale » de leur excellent album de come-back  « EB 84 ». Ce titre est signé d’un de leurs illustres fans, Paul McCartney, c’est un de ses meilleurs morceaux à lui des quarante dernières années, et servi par les voix intactes des frangins, ça le fait …

Ce qui amène à dire quelques mots sur l’influence que Don et Phil Everly ont eu sur le milieu musical. Assez impressionnante, il faut bien dire. Des gens comme les Beatles ou les Beach Boys ont commencé à répéter leurs propres harmonies vocales en prenant comme modèle les Everly, Simon et Garfunkel en particulier leur doivent absolument tout, et d’une façon générale tous les duos chantants se sont inspirés de leur travail (Sonny & Cher, Carpenters, Righteous Brothers, Starsky & Hutch, Stone et Charden, …).

A noter que leur live de « reformation » (« Reunion concert ») est un colossal tour de chant, certaines de leurs chansons se voyant transcendées par le live (et aussi un super backing band) …

Enfin rayon people, Erin Everly, fille de Don Everly et groupie notoire du L.A. des années 80, a été l’espace de quelques jours ( ! ) mariée à l’intergalactique crétin Axl Rose …

Des mêmes sur ce blog :
EB 84

THE PRETTY THINGS - THE PRETTY THINGS (1965)


Wild Things

Hormis dans le cercle tout de même restreint des maniaques du rock anglais du milieu des années 60, les Pretty Things ne suscitent plus guère d’intérêts, tant ce groupe séminal et essentiel est aujourd’hui honteusement oublié, bien qu’il donne toujours des concerts.

Les Jolies Choses
Sous forte influence Bo Diddley (leur nom vient de sa chanson « Pretty Thing » d’ailleurs reprise sur ce disque), ils marqueront les esprits par l’interprétation sauvage de leur répertoire, un des plus furieux de la scène anglaise de l’époque. Ce Cd correspond à leur premier 33 T de 1965, augmenté de bonus dont leurs deux premiers singles « Rosalyn » et « Don’t bring me now » tous deux repris par Bowie sur « Pin Ups » en 1973.

Malheureusement, le public de l’époque n’était pas vraisemblablement prêt pour une musique aussi excessive et violente, et ni ce Cd, ni leur opéra-rock (« SF Sorrow » écrit avant « Tommy » des Who), ni les reprises d’un Bowie alors en pleine gloire, ni leur association au début des 70’s avec le management de Led Zeppelin, ne leur amèneront une reconnaissance significative auprès du grand public.

Reste une superbe collection de pépites de rythm’n’blues survitaminées à consommer sans modération, dont ce 1er Cd constitue pour moi de loin le meilleur exemple.


THE WHITE STRIPES - ICKY THUMP (2007)


Le dernier ...

On est vite fixé. Le 1er titre fait ressurgir Led Zep et AC/DC période Bon Scott. Pour cette livraison millésime 2007 suivant le très successful « Elephant » et l’excellent « Get behind me Satan », Les Stripes annoncent d’entrée la couleur. Ça va cogner. Même la discrète Meg enclume sévère sur sa batterie qui sonne heavy.

Même les sourds (ou les lecteurs des pages musique des Inrocks, ce qui revient au même) s’en sont aperçus, l’influence de Led Zeppelin est indiscutable sur nombre de titres de cet « Icky Thump », qu’il s’agisse  des guitares rageuses, ou des escapades celtiques. Et tant qu’à faire, mieux vaut une bonne influence revendiquée, que dix de mauvaises. On trouve aussi des passages évoquant l’axe Free – Bad Co, les barbus de ZZ Top sur l’hystérique boogie « Rag & bone ». En gros, tout ce qui rappelle le rock 70’s à grosses guitares.

Au total, si l’on oublie le stupide « Conquest » mariachi et quelques parties de gratte trop facilement démonstratives, on tient là un bon disque de White Stripes. Jack White, à l’instar de quelques rares gens comme Iggy Pop a tellement tout compris au rock, qu’il ne réussira jamais à faire de trop mauvais disques.

Avec le recul, cet « Icky Thump », qui s’avèrera âtre le dernier du groupe avant le split me semble tout de même un voire plusieurs tons en dessous de leur triplette majeure  « White blood cells », « Elephant » et « Get behind me Satan », ou de la parenthèse du 1er Raconteurs.

Des mêmes sur ce blog :
White Blood Cells

EIGHTIES MATCHBOX B-LINE DISASTER - BLOOD & FIRE (2010)


Prédestinés ?

Tout était dans leur nom … jusqu’au désastre final. On a beau arriver bardé de références musicales plus qu’attirantes (les Clash, les Cramps, le Gun Club, excusez du peu … mais aussi, aïe, le gothique bas de gamme des atroces Sisters of Mercy, ce genre, plutôt que Siouxsie ou Bauhaus …), donner tout ce qu’on peut sur scène et sur disque, ça ne suffit plus. Les Eighties Matchbox raccrochent les guitares, le rock’n’roll ne nourrit plus son homme, et comme il faut aussi songer à remplir le frigo …

Un parcours symptomatique des années 2000, pendant lesquelles on n’a jamais vu autant de gens sortir de disques  … qui ne se vendent plus. Eighties Matchbox ont tenu autant que possible, sans faire la moindre concession. Même si on sent dans ce dernier disque que le ressort est cassé.

A qui le tour ?
Il y a quand même de bonnes choses (« Love turns to hate », très rock rentre-dedans, « Monsieur Cutts », excellent foutoir metal-grungy, un « Man for all seasons » descendu pied au plancher), des bonnes idées quelques fois mal exploitées (« I hate the blues » et son ambiance « Paint it black », « Homemade », couplets très clashiens que vient gâcher un refrain gothique crispé).

Mais aussi des trucs qui ne m’accrochent pas du tout, tous ces titres empêtrés dans des climats gothiques, des poses théâtrales, toutes ces choses qui ont fait le quart d’heure de gloire des horribles Horrors. Et surtout rien qui rappelle ces pépites de rock furieux et énergiques comme le fut en son temps « Chicken » sur « Horse of the Dog ». Rien non plus qui soit au niveau des réussites dans ces 80’s qu’ils adorent, de groupes revendiquant les mêmes influences comme les clashiens London Cowboys, le psychobilly des Meteors ou le rock’n roll gothique des Lords of the New Church …

Signe des temps qui vont vraiment mal, ce Cd a mis plus de six mois pour traverser la Manche, et seulement une fois la dissolution du groupe officialisée. Les fans, pas beaucoup (Clash, Cramps et Gun Club, s’ils ont marqué les esprits, c’est sûrement pas en terme de ventes), devront se contenter de ce testament en demi-teinte.

Il surgira bien de quelque garage quelques teigneux prêts à reprendre le flambeau, car comme le dit le vieux Young « rock’n’roll will never die », mais les choses apparaissent singulièrement compliquées pour ce genre d’exercice. Eighties Matchbox B-Line Disaster ont tenu dix ans. Combien de temps tiendront leurs successeurs ?


DOGS - LEGENDARY LOVERS (1983)


Maîtres Chiens

Trop de classe pour le voisinage ?
Ce qui frappe à l’écoute de ce disque, plus de vingt ans après sa sortie, c’est ce son toujours d’actualité, mettant magnifiquement en valeur les superbes morceaux présents ici. Rien  ne sonne daté ou nostalgique.

Les Dogs ont commencé à aboyer avec les punks. De ceux-ci, ils ont retenu l’urgence et l’attitude sans compromission. De tout ce que le rock’n’roll avait produit de meilleur, Dominique Laboubée et ses hommes ont su faire la synthèse. L’année d’avant avec les quelques moyens alloués par Epic leur nouvelle maison de disque, les chiens rouennais s’étaient fendus d’un remarquable « Too much class for the neighbourhood ». « Legendary lovers » est encore meilleur, parfait de bout en bout. Dans un monde idéal, tous les morceaux auraient pu être des hits. Las, même la version française de « Secrets » une de leurs très rares concessions à la langue de Molière est passée inaperçue.

Ce Cd est un des tout meilleur jamais enregistré par des Français, et malgré la disparition de Dominique, il n’est pas trop tard pour s’en apercevoir. Tombez sous le charme ….


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NEW YORK DOLLS - NEW YORK DOLLS (1973)


Punks à paillettes

Le meilleur disque (de toute façon ils n’en ont fait que deux, et oubliez la reformation actuelle des deux survivants just for the money) d’un des groupes les plus essentiels des années 70.
Lady Gaga et ses amies ? Non, les Dolls en 73 ...
Souvent assimilés et réduits à leurs excès (le look ahurissant pour l’époque, les défonces à tous les étages), l’importance des Dolls se situe au niveau strictement musical.
La doublette introductive de ce Cd (« Personality crisis », « Looking for a kiss ») est stupéfiante de perfection  plus de trente ans après. Johansen (plus encore que l’autre lippu américain Steven Tyler d’Aerosmith) est par son magnétisme le clone parfait de Mick Jagger, les guitares rageuses de Thunders et du trop souvent sous-estimé Syl Sylvain incrustent le danger dans tous les morceaux, et la rythmique enclume sévère. Le tout superbement produit par Todd Rundgren qui a du se souvenir de ses années garage avec Nazz pour leur concocter ce son de déglingue rock’n’roll.
Une hystérique tournée anglaise (avec mort du batteur par OD) allait donner plein d’idées de groupes à tous les morveux british. Le punk était en route.
Que vous ayez 20 Cds ou 20 000, celui-là doit être dans le lot.




ELVIS PRESLEY - LOVING YOU (1957)


 Grande époque, disque moyen ...

La période artistique la plus cruciale d’Elvis se termine en mars 1958, avec son départ sous les drapeaux.

Ce « Loving you », à l’origine B.O. du film du même nom, est donc un disque de la « bonne époque », puisque datant de 1957.

Mais il ne contient pas un seul de ces immenses morceaux dont le King parsème sa discographie pléthorique des années 50. Et même si des trucs comme « Teddy Bear », « Party », « Blueberry Hill », « Have I told you …», « When it rains … » (cette dernière datant de ses premiers enregistrements Sun) valent leur pesant de beurre de cacahuète, on sent qu’Elvis a déjà nettement évolué depuis les mythiques Sun Sessions.

Le colonel Parker est passé par là, qui commence à tirer fort sur la corde de sa poule aux œufs d’or. Tournées, shows télé, films, séances studio … Ce « Loving you » sent la cadence infernale à laquelle est soumise Presley.

Alors, même si tout ce qu’il touche se transforme en or, les vraies pépites sont tout de même assez rares dans ce Cd.

P.S. Même s’il s’agit d’une B.O., c’est bien le band légendaire (Scotty Moore, Bill Black, D.J. Fontana , les Jordanaires) qui accompagne Presley.

Du même sur ce blog :
From Elvis In Memphis