Affichage des articles dont le libellé est Punk. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Punk. Afficher tous les articles

GOGOL - LE RETOUR DE LA HORDE (1986)


Un peu de poésie ...

S’il y a bien un retour que pas grand-monde attendait, ou au choix, dont tout le monde se foutait, c’est bien celui du Sire Gogol Ier et de sa Horde. Gogol (Jacques Dezandre pour l’état-civil) n’a jamais vraiment mobilisé les foules derrière son auguste personne et sa musique. La musique, c’est du primaire, peu ou prou un gros bordel punky. Le personnage suscitait au début des années 80 des réactions diverses, entretenues par des shows destroy, porno-scato et provocateurs. Gogol Ier ne laissait pas indifférent, mais était loin de faire l’unanimité, surtout si l’on ne dépassait pas l’approche au premier degré… Auto-proclamé gourou-pape de son propre culte, Gogol se présentait sur scène en soutane, portée comme les Ecossais portent le kilt, offrant donc à ses fidèles ouailles la contemplation de sa virilité…
Gogol et la Horde, c’est pas vraiment l’imagination élégante au pouvoir, c’est violent, vulgaire, bête et méchant. Dans le style Hara-Kiri – Charlie Hebdo, version binaire. Farouchement indépendant, forcément loin de tout « pacte » avec une major, à tel point que les disques de Gogol ne sont aujourd’hui trouvables (tout de même au prix fort) que sur le site du groupe, et témoignent d’une « carrière » en pointillés mais qui semble t-il perdure encore.
Ce « Retour de la Horde » comme son nom l’indique succédait à une période plutôt silencieuse au début des années 80. Le titre éponyme est une introduction martiale à grosses guitares tendance Hendrix (à la place du « Star spangled banner », il y a quelques notes saturées de « La Marseillaise »). On « pénètre » dans le vif du sujet (hum …) avec « Voilà des paroles faciles à comprendre », porte d'entrée sur fond de punk-rock primaire à chœurs hooliganesques, à l’univers tout en rimes riches de Gogol.
Ensuite, ça part un peu dans tous les sens, on quitte souvent le domaine musical pour de courts spoken words tout en délicatesse, « Je pisse » et son bruit de bidet final, « Dernière prière du soir » imprécation de prêtre pédophile, le confus règlement de compte « Vengeance anonyme ». Musicalement, ça casse pas toujours des briques (« Je bois et je suis le Roi » rock lent et lourd plutôt commun, « Moi » pénible electro-punk comme en faisait le B.A.D. de Mick Jones ), il y a vers le final un parti pris de punk crétin, « On se calme », ou « Mais qui va nous faire marrer » en hommage à Coluche fraîchement encamionné. En gros, Gogol délire bien, et se fout totalement de ce qu’on peut bien en penser.
Parfois ce délire égomaniaque frappe juste et fort, comme le rageur « J’encule » sur fond de piano-bar Rive Gauche ou encore le disco-punk pétainiste « Travail Famille Patrie » qui aurait été encore plus amusant s’il avait réussi à faire un hit.
Evidemment, tous les moralisateurs (ou les mélomanes) qui prennent tout çà au premier degré vont être offusqués par tant de vulgarité. Les autres souriront souvent devant cette rabelaisienne crétinerie, qui s’avèrera sans limite quand Gogol, à l’instar de Coluche annoncera sa candidature à une élection présidentielle (en 1988 il me semble). Il n’ira pas plus loin que la déclaration d’intention …
Bonne vanne pour la pochette qui pastiche la première page du Libé de l’époque avec édito de « Philippe Grandes Manœuvres » que Gogol n’a pas vraiment l’air d’apprécier …

LE ROCK D'ICI A L'OLYMPIA - LA NUIT PUNK DE L'OLYMPIA (1978)


216 fauteuils cassés pendant les 3 nuits ...

C’est ce qu’il y a écrit sur la pochette, preuve photographique à l’appui … et ça en dit long, bien long, sur l’état du rock français à l’époque… être « obligé » de saccager l’Olympia pour faire parler de soi.
Parce que sinon, les punks français … hum, on peut pas dire que le monde entier nous les ait enviés et qu’ils sont souvent cités de nos jours (sauf quelques fois Metal Urbain, par des groupes noisy ou hardcore américains). D’ailleurs même si la légende savamment entretenue par quelques-uns fait état d’un vaste mouvement punk hexagonal, elle englobe des gens qui n’ont rien ou pas grand-chose à voir entre eux, contrairement à la scène punk londonienne ou new-yorkaise.
Stinky Toys
Il y a d’ailleurs dans le livret une déclaration assez édifiante, honnête et réaliste de Jacno, sur ces soirées à l’Olympia, qui met l’accent sur le fait que les différents groupes « ne s’aiment pas », et que jalousies mesquines et attitudes méprisantes entre Parisiens et provinciaux, entre groupes signés sur un label ou non, sont monnaie courante. En fait sous le terme « punk » sont répertoriés des gens qui n’ont comme seul point commun que de se lancer dans la musique circa 77, avec leurs propres moyens et à l’arrache. L’esprit « do it yourself » doit être le seul dénominateur commun  aux groupes présents ici, au moins à leurs débuts, aucun n’étant né avec une cuillère d’argent gentiment tendue par les majors ou le show-biz.
A leur décharge, les groupes « made in 77 » arrivent dans un pays où le rock n’existe pas, ou sinon représenté par le prog champêtre de Ange, ce qui revient au même … 
Asphalt Jungle
Les hostilités sont ouvertes, en tout cas sur le Cd, par les Lyonnais de Marie et les Garçons (Marie est la batteuse du groupe), sous forte influence américaine Televison – Talking Heads, et qui recueillent les sifflets du public (le public punk parisien de l’époque manquerait-il d’humour ?) lorsqu’à la fin de leur titre, ils embrayent sur une reprise de « Macho man » des Village People. Les Stinky Toys sont eux totalement dans « l’esprit », autour de Jacno et d’une Elli (pas encore Medeiros) qui chante faux comme ça devrait pas être permis. Mais c’est très bien … Un autre qui chante aussi très faux c’est Patrick Eudeline, et son « classique » « Asphalt Jungle » avec le groupe du même nom qui n’oublie pas de se prendre pour Johnny Thunders et ses Heartbreakers. Punk attitude irréprochable, intérêt musical très anecdotique … C’est pas les seuls à avoir un intérêt musical anecdotique … Diesel auraient été rouges de honte si on leur avait dit que leur truc, c’est juste du classic rock tendance heavy blues ; les Lou’s, rien que des filles, difficile d’en dire du mal sans se faire traiter de sexisme ou de machisme, donc motus et bouche cousue ; Starshooter, qui ne vaut que pour quelques 45T rigolos, confirme avec un de ses classiques dispensables (« 35 Tonnes ») que s’ils savent à peu près jouer correctement, ce n’est que du rock très mainstream.
En fait, en plus des Stinky Toys, les trois autres vrais bons de cette compilation sont pour moi Bijou (pas exactement des punks), précis, carrés et très énergiques qui boostent « OK Carole », et réussissent même à se faire ovationner avec un instrumental pourtant technique bien que très énergique. Les banlieusards parisiens sont très nettement au-dessus du lot, et pas par hasard, ils feront aussi un triomphe aux deux festivals punks de Mont-de-Marsan en 77 et 78. Les Lyonnais d’Electric Callas s’en sortent plutôt bien avec une version ralentie et originale du classique des Stooges « I wanna be your dog ». Egalement sur le podium les Parisiens de Guilty Razors, avec son chanteur au phrasé arrogant et méprisant, pour un titre titubant mais au moins parfaitement dans l’esprit …
Cette compilation est parue en 1978, et rééditée en Cd en 1999 sur le label Jurassic Punk (bonne vanne !). Totalement fidèle au 33T initial, c’est-à-dire sans bonus et en conservant le son pourri (on dirait que c’est enregistré avec un dictaphone dans la rue devant l’Olympia). En fait c’est pas un disque pour les amateurs de musique, c’est un disque pour les amateurs de rock, ce qui n’est pas exactement la même chose …

THE JAM - IN THE CITY (1977)


Les teigneux ...

La France et les Jam, on peut pas vraiment appeler ça une histoire d’amour. Ils ont dû avoir de quoi juste se payer un cappuccino (la boisson favorite de Weller), avec le bénef de leurs ventes de disques par ici. Faut dire que les groupes plus typiquement anglais qu’eux (les Kinks, les Smiths, c’est à peu près tout …), ça court pas les rues et ça restreint forcément l’audience « à l’étranger ». Par contre, pendant un lustre (77 à 82), ils ont mis leur pays à genoux (on parle pas là de chiffres de vente sympathiques, mais de popularité mesurée à l’échelle Beatles-Oasis), leur leader maximo Paul Weller, se voyant même désigné par les lecteurs d’un mag musical de là-bas personnalité préférée de l’année ou quelque chose comme çà…
Paul Weller, ce psycho-rigide maniaque, et qu’il valait mieux ne pas croiser quand il avait autre chose que son cappuccino dans le gosier. Un type quand même respectable et respecté… faut dire qu’il avait été le seul à foutre une branlée à l’autre taré de Sid Vicious, spécialiste de traîtres passages à tabac (surtout quand il avait quelques potes pour assurer ses arrières). Et musicalement, Weller était aussi teigneux que dans la vie. Bien accompagné par les deux bûcherons Bruce Foxton à la basse et Rick Buckler à la batterie. Enfin, bûcherons c’est pas gentil parce que les trois deviendront vite un power trio efficace, concis et compact.
Pour ce « In the City », leur premier disque paru en 77 année punk, l’heure n’est pas (faute de moyens et de technique) aux fanfreluches musicales. C’est énervé et austère, à l’image de la pochette qui n’est pas signée Roger Dean ou Hipgnosis, on s’en rend compte au premier coup d’œil. Et en un peu plus de demi-heure, les Jam lâchent leurs premiers douze titres.
Dont un, l’éponyme « In the City », sera le premier (et seul sur ce disque) titre des Jam à visiter les hit-parades. Un des classiques absolus du groupe et de la vague 77. Weller, qui chante, joue de la guitare et compose tous les titres originaux du trio, laisse transparaître d’évidentes influences, au premier titre desquelles les Who (flagrant sur des morceaux comme « Away from the numbers » (rien que le titre, les High Numbers étant le premier nom des futurs Who), « I’ve changed my adress », la reprise du thème de Batman, qui n’est pas des Who mais qu’ils ont aussi repris). Mais aussi peut-on déceler au passage d’autres influences des sixties anglaises (les Small Faces la légende mod, la pop en général, …), et des classiques du rock’n’roll (la reprise du « Slow down » du très sous-estimé et génial Larry Williams).
C’est cette attirance pour la culture mod, pour l’exposition de ses racines anglaises (dès que le groupe progressera, la northern soul anglaise des sixties se retrouvera au détour de nombre de morceaux), qui donneront aux Jam cette place si particulière de groupe en même temps new wave (les Jam sont partie intégrante de la scène punk londonienne), mais aussi revivaliste (on ne laisse pas planer impunément au détour d’un paquet de titres les ombres de Townsend ou Marriott). Weller et son groupe assumeront pleinement ces deux influences. Ils cultiveront méticuleusement l’imagerie mod, les costards étriqués (Foxton en plus ne se départissant pas tout du long des cinq années que dureront les Jam de son affreuse coupe de cheveux « mulet », et Buckler finissant par s’habiller ridiculement de simili-cuirs et de jeans premier prix de chez Prisu), on les verra sur moultes photos de presse chevauchant des scooters dans le plus pur style mod-plage de Brighton 1963). Weller sera l’archétype même du « working-class hero » lennonien (un titre auquel malgré tous ses efforts ne pouvait prétendre le Beatle binoclard, contaminé arty par la présence à ses côtés de l’insupportable Yoko). Weller sait d’où il vient (son père était maçon, voir le dernier titre du disque « Brick and mortars »), et malgré des ventes de disques considérables, restera au plus près du « peuple » et de ses préoccupations, et sera un militant travailliste acharné (il sera plus tard le co-fondateur du Red Wedge, réunissant les artistes anti-Thatcher, et soutiendra par sa présence et par ses dons nombre de luttes sociales dans son pays).
Paul Weller est assurément un type bien, et ce « In the City » reste un des préférés des Jam-maniacs, même si la triplette « All mod cons » - « Setting sons » - « Sound affects » parue entre 78 et 80, constituera son zénith artistique. Il continue encore aujourd’hui, à plus de cinquante ans, et en ayant dissous des Jam en pleine gloire, une carrière solo inégale mais encore par moments capable de générer de superbes disques …

Des mêmes dans ce blog : 

THE HIVES - LEX HIVES (2012)


Fin de l'hibernation ?

Finalement, ils ont choisi le bon moment pour réapparaître après cinq ans de silence discographique. Faut dire que de cette vague de groupes en « The » apparus conjointement au début du siècle, et par un raccourci aussi facile qu’approximatif englobés sous la même bannière de « renouveau du rock », la situation s’est singulièrement décantée. La plupart n’existent plus (White Stripes, Libertines), s’accrochent malgré des dissensions internes (Strokes), sont devenus mainstream (Kills, Black Keys), n’ont jamais percé (des nouvelles des Vines, quelqu’un ?).
Et plus par défaut que par génie, les Hives sont encore là, parcimonieux de leurs enregistrements. Bon, sur scène, les Hives ça décoiffe. Sur disque aussi … au moins à leurs débuts. Ils ont (depuis « Tyrannosaurus Hives ») joué la carte du gros son radiophonique, et en choisissant de se mettre en scène sous des accoutrements saugrenus (ce coup-ci genre banquier en haut-de-forme du XIXème siècle). Tout ça pour dire que ce disque, il m’étonnerait que ce soit celui que l’on retiendra d’eux. Pas un mauvais disque, juste un disque intéressant sans plus. Et qui semble se déliter à mesure que défilent les pistes. Comme il ne dure qu’une demi-heure, reste juste à peu près un quart d’heure à la hauteur de la réputation de ses auteurs.
Ce « Lex Hives » commence très fort, genre version ultra-punk des Ramones, ce qui n’est pas rien. Un titre d’une minute et quelques secondes (« Come on ») qui tourne sur un riff simplet mais efficace, et des paroles qui tiennent en deux mots, ceux du titre … Le single (« Go right ahead ») suit; là non plus rien à dire, c’est du pop-punk’n’roll, ça dépote, du gros son, c’est frais, énergique, bien foutu … et c’est honnête, y’a un machin piqué à l’Electric Light Orchestra de Jeff Lynne, et les Suédois, fair-play, ont crédité ce titre à l’Anglais. Le frénétique « 1000 answers » assure la transition correcte avec « I want more » et là on cherche le nom de Joan Jett dans les crédits … qui n’y est pas, pourtant s’il n’y a pas dans ce titre des pans entiers piqués à « I love rock’n’roll », je veux bien consentir à me faire greffer les oreilles du Capitaine Spock … Et pour moi, le dernier bon titre du Cd, c’est le suivant, piste 5, « Wait a minute », joviale crétinerie punk qui rappelle les bons moments (si, si, il y en a eu) de Offspring.
Le reste, soit la bagatelle de sept titres sur douze, c’est pas que ce soit mauvais, mais on s’en cogne un peu, ça sent la redite (« Take back the toys », très punk 90’s américain), la mauvaise copie du Clash circa 77 (« These spectacles … »), l’auto-citation « If I had a cent » tellement Hives que ça en devient gênant, un essai peu concluant de rhythm’n’blues speedé avec cuivres et tout et tout à la fin (« Midnight shifter ») … en gros toute une litanie de titres nettement en retrait par rapport à ceux du début.
Les fans seront ravis, mais enfin cinq ans pour sortir ce truc, c’est un peu too much …
Conclusion, les Hives sont un excellent groupe de scène qui perd son temps en studio …

Des mêmes sur ce blog :
Your New Favourite Band 


LES WAMPAS - ROCK'N'ROLL PART 9 (2006)



A Marine Guéant,
Ministre de la Sécurité Publique et de la Délation Intérieure,
Je vous écris cette lettre anonyme, pour vous avertir du danger que représente « Rock’n’roll part 9 », Cd des ci-devant Wampas. En effet, cet objet musical est toujours en vente libre dans nos échoppes musicales et ses auteurs sont toujours en liberté, ce qui est terriblement pernicieux pour notre jeunesse.

Non content de ne pas y trouver le moindre duo avec Gérard Depardieu ou Mireille Mathieu (Dieu lui prête longue vie et une nombreuse descendance, à notre chère pucelle avignonnaise), pas plus que la moindre chanson signée de notre G.P.S. (Grand Poète Surdoué) Barbelivien, un des titres propose, ô sacrilège, qu’un de nos anciens et vénérés Chef d’Etat (le grand, l’incomparable, l’incommensurable Jacques Chirac) s’en aille croupir dans quelque cul de basse fosse. A son âge ! Et dans son état ! Il ne fait pas de doute que les hordes de punks à chien buvant de la bière tiède et pas chère susceptibles d’écouter cette chose font partie des cohortes hirsutes et dépenaillées qui s’apprêtent à bouter notre bien-aimé monarque le grand Nicolas de son trône, profitant d’un droit de vote scandaleusement obtenu lors de quelque période insurrectionnelle dans les siècles passés. A ce titre, j’en connais quelques uns (liste jointe), qu’il serait bon de jeter dans quelque charter que vous n’auriez pas réussi à remplir de métèques roumains, maliens ou assimilés. Dehors les gauchos, la France aux Français, d’abord. Quand aux Wampas qui sont l’objet de ma courageuse missive anonyme, s’ils sont Français, ce dont je doute, il convient d’embastiller cette bande d’agitateurs braillards. Sinon, où allons-nous, hein, je vous le demande ?
J’ai mené ma petite enquête, et je suis en mesure d’affirmer que le chef de cette bande d’agitateurs mène une double vie. Pis, c’est un fonctionnaire qui travaille à la RATP, ce repaire de grévistes nourri par nos impôts, (enfin, pas les miens, je me suis domicilié fiscalement aux Bermudes), capable de se muer à la nuit tombée, tel un loup-garou musical, en un meneur de bande binaire avec ses autres complices. Il se prétend chanteur, mais il chante faux, voire très faux. Il se prétend auteur de chansons, tout ça juste pour pouvoir brailler des choses incompréhensibles, allant même jusqu’à faire l’apologie de cyclistes italiens dopés (double pléonasme). Et il ose se présenter, méprisant notre oriflamme national, ceint d’un drapeau américain (même si les Américains sont nos amis, enfin, ceux qui votaient pour la famille Bush). Certains de nos jeunes compatriotes, malheureusement de plus en plus nombreux, trouvent un certain intérêt à ces inepties sonores, qu’ils vont célébrer lors de messes noires, mensongèrement appelées concerts, que donnent les scélérats Wampas. Certains disent même que dans ce domaine-là, ils sont les meilleurs dans notre pays. Juste Ciel, mais où va t-on, mais que fait la police ? Il faut que cela cesse, il les faut tous embastiller.
Sachez, Monsieur Marine Guéant, Ministre de la Sécurité Publique et de la Délation Intérieure que vous pouvez compter sur moi à cet effet. Avec toutes mes respectueuses salutations…


TURBONEGRO - APOCALYPSE DUDES (1998)


Pied au plancher ...
« Age of Pamparius », 1er titre du Cd, débute par une intro pianotée, une guitare zigzagante, des synthés à la « Baba O’Riley » des Who ; puis arrive un riff colossal et c’est parti pour un shot ininterrompu d’une quinzaine de morceaux de punk-glam-metal … Les Turbonegro sont Norvégiens, et comme une multitude de groupes farouchement électriques scandinaves, ne font pas vraiment dans la dentelle. Ils découlent d’une longue litanie de furieux venant abreuver leur rock très heavy aux sources du rock’n’roll originel, comme en leur temps Hanoi Rocks ou leurs quasi-contemporains Hellacopters et Hives, parmi tant d’autres.
Les Turbonegro sont aussi gays que Freddie Mercury et Elton John réunis et le clament haut et fort, surtout fort d’ailleurs. Il suffit de jeter un œil sur le tracklisting, qui avec des intitulés aussi délicats et poétiques que « Rendezvous with anus », « Don’t say motherfucker, motherfucker », « Rock against ass », « Monkey on your back », … pour voir que l’on se situe tout de même assez loin des Village People. Et manière de pousser le bouchon de la provocation assez loin, la pochette du disque représente paraît-il le logo d’un groupuscule armé d’extrême gauche américain. Sans doute les Turbonegro cherchaient-ils l’interdiction sur les terres de Lady Gaga, Justin Timberlake, Springsteen et Paris Hilton …
Ce qui est sûr et finalement le plus important, c’est que ça dépote grave … Des choses comme « Selfdestructo bust » feront peur par leur radicalité à tous les fans de Green Day et c’est tant mieux. D’autres raviront les fans de Motorhead (le single « Prince of the rodeo » avec son intro de batterie calquée sur celle du « Overkill » de la bande à Lemmy) et c’est encore mieux. « Humiliation Street » (ces titres !) est à peu près le seul mid-tempo du disque et fonctionne comme un hymne, « Get it on » (rien à voir avec T-Rex, quoique …) est colossal et laisse à supposer que Jack White a dû écouter ce disque avant de mettre en place son White Stripes sound …
Les Turbonegro se distinguent du commun des groupes de hard bourrin (tout à fond et la tête dans le guidon) qui encombrent le genre par leurs titres assez courts (pas de démonstration virtuose, night in the ruts comme diraient Aerosmith), le chant assez distancié, posé et quelque peu méprisant, et un guitariste lead (l’outrageusement maquillé et peroxydé Euroboy) qui semble incapable de jouer rythmique et est donc perpétuellement en train d’exécuter des solos … Ajouter à cela une recherche constante de la mélodie, du couplet qui accroche et du refrain qui tue, une finesse dans les arrangements (des pianos, des congas, de discrets synthés, … ) et on se retrouve avec super disque de vrai rock tout-terrain, ce qui était quand même assez peu courant à l’époque (1998).
On achève ce Cd avec une bonne pipe (« Good head »), rien de tel pour tailler la route et il est proposé dans certaines éditions deux bonus, une version live de « Prince of the rodeo », quelque peu monolithique, bruyante, braillarde et bâclée, et une reprise de « Suffragette City » quelconque (démo ? maquette ?), mais qui éclaire définitivement sur le « Apocalypse dudes » du titre du Cd, référence à une chanson de Mott the Hoople écrite par un certain David Bowie, et démontre de façon indiscutable que les Turbonegro sont un groupe talentueux et de bon goût …

THE DAMNED - THE BEST OF (1981)


Les survivants ...

Le propre d’un groupe punk, c’est de venir faire quelques tours de piste dans le grand rollercoaster du monde musical, et puis de disparaître. Et pour que la légende soit parfaite, plus les gars sont mauvais, crétins, défoncés, et moins ils durent, plus leur nom s’écrira en lettres d’or au frontispice du binaire, avec l’indiscutable « crédibilité ». Les exemples ne manquent pas.
Les Damned doivent être l’exception qui confirme la règle. Premiers punks anglais à avoir publié un 33T, ils sont encore actifs aujourd’hui, tournant et publiant des disques régulièrement. Mauvais, mais pas tant que çà ou pas plus que d’autres à leurs débuts, ils l’étaient et en étaient logiquement fiers. Crétins, ils ont tout fait pour, multipliant les blagues ( ? ) à base de crachats, urine et autres matières fécales. Défoncés, cela va de soi. Et bizarrement, leurs premiers disques, sont parmi ceux de l’époque, ceux qui ont le mieux supporté l’épreuve du temps.
Certes, sur la durée, les bifurcations, voire les revirements artistiques ont été nombreux, et il n’est pas rare de trouver sur leurs disques récents des morceaux d’un quart d’heure, ayant plus à voir avec le prog qu’avec le fracas sexpistolien. Cette compilation, la première parue après quatre albums, est concentrée sur la période punk stricto senso du groupe, laissant juste apparaître les prémisses de leur épisode gothique du début des années 80.
La formation originale: Sensible, Vanian, James, Scabies
Cet assemblage humain bizarre et hétéroclite, un guitariste (Brian James, parti après deux disques) fan de Johnny Thunders et donc quelque part un peu de Keith Richards, un batteur efficace (Rat Scabies) qui finira chercheur de trésors cathares, un bassiste (Captain Sensible) adepte du port du tutu et ne reculant devant rien pour amplifier son aspect potache alors qu’il s’est révélé être le ciment et le point d’articulation du groupe, un très bon chanteur (Dave Vanian), au visage tartiné de fond de teint livide et tout de noir vêtu, réussira cependant à publier des premiers disques d’une rare homogénéité, et fait assez rare pour l’époque et le genre, assez aboutis musicalement.
Cette compile débute fort logiquement par les deux titres les plus emblématiques des débuts du groupe, leurs deux premiers 45T, « New Rose » et « Neat neat neat », piliers de toutes les compilations thématiques consacrées au punk anglais made in 77. Anecdote plus que connue mais qu’il est bon de rappeler, le titre « New Rose » servira de nom de baptême à un label français du même nom, très en vue dans les années 80, et sorte de Radeau de la Méduse des punks ou assimilés à la recherche d’un second souffle …
Après les deux titres « historiques », cette compilation enchaîne les autres titres marquants du groupe, permettant de découvrir ou redécouvrir un répertoire qui surprend par sa qualité, avec un son pas si daté que çà, et des compositions qui ont plutôt bien vieilli et qui témoignent d’un talent mélodique indiscutable. Car oui, très vite, les Damned ont appris à jouer et à composer, capables d’oser les longues intro avant l’explosion power-pop (« Smash it up »), rajoutant toujours une mélodie dans le tempo supersonique envoyé dans ta face (« Love song », « Disco man »), effectuant une embardée vers le rock qu’on appellera « héroïque » (« I just can’t be happy today », « Dozen girls ») qui vaut bien ce qu’on trouvait sur les premiers U2 ou Killing Joke, titillant les ambiances gothiques vers lesquelles les Damned s’aventureront résolument dans les 80’s (le rigide « Lively acts », « The history of the world », très mauvais avec ses relents ska). D’autres fois, les Damned poussent la potacherie un peu trop loin, en livrant par exemple une mauvaise version de « White rabbit » (des punks qui reprennent l’hymne hippy du Jefferson Airplane, et même pas de façon drolatique, au contraire, y’a quelque chose qui m’échappe là…).
Au final, même si le groupe connaîtra également dans les années suivantes les honneurs des hit-parades, cette compilation de leurs premières et selon moi meilleures années, est une bonne porte d’entée et un bon résumé du groupe punk le plus vieux du monde …




X - WILD GIFT (1981)


X File

X, dès le départ, est un drôle d’assemblage. Un couple de babas à la ville comme à la scène, John Doe (bassiste et chanteur) et Exene Cervenka (auto-proclamée poétesse – just like Patti Smith – et chanteuse), un guitariste fada de rockabilly (Billy Zoom, qui a fait partie des derniers tours de piste du band de Gene Vincent), et un batteur (Don Bonebrake) sur lequel il n’y a pas lieu de s’extasier outre mesure. Le groupe vit à Los Angeles, le paradis du glamour et des surfeurs bronzés, et en cette fin des 70’s, le lieu le plus improbable pour l’éclosion d’un orchestre punk. 

De gauche à droite, Zoom, Cervenka, Bonebrake, Doe : bien classés, X ...
Une petite scène se formera pourtant, dont X sera partie prenante, en compagnie des formations embryonnaires des Go-Go’s, Blasters, Germs, Lobos… Le déclic surviendra pour X quand le has-been Manzarek, des feu Doors, s’entichera du groupe, les accompagnera quelquefois sur scène, les aidera à trouver un label et produira leurs disques. Dont ce « Wild Gift », leur second …

Le son général, l’ambiance du disque, sont de prime abord assez déconcertants, pour l’époque s’entend. Assez loin de toutes les références du punk anglais, adossé sur un binaire simplissime voire simpliste dérivant du rock’n’roll revisité glam. Chez X, grâce à Billy Zoom, la touche rockabilly est en avant, particulièrement sur des titres comme « In this house … », « Beyond and black », « Year 1 », … Le chant, notamment celui d’Exene Cervenka, peut en rebuter plus d’un. Souvent déclamatoire, forcé dans les aigus, il se marie cependant très bien à la voix de John Doe, les deux se partageant le micro.

« Wild gift » est un disque varié, concis (13 titres en un peu plus de demi-heure), très mélodique même sur les morceaux effectués pied au plancher, piochant très occasionnellement des choses chez les punks Anglais (« When our home… »), d’autres dans la new wave de Devo (« Adult books »). Malgré tout, X a son image sonore propre, ce contraste entre le feu et la glace des deux voix, et ces racines rock’n’roll et rockabilly qui pointent partout. Manzarek, s’il doit être pour quelque chose, et peut-être même pour beaucoup dans la fluidité des compositions, reste étonnamment dans l’ombre, sobre et discret (à peine discerne t-on quelques nappes de claviers), ce qui n’est pas d’habitude sa principale qualité …

X durera ce que durera le couple Doe – Cervenka (des titres font déjà allusion à une rupture larvée ou consommée comme « In this house … » ou « White girl »), les dissensions et le split ne sont plus très loin. En tout cas, avec ce « Wild gift » et son prédécesseur, les X ont remis Los Angeles, où jusque là régnaient sans partage Eagles, Fleetwood Mac et autres Doobie Brothers, sur la carte du rock qui rocke et qui rolle …


GERMS - (GI) (1979)


Apocalypse punk

Historiquement les Germs sont le premier groupe punk de Los Angeles. Et pas un des moins radicaux, dans une ville qui cultive la démesure en tous genres.

Darby Crash : Rock'n'roll suicide
Emmenés par le chanteur (?) Darby Crash et les riffs killers de Pat Smear, leurs prestations scéniques sont chaotiques, bien dans la tradition punk. Ce « (GI) » est leur premier disque (15 titres en 29 minutes plus un morceau live), produit par Joan Jett, l’ex guitariste des Runaways et responsable quelques mois plus tard de l’intergalactique succès « I love rock’n’roll ». Question production, Joan Jett n’est pas vraiment Phil Spector ou George Martin et ça s’entend. C’est violent, primaire, brut de décoffrage et approximatif. Mais c’est très bien ainsi, on ne risque pas de confondre les Germs avec Phil Collins ou Yes.

« (GI) » sera le seul disque « officiel » des Germs. Car les histoires punk finissent (vite et) mal en général. La fin de l’histoire, ce sera celle de Darby Crash. Qui pour attirer les médias, programme une overdose qui se révèlera fatale… Quelques heures plus tard, un certain John Lennon se fera assassiner en rentrant chez lui… Devinez qui a eu la une des journaux le lendemain…

Quant à Pat Smear, il sera des derniers mois de l’aventure Nirvana, avant que Cobain ne se fasse sauter le caisson.

« (GI) », malgré quelques bons titres, est pour moi un Cd à prendre plutôt comme un témoignage de l’existence d’un groupe jusqu’auboutiste que comme un classique du mouvement punk.


TRANSPLANTS - TRANSPLANTS (2002)


Transplantation réussie

Je connaissais (très) mal Rancid. Quelques articles lus sans conviction, quelques titres écoutés d’une oreille distraite, et le groupe et son leader Tim Armstrong hâtivement catalogués dans la rubrique punks américains à Doc Martens, tatouages et Budweiser.

Kessta ? T'as un problème ? Transplants 2002
Autant dire que ce Cd des Transplants m’a agréablement surpris. Projet parallèle de Tim Armstrong avec le batteur des minables Blink 182 qu’on n’attendait pas à pareille fête, plus un inconnu dont j’ai la flemme de chercher le nom dans le livret du digipack, et de nombreux invités occasionnels.

Ce « Transplants » est donc excellent. Après un premier titre abrasif et pénible, suivent le génial « Tall cans in the air », puis les quasi-pop « Dj Dj » et « Diamonds and guns » et le reste s’enchaîne d’une façon parfaite, montrant l’ouverture d’esprit de Tim Armstrong et sa culture musicale sachant s’abreuver à toutes sortes de bonnes influences.

Le genre de Cd, fusionnel et (très) énergique que les Rod Hot Chili Peppers ont essayé de faire sans jamais vraiment y arriver. Rock high energy, pop, punk, rap, boucles techno dans ce qu’ils ont de meilleur se retrouvent dans ce « Transplants ».

Promis, juré (et craché), un de ces jours j’écouterais sérieusement Rancid.



NEW YORK DOLLS - NEW YORK DOLLS (1973)


Punks à paillettes

Le meilleur disque (de toute façon ils n’en ont fait que deux, et oubliez la reformation actuelle des deux survivants just for the money) d’un des groupes les plus essentiels des années 70.
Lady Gaga et ses amies ? Non, les Dolls en 73 ...
Souvent assimilés et réduits à leurs excès (le look ahurissant pour l’époque, les défonces à tous les étages), l’importance des Dolls se situe au niveau strictement musical.
La doublette introductive de ce Cd (« Personality crisis », « Looking for a kiss ») est stupéfiante de perfection  plus de trente ans après. Johansen (plus encore que l’autre lippu américain Steven Tyler d’Aerosmith) est par son magnétisme le clone parfait de Mick Jagger, les guitares rageuses de Thunders et du trop souvent sous-estimé Syl Sylvain incrustent le danger dans tous les morceaux, et la rythmique enclume sévère. Le tout superbement produit par Todd Rundgren qui a du se souvenir de ses années garage avec Nazz pour leur concocter ce son de déglingue rock’n’roll.
Une hystérique tournée anglaise (avec mort du batteur par OD) allait donner plein d’idées de groupes à tous les morveux british. Le punk était en route.
Que vous ayez 20 Cds ou 20 000, celui-là doit être dans le lot.




BIG BLACK - THE RICH MAN’S EIGHT TRACK TAPE (1987)


Les débuts de Steve Albini
Avant d’être crédité à la production de quelques disques au son abrasif (Pixies, Nirvana, PJ Harvey, plus tard les Stooges reformés de « The Weirdness », …) qui ont traumatisé leur époque, Steve Albini était le leader et guitariste des extrémistes sonores de Big Black. Groupe radical tant par le propos que par la musique. Boîte à rythmes tachycardiques programmés par Albini, guitares tronçonneuses déchiquetant de gros riffs saturés, voix et sons trafiqués.
Ils ont pas l'air méchants ... ne pas se fier aux apparences.
Les electro-punks de Metal Urbain (Cocorico) étaient souvent cités comme influence, on pense aussi à la techno martiale du début des 80’s des Belges de Front 242, et le son de Big Black influencera notablement des gens comme Ministry ou Trent Reznor.
On ne peut pas dire que la discographie de Big Black soit pléthorique, deux 33T plus un live posthume. Ce « Rich man’s … » est une compilation, reprenant neuf des dix titres de leur premier, meilleur et à peu près introuvable « Atomizer » à la pochette nihiliste qui avait marqué quelques esprits, et lui rajoutant quelques morceaux sortis sur des singles ou des Eps.
Musiques radicales, textes coup-de-poing hurlés, deux « hits » underground, « Jordan, Minnesota » sur les viols pédophiles, « Kerosene » sur l’ennui mortifère des cités américaines, Big Black, comme son nom l’indique est un groupe sombre et torturé, martelant implacablement ses propos rageurs. Les tempos hardcore ne sont jamais loin, témoin le fabuleux « Ready men ».
Big Black existera officiellement six ans, Albini formera par la suite l’également radical Rapeman, avant Shellac qu’il mènera conjointement à sa carrière de producteur demandé et successful …




THE HIVES - YOUR NEW FAVOURITE BAND (2002)


 Allumés Suédois

Ce Cd est une compilation des deux premiers albums des Hives peu remarqués par le « grand public », et augmentée d’une poignée de titres assez rares venant de quelques Eps.

Descendants d’une longue tradition scandinave vouée à la célébration d’un rock sauvage et « garage », les Hives se feront remarquer par l’énergie démesurée qu’ils mettront dans l’interprétation de leurs titres, titillant même assez souvent le rock hardcore. Alors, évidemment, les titres défilent à toute vitesse (douze en moins de demi-heure). Sans pour autant négliger la recherche de la mélodie et d’arrangements subtils voire radiophoniques. Un gant de fer recouvert de lambeaux de dentelle …

Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir ... The Hives 2001
Les Hives sont emmenés par le chanteur Pelle Almqvist, compromis tant physique que scénique d’une longue lignée de lippus chantants (Mick Jagger, Steven Tyler, David Johansen), et le groupe entourera d’une aura mystérieuse tout ce qui touche à Randy Fitzsimmons, auteur de tous les titres, personnage énigmatique et invisible sur lesquelles les rumeurs les plus diverses circuleront (manipulateur de l’ombre, gourou, pseudo du guitariste, pseudo collectif du groupe, …).

« Your new favourite band » débute pied au plancher avec le titre qui deviendra emblématique du groupe « Hate to say I told you so », son gros riff qui désosse, ses arrangements de claviers et son refrain épileptique. Une épilepsie qui ne fera que s’aggraver à mesure que défilent les plages, le punk’n’roll efficace de « Main offender », le rockabilly supersonique « Die, all right ! », les glaviots tachycardiques « Untutored youth » et « Outsmarted », le très Pixies (époque « Surfer Rosa – Come on pilgrim ») « Mad man », les quasi-hardcore « A.K.A. I-D-I-O-T » et « Automatic Schmuck » … Le Cd se clôt par un instrumental très apaisé (par rapport à ce qui a précédé), « The Hives are the law … » assez ressemblant à « Space Invader » du 1er Pretenders.

Cette compilation élargira notablement l’audience du groupe, qui se retrouvera rattaché à la vague des groupes en « The » (Strokes, Libertines, White Stripes, …) et du énième « renouveau » du rock du début des années 2000. Par la suite, notamment avec leur plus connu « Tyrannausorus Hives », le groupe soignera encore plus son versant pop et mélodique, et mettra en place un côté « cartoon » au niveau de son look, de ses clips et de son jeu de scène. Bien discret discographiquement depuis pas mal de temps...

Des mêmes sur ce blog :
Lex Hives

TELEVISION - MARQUEE MOON (1977)


Manifeste visionnaire
Par essence, Television, est un groupe arty. Un leader affublé d’un pseudonyme qui fleure bon la poésie lycéenne, une localisation new-yorkaise, la connexion Patti Smith (c’est une amie de Verlaine, et c’est un de ses ex, Richard Mapllethorpe qui photographie le groupe pour la pochette du disque), une filiation spirituelle évidente avec le Velvet Underground (symbole d’un mariage réussi entre avant-garde artistique et musique).
Pour que la légende autour de ce Cd soit parfaite, la présence aux débuts du groupe de Richard Hell (l’auteur du mythique et définitif hymne punk « Blank Generation ») avant qu’une brouille avec Verlaine l’envoie fonder les Voivods.
« Marquee moon » est un disque de guitares. Mais pas des guitares genre virtuose (les fans d’Alvin Lee et de ses douze millions de notes à la seconde peuvent passer leur chemin), juste la guitare qui devient le centre de la musique. Avec une approche voisine de celle de Lou Reed (le son et l’ambiance comptent beaucoup plus que la technique), le résultat va stupéfier tout le monde, et chacun pourra s’apercevoir qu’un titre peut durer dix minutes (« Marquee  Moon ») sans ressembler à Yes ou Genesis.
Une proximité accidentelle avec une scène émergente new-yorkaise (Blondie, Ramones, …) et une admiration des nouveaux groupes anglais feront de Television un précurseur punk. Par hasard. Car Verlaine et ses hommes sont loin de l’axiome « no future ». Ils voulaient au contraire marquer leur temps et « Marquee Moon » restera comme un sommet jamais égalé, que ce soit par les autres rares albums du groupe ou les disques solo de Verlaine.
Beaucoup s’inspireront de ce disque et de son approche (les disciple les plus évidents seront le Sonic Youth des débuts, ou les My Bloody Valentine de « Loveless ») mais personne ne réussira à l’égaler.









THE DAMNED - MACHINE GUN ETIQUETTE (1979)


Nouveau Départ

Avec « Machine Gun Etiquette », les Damned démarraient en 1979 un nouveau chapitre de leur interminable histoire. Aujourd’hui, après avoir été plus ou moins les premiers, ils doivent être le plus vieux groupe punk du monde, ce qui est assez paradoxal pour des tenants du slogan « no future ».
Pourtant pas grand monde aurait misé un glaviot sur eux, quand après deux disques, leur guitariste Brian James est parti former les très intéressants Lords of the New Church. Brian James, c’était le Keith Richards punk, le Riffmaster de la nouvelle vague. Le meilleur look guitare au poing, autrement plus flashy que Strummer ou les Jones (Steve et Mick). Pas pour autant qu’il savait en jouer comme la réincarnation d’Hendrix, mais de toutes façons c’est pas ça qu’on lui demandait.
Remplacé au sein des Damned par un bassiste venu de Saints en pleine débandade, et par un subtil ( ? ) jeu de chaises musicales, c’est le Captain Sensible qui se retrouve à la guitare. Et (à moins que ce ne soit pas lui qui joue en studio, ce qui est dans le domaine du possible) assez curieusement, le simplet Captain ne s’en sort pas trop mal …
Il y a des choses qui envoient le bois grave sur ce « Machine … ». Des trucs bien punks, c’est à dire simples, bêtes, méchants, mais efficaces (le hooliganesque morceau-titre, « Noise, noise, noise », « Liar »). Quelques fois, pour rire, une longue intro (parfois même au piano) fait croire à une ballade, avant qu’arrive la foudre (« Melody Lee », « Smash it up », cette dernière paraît-il hommage à T Rex, ils ont bien fait de le faire savoir, j’avais pas remarqué).
Et puis des choses qui s’écartent, souvent avec bonheur, du simplissime binaire martelé (la power-pop de « Love song », très grand titre, l’étrange « Anti-Pope », plein de breaks et de guitares martiales). Et aussi des incursions vers des territoires musicaux inattendus chez des punks de chez punk. De la new wave à tendance pompiero-lyrique (« I just can’t be happy today »), qui fera les délices des fans de Simple Minds et autres Psychedelic Furs, voire un morceau baroque et gothique (« These hands »), annonciateur lui, de la prochaine orientation musicale des Damned … Et pour l’anecdote, une reprise du « Looking at you » du MC5, qui n’arrive pas à la cheville de l’original.
C’est cette diversité qui empêche ce disque d’être un lourd pavé monolithique, aussi la juxtaposition de trois farfelus, le Captain et ses potacheries, Rat Scabies qui avant d’être chercheur de trésors cathares était un très bon batteur, et Dave Vanian un superbe chanteur sous ses oripeaux gothiques et son fond de teint…
Un Cd maintes fois réédité, sous plusieurs pochettes différentes, avec parfois quantité de bonus plus ou moins dispensables, dont une reprise du « Ballroom Blitz », le classique glam rustaud des Sweet …
Tiens, et pour finir, une histoire que pas grand monde doit connaître. C’est en déchiffrant et en épelant difficilement et phonétiquement le titre de ce disque qu’on lui passait, qu’un bassiste japonais provoquera l’hilarité de ses potes, et ses borborygmes hésitants seront le nom de baptême d’un des plus furieux groupes garage que la Terre ait jamais porté : Thee Michelle Gun Elephant…


THE JAM - GREATEST HITS (1991)



Pour une première approche
Pendant quelques années, fin 70’s début 80’s, les Jam ont connu chez eux en Angleterre une popularité immense. Comme en d’autres temps Beatles, Queen ou Oasis. Les Jam furent des stars chez eux, et pratiquement inconnus ailleurs.
Partie intégrante de la vague punk, ils se différencieront de leurs collègues par leurs goûts musicaux. Alors que les autres, Clash en tête, étaient branchés reggae et rock’n’roll des origines, Paul Weller et ses deux comparses vénèrent la période mod sixties (Who, Kinks, …) et la musique soul noire américaine (celle des labels Stax, Atlantic, Motown, …). Ces influences transparaissent dans les reprises (« David Watts » des Kinks) ou les compos originales (« Town called Malice » est basé sur une rythmique Tamla-Motown avec un break de batterie similaire à celui de « You can’t hurry love » des Supremes).
Ce « Greatest Hits » donne en une heure un aperçu de la carrière du groupe. Et même si on peut regretter que cette compilation soit un peu trop axée sur les dernières années du groupe au détriment des débuts plus intéressants, elle regroupe tous les essentiels et incontournables des Jam.
Ceux qui voudraient aller plus loin iront voir du côté de « Snap ! » autre compilation plus étoffée en deux Cds, les plus fortunés s’offriront le coffret « Direction Reaction Creation » ou les albums du groupe (une demi-douzaine).


Des mêmes sur ce blog :
In The City



LES PLUS GRANDS SUCCES DU PUNK - VOLUMES I & II



France, terre punk ?

C’était en tout cas la première fois dans les annales de la musique qui rocke et qui rolle qu’on n’avait pas quelques wagons de retard. Comme en Angleterre (les Etats-Unis, c’était trop loin, on savait moins ce qui s’y tramait), une multitude (enfin, quelques personnes) de jeunes mal coiffés, fans de disques «  bizarres » et bruyants (de Captain Beefheart à Dr Feelgood, ça ratissait tout de même large, fallait surtout pas que ça ressemble à Genesis ou Deep Purple) allaient vouloir faire de la musique, alors que dans le meilleur des cas ils n’étaient même pas foutus d’accorder une guitare, et ne parlons même pas d’en jouer…
Une poignée de lieux, d’individus, serviront de catalyseurs. Et tant qu’à n’en retenir qu’un, autant que ce soit Marc Zermati, dont le magasin de disques à Paris (l’Open Market) servira de lieu de rassemblement et de ralliement. Instigateur de ce qui doit être le premier festival punk européen (les improbables arènes de Mont de Marsan en août 1976), fondateur d’un label « militant » (Skydog), c’est évidemment lui que l’on retrouve à l’origine de cette compilation.
Déclinée en deux épisodes (il y aura une suite « Volume II : Le Retour », comprenant peu ou prou les mêmes groupes, avec d’autres titres). Evidemment, il n’y a aucun « succès » au sens NRJ du terme. Et d’ailleurs pas que des « punks » (c’est quoi un punk ?). Juste une collection de titres par des gens apparus à la même époque, à Paris ou en province, adeptes du « do it yourself », dans des genres musicaux assez hétéroclites. Il y a un monde qui sépare, tant par les racines ou les cultures musicales, le doo-wop 50’s  assez académique des Rockin’ Rebels et la bouillie sonore de, au hasard, Dentiste ou Abject … Mais chez tous, la même envie, la même urgence, de faire de la musique, ou au moins d’essayer de faire quelque chose qui y ressemble.
Bien peu de groupes présents continueront l’aventure, affineront leur propos, feront une « carrière », Little Bob Story et les Dogs faisant figure d’exception. Encore que leur carrière se mesure davantage en terme d’estime qu’en terme de fortune amassée pendant des années, voire des décennies de galères …  Il y a les « légendes » du mouvement, ceux devenus « culte » à titres divers, ou qui comptaient en leur sein des gens dont on a reparlé. Les Olivensteins des frères Tandy et leur géniale profession de foi « Fier de ne rien faire », les Asphalt Jungle (très mal joué, très mal chanté, donc excellent) du journaliste Patrick Eudeline, le fracas des gros riffs et de la boîte à rythmes de Metal Urbain annonciateur des Bérus, le Taxi Girl de Mirwais et Daniel Darc, punks et new wave en même temps, l’« ancêtre » Jean-Pierre Kalfon et son Kalfon Rock Chaud totalement obnubilé par les New York Dolls, les Scooters (futurs Starshooter) pour une reprise parodique du « Sweet Jane » de Lou Reed que Kent transforme en « Hygiène » (en fait, ce titre est un fake, les Scooters ne l’ont jamais enregistré, et il a été « refait » entre les deux premiers disques de Starshooter).
Les autres, ceux que l’histoire, qu’elle soit grande ou petite, a plus ou moins oubliés (Electric Callas, Marie & les Garçons, Lou’s, Pura Vida, Guilty Razors, Calcinator, 84, …), sont là aussi, pour démontrer qu’à Paris comme en province, ça bougeait, ça s’agitait au son de rythmes plutôt frénétiques.
Sont exclus des groupes apparus à la même époque (Ganafoul, Trust, Téléphone, …), oeuvrant dans des registres et des genres moins novateurs, plus conventionnels.
Par contre manquent sur cette compilation (et la suivante) les Stinky Toys, de Elli Medeiros et Jacno, pourtant rattachés à la scène punk française, et parmi les plus connus (ils ont tourné en Angleterre) de toutes ces formations bouillonnantes et électriques.
Quelques mois après cette « vague » française, le succès en Angleterre des Damned, Pistols et autres Clash, tirerait vers l’oubli ces quelques froggies novateurs …