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PETER GABRIEL - PETER GABRIEL I (1977)


Faux départ

Scoop : Peter Gabriel a eu des cheveux
Premier disque solo de Peter Gabriel après son départ de Genesis, où il se sentait bridé et à l'étroit. D’entrée c’est pas très bon avec le pompeux et théâtral « Moribund the Burgmeister » qui rappelle … Genesis. Et ainsi, au fil des plages, c’est plus de la moitié du Cd qui est de la sorte, enchaînant les morceaux pompiers et grandiloquents, si bien que l’on peut se demander pourquoi quitter un groupe pour faire en solo à peu près la même chose ?

Palme du morceau foiré : « Down the Dolce Vita », sorte de hard-disco-funk genre « I was made for lovin’ you » des clowns de Kiss. Dans l’autre plateau de la balance, car Peter Gabriel n’est pas le premier venu et le temps le montrera, deux morceaux merveilleux : « Solsbury Hill » et ses sautillantes sonorités celtiques, et le très beau « Here comes the flood ».

Débuts solo en demi-teinte et pas franchement enthousiasmants.

Du même sur ce blog :






PENGUIN CAFE ORCHESTRA - MUSIC FROM THE PENGUIN CAFE (1976)


Classique et punk ?

Penguin Café Orchestra, avec son nom zarbi et ses pochettes surréalistes a de quoi intriguer, voire inquiéter de prime abord. Projet-concept emmené par Simon Jeffes, musicien venant du classique avec tout le background qui va avec. Un type qui se retrouve au milieu des années 70 en rupture avec les codes rigidifiés du classique, et consterné par la vacuité prétentieuse de ceux qui s’en inspirent dans le rock, à savoir les besogneux du prog …

Penguin Cafe Orchestra veut autant proposer une forme musicale que se moquer des existantes. Adoubé par Brian Eno (référence lourde à supporter tant l’ex Roxy Music est capable du meilleur comme du pire), qui signe Jeffes sur son label Obscura, le groupe publie en 1976 ce premier disque.

Qui tient autant de la musique de chambre, que du baroque ou de la pop. Piano, clavecin, cordes, dominent tous les titres. Mais plutôt que de se livrer à une démonstration virtuose, Jeffes place la simplicité au centre de sa musique. Des mélodies très belles, d’une évidence désarmante, montrent que le gars sait composer. Par principe résolument loin de tout effet ou considération commerciale, ce disque est infiniment accessible.

Assez déconcertant cependant si on l’écoute en faisant abstraction du contexte de sa réalisation. Essentiellement instrumental, tendant quelquefois vers l’expérimental pur et dur (« Pigtail » et sa guitare folle), ne fonctionnant pas toujours au premier degré (le seul court titre chanté l’est faux, on suppose volontairement), ce « Music … » s’articule autour d’une longue pièce centrale « The sound of someone … », à la force mélodique qui a dû rendre jaloux Vangelis et faire pleurer de dépit Jarre ou Wakeman …

Ce grand coup de pied dans tout un tas de fourmilières musicales s’apparente d’évidence à ce qu’allaient faire à la même époque les punks, avec des arguments de base diamétralement opposés. Les uns revendiquant leur non-technique pour s’exprimer, les autres se servant d’une technique très au-dessus de la moyenne pour dénoncer les tenants d’un certain conformisme musical …

Le reproche que l’on peut faire à Jeffes et son Penguin Cafe Orchestra, c’est de parfois ressembler d’assez près à ce dont il tient à se démarquer. Le « groupe » existera avec une audience très confidentielle jusqu’à la mort de Jeffes au début des années 2000. Groupe culte par excellence …



THE MOODY BLUES - DAYS OF FUTURE PASSED (1967)


Pour Nights in white satin ...

Qu’en serait-il advenu de ce second disque (tout le monde a oublié le premier) des Moody Blues s’il ne contenait pas le fabuleux « Nights in White Satin » ?

Vraisemblablement un de ces disques « cultes » inaudibles que quelques maniaques fans de prog-rock s’arracheraient à coup d’enchères surréalistes sur eBay.

Moody Blues 1967
Car « Days … » n’est rien d’autre dans son concept qu’une de ces sottises musicales comme en ont produit quelques uns dans les 60’s, où, sous l’effet de divers puissants psychotropes et de mégalomanie galopante, des musiciens pop se prenaient pour de grands compositeurs « classiques ». C’est écrit sur la pochette, ce disque est la collaboration du groupe et du London Festival Orchestra (?). Autour d’ambiances censées évoquer le déroulement d’une journée, il aligne pendant plus de trente minutes mélodies simplistes genre comptine enfantine enrobées de moult cordes et violons.

C’est bien connu, quand le rocker s’attaque à la « Grande Musique », le résultat est soit très moyen (« Tommy » des Who, quelques trucs du Floyd, « Boulez conducts Zappa », …), soit ridicule (Deep Purple « Concerto for group and orchestra », Joe Jackson « Will power », McCartney « Liverpool oratorio », …). Sans même parler des guignols du prog-rock, les pires de tous.

« Days of Future Passed » est un Cd à avoir. Mais juste pour écouter « Nights in White Satin » en boucle.


YES - YESSONGS (1973)



Pour un usage unique

Triple 33 Tours (!) sorti en 1973 et retraçant la tournée mondiale effectuée en 1972, « Yessongs » prouve au moins une chose : les Yes sont capables de jouer sur scène les indigestes pièces montées de leur « répertoire ».
Insupportable en version studio, l’ « œuvre » de Yes, sommet de prétention vaniteuse, passe à peine mieux l’épreuve de la scène. Morceaux à rallonges et solos (inter)minables, il n’y a rien à sauver de ce kougloff sonore.
« Yessongs », c’est un peu comme le « Metal Machine Music » de Lou Reed, un truc à écouter une fois dans sa vie, et à oublier ensuite pour le restant de ses jours.


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PINK FLOYD - THE DARK SIDE OF THE MOON (1973)


Une musique venue d'ailleurs ?

« Gini … Pink Floyd … un goût et une musique venus d’ailleurs ». Le « partenariat », signé pour la tournée européenne du Floyd en 1974, avec l’espèce d’eau de Javel aromatisée pour ados des années Giscard, fut moyennement (doux euphémisme) apprécié par les fans, et le groupe s’empressa de résilier le contrat publicitaire …
De ce côté-là aussi, le Floyd faisait tomber toutes les barrières, repoussait toutes les limites. Oh, certes, il n’y avait plus que quelques maniaques auditeurs du Grateful Dead pour croire que la musique devait être gratuite et éloignée de toute contingence matérielle, mais Pink Floyd allait enfoncer une porte (bien entrouverte, et depuis longtemps) où tous les autres groupes allaient s’engouffrer, ou du moins essayer… Le morceau-phare de « Dark side … », « Money », et ses bruits de tiroirs-caisse en intro était en quelque sorte prémonitoire. 
« Dark side … » est un disque hors-norme, résultant d’un travail en studio jamais effectué auparavant. Relégués aux oubliettes les quatre mois d’enregistrement sur huit pistes de « Sgt Pepper’s … », les semaines à capter ce qui sortait de la cave de Nellcote pour « Exile … ». Les possibilités infinies de la stéréo sont poussées dans leurs derniers retranchements par Alan Parsons, une console seize pistes est pour la première fois utilisée. Tout cela pour un disque dont tous les titres sont déjà joués depuis des mois en public. Le résultat dépassera tout ce qui était connu, et pendant dix ans, pas un vendeur de hi-fi digne de ce nom, ne fera une démonstration de matériel sans faire tourner « Dark side … » sur la platine … Il y aurait largement de quoi remplir d'interminables feuillets, rien qu’en énumérant les bruitages, battements cardiaques, bribes de conversations, effets stéréo tourbillonnants sur la musique, de phasing sur les parties chantées. Un sujet de discussion à laisser aux maniaques du high-tech qui remplissent les forums de ratiocinations audiophiles au gré des rééditions et remastérisations du disque.
Non, « Dark side .. », c’est autre chose, beaucoup plus que du joli son … Le Floyd place la barre très haut, trop haut en tout cas pour tous les besogneux qui croupissent dans le marigot du rock progressif , genre dans lequel le groupe se retrouvait plus ou moins étiqueté. Les rôles dans Pink Floyd sont pour la dernière fois bien définis : Waters s’occupera du concept et des textes (la paranoïa, le repli sur soi, l’incommunicabilité, thèmes que dès lors il ne cessera de développer jusqu’à plus soif), Gilmour et les autres peaufineront la musique. Chacun apporte sa pierre à l’édifice, « Dark side … » est un disque collectif. Par la suite, les trois autres, le doigt sur la couture du pantalon, ne seront plus là que pour mettre en sons ce que leur imposera Waters …
Le Floyd réussit en 1973 à faire une musique d’avant-garde (disque d’ambient ? de new age ? easy listening ? d’electronica ? de french touch ? …) accessible à tous, cultivant au passage nombre de paradoxes. Sophistication extrême ? La plupart de ceux qui l’ont acheté dans les 70’s l’écoutaient sur des électrophones au mieux dotés d’une paire de cubes en bois à une voie tenant lieu d’enceintes hi-fi … Pas « facile »,  pas commercial, « Dark side … » va se vendre par millions pendant des décennies. Européen, poussant au paroxysme des formes musicales typiques de l’Angleterre ou de l’Allemagne (prog et krautrock), le disque va rester douze ans dans le top 50 des ventes aux Etats-Unis … 
Hormis quelques glouglous de Moog aujourd’hui un peu datés, ce disque est toujours aussi neuf près de quarante ans après sa sortie. Il a marqué au fer rouge tous ceux qui étaient là pour l’entendre dans les années 70, c’était le disque des fins de nuit, quand on avait quinze ans, qu’on voulait faire et défaire le monde, mais qu’il fallait bien rentrer, et espérer pas croiser le vieux qui allait trimer dans les escaliers. Et ceux que le premier décollage stratosphérique de la gratte de Gilmour sur « Time » a laissés de marbre, ceux qui n’ont pas été scotchés à la première écoute de « Big gig in the sky », rythme de baise, voix de braise de Clare Torry, et bien ces gens-là ne  doivent pas avoir d’oreilles, ou pire, de cœur …


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The Piper At The Gates Of Dawn