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THE MAMAS AND THE PAPAS - IF YOU CAN BELIEVE YOUR EYES AND EARS (1966)

 

Quand tous les rêves étaient permis ...

Les Mamas & Papas ont été précurseurs et chefs de file de ce sous-genre de la pop qu’on a appelé sunshine pop. (Epi)phénomène qui a eu son quart d’heure de gloire dans l’Amérique de la fin des 60’s, quand quelques petits malins (surtout producteurs) ont mélangé les aspects « positifs » du psychédélisme (« everybody needs somebody », ce genre de philosophie) avec la pop la plus « facile » (celle qui cartonnait dans les charts, genre Beach Boys ou Beatles). Les groupes sur lesquels tout le monde est à peu près d’accord pour les ranger sous l’étiquette « sunshine pop » s’épèlent 5th Dimension, Left Banke, Sagittarius, Turtles, Rascals, Grass Roots, Monkees, … Et les Mamas & Papas (même si c’est un peu plus compliqué, on va en causer), ne serait-ce que parce qu’ils ont écrit et chanté l’hymne définitif de la sunshine pop, « California dreamin’ ».

John & Michelle Phillips, Mama Cass Elliot & Denny Doherty

Bon, « California dreamin’ », en 2’30, c’est la plus belle et plus emblématique chanson des années 60. Et donc forcément suivantes, parce qu’on a perdu depuis la recette (dénigrés les auteurs-compositeurs parce qu’il fallait en plus être interprète, on s’est compliqué la vie avec des machins amphigouriques, on a déstructuré, on s’est focalisé sur le son et les arrangements, sans compter tous ceux qui ont pris le melon et se croyaient les Bach de la musique pour jeunes …). Enfin on a voulu faire compliqué quand par hasard on était capable de faire simple, une intro, des couplets, des refrains, un pont, et basta … « California dreamin’ » est écrite par John Phillips alors qu’il se gelait à New York et qu’il se disait que s’il arrivait à faire son trou dans le music business (il composait, chantait correctement, et gratouillait une guitare) il irait s’installer à Los Angeles. Tout ça tient en un couplet, le second fait une référence assez énigmatique à la religion. Le premier couplet est chanté par John Phillips, le second par Denny Doherty, Mama Cass Elliot et Michelle Phillips assurant les chœurs. Et au milieu du titre, une pointure du jazz, Bud Shank, vient signer le solo de flûte le plus célèbre de la pop. Ici, le lecteur fidèle se dit wtf, on y comprend rien, mais qui sont ces gens-là, pas de souci, lecteur fidèle, je te raconte tout le truc …

Au départ, le couple dans la vie John et Michelle Phillips. Lui, j’en ai causé au-dessus, rien à rajouter sinon que c’est une grande asperge ayant souvent la risible idée de se coiffer d’une toque en fourrure. Elle, c’est une des deux plus belles blondes des sixties (l’autre étant la cycliste Nico), tout juste bonne à filer un coup de main à son John pour composer un titre (elle est co-créditée pour « California dreamin’ » c’est son banquier qui est content) et assurer des chœurs feignasses (l’essentiel du boulot est fait par Mama Cass). Mais son principal intérêt ne réside pas vraiment dans ses dons musicaux, voir la vidéo plus bas lors d’un passage du groupe (en furieux play-back au Ed Sullivan show) difficile de la quitter des yeux alors que raide déf, elle oublie totalement le titre pour grignoter une banane, déplacer une phallique borne d’incendie factice, jouer avec un ballon aussi large que Mama Cass, mais qu’elle réussit à manquer quand elle veut lui donner un coup de pied. Grand moment de télévision psychédélique …


Donc le couple Phillips bricole dans le music business et accepte n’importe quelle session de studio comme choristes, et sait-on jamais, refiler à qui en voudrait bien une composition de John. Au gré de sessions, ils rencontrent un Canadien, Denny Doherty. Ce dernier appelle à la rescousse une de ses connaissances Cass Elliot, au fort tonnage et à triple menton, mais à la voix d’or. Les quatre décident de jouer ou plutôt chanter ensemble, et partent se mettre « au vert » dans les Îles Vierges américaines, d’où le gouverneur les expulsera (« pas de hippies chez moi »). Après avoir fait les chœurs d’un album oublié du non moins oublié Barry McGuirre, John (et Michelle) proposent au producteur Lou Adler la maquette de « California dreamin’ » qui tergiverse avant de signer les quatre pas vraiment fab. Comme ce couillon de John a refilé son titre à Barry McGuirre, celui-ci veut aussi l’enregistrer. Les deux versions sortiront à quelques jours d’intervalle et ce sont les tout nouveaux Mamas & Papas qui tirent les marrons du feu.

Evidemment, le malin Adler ne laisse pas retomber le soufflé et envoie sa bande des quatre en studio pour un trente-trois tours et somme John Phillips d’écrire d’autre hits. Ce sera chose faite avec « Monday Monday », et dans une bien moindre mesure « Go where you wanna go ». Une équipe de fines lames de studios est recrutée sous le commandement du batteur Hal Blaine, homme de base du Wrecking Crew, l’orchestre de Phil Spector, qui en quatre décennies de carrière aurait soi-disant battu la mesure sur plus de trente mille titres (!). Equipe réduite (pas la peine de faire du boucan, y’en a quatre au chant), avec P.F. Sloan (guitariste mais aussi compositeur, il amènera un titre), Larry Knatchel (piano) et Joe Osborn (basse). Le résultat sera ce « If you can believe your eyes and ears », dont au passage la pochette originale sera censurée. Pas à cause des quatre dans la même baignoire, mais à cause de chiottes en bas à droite, qui seront recouvertes d’une espèce de parchemin genre sticker annonçant les titres forts de la galette à mesure que ces titres grimpaient dans les charts. Par contre la mauvaise orthographe ("Mama's et Papa's") a perduré tout au long des rééditions.

Cachez cette cuvette que je ne saurai voir ...

A l’écoute des douze titres, on se rend compte qu’artistiquement, le maillon faible du quatuor est Michelle Phillips (de toute façon, elle a même pas besoin de chanter pour capter tous les regards). Son John de mari est un peu meilleur, mais moins bon chanteur que Denny Doherty, capable d’aller chercher des registres soul. Moins cependant que Mama Cass qui chante lead sur deux titres qu’elle sauve de la noyade (« Somebody groovy » et « In crowd ») et tire vers le haut « Hey girl » et son joli pont de basse.

Outre « California dreamin’ », l’autre gros succès du disque sera « Monday Monday », mélodie first class, harmonies vocales exceptionnelles, arrangements et pont mirifiques. Et pour assurer le coup, on va glisser quelques reprises. Et du lourd. « I call your name » est signée Lennon-McCartney. C’est un titre pré-Beatles de Lennon, qu’on ne trouve pas sur les albums officiels anglais, mais sur les américains et sur les compiles « Past masters ». Sous la houlette de Mama Cass, chanteuse principale sur le titre, ce morceau assez anecdotique dans sa version originale voyage du côté de la musique caraïbe et du jazz New Orleans. Au moins au niveau de l’original … « Do you wanna dance » du one-hit wonder Bobby Freeman est à la base un rhythm’n’blues sur un tempo rapide. Très souvent reprise (des Beach Boys aux Ramones en passant par Cliff Richard et Bette Midler), elle l’est quasiment toujours sur un tempo vif et entraînant. Les Mamas & Papas en donnent une version lente, genre fin de party désabusée. La meilleure version que je connais de ce classique. La troisième reprise, « Spanish Harlem » est aussi dans le trio des meilleurs titres de « If you can … » et pourtant, là aussi, c’est un classique moultes fois entendu. Dans sa version originale par Ben E. King, puis plus tard par Aretha Franklin, pas vraiment des premiers venus derrière un micro. Grâce à des arrangements de génie, là aussi, la meilleure version est celle des Mamas & Papas.

Après les sommets, la noyade ...

Qui ne se cantonnent pas à un registre qu’on pourrait qualifier de lounge si le terme avait existé à l’époque, témoin « Straight shooter » autre compo de John Phillips, sur un tempo nettement plus rock, en gros le meilleur titre que les Byrds imitant les Beatles avaient oublié de sortir. Malgré tout, il y a quand même une baisse de qualité vers le dernier tiers du disque, les morceaux sont moins marquants.

Le succès ouvrait grand les bras aux Mamas & Papas (prestation remarquée au Monterey Pop Festival l’année suivante). C’était sans compter sur le couple Phillips. Le John va se révéler incapable de composer de nouveaux grands titres. Enfin, presque. C’est le manager-producteur Lou Adler qui refusera que les Mamas & Papas enregistrent un de ses titres, préférant le refiler à un inconnu dont il voudrait lancer la carrière. L’inconnu, c’est Scott McKenzie, et le titre, évidemment, « San Francisco », hit galactique de 1967. Les Mamas & Papas, auront beau en sortir une belle version, c’est trop tard. Et l’inspiration de John Phillips va se tarir aussi soudainement qu’elle s’était révélée. Faut dire aussi que sa belle épouse va lui en faire voir de toutes les couleurs. Une première liaison avec Gene Clark (ex Byrds) va jeter un gros coup de froid pendant l’enregistrement du second album du groupe. Mise en bouche, osera-t-on. La suite va affoler les tabloïds. Elle quitte momentanément John pour Denny Doherty, ce qui entraînera de fait le split des Mamas & Papas, même si le groupe durera officiellement jusqu’en 1971. On retrouvera la belle Michelle mariée à la fin des sixties avec un autre cramé notoire, Dennis Hopper. Le mariage durera huit jours (un record qui ne sera égalé que par Axl Rose avec la fille d’un des Everly Brothers), avant que l’ex-Madame Hopper ne soit vue un temps au bras de Jack Nicholson … quand je vous disais que c’est le genre de blonde qui ne passe pas inaperçue …

« If you can believe … » est un polaroïd d’une époque, entre pop et psychédélisme. Totalement anecdotique pour une large majorité. Certes, mais rigoureusement indispensable tout de même …


KATE BUSH - HOUNDS OF LOVE (1985)

 

Le Mépris ...

« Tu les trouves jolis, mes hits ? », « Et mes ambiances celtiques ? », « Et mes titres expérimentaux, tu les trouves jolis ? » …

Oui, Kate, je les trouve jolis …

Mais comme le chef-d’œuvre de Godard, le chef-d’œuvre de Kate Bush n’est pas un truc facile. Ça peut rebuter … Parce que « Hounds of love » est un disque déstabilisant, une Œuvre, sans le côté prétentieux qu’on attribue généralement au mot.


Kate Bush est une artiste atypique. Rattachée quasi accidentellement au rock-pop-machin. Elle vient de la musique et de la danse classiques, comme toute bonne fille de famille bourgeoise anglaise qui se respecte dans les années 70. Premier choc, elle aurait (conditionnel, mais imprimons la légende) fait partie (à 15 ans) des quelques centaines de privilégiés qui assistent à la « mort » de Ziggy Stardust le 3 Juillet 1973 au Hammersmith Odeon. Quelques semaines plus tard chez ses parents, elle joue en s’accompagnant au piano des chansons qu’elle a composées, devant l’ami d’un ami de la famille. Qui s’appelle David Gilmour et promet que quand Pink Floyd lui laissera un peu de temps libre, il amènera la gamine en studio. Il faudra attendre trois ans pour les premières séances, et deux de plus pour la sortie du premier single « Wuthering Heights ». Number one dans les charts anglais, une première pour une femme auteur-compositeur-interprète. Le fait que tous les collégiens anglais aient lu « Les hauts de Hurlevent » aidera au succès du titre. Mais la mélodie difficile au piano et les trois octaves (comme Joan Baez ou Laura Nyro, liste à peu près close) tout en haut des aigus de Kate Bush n’y sont pas pour rien. Et pendant deux ans, Kate Bush va voir sa popularité croître. Elle sort des disques, assure la promo. Et donne des concerts. Au sujet desquels le mot féérique est celui qui revient le plus souvent (les fringues à base de voiles vaporeux, la chorégraphie venue de ses années de danse classique, les fumigènes, les ambiances lumineuses en clair-obscur). Dès le départ, Kate Bush contrôle tout, et forcément, les frictions avec le music busines (EMI en l’occurrence) pointeront vite le bout de leur sale museau. En 80, basta, Kate Bush fait savoir qu’on ne lui imposera rien, qu’elle fera des disques quand elle en aura envie et qu’elle ne se produira plus sur scène (elle tiendra parole plus de trente ans). Un autre gros hit (« Babooshka ») la met définitivement à l’abri du besoin. Afin d’être totalement autonome, elle se fait construire son propre studio, et hormis son bassiste-compagnon Del Palmer, n’a plus de « groupe » attitré, elle emploie des musiciens au gré des besoins de ses titres. C’est elle qui produira ses disques, remixant ou réenregistrant complètement (comme Manset) des titres lors de rééditions ou sorties de compilations … Le fameux « Complete Control » que n’a jamais eu le Clash, c’est cette petite bonne femme qui l’obtiendra …


Revers de la médaille, vers le milieu des 80’s, Kate Bush décline commercialement, l’Angleterre faisant une fixation sur les « nouveautés », encensées un jour, portées au gémonies le lendemain. Lorsque qu’elle s’attaque fin 83 à « Hounds of love », son cinquième album, Kate Bush ne peut plus tenir sur ses acquis. Elle doit convaincre. Et évidemment, elle va s’y prendre d’une façon assez singulière. « Hounds of love » est à peu près ce qu’on a l’habitude de qualifier de suicide commercial. Un concept-album pour faire simple. Comme tous ceux qui font de la musique « sérieuse », c’est-à-dire prétentieuse et insupportable. Sauf qu’avec Kate Bush ça ne se passe comme avec tous les vulgaires maltraiteurs de gamme œuvrant dans le prog, genre auquel on l’a quelquefois paresseusement rattachée. « Hounds of love » est un disque « à l’ancienne » et novateur en même temps. A l’heure où il n’est plus question que de raisonner en termes de Cd, « Hounds of love » est conçu comme un trente-trois tours. En gros, une face chanson (« Hounds of love ») et une face expérimentale (« The ninth wave »).

La face « chansons » générera quatre singles (pour cinq titres). Plus connu, le titre d’ouverture, "Running up that hill". Polyrythmies ondulantes, mélodie complexe, évolutive, mais instantanément mémorisable, voix comme d’hab très haut perchée, "Running up that hill" finira en troisième position des hits anglais. Un titre immortel, ne serait-ce que parce qu’il a eu plusieurs vies. Kate Bush le remixera en 2012 à l’occasion des J.O. de Londres. Sixième dans les charts. Et puis l’improbable total se produira. En 2022, Kate Bush est contactée par les producteurs d’une série télévisée Netflix, « Stranger things », qui veulent utiliser le titre comme générique de leur prochaine saison. Discussions, accord. Et là, en quelques semaines, le titre devient viral sur les réseaux sociaux pour « jeunes ». Records de streaming sur Spotify, heavy rotations sur les radios, et titre qui trente sept ans après sa sortie devient numéro un dans plusieurs pays dans sa version originale, du jamais envisagé, même pas en rêve par qui que ce soit … "Running up that hill" est forcément le titre classique de Kate Bush. Mais pour moi il y a encore mieux sur ce disque. C’est « Cloudbusting », chanson au thème pour le moins étrange, morceau en hommage à un inventeur malade (Peter Reich) du cloudbuster, machine censée faire pleuvoir en utilisant des particules orgasmiques présentes dans l’atmosphère. Un titre qui suit une progression d’accords inexorable, et il me semble bien assez similaire au « Boléro » de Ravel. Pour moi de loin la masterpiece de toute la carrière de Kate Bush, avec un clip « expended » scénarisé par Terry Gillian, avec Donald Sutherland dans le rôle du maboule professeur et Kate Bush dans celui de son fils. Apparemment un titre trop bon pour les charts de l’époque, où il ne fit qu’une carrière modeste.


Sont également sortis en singles le morceau-titre « Hounds of love » (grosse batterie hyper compressée, musique linéaire, tout repose sur la voix de Bush) et « The big sky », ballade emphatique, lyrique avec des schémas complexes, qui évoque fortement le son de « So » le disque de Peter Gabriel qui sortira l’année suivante (normal, les deux s’appréciaient, échangeaient beaucoup, et Kate Bush participera à plusieurs morceaux du Gab, qu’elle ne sauvera pas toujours de la médiocrité, voir ou plus tôt écouter « Don’t give up »). Dernier titre de la face « Hounds of love », la belle ballade « Mother stands for comfort » qui ne dépare en rien le niveau très élevé de cette première partie du disque.

La suite (car la plupart des titres sont enchaînés) « The ninth wave » réussit à agglomérer tout et son contraire, des épures au piano à de l’expérimental total. Surprenante au premier abord, cette « suite » se mérite. Du piano-voix inaugural (« And dream of sheep »), à la légèreté finale de « The morning fog » (on boucle la boucle, c’est très proche du son, de l’ambiance et des rythmes de la première face). En utilisant des bandes accélérées et/ou passées à l’envers, des dialogues de films, des brisures de rythmes (« Waking the witch » en est le meilleur exemple, avec en plus un sample des hélicos qu’on entend sur « The Wall » du Floyd). Autant le vague concept de la première partie a du sens avec ses ambiances ou paroles mystiques ou ésotériques (elle devait s’appeler au départ « A deal with God », l’expression n’a été conservée que comme sous-titre de la chanson « Running up that hill »), autant j’ai jamais compris cette histoire de neuvième vague tant elle rassemble des titres hétéroclites. Alors c’est expérimental (dans la mesure où c’est pas des choses qu’on entend généralement dans un disque « grand public », et surtout pas le temps d’une face vinyle entière), mais c’est facilement abordable, très écoutable (sinon, Kate Bush ou pas, j’aurais dit que c’était de la daube). Deux titres sont plus « faciles » de prime abord, le très celtique « Jig of life » (enjoué, entraînant, qui ne déparerait pas le répertoire des Chieftains et rendrait tous nos bardes chevelus bretons plus supportables), et la pièce majeure de cette face « Hello Earth ». Ce bonjour à la Terre est le morceau le plus long du disque (plus de six minutes, commencé comme une ballade, le chant grégorien d’une chorale en partie centrale, des voix murmurées et des synthés pour finir).


Lors de sa sortie, « Hounds of love » renforcera si besoin était la crédibilité et l’originalité artistique de Kate Bush. Malgré ses quatre singles, ce sera une bonne vente sans plus. Très certainement en dessous des objectifs d’EMI, qui n’attendra que quelques mois pour sortir une compilation (« The whole story », un seul inédit, pas extraordinaire), mettant un terme à la première partie de l’œuvre de Kate Bush. Qui dès lors, se fera beaucoup plus rare discographiquement (quatre albums en vingt deux ans). Bizarrement, alors que dans le « métier » on fait tout pour faire parler de soi et perdurer pour rester en haut de l’affiche, plus Kate Bush se fera discrète, plus elle sera citée comme référence (et pas seulement dans le milieu musical) …

« Hounds of love », c’est classique et novateur en même temps … comme les meilleurs Godard …



De la même sur ce blog : 

The Kick Inside


KID CREOLE AND THE COCONUTS - TROPICAL GANGSTERS (1982)

 

Wonderful thing (and babies) ...

La rumeur bruissait depuis quelques mois (depuis 1980). Il y avait à New York une attraction scénique majeure, comme on n’en avait pas vue et entendue depuis … comme on n’en avait jamais vue et entendue en fait. Kid Creole et les Coconuts, avant toute autre chose, c’est un show, un spectacle. Autre chose que les types en tee-shirt et baskets à la ville comme sur scène, autre chose que les shows sanguinolents d’Alice Cooper, les tenues Kiri le Clown revisitées Marvel de Kiss, les godes gonflables des Stones et les murs construits live par le Floyd …


Kid Creole remettait à l’honneur les tenues de scène à base de costards rutilants, comme à la grande époque des revues Stax ou des JB’s de Jaaaaames Brown dans les sixties, avec un show apparemment loufoque mais réglé au millimètre. Une dizaine de types sur scène (batteur, percus, basse, guitares, claviers, section de cuivres), plus August Darnell (alias Kid Creole) à la guitare et au chant, le vibraphoniste contorsionniste Andy Hernandez (alias Coati Mundi), Adriana Kaegi (claviers, chant et bomba latina ou plutôt suisse), et les trois Coconuts (chœurs court vêtus).

Des rythmes endiablés à base de funk, de soul, de disco, de musiques latinos ou caraïbes assuraient déjà une chaude ambiance que les quatre girls portaient à l’incandescence. Et alors que Kid Creole est typiquement et strictement new-yorkais, c’est en Europe que le groupe aura du succès … Ce qui peut s’expliquer par l’appartenance au label ZE Records. Label new-yorkais fondé par deux européens expatriés, l’Anglais Michael Zilkha et – cocorico – le Français Michel Esteban, spécialisé dans la new wave de la new wave en quelque sorte, on trouve à son catalogue des choses réputées difficiles d’accès comme Suicide, Lydia Lunch, James Chance, John Cale, Lizzy Mercier Descloux, … Kid Creole est la signature la plus « facile » du label. Même si Darnell a quasiment une décennie d’activités, entamée avec Dr Buzzard’s Original Savannah Band (où diable va-t-il chercher des noms de groupe pareils ?), brouillon de Kid Creole (là on sait d’où vient le nom, d’un film de Presley). Qui se mettra en place et sera formé avec celle qui fut un temps sa compagne, Adriana Kaegi, et Andy Hernandez.


Le concept du groupe est novateur, alors qu’il s’appuie sur des vieilleries : les big bands de jazz « festifs » genre Cab Calloway ou Count Basie, les fringues de maquereaux des années 40, et la musique « exotique » (on parlait pas encore de world music). Deux disques (« Off the coast of me », « Fresh fruit in foreign places ») serviront de galop d’entraînement pour la « revue », avant l’aboutissement « Tropical gangster ».

Qui se veut un concept album, genre Robinson Crusoé revisité par Bugs Bunny (des naufragés sur une île déserte). Evidemment un prétexte à mettre en scène et en musique des rythmes chaloupés et tropicaux. « Tropical gangsters » est la masterpiece du Kid et de sa raya. Ses tubes les plus connus sont là (avec trois singles qui passeront en radio, par ordre d’apparition « I’m a wonderful thing (baby) », « Stool pigeon » et « Annie (I’m not your daddy) ». Les titres du Lp sont en version « longue » (entre cinq et six minutes) par rapport au versions singles.

C’est la formation « royale » de Kid Creole qui est à l’œuvre sur « Tropical gangsters ». Andy Hernandez quittera bientôt le groupe, Adriana Kaegi aussi (pour le moment elle s’évente appuyée nonchalamment sur l’épaule de Darnell sur la pochette du disque) … Et les Coconuts si elles seront toujours là, une heavy rotation sera de mise chez les filles, les nouvelles arrivantes étant à chaque fois un peu moins classieuses que celles qu’elles remplacent. Du temps de la tournée de « Tropical gangsters », il y a Cheryl Poirier, Lori Eatside (assise) et Taryn Haegy (debout à côté du Kid). Pour l’anecdote, ce sont ces trois là que l’on retrouvera aux chœurs sur quelques titres de « War » le disque qui imposera U2 au monde. Si au dire des membres du groupe les plus « dévergondés » (en fait le seul Adam Clayton), l’atmosphère est devenue grâce au filles torride en studio, ça s’est pas vraiment matérialisé sur disque …

Musicalement, ce qui caractérise « Tropical gangsters », c’est la rigueur. A tous les niveaux. Tout est en place, minutieusement écrit, interprété et arrangé, à l’opposé des prestations scéniques exubérantes qui faisaient passer le fun avant tout le reste. Ecoutez par exemple « Annie … » : rythme latino soutenu par une trompette, longue intro, calypso endiablé aux arrangements brillants, et importance accrue des girls au fil du titre … « I’m a wonderful thing (baby) », c’est une base disco, mais pas du disco bas de gamme de boîte provinciale, du vrai disco classe, venu en droite ligne de Chic …


Kid Creole sait rendre hommage à la grande black music des 60’s. « Imitation » est un rhythm’n’blues comme plus personne n’en osait dans les années 80, à part les Blues Brothers … Obnubilé par les vieilleries certes, mais les oreilles grandes ouvertes sur les nouveaux sons. Témoin la phrasé rap (entre autres choses, le morceau est le plus sophistiqué du disque) sur « Stool pigeon ».

33 T (à l’origine) « classique » (un peu plus de 40 minutes) de hit titres. Le maillon faible est « Loving you made a fool out of me », pourtant pas bâclé, et le plus connu dans ces débuts de Mitterandie fut ici l’irrésistible « Annie », qui figura honnêtement dans nos charts.

La suite aurait pu être radieuse pour Darnell et sa bande. Officiellement à cause de problèmes d’egos mal gérés (l’August aurait pris un sacré melon), ce qui suivit fut une assez spectaculaire chute libre (avec départs à une cadence effrénée des membres importants comme Hernandez, Kaegi, les plus mignonnes Coconuts), tant artistiquement que commercialement. Jusqu’à une « résurrection » du plus mauvais goût (Darnell quasi seul sous l’intitulé Kid Creole & The Coconuts) avec le pitoyable « Pepito », guère mieux qu’un fond de tiroir de la Compagnie Creole …


MADNESS - UTTER MADNESS (1986)

 

From ska to pop ...

Madness, ils avaient réussi le hold-up parfait à la toute fin des seventies. En obtenant le hit majeur d’un très improbable ska revival, le gentiment crétin « One step beyond », que tout le monde, de sept à soixante dix-sept ans a, de gré ou de force, évidemment entendu. Le ska anglais a fait à peu près aussi long feu que le mouvement punk (un peu plus d’un an) et exit tous ces groupes de la vague appelée aussi two-tone (imagerie en noir et blanc, groupes multiraciaux), qu’ils soient bons (Specials), ou pas (Selecter, English Beat, et des plus couillons …). Tous rayés de la carte, sauf Madness …


Et pourquoi ? Bravo, bonne question, eh bien je vais vous le dire. D’abord Madness, ils étaient arrivés en haut des charts, et la thune récoltée à l’occasion, ça permettait d’affronter les premiers jours moins fastes. Ensuite, ils étaient nombreux (six ou sept, j’ai jamais vraiment su et eux non plus peut-être), dont la plupart étaient capables d’écrire des morceaux (par comparaison, le répertoire des Specials dépendait du seul Jerry Damners, et quand il s’est barré, plus de groupe …). Et puis, Madness étaient Anglais, mais vraiment Anglais, quoi, jusqu’à la caricature (comme les Kinks, Slade ou Ian Dury avant eux, et Oasis plus tard). Et là t’es sûr de vendre du disque, au moins à tes compatriotes …

Des disques, merci pour eux, ils en ont vendu. Et parce qu’il ne faut rien laisser au hasard et battre la ferraille tant qu’elle est chaude, tous les trois disques studio, ils sortaient une compilation. Celle-ci, « Utter Madness » (comprendre « Other Madness » avec l’accent cockney typique du prolo londonien), arrive donc après « The rise and fall » (le meilleur des trois), « Keep moving » et « Mad not mad ». Elle tombe à point, parce que le groupe est en train de se mettre en sommeil (les Madness se sépareront et se reformeront à peu près aussi souvent que Deep Purple). Les tensions, querelles, fâcheries, départs et autres bisbilles, dont les Madness seront coutumiers lors d’une carrière qui dès lors ne s’écrira plus qu’en dents de scie, même si elle se poursuit avec la plupart des membres originaux depuis plus de quatre décennies.


J’ai la flemme de pointer, mais hormis le dernier titre « Seven year scratch » (mix de plus de huit minutes compilant quantité de leurs titres, sorte de collector sans intérêt), il me semble qu’il n’y a dans cette compile rien d’inédit. Musicalement, on est loin, bien loin de « One step beyond » (mais pas visuellement, ils ont gardé cette manie de chenille sodomite, la photo de pochette est dérivée de celle de « One step beyond »)

Madness, au fil des albums, est devenu un groupe pop, comme populaire … ou parfois populacier (voir la navrante « Driving in my car », minable scie pour fans de sept à soixante dix sept ans). Ce qui permet de voir que plusieurs « lignes » s’affrontent dans le groupe (Madness et Clash, même combat ?). Ceux qui aimeraient bien être le groupe fun dont on écoute les morceaux bien bourré avec des potes dans un pub, et ceux qui voudraient être plus « sérieux » et faire passer un message. C’est cette dernière tendance qui l’emportera par la suite, mais c’est une autre histoire …

N'empêche, quand les gars se retrouvent sur une mélodie sur laquelle chacun amène sa contribution, c’est magique (« Our house », leur meilleur single ever ?). On trouve sur cette compile d’autres grandes chansons pop (« Tomorrow’s just another day » avec sa très légère touche de sax ska, « (Waiting for) the ghost train », dernier single avec la séparation, « The sun and the rain », bluette au piano martelé, comme du McCartney des mauvais jours, mais un peu du McCartney quand même, …).


Parfois les Madness font leur Bowie, vampirisant les autres. On ne peut s’empêcher de trouver un air de famille entre « Victoria Garden » et Elvis Costello, entre « Wings of a dove » et une version moins groovy de Kid Creole and the Coconuts, entre « Yesterday’s men » et les ambiances jazzy du Dire Straits de « Brothers in arms », entre « Sweetest girl » et le reggae suave ou mou du genou (choisissez votre camp) de UB40. Parfois aussi pour faire tomber les tensions, on laisse de la place à tout le monde sur un titre, ça sonne bordélique parce qu’ils sont nombreux, et ça s’appelle « I’ll compete ». Seul relent du ska des débuts, même si plus « apaisé » et mélodique, le titre « Uncle Sam » (dans l’esprit leur « I’m so bored with the USA » du Clash). Y’a aussi une ballade triste qui traîne ses guêtres et sa mélancolie vers la fin (« One better day »).

Et puis il y a le titre que seul un groupe vraiment anglais et fier de l’être pouvait écrire. Il s’appelle « Michael Caine » (avec la voix du vrai Michael Caine qui se présente), et c’est bien évidemment un hommage à l’acteur anglais le plus cool de tous les temps, et en plus c’est un des meilleurs morceaux de cette compile … qui ne contient pas que de l’indispensable, vous l’avez compris.

That’s all, folks …



Des mêmes sur ce blog :




PHOENIX - WOLFGANG AMADEUS PHOENIX (2009)

 

Qu'en aurait pensé Carmine ?

Ou Mozart …

Phoenix, c’est un des très rares machins musicaux français exportables. Des gens qui vendent de la rondelle argentée (ou du streaming) all around the world. Qui sous leur seul nom, sont capables de remplir le Madison Square Garden (les premiers, avant le tour de piste final d’Aznavour) …


Phoenix, c’est un beau gosse qui chante, trois moches derrière, dont deux à lunettes (exactement comme Blur, musicalement la comparaison s’arrête là). Le beau gosse, Thomas Mars (un pseudo, ça claque mieux que Thomas Pablo Croquet, son état-civil officiel), est en plus le mari et le père des deux enfants de la très people Sofia Coppola, fille de Francis Ford et petite-fille du Carmine du même nom …

Phoenix, c’est la connexion versaillaise de ce qu’on a appelé la French Touch, avec Air et Daft Punk, des types qui se connaissent depuis le collège. Phoenix, c’est les plus accessibles, grand-public, du lot (même si les deux autres, c’est pas férocement expérimental). Phoenix, c’est du pop-rock pour ados, farci de machines, de programmations, de boucles, de synthés. Ils sont quatre (chant, deux guitares, basse) plus deux en studio et sur scène (un batteur, un clavier), plus leur producteur Philippe Zdar (du duo electro Cassius) devenu à l’époque de ce « Wolfgang … » à peu près le cinquième membre « officiel » du groupe.

« Wolfgang … » comme tous leurs disques, compte dix titres. Bien souvent, ça sonne comme les Strokes du début (les mid-tempo enlevés et sautillants de leur premier album), mais comme tous les sons sont repassés par des bécanes électroniques, c’est du Strokes désincarné, déshumanisé. Définitivement pas ma tasse de thé.


Ce « Wolfgang … » je l’ai acheté d’occase (pour le prix d’un demi-pression, port compris) dans une version comprenant le Cd plus un Dvd. Avantage (?) du Dvd, on peut l’écouter en 5.1 (y’a une version vidéo, enfin un gros plan sur le disque qui tourne sur une platine), on a droit à une autre version avec paroles en version karaoké. Ce qui est intéressant (enfin, intéressant, je me comprends), ce sont les trois autres versions du disque. Une présentant Phoenix « at work », une avec les commentaires de Phoenix et une avec ceux de Zdar à mesure que défile la musique.

La première, sur les moins de quarante minutes que dure « Wolfgang … », nous montre le groupe écouter le mix des morceaux, battre la mesure, jouer de la air guitar, essayer des trucs à un doigt aux claviers, commenter le poussage de boutons sur la table de mixage … ouais, super, mais ils jouent quand ? On les voit jamais jammer, répéter. Ils sont comme Chuck Berry ou Robert Johnson, ils veulent pas révéler les secrets de leur jeu ? Ah et on les voit boire des canettes de soda, parce que jamais une bouteille d’alcool ou un paquet de clopes dans le décor. Les Phoenix en studio, c’est pas exactement les Stones à Nellcote, si vous voyez ce que je veux dire. Ils sont amish ou quoi, ces types ?


Concernant les commentaires du groupe et ceux de Zdar, ce sont ces derniers les plus intéressants, il s’implique un peu à décortiquer les titres et leurs enchaînements de séquences. Par contre, les Phoenix, manifestement, ils ont pas grand-chose à dire (ou ne veulent pas dire grand-chose) sur leur disque. Mais quelques réflexions incitent à se gratter l’occiput d’un doigt dubitatif. Je cite. A propos de « Litzomania » (principal single, en tout cas titre le plus connu) : « Les Beatles transposés dans la musique classique », rien que ça (pourquoi pas mieux que « Norvegian wood », tant qu’on y est), également « (titre) beau et élégant » (hum …). A propos de « 1901 » (l’autre gros single) : « inspirée par « 1999 » de Prince » (vraiment ? y’a davantage d’idées dans le seul titre de Prince que dans tout « Wolfgang … »). Lequel « Wolfgang … » serait une « quête mystique » (non, les gars, juste de la variét’ dansante). Plus belle pour la fin : « Countdown » est inspirée par le Bryan Ferry de « Avalon » et de « Smoke gets in your eyes », sauf que cette dernière est déjà une reprise d’un traditionnel popularisé par les Platters, faudrait réviser vos classiques, les enfants … Les commentaires de Zdar sont moins prétentieux, il cite juste une fois Neil Young (?) et Prince, une autre fois une partie de banjo « à la Délivrance », le film, et un pont de (fausse ?) batterie « à la AC/DC » (en fait un pompage de la rythmique de « Thunderstruck » sur « Girlfriend »).

Au final, si on s’en tient juste à la musique, il en reste quoi, de ce « Wolfgang … » ? Des singles très « pensés », efficaces et commerciaux (« Litzomania », « 1901 »), des titres surchargés d’arrangements synthétiques (ça passe mieux sur l’instrumental « Love like a sunset Pt I »). Dans le lot, je sauve « Rome » (sauf la voix de Mars, toujours trafiquée dans les aigus, c’est un gimmick qui finit par être pénible) et sa jolie intro.

Retour à Carmine (Coppola), le grand-père de Sofia (Coppola) et compositeur de musique de films pour Francis Ford (Coppola). Qu’est-ce qu’il en aurait pensé du disque du mari de sa petite-fille ? Je vais pas faire parler les morts, mais enfin, j’ai ma petite idée …

Quant à moi, ce que j’en pense, c’est vous qui avez aussi une petite idée …


ETIENNE DAHO - POP SATORI (1986)

 

Antoine Doinel 80's ?

Daho, il sort de nulle part. De Rennes, précisément, ce qui musicalement revient à peu près au même au début des années 80. Bon, avant que les Bretons bretonnants me lancent une fatwah, je précise mon propos. Ouais, je sais, Marquis de Sade et les Transmusicales, la Rue de la Soif, et toute la mythologie provinciale du rock’n’roll… Mais c’est quoi les ventes de Marquis de Sade ? Et les Trans, c’était pas un peu surévalué par les journaleux parisiens venus là en goguette ? Non, en ce temps là comme tout le temps, ce qui comptait vraiment, ça se passait à Paris, et il a déménagé où, Daho, une fois les biftons des premiers succès en poche, hein ? pas à Morlaix que je sache … Voilà, voilà, j’ai encore rien dit que je me suis fait plein d’amis … surtout bretons …


Bon reprenons avec le jeune Etienne de Rennes. C’est un ado timide et romantique, et fan d’un monde déjà disparu. Celui des années 50 et 60, des films existentialistes de la Nouvelle Vague en noir et blanc, du premier disque du Velvet Underground avec Nico, du Pink Floyd de Syd Barrett, de Françoise Hardy ... Premier fait d’armes de Daho, il met toutes ses économies sur la table pour organiser à Rennes un concert d’Elli et Jacno, parce qu’il aime bien leur musique, mais plus encore la belle uruguayenne Elli Medeiros, qui chante (assez faux) dans le duo. Daho surmontera sa timidité et sa faiblesse vocale pour commencer à enregistrer. Deux disques, le premier « Mythomane », passe inaperçu, mais le single qui suit « Le grand sommeil » (évidemment à cause du film du même titre avec Bogart et Bacall) récolte quelques critiques favorables. Second trente trois tours « La notte, la notte » (référence au film d’Antonioni) fait frissonner les hit parades grâce au single « Week end à Rome ». Mais en tout cas rien qui ne préfigurait le succès de « Pop Satori ».

« Pop Satori » est donc le troisième disque de Daho, et qui suit un maxi 45T avec un titre bien diffusé en radio, « Tombé pour la France ». Ce maxi est vraiment le dernier de la période rennaise de Daho. Même si le titre à succès est produit comme tout ce qu’a sorti Daho depuis « Le grand sommeil » par Franck Darcel (guitariste et fondateur de Marquis de Sade puis d’Octobre, devenu maintenant écrivain et activiste breton), il est enregistré entre Paris et Bruxelles. « Tombé pour la France » figure (en fin de première face vinyle, donc au milieu du Cd) sur « Pop Satori » avec un son assez différent du reste du disque, en tout cas le meilleur titre d’électro-pop français sorti à l’époque, aussi bien foutu qu’une rengaine à succès d’Orchestral Manœuvres, Eurythmics, ou Depeche Mode.

Avec Elli Medeiros

Parce que Daho, alors que toutes ses influences sont dans le passé, va s’attacher à faire un disque de son époque, le milieu des 80’s. Alors, certes il gardera Arnold Turboust, son alter ego pour l’écriture des morceaux, mais ira chercher des Anglais peu connus mais qui selon lui, peuvent lui amener ce son contemporain et classe dont il rêve. Apparaissent donc en bonne place dans les crédits le producteur Rico Conning, et le groupe Torch Song, dont la tête pensante est un dénommé William Orbit (qui sera quelques années plus tard le pape de la techno anglaise, producteur, mixeur, remixeur et Dj mondialement reconnu – l’anti Guetta pour situer).

« Pop Satori » n’est pas aussi conceptuel que le laisse entendre son titre. Satori, en japonais, signifie en gros illumination, prise de conscience, dans la religion bouddhiste. Ce disque est plutôt un hommage au passé ou à un monde rêvé. Daho est un indécrottable romantique passéiste et il inaugure avec « Pop Satori » son culte du passé servi par des sonorités contemporaines, le « c’était mieux avant » avec des synthés. Grosso modo, il fera ça à chacun de ses disques, un son d’actualité au service de la nostalgie. Voir ici « Paris, le Flore », évidemment hommage au bistrot parisien (la photo de pochette y a été prise) haut lieu de la culture Rive Gauche. Le titre est coécrit par un Anglais, Stuart Moxham, compositeur principal de l’éphémère groupe culte Young Marble Giants (une seule rondelle à leur actif, qui sera un des disques de chevet de Kurt Cobain).

Rayon hommage et nostalgie, difficile de passer à coté de « Duel au soleil » (encore un titre de film devenu chanson) et de « Late night ». Le premier a été composé par Robert Farel (quasi clone de Daho, et dont on n’entendra parler que brièvement l’année suivante avec son titre « Les petits boudins ») et le journaliste Jérôme Soligny (depuis des années à Rock & Folk, auteur d’articles-fleuve sur Bowie, Macca et – nobody’s perfect – Coldplay), mélodie intemporelle, arrangements tantôt arabisants, tantôt hispaniques, pour moi d’assez loin le meilleur titre de la rondelle. A égalité avec « Late night » de Syd Barrett, paru sur son premier disque solo « The madcap laughs ». Dernier titre du disque, en totale rupture avec le son de ce qui précède. Ici, juste guitares et voix, dans une version assez similaire à l’original (manque juste les guitares « spatiales » caractéristiques de Gilmour).

Avec Nico

Le gros succès radiophonique de « Pop Satori » sera « Epaule Tattoo », beaucoup moins évident aujourd’hui, certainement le titre le plus daté, irrémédiablement bloqué sur ses synthés très début 80’s. A lui seul, ce morceau résume pour moi le problème Daho. Il propose des compos certes sympas écrites pour sa voix que pour être gentil on qualifiera de limitée, et les met en musique en s’inspirant de l’air (en général électronique) du temps. Parfaitement en phase avec leur époque, ses disques prennent assez vite de gros coups de vieux. Tiens à ce propos, dans les crédits de « Pop Satori », section remerciements Daho écrit en conclusion : « c’était trop bath ! ». Même dans les années 80, qui disait que c’était bath ? Léo Ferré peut-être …

Bien trente ans que je l’avais pas écouté ce « Pop Satori ». Dans mes souvenirs, il était bien, voire très bien … Ben, il a assez mal vieilli, la moitié des titres ne valent pas d’être cités … irrémédiablement d’une autre époque. Par contre quelques-uns ont plutôt pas mal traversé les décennies, et comme par hasard, ce sont les mieux écrits. Comme quoi un bon son, un gros son, un son moderne, ça peut parfois suffire, mais s’il y a une bonne chanson pour aller avec, c’est encore mieux …


ERYKAH BADU - MAMA'S GUN (2000)

 

Soul's not dead ...

Un disque de soul en l’an de grâce 2000 ? Et pourquoi pas un disque de r’n’b tant qu’on y est ? Ouais, je sais les deux termes ont été plus que galvaudés en cette fin de siècle. Et on retrouve sous ces deux vocables des choses et des gens qui n’ont rien à voir avec la soul ou le rhythm’n’blues, tels qu’on entendait ces deux termes dans les glorieuses années 60 et 70 … Pourtant, quelques-uns et unes, peu nombreux, ont tenté vaille que vaille contre les vents mauvais des diktats du music-business de perpétuer les nobles idiomes. En sachant pertinemment qu’il y avait du taf pour faire aussi bien qu’Aretha, Jaaames, Marvin, Stevie, Curtis et les autres.


A quoi on les reconnaît ces gens-là ? Pour les mecs, c’est compliqué, ils sont parfois plus sobres vestimentairement (moins de couleurs flashy, moins de bagouzes) mais pas toujours … Pour les meufs, c’est plus simple (et ça tombe bien, Erykah Badu est une vraie meuf, mère de famille, tout ça …), suffit de googleler leurs photos. Si vous voyez une pétasse à wonderbra et string apparents, maquillée comme un camion portugais, un conseil, passez votre chemin … si la nana à l’air normale, ça sent la bonne pioche.

Erykah Badu a pas un physique de top model, et pose pas façon entraîneuse de bordel mexicain. Par contre elle sait faire des disques. Celui-ci est son second, le premier (« Baduizm ») l’avait faite favorablement remarquer. Et ce « Mama’s Gun », il est très bon … même si évidemment, il arrive pas à la cheville des rondelles majeures des zozos précités deux paragraphes au-dessus. Mais la Erykah coche plein de cases. Le label, c’est Motown. La vénérable maison de Detroit avait depuis ses années soixante fini de manger son pain blanc, les mirifiques succès des artiste signés par Berry Gordy n’étaient plus qu’un très lointain souvenir. Mais y’a des étiquettes sur un disque qui restent magiques … Ensuite, la Erykah a su s’acoquiner avec les bonnes personnes, cumulant dans les crédits du disque ceux qui savaient écrire des chansons et qui faisaient des disques avec des vrais instruments. Il y avait toute une connexion où l’on trouvait les types de Outkast (un des deux, Andre 3000 est le père du mioche à Erykah), ceux des Roots (particulièrement leur batteur et tête pensante Questlove) et derrière le micro des gens comme D’Angelo ou Common qui avaient du succès avec d’honnêtes rondelles. La revanche de l’humain sur les machines, et c’est d’autant plus appréciable quand il s’agit de musiques qui se veulent vintage … Bon, au débit de ce « Mama’s Gun », la longueur. Une heure dix, c’est un peu beaucoup longuet …


Les titres up ou mid tempo sont au début, la deuxième partie du Cd fait la place aux rythmes beaucoup plus lents. Le changement intervient avec le morceau « A D 2000 », qui comme le « American skin (41 shots) » de Springsteen fait référence à la mort d’Amadou Diallo, jeune guinéen de 22 ans, dégommé par les flics new-yorkais lors d’un banal contrôle d’identité (ils lui ont tiré dessus à 41 reprises, et l’ont touché 19 fois, no comment …).

Tous les titres du disque sont enchaînés, ce qui renvoie forcément au « What’s going on » de Marvin Gaye. Mais pas seulement à cause de ça. Il y a des paroles pas très cons (« concernées » comme on disait dans les seventies), et des influences, des rythmes, des sonorités jazzy. Même si par cet aspect, on est plus proche de Sade, la belle nigériane à la musique glaciale au début des 80’s (le single « Didn’t cha now », et surtout « Time is a wastin’ »). Vocalement, Badu est assez neutre, très loin des hurleuses à la Aretha. Bon point, des saletés de machines et de plug-ins ne viennent pas y superposer leurs effets, la voix reste naturelle, et c’est du chant, pas du rap. On pense plusieurs fois au génial Stevie Wonder des 70’s (notamment sur « Bag Lady », le single qui a le mieux marché, tout en haut des charts), à d’autres moments au non moins génial Curtis Mayfield (l’introductif « Penitenciary philosophy », cocottes funky, quelques notes de guitare wah-wah, pas aussi bien que la B.O. de « Superfly », mais bien mieux foutu que la plupart des titres des Red Hot Chili Peppers dans cette veine-là). Il paraît que la dame est fan de reggae. A part avec le vert-jaune-rouge délavé de la pochette, rien dans la musique ne semble en découler …


Le disque se conclue par un long, très long (10 minutes) titre (« Green eyes ») en trois parties, qui est censé être le sommet de la rondelle. Perso, il m’a plutôt gavé, tout comme à un degré moindre « … and on », réponse au « On and on » qu’elle avait fait avec son mec (le Andre 3000 déjà cité dont elle est séparée). On en a rien à foutre, mais c’est très en vogue dans les « musiques urbaines » ces interpellations perso sur fond de règlement de comptes, même si ici ça reste très soft … Je lui préfère nettement le gentiment funky « Booty » (second degré ironique, entre le Prince de « Parade » et le Wonder de « Songs in the key of life »), « My life », très typé Philly sound, la rustique et jazzy « Orange moon », très lente, avec ses grillons en fond sonore (même si question couleur de lune, je lui préfère la bleue d’Elvis ou la jaune des Neville Brothers).

Un bon disque de soul en l’an 2000 ? Si, si, ça existait …


SUPERTRAMP - BREAKFAST IN AMERICA (1979)

 

Petit-déjeuner chez les pompiers …

Je vous donnerai mon avis ferme, définitif, etc., sur cette rondelle, promis …

Mais avant qu’Alzheimer ou une quelconque autre saloperie dégénérative m’ait bouffé la mémoire, deux machins perso sur ce disque … ben oui, je suis vieux, j’ai vécu en direct live sa sortie et tout le bazar qui s’en est suivi …

Supertramp

Flashback Number One ... Vers la fin 1980. Devait y avoir que trois chaînes à la télé … et va savoir pourquoi, je me retrouve un dimanche soir à mater d’un œil morne Stade 2. La grande émission sportive du service public. Présentée par Robert Chapatte, dont on comprenait pas un traître mot, tellement il carburait au Ricard, qui comme chacun sait, à tendance à alourdir la langue … Donc le Bob Chapatte file la parole à un des larbins assis autour de la table, et le gars (Lionel Chamoulaud ?) présente le reportage qui va suivre. Un reportage immersif dans la vie de Thierry Tulasne. Chapatte, Chamoulaud, Tulasne, putain de qui tu causes, qui sont ces gens-là et le rapport avec Superclochard ? J’y viens, patience … Le Tulasne, post-ado boutonneux, était le meilleur junior mondial de tennis et entrait sur le circuit des grands. Modèle : Guillermo Vilas, Argentin au look Ted Nugent, bourrin terminal, joueur de fond de court et de terre battue. Arme suprême : le grand coup droit lifté. Mortellement chiant à regarder, le Vilas se faisait dégommer à chaque fois qu’il jouait contre Borg, et ridiculiser sur surface rapide par McEnroe. Donc Tulasne était un clone de Vilas qui n’obtiendra aucun résultat significatif chez les pros. Mais là, fin 80, c’était le grand espoir bleu-blanc-rouge. Et le reportage de Stade 2 nous le montrait à l’entraînement, en compétition, à l’hôtel, et dans ses centres d’intérêt. Le jeunot nous apprenait ainsi qu’il était fan de rock et la caméra le suivait dans un magasin de disques. Il fouinait dans les bacs pour nous exhiber « ce qu’il se fait de mieux maintenant », à savoir « Beakfast in America » et le « Live in Paris » de Supertramp. Vraiment pas un choix avant-gardiste : il s’en vendait des camions de ces rondelles. Conclusion : le Tulasne était aussi triste dans ses choix musicaux qu’à voir sur un court de tennis …

Rick Davies

Flashback Number Two ... 4 ou 5 ans plus tard. J’étais à donf dans ma période éthylique, liqueurs fortes au litre dans les boîtes de nuit le week-end. Je sortais avec une fille qui connaissait pas grand-chose, voire moins au rock, et qui forcément m’accompagnait (de loin, voire de très loin) à mon abreuvoir habituel. Bizarrerie sonore : alors qu’elle détestait religions et religieux autant que moi, elle avait des dizaines de K7 pirates de Mahalia Jackson, dont je connaissais tout juste le nom et qu’elle se hasardait jamais à enfourner dans l’autoradio, parce que le gospel et les chants religieux, désolé chérie, mais je supporte pas (réciproquement, j’avais bien du mal à la convaincre que Beatles, Rolling Stones, Clash et AC/DC c’était vachement bien) … Et en boîte, sur les coups de quatre-cinq heures du matin, quand le personnel et le patron nous faisaient comprendre que bon, c’était une belle soirée, mais qu’il allait falloir songer à quitter les lieux, elle allait toper le DJ et lui demandait de mettre « Child of vision » de Supertramp. Pourquoi ce putain de titre de sept ou huit minutes, j’y ai jamais demandé ou compris ses explications, ce qui revient au même … Le DJ, comme c’était la copine d’un bon client et que de toutes façons la piste de danse était vide, que les employés commençaient à faire le ménage, envoyait dans la sono le foutu morceau de Supertramp. Et donc pas mal de mes départs titubants (parce que l’inconvénient des tabourets de bar, quand tu y as passé plusieurs heures, c’est d’en descendre) de boîte de nuit se sont faits au son de Supertramp, ce qui il faut bien en convenir, ne présente aucun caractère glorieux … au bout de quelques mois, avec cette fille, on a fini par se quitter, et même pas à cause de Supertramp …

Tout ça pour dire que Supertramp, y’a eu une période, charnière entre seventies et eighties, où putain qu’est-ce qu’on en a bouffé. Honte à moi, je l’avais même acheté ce « Breakfast … ». Et pourtant à cette époque, y’avait pas le streaming et le peer to peer, je m’appelais pas Tulasne ou Rothschild, je les soupesais et les ruminais longtemps mes achats de disque. Comme plein d’autres, je m’étais fait couillonner, intoxiqué par « Logical song » et les autres singles, qu’on entendait tellement souvent matraqués à la radio, qu’on avait fini par croire que c’était bien …

Roger Hodgson

Ben non, on s’était fait rouler. « Breakfast … » c’est pas bien, et Supertramp c’est pas bien et ça ne l’a jamais été … Supertramp, c’est les finauds à donf dans le prog (anglais donc), mais barrés question notoriété mondiale par les funestes Yes et Genesis. Qui fin seventies, grâce à leurs daubes précédentes à coups de doubles voire de triples vinyles, remplissaient les grandes salles. Supertramp, c’était la Pro D2. Et là, alors que la concurrence se vautrait dans les titres (inter)minables, ils allaient donner dans le format « chanson » et surtout radiophonique. Un positionnement stratégique comme on dit. Eux (ou leur management) vont se tourner vers la cash machine, le marché américain. Et pas de façon subliminale. « Breakfast in America » (rien que le titre) et sa pochette (plutôt réussie, cette serveuse de dinner reconvertie en Statue de la Liberté devant un Manhattan stylisé avec des couverts) montrent clairement le cœur de cible. De ce côté-là, mission accomplie, Supertramp deviendra la grosse machine musicale de ce tournant de décennie. Remarque amusante, les « concurrents » Genesis (avec « Abacab ») et Yes (« 90125 ») se réorienteront eux aussi vers la chansonnette (comme quoi tous ces types-là ne sont pas là pour faire de la musique, juste du fric, mais c’est un autre débat).

Supertramp, c’est un groupe composé d’un duo (Rick Davies et Roger Hodgson) et de comparses. Un duo inégal. Même si tous les deux composent, sont multi-instrumentistes et chantent, celui qui prendra la lumière, c’est Hodgson. Grâce, non à cause, de son insupportable voix dans les aigus. C’est lui qu’on entend le plus dans le hit intergalactique que fut « The logical song ». Qui a mal vieilli (ce son, cet insupportable solo de sax …) même si assez bizarrement, la voix de Hodgson convient pour une fois bien au rythme et à la mélodie. Et tant qu’à parler de mélodies, il faut reconnaître que certaines sont assez imparables. Davies et Hodgson sont fans des Beatles, et ça s’entend à plusieurs reprises. Notamment sur « Goodbye stranger », autre rengaine à succès dont le final me semble découler de celui de « A day in the life » (alors que « Oh darling » un peu plus loin dans le disque n’a rien à voir avec Lennon et le Plastic Ono Band).


Quatre singles seront extraits du disque, chronologiquement « The logical song », « Breakfast in America », « Goodbye stranger » et « Take the long way home ». Le plus successful sera « Logical song », le plus supportable est pour moi « Breakfast … » (assez bonne pop tendance lyrique, et surtout le plus court …). Par contre, dans la petite boutique des horreurs, y’a du lourd … de façon endémique (le chevrotement aigu de Hogdson et les interventions du sax), mais aussi ponctuelle, l’introductif « Gone Hollywood » résumant à lui seul tout ce qui est mauvais dans le groupe et le disque (la voix, le sax, les gros riffs putassiers, le côté pompier).

On peut jeter une oreille distraite sur « Take the long way home », prog en cinémascope avec son harmonica western, ricaner devant « Just another nervous wreck », le titre (de faux) rock de la galette, zapper « Child of vision » (prog en forme de pièce montée où on aurait remplacé la chantilly par de la mayonnaise) … Y’a un titre que je sauve, « Casual conversation », avec son ambiance jazzy pour cocktail cosy, très différent de la tonalité d’ensemble du reste, même si bon, je mettrais pas ça sur la platine tous les jours, ni même tous les ans …

Le genre de disques qu’il faut écouter, pour se convaincre, que non, c’était pas toujours mieux avant …



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