Affichage des articles dont le libellé est Dance. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Dance. Afficher tous les articles

KID CREOLE AND THE COCONUTS - TROPICAL GANGSTERS (1982)

 

Wonderful thing (and babies) ...

La rumeur bruissait depuis quelques mois (depuis 1980). Il y avait à New York une attraction scénique majeure, comme on n’en avait pas vue et entendue depuis … comme on n’en avait jamais vue et entendue en fait. Kid Creole et les Coconuts, avant toute autre chose, c’est un show, un spectacle. Autre chose que les types en tee-shirt et baskets à la ville comme sur scène, autre chose que les shows sanguinolents d’Alice Cooper, les tenues Kiri le Clown revisitées Marvel de Kiss, les godes gonflables des Stones et les murs construits live par le Floyd …


Kid Creole remettait à l’honneur les tenues de scène à base de costards rutilants, comme à la grande époque des revues Stax ou des JB’s de Jaaaaames Brown dans les sixties, avec un show apparemment loufoque mais réglé au millimètre. Une dizaine de types sur scène (batteur, percus, basse, guitares, claviers, section de cuivres), plus August Darnell (alias Kid Creole) à la guitare et au chant, le vibraphoniste contorsionniste Andy Hernandez (alias Coati Mundi), Adriana Kaegi (claviers, chant et bomba latina ou plutôt suisse), et les trois Coconuts (chœurs court vêtus).

Des rythmes endiablés à base de funk, de soul, de disco, de musiques latinos ou caraïbes assuraient déjà une chaude ambiance que les quatre girls portaient à l’incandescence. Et alors que Kid Creole est typiquement et strictement new-yorkais, c’est en Europe que le groupe aura du succès … Ce qui peut s’expliquer par l’appartenance au label ZE Records. Label new-yorkais fondé par deux européens expatriés, l’Anglais Michael Zilkha et – cocorico – le Français Michel Esteban, spécialisé dans la new wave de la new wave en quelque sorte, on trouve à son catalogue des choses réputées difficiles d’accès comme Suicide, Lydia Lunch, James Chance, John Cale, Lizzy Mercier Descloux, … Kid Creole est la signature la plus « facile » du label. Même si Darnell a quasiment une décennie d’activités, entamée avec Dr Buzzard’s Original Savannah Band (où diable va-t-il chercher des noms de groupe pareils ?), brouillon de Kid Creole (là on sait d’où vient le nom, d’un film de Presley). Qui se mettra en place et sera formé avec celle qui fut un temps sa compagne, Adriana Kaegi, et Andy Hernandez.


Le concept du groupe est novateur, alors qu’il s’appuie sur des vieilleries : les big bands de jazz « festifs » genre Cab Calloway ou Count Basie, les fringues de maquereaux des années 40, et la musique « exotique » (on parlait pas encore de world music). Deux disques (« Off the coast of me », « Fresh fruit in foreign places ») serviront de galop d’entraînement pour la « revue », avant l’aboutissement « Tropical gangster ».

Qui se veut un concept album, genre Robinson Crusoé revisité par Bugs Bunny (des naufragés sur une île déserte). Evidemment un prétexte à mettre en scène et en musique des rythmes chaloupés et tropicaux. « Tropical gangsters » est la masterpiece du Kid et de sa raya. Ses tubes les plus connus sont là (avec trois singles qui passeront en radio, par ordre d’apparition « I’m a wonderful thing (baby) », « Stool pigeon » et « Annie (I’m not your daddy) ». Les titres du Lp sont en version « longue » (entre cinq et six minutes) par rapport au versions singles.

C’est la formation « royale » de Kid Creole qui est à l’œuvre sur « Tropical gangsters ». Andy Hernandez quittera bientôt le groupe, Adriana Kaegi aussi (pour le moment elle s’évente appuyée nonchalamment sur l’épaule de Darnell sur la pochette du disque) … Et les Coconuts si elles seront toujours là, une heavy rotation sera de mise chez les filles, les nouvelles arrivantes étant à chaque fois un peu moins classieuses que celles qu’elles remplacent. Du temps de la tournée de « Tropical gangsters », il y a Cheryl Poirier, Lori Eatside (assise) et Taryn Haegy (debout à côté du Kid). Pour l’anecdote, ce sont ces trois là que l’on retrouvera aux chœurs sur quelques titres de « War » le disque qui imposera U2 au monde. Si au dire des membres du groupe les plus « dévergondés » (en fait le seul Adam Clayton), l’atmosphère est devenue grâce au filles torride en studio, ça s’est pas vraiment matérialisé sur disque …

Musicalement, ce qui caractérise « Tropical gangsters », c’est la rigueur. A tous les niveaux. Tout est en place, minutieusement écrit, interprété et arrangé, à l’opposé des prestations scéniques exubérantes qui faisaient passer le fun avant tout le reste. Ecoutez par exemple « Annie … » : rythme latino soutenu par une trompette, longue intro, calypso endiablé aux arrangements brillants, et importance accrue des girls au fil du titre … « I’m a wonderful thing (baby) », c’est une base disco, mais pas du disco bas de gamme de boîte provinciale, du vrai disco classe, venu en droite ligne de Chic …


Kid Creole sait rendre hommage à la grande black music des 60’s. « Imitation » est un rhythm’n’blues comme plus personne n’en osait dans les années 80, à part les Blues Brothers … Obnubilé par les vieilleries certes, mais les oreilles grandes ouvertes sur les nouveaux sons. Témoin la phrasé rap (entre autres choses, le morceau est le plus sophistiqué du disque) sur « Stool pigeon ».

33 T (à l’origine) « classique » (un peu plus de 40 minutes) de hit titres. Le maillon faible est « Loving you made a fool out of me », pourtant pas bâclé, et le plus connu dans ces débuts de Mitterandie fut ici l’irrésistible « Annie », qui figura honnêtement dans nos charts.

La suite aurait pu être radieuse pour Darnell et sa bande. Officiellement à cause de problèmes d’egos mal gérés (l’August aurait pris un sacré melon), ce qui suivit fut une assez spectaculaire chute libre (avec départs à une cadence effrénée des membres importants comme Hernandez, Kaegi, les plus mignonnes Coconuts), tant artistiquement que commercialement. Jusqu’à une « résurrection » du plus mauvais goût (Darnell quasi seul sous l’intitulé Kid Creole & The Coconuts) avec le pitoyable « Pepito », guère mieux qu’un fond de tiroir de la Compagnie Creole …


HAPPY MONDAYS - PILLS N' THRILLS AND BELLYACHES (1990)

 

Factory & Hacienda ...

Allez, un petit coup de gymnastique neuronale. Toute fin des années 80. Manchester et Madchester, la Factory et l’Hacienda, ça y est vous y êtes ? Pour ceux qui opinent (d’huître) pour faire les malins et pour ceux qui ont un peu zappé – oublié – ignoré tout ce bazar, petit rappel des faits.

Tout commence à la débandade punk (1978) à Manchester. Un animateur de télé locale, Tony Wilson, achète un petit club, Factory, et avec un pote monte un label musical du même nom. Premier album sorti : « Unknown pleasures » de Joy Division. Groupe et album cultes, et d’autant plus que le chanteur du groupe Ian Curtis se suicide avant la parution du deuxième album, un peu moins culte mais intrinsèquement meilleur. Joy Division a permis au label de survivre, de créer grâce à une équipe réduite une imagerie forte (le graphiste Peter Saville) et un son reconnaissable entre mille (le producteur azimuté Martin Hannett).

Happy Mondays, famille nombreuse, famille heureuse ?

La gloire et le fric viendront avec les survivants de Joy Division rebaptisés New Order (leur maxi « Blue Monday » fut le maxi le plus vendu de tous les temps en Angleterre). C’est avec le pognon que lui rapporte New Order que Tony Wilson va investir dans un nouveau club, l’Hacienda (des membres de New Order sont aussi actionnaires). Lancé au début des années 80, l’Hacienda va devenir à partir du milieu des années 80 le repaire de toute la jeunesse branchée de Manchester. Tous ceux qui écoutent de la musique, voire envisagent d’en faire, tous ceux qui viennent danser et gober de l’ecstasy avec en fond sonore les débuts de la house et de la techno, se retrouvent à l’Hacienda, qui acquiert en quelques années une notoriété et une fréquentation internationales.

Parmi cette troupe en party non stop, les frangins Ryder (rien à voir avec le Mitch de Detroit), Paul le bassiste et Shaun, chanteur et compositeur. En plus de se défoncer copieusement, ils envisagent de monter un groupe, baptisé Happy Mondays. Un guitariste, un batteur et un claviers complètent l’affaire, et bien évidemment Tony Wilson les signe sur Factory. La formation va s’agrandir avec l’arrivée d’une choriste-chanteuse, Rowetta, et d’un cas social à peu près désespéré, un type surnommé Bez, plus ou moins percussionniste, mais surtout danseur étrange grâce aux pilules de toutes les couleurs qu’il gobe comme des smarties (les autres ne sont pas en reste).

Les Happy Mondays viennent du rock, sauf que l’environnement de l’Hacienda les a mis au contact de la dance music (qu’elle soit blanche ou noire), et de toute la vague electro naissante. Le matériau de base des Mondays, c’est les Stones mixés à du Chic accéléré. Une paire de disque les installeront dans le paysage mancunien et anglais, et « Pills … » les fera connaître un peu partout ailleurs.

Bez & Shaun Ryder

Tout le monde vous dira que New Order est la référence absolue du Manchester sound, et que le meilleur disque de rock sous substances de l’époque, c’est le « Screamadelica » de Primal Scream. Permettez votre honneur, que je vienne balayer d’un revers de main ces théories de musicologue professionnel. J’ai jamais été fan de New Order et de leur dance à assez grosses ficelles (dans le genre, je trouve les Pet Shop Boys beaucoup plus intéressants et amusants), et au « Screamadelica » de Primal Scream, j’ai toujours préféré les psychédéliques barrés de Spacemen 3. Et pour la référence de Madchester, j’ai tendance à regarder du côté des Stones Roses (les plus « rock » du lot) et des Happy Mondays (le mix le plus réussi de tous les sons « tendance » de l’époque).

Ce qui nous amène à « Pills … », le meilleur de la première époque (ils se sont séparés et reformés encore plus de fois que les Stray Cats ou Guns N’Roses). « Pills … » est leur masterpiece. Parce qu’il est homogène (y’a un son, une idée musicale directrice) et parce qu’il y a leurs hits. Et ce malgré une pochette comment dire … très bariolée (si, si y’a le nom du groupe et du disque écrits dessus, au milieu d’un kaléidoscope très psychédélique, daltoniens s’abstenir …).

« Kinky afro » ouvre le disque. Belle intro, voix légèrement maniérée, groove dansant sur une structure rock. Et de fortes similitudes avec la bombe pré-disco de Lady Marmalade « Voulez-vous coucher avec moi ce soir ? ». Les Mondays ont toujours nié s’être inspirés de ce titre (ils en citent un bien obscur de je sais plus qui), à chacun de se faire son idée. En tout cas gros succès et pas seulement de discothèque. L’autre incontournable de la rondelle c’est « Step on », d’essence nettement rock, titre bien construit, dansant (enfin pour ceux qui en ont envie) et qui pourrait figurer tout en haut dans un best-of d’INXS.


La famille nombreuse des Happy Mondays (sept sur scène), bien aidée par les producteurs Paul Oakenfold (qui deviendra un des DJ’s qui compteront dans les 90’s, et qui entame quasiment avec ce disque sa carrière médiatique) et Steve Osborne, va mettre en place la formule gagnante. De la mélodie (songwriting très surligné par des lignes de claviers de tout type), groove dansant et gros riffs de guitares pour le côté rock de l’affaire. Cette bande de défoncés ne fait pas dans le n’importe quoi (les disques sous substances ont bien souvent tendance à l’autocomplaisance), tout juste si on peut mettre de côté l’assez faiblard « Bob’s yer uncle » malgré son entêtant gimmick de synthé. Le reste est plutôt malin, envoyant plein de signaux plus ou moins subliminaux aux anciens de tout poil.

Dans « God’s cop », il y a plein de tics vocaux de Mick Jagger, le chanteur des Who (c’est juste pour voir ceux qui ont lu jusque là), « Loose fit » a par moments des airs de « Stayin’ alive » au ralenti, la guitare de « Dennis and Lois » fait penser à celle des Cure dans « In between days », la mélodie au début de « Harmony » rappelle la version de « I heard it through the grapevine » de Marvin Gaye, et l’atmosphère de « Harmony » évoque le 3ème Velvet (avec de la guitare slide en plus). Tout ça reste diffus (sinon les avocats concernés auraient dégainé les procédures), il y a réellement une patte Happy Mondays sur les compositions. C’est funky, dansant, indéniablement rock aussi, en prise directe avec les nouveaux courants musicaux et sonores, et assez étrangement, ça a plus que bien vieilli. A tel point que « Pills … » me semble même plus pertinent et évident aujourd’hui que lors de sa sortie.


MADONNA - MADONNA (1983)

Self made woman ...

Il s’est vendu du premier album de Madonna plus de dix millions de copies … mais pas quand il est sorti … en fait il en a commencé à se vendre après le carton de « Like a Virgin » tout le monde était demandeur de quelque chose estampillé Madonna …
Question : Ce « Madonna » fut-il un chef-d’œuvre ignoré lors de sa parution ? Réponse lapidaire : Non.
Résumé de l’affaire. Madonna, née Madonna Louise Ciccone dans le Michigan, fait partie d’une famille nombreuse de la petite bourgeoisie italo-américaine chrétienne. Attirée un peu par la musique et beaucoup par la danse, elle rêve d’une vie artiste, ce qui n’est pas du goût de son veuf de son père avec lequel elle rompt pour tenter sa chance là où tout se passe, à New York. Le rêve américain classique que des millions de mecs et de nanas ont essayé de concrétiser … Madonna a réussi.
Parce qu’elle avait du talent ? Ouais, certes, il en faut un minimum. De la chance ? Aussi. Mais surtout elle était au bon endroit au bon moment et a su prendre son destin en main…
Louise la Brocante ...
L’histoire (la légende ?) la prétend arrivée à New York avec juste quelques dollars en poche, et un début de parcours pour le moins difficile (cambriolages de son appart, viol, galères en tout genre …). Elle recherche des petits boulots alimentaires (danseuse, figurante de porno soft), tout en apprenant vite … elle comprend qu’il faut être vue dans les endroits branchés et fréquente assidûment la discothèque Danceteria. Et pour être sûre de ne pas passer inaperçue, elle se crée un look sexy et déluré, à base de nombril à l’air, de sous-vêtements apparents et de ribambelles de bracelets, colliers et autres colifichets de pacotille.
Elle se rend compte que plutôt que la danse, c’est la musique qui peut la faire réussir. Elle chante juste, d’une voix très aigue manquant de coffre, et donc pourquoi ne pas sortir un disque … Elle commence à la batterie ( ?! ) dans un simili groupe de rock, Breakfast Club, mais très vite enregistre seule des maquettes de titres qu’elle a composés (« Everybody » et « Burnin’ up » qui figureront réaménagés sur « Madonna » et « Stay » que l’on retrouvera sur « Like a Virgin »).
Comme elle connaît bien à force de fréquenter l’endroit le personnel de la Danceteria (les DJ et le remixeur John « Jellybean » Benitez) ses titres finiront par passer dans la sono de la boîte, elle sera présentée à quelques types de maisons de disques, avant que Seymour Stein la signe sur son label Sire et l’envoie en studio enregistrer un premier album.
Madonna aime les sucettes ... à l'anis ?
En 1983, Madonna n’est plus exactement une perdrix de l’année (elle a vingt-cinq ans), mais elle a tout à prouver. Elle choisit d’enregistrer essentiellement ses propres compositions et la joue profil bas. Elle n’est pas un objectif commercial de Stein, et va donc se limiter à un disque de dance music, le seul genre qu’elle maîtrise à peu près.
« Madonna » a tous les terribles défauts de ces rondelles mainstream sorties à cette triste époque, les schémas rythmiques hypertrophiés du disco mourant, et des myriades de synthés analogiques censés faire moderne. Difficile de faire plus crétin que l’intro de « Lucky Star », plus remplissage que tous ces « I know it », « Physical attraction », « Think of me ». Difficile de ne pas voir dans la guitare hardos à la Van Halen (qui n’était pas sur la maquette ni non plus sur les remix du titre) de « Burnin’ up » une tentative de faire son petit « Beat it » de Michou Jackson qui affolait alors les hit-parades… Difficile aussi d’appréhender la correcte chanteuse qu’elle deviendra, alors qu’elle est là confinée dans les aigus hurlés et secondée par des choristes …
« Madonna » ne sera même pas un succès d’estime, quelques titres seront testés dans les boîtes de nuit new-yorkaises, Sire essaiera sans conviction de sortir quelques 45T et EP de remixes, et le disque s’acheminera lentement mais surement vers les bacs à soldes …
« Like a Virgin » l’année suivante va changer la donne et désormais trois titres de ce « Madonna » figurent dans toutes les compiles de la superstar. « Lucky star », assez vilain malgré tout, « Holiday » qui rétrospectivement a tout du single évident, ode à l’hédonisme, à la party permanente et au sea, sex and fun. Et la vraie (et seule) très bonne chanson du disque (« Borderline »), ballade pop majuscule, même si un peu beaucoup gâtée par des arrangements datés et vulgaires …
La suite s’écrira dans les Guinness Book …


De la même sur ce blog : 
Like A Virgin



MGMT - ORACULAR SPECTACULAR

Des ans l’irréparable outrage ...
Quand il est sorti ce disque, je l’avais trouvé excellent. Aujourd’hui, dans un moment d’égarement, de désœuvrement, il a fini sur la platine. Et là, hum, soupe à la grimace…
Même s’il y a des trucs qui n’ont pas changé. Et surtout la qualité étonnante des trois titres phares : « Time to pretend », « Electric feel », « Kids ». Trois singles, comme on disait il y a des décennies lorsque les gens qui faisaient des disques savaient aussi écrire des chansons. Trois insubmersibles bombes electro-rock-indie-disco-machin… Le genre de morceaux sur lesquels les traders qui achetaient à prix d’or et à crédit des dettes immobilières à des types qui pouvaient pas les rembourser devaient danser, les naseaux blanchis par la coke, un verre de mojito dans une main, une top model dans l’autre, dans les boîtes chicos de Manhattan … Et puis la crise des subprimes est venue, et maintenant les nouveaux traders dansent sur d’autres titres les naseaux blanchis par la coke, un verre de mojito dans une main, une top model dans l’autre, dans les boîtes chicos de Manhattan … le cynisme du fric-roi et de ceux qui s’évertuent à piquer le peu qu’ils ont aux pauvres pour le refiler à ceux qui sont pleins aux as …
Plutôt voyants ...
Les MGMT se sont fait salement allumer pour leur côté désinvolte, hédoniste, branleurs bobos (j’en ai rien à foutre de rien, je te fais un disque dans l’air du temps, j’en vends des camions, et comme les traders je m’en vais danser les naseaux blanchis par la coke, un verre de mojito dans une main, une top model dans l’autre, dans les boîtes chicos de Manhattan …). Faut dire qu’ils l’avaient cherché… rien que leur nom déjà, MGMT pour ManaGeMenT, ça empestait les grandes écoles de commerce et toute la méprisable faune qui les fréquentent. Et puis ils étaient jeunes, beaux gosses bronzés, et la Columbia mettait le paquet pour soutenir leur carrière. Pas exactement une naissance artistique sur les mêmes fonds baptismaux que les Ramones …
Avec leur look de surfeurs Comanches fluo sur le sentier la discothèque branchée, leurs bonnets péruviens commerce équitable-bobo, les susnommés Andrew VanWyngarden et Ben Goldwasser sortent un disque dans l’air du temps (tous ces groupes plus ou moins dansants de Brooklyn, les MGMT sont du Connecticut, c’est pas très loin, juste de l’autre côté de la Baie de Long Island). Vraisemblablement, si les deux chérubins avaient été livrés à eux-mêmes, on n’en aurait jamais entendu parler. Une bonne fée s’est penchée sur leur berceau sonore, et croyez-moi, ça s’entend. La bonne fée, elle s’appelle Dave Fridman. Le type du son de Mercury Rev et des Flaming Lips, entre autres. Expérimentateur pop forcené et créateur de gimmicks d’une putasserie sans nom mais qui te remplissent les oreilles de guimauve dont il est difficile de se débarrasser.
Là, sur ce « Oracular spectacular », il s’en donne à cœur-joie. Quand en plus il a des bonnes compos au départ (les trois citées quelque part plus haut), ça fait mouche. « Time to pretend », c’est du niveau de Prince (la rondelle « Around the worls in a day » plus précisément) quand il se prenait pour les Beatles de 67. « Electric feel », c’est comme les Bee Gees de la B.O. de « Saturday Night Fever », ça réveille le côté disco ringard qui sommeille chez tout un chacun. « Kids », c’est en gros le meilleur titre d’ABBA que les Suédois ont pas écrit.
Ou pas vraiment discrets, comme on veut ...
C’est ensuite, pour les sept titres restant (ah ouais, sept, quand même, ça fait beaucoup), que ça se complique. Des machins informes, inconsistants, écrits avec les pieds, qui essayent de tirer sur quelques grosses ficelles sonores, tellement grosses que ça en devient gênant. Derrière ces artefacts branchouilles, rien, que dalle, et tout le génie de Fridman aux manettes n’y peut rien …
Et là, ressortent de façon exacerbée les machins qui coincent. La voix du chanteur lead (VanMachin), insupportable quand elle ne s’appuie pas sur un grand morceau. Voix de tête maniérée avec falsetto à la Prince (un modèle évident, mais Prince avait d’autres arguments, enfin, quand il délayait pas son génie dans des saletés innommables). Ces sons qui veulent tellement coller à l’air du temps qu’ils sonnent une décennie plus tard totalement ringards et suffisants. Cette manie à vouloir en foutre plein la vue et les oreilles à grand coups de changements de tempo sur des mélodies tellement tarabiscotées que t’y comprends plus rien, les (trop) grosses ficelles de Fridman que l’on a connu sinon plus discret, du moins plus efficace … Un seul exemple, « 4th Dimension transition » (rien que le titre …), c’est une sorte de musique indienne (esprit de Ravi Shankar, m’entends-tu ?) sur une rythmique épileptique, avec le gars qui essaie d’imiter la voix de baryton du Bowie des mauvais jours … qu’est-ce vous voulez faire d’un machin pareil, à quoi ça peut bien servir pareille bouillabaisse sonore ?
Malgré une litanie de critiques élogieuses, « Oracular spectacular » n’a pas vraiment eu le succès que beaucoup prédisaient. MGMT est devenu assez rapidement un « vrai » groupe avec trois ou quatre types rajoutés au casting initial. Ils ont sorti une paire de disques en dix ans, dans une relative indifférence. Et à peu près tout le monde se fout de savoir ce qu’ils deviennent.

N’empêche, ils auront sorti trois très bons titres. Combien de sensations du moment peuvent en dire autant ?


MADONNA - LIKE A VIRGIN (1984)

Touched for the very first time ...
C’était un temps que les moins de trente ans (putain trente ans déjà …) risquent pas de connaître. C’était il y a donc une éternité, en pleine misère de partout. On parlait de guerre nucléaire possible en Europe entre les Russkofs et les Ricains (Reagan et Thatcher d’un côté, Andropov et Tchernenko de l’autre, qu’à côté de ces demeurés les fadas barbus lobotomisés de Daech aujourd’hui, c’est des bisounours, bon passons …). Ici, on avait déjà de la gauche au pouvoir qui faisait pour pas vraiment changer une politique de droite, d’ailleurs y’avait déjà la chiffe molle Fabius Premier Ministre ou un truc du genre, c’est dire si on était mal barrés.

Musicalement, c’était le putain de désert, et on trouvait même une daube de Yes (putain Yes, quand même, faut pas déconner …) numéro un mondial, rien que ça. « Owner of a lonely heart » était le titre de cette purge. Faut dire que ça déconnait plutôt grave. Le crash du Clash avait suffi à éradiquer la guitare électrique de la surface de la Terre, on voyait plus que des garçons coiffeurs (généralement par paire, Wham, Tears for Fears, OMD, … liste complète contre un sac à vomi neuf), mèche dans les yeux, s’escrimer laborieusement sur des synthés Roland de leur unique doigt valide. Non, je déconne, y’avait pas que ces types, y’avait aussi Sting et Phil Collins … euh, c’est pas de bons exemples. Bon, je reprends. Y’avait des trucs bien, et on s’aperçoit maintenant qu’il y avait toute une scène indé dans tous les pays dits libres qui faisait du bon rock syndical réglo, mais personne, même pas les médias spécialisés en disait un mot.
On commençait à compter les morts du Sida, et MTV commençait à déglutir ses clips à la chaîne.
Et Madonna, donc, t’en causes, connard ? Justement, Madonna, elle est arrivée au bon endroit (New York, ses clubs branchés et décadents post disco) au bon moment (l’apex de la décennie fric, pendant laquelle les disques se vendaient par dizaines de millions, qu’ils soient de Michael Jackson, Prince ou Springsteen). Née Louise Madonna Ciccone et débarquée depuis cinq-six ans de son Michigan natal, avec la farouche volonté de réussir dans la grande tradition du rêve américain. N’hésitant pas à faire tout et n’importe quoi pour subsister (d’un film porno soft à l’audition pour devenir danseuse de Patrick « Born to be alive » Hernandez entre autres). Elle se fait un look de hipster bohème et délurée à base de trucs moulants, nombril à l’air, dessous apparents, sorte de Marylin Monroe des caniveaux et bas-fonds newyorkais. Elle fricote dans les endroits branchés avec les Dj’s et remixeurs résidents (« Like a virgin » est entre autres dédié à son mec de l’époque, le pousseur de disques Jellybean Benitez). Jusqu’au jour ou bingo, elle tape dans l’œil et/ou l’oreille de Seymour Stein, patron du label Sire Records, filiale de la multinationale Warner Bros. Un premier disque « Madonna », très orienté disco-dance fait peu de vagues hors certains clubs de New York.

Et puis Stein avec Madonna tente le coup de poker rarement perdant en ces temps-là. Livrer sa chanteuse au duo Nile Rodgers – Bernard Edwards. Leaders de Chic, certes, mais surtout producteurs de disques au succès énormes (ceux de Sister Sledge ou le « Let’s dance » de Bowie), ou pas (Sheila, oui oui, notre chanteuse à couettes nationales). Rodgers (celui qui s’occupe de la partie studio) et Edwards (le côté financier et business) sont des musiciens certes, mais aussi des hommes d’affaires sans scrupules. Ils encaissent le chèque mais ne croient guère au succès de cette fille plutôt inconnue, qui chante juste malgré une voix aigue limitée. Mais contrat oblige, les types de la Chic Organization font le taf, emmènent dans leurs bagages leurs complices habituels (leur batteur Tony Thompson, les frangins choristes Frank et George Simms, …). La moitié des titres du disque sont signés Madonna, le reste est amené par de plus ou moins augustes inconnus.
La patte Chic est bel et bien là. L’éléphantesque rythmique tchac-poum disco (Edwards-Thompson), le groove dance, la voix qui monte dans les aigus, toute la quincaillerie synthétique la plus moderne sont de la revue. Des ballades emphatiques tire-larmes un peu surchargées en pathos dramatique sont aussi de sortie (« Love don’t live … »). Rien d’extraordinaire en soi qui puisse laisser prévoir le raz-de-marée Madonna qui va submerger le monde. Le timing certes dont j’ai causé il me semble quelque part plus haut, et puis la rage de réussir et le sens des affaires de Madonna elle-même.

Qui n’hésitera pas à en faire des brouettes sur son côté sexy-libérée (« Like a virgin » tu parles …), se mettant en scène en Monroe hyper-glamour dans « Material girl » (à quel degré prendre ce titre, hein, je vous le demande …), se posant en symbole féminin absolu des années 80 (son rôle dans le film « Into the groove » dont la chanson-titre finira très vite dès l’année suivante rajoutée aux neuf titres initiaux lors des rééditions de « Like a virgin »). Madonna est beaucoup plus une actrice mettant en scène son propre destin qu’une chanteuse ou compositrice. Elle deviendra vite l’idole voire l’icône de toutes les gamines de la planète, sortira de bons disques de variété dans les années 80 (le meilleur sera celui d’après, « True blue »), génèrera pendant des décennies des bataillons de rivales-clones (de Cyndi Lauper à Miley Cyrus, série en cours), saura toujours faire parler d’elle, même (et surtout) quand il n’y aurait rien à dire. Résultat des courses, après trente ans de carrière (c’est vraiment le mot), c’est l’artiste (ben oui, quand même un peu) féminine qui a le plus vendu de disques au monde.
Même si j’ai toujours plus aimé le personnage que sa musique, et qu’on le veuille ou pas, il y a des choses, des souvenirs (les premières écoutes de « Like a virgin » le morceau, le premier visionnage du clip de « Material girl » et non, pas sur YouTube), qui ont marqué, même si ça fait mal au derrière de le reconnaître, toute une génération.

T’étais fan ou tu détestais, mais tu te positionnais par rapport à elle ou Michael Jackson (même combat et même bataille d’Hernani concernant les deux). Fallait avoir un avis et tout le monde avait un avis sur Madonna. Ce qui montrait que c’était elle qui avait gagné …

De la même sur ce blog :




NEW ORDER - BROTHERHOOD (1986)

Danse et décadence ...
A quoi sert un Cd de New Order ? A rien si on suit le groupe au pied de la lettre. New Order c’est les champions du vinyle maxi 45T. Enfin les champions anglais, le reste du monde, pas con, s’étant prudemment tenu à l’écart des rengaines molles des Mancuniens.
Grosse fatigue ...
New Order, c’est les Doors sans Jim Morrison, plus exactement Joy Division sans le pendu Ian Curtis. Ça boxe pas dans la même catégorie. Bon, ils ont changé le nom, y’a pas matière à procès, même pas d’intention. Et comme je crois pas du tout aux bonnes étoiles et pas trop au hasard, s’ils ont fait partie des plus gros vendeurs de disques des 80’s, ça prouve que des gens les ont achetés (suivez la puissance du raisonnement), et que le groupe a su être au bon endroit au bon moment.
L’endroit et le moment, c’était le milieu des années 80 dans leur club l’Hacienda à Manchester. Une boîte ouverte en investissant l’argent de leurs disques, où se sont succédé aux platines le gotha des DJ’s mondiaux, et dont les clients assidus ont fondé les groupes et sorti les disques les plus intéressants de la fin de la décennie, la fameuse vague Madchester. L’Hacienda était également un repaire de toxicos et de dealers, et de fermetures administratives en amendes, a fini par faire faillite, tout comme le courant électro-dance-machin dont elle était à l’origine.
Grosse fatigue (bis) ...
C’est dans l’Hacienda que les New Order ont trouvé la matière essentielle de leur son, habile recyclage de tous les bruits étranges et novateurs qui sortaient de la sono du lieu. Les maxis de New Order ont engendré bien des vocations, avec des suiveurs qui se sont bien souvent révélés supérieurs à leur modèle.

Tout ça pour en revenir à ce « Brotherhood » qui casse pas des briques. Certes, il y a le petit hit « Bizarre Love Triangle » (joke à multiples niveaux), mais en version courte, radiophonique et « familiale », celle du maxi (sur la compile « Substance ») est meilleure. Pour le reste, « Botherhood » est un disque de synth-pop tout ce qu’il y a de conventionnel, typique des New Order et de leur « âge d’or ». A savoir ces rythmes dansants de constipés, fais pour bouger les bras et pas le bassin, ce qui change tout. Des titres comme « Weirdo » (plus enlevé et mélodique que la moyenne), « Broken promise » et ses gimmicks accrocheurs, l’amusant « All day long » avec sa guitare surf au ralenti, surnagent pour moi du lot. Le reste (une grosse moitié du Cd) se situe dans la moyenne générale des productions du genre à cette époque-là, pas de quoi se relever la nuit. Enfin, une question que je me pose, comment les New Order ont-ils fait pour éviter le procès, tant le dernier titre « Every little counts » est entièrement pompé (ligne de basse, mélodie fredonnée) sur le « Walk on the wild side »  de Lou Reed ?

Des mêmes sur ce blog :
Substance


DAFT PUNK - RANDOM ACCESS MEMORIES (2013)

Frenchy but so Chic ...
J’ai l’air de quoi moi, de me pointer avec ma chroniquette sur ce skeud moins d’une semaine après sa sortie, alors qu’il y a des gens qui depuis fort longtemps ont exprimé un avis définitif sur ce « Random … ». Au mieux en ayant écouté quelques extraits en streaming de chez Deezer (bouchers-charcutiers sonores du Net) sur leur smartphone dans le brouhaha d’un quai de métro. Même les ceusses qui de peur de se transformer en statue de sel n’en ont pas ouï la moindre note ont aussi leur opinion. Faut dire que la sortie ne s’est pas vraiment faite dans la discrétion, une campagne de pub, de presse, à faire passer le battage autour de la parution du dernier Bowie (toujours aussi mauvais, j’ai pas changé d’avis) pour un entrefilet dans un fanzine … « Random … » est un disque-événement, à ma connaissance le premier disque français (ouais, bon, presque, y’a pas que des frenchies dessus) à être numéro un mondial des ventes la semaine de sa sortie, comme n’importe quel Michael Jackson.
« Random access memories » je l’ai écouté plusieurs fois. Sur une chaîne hi-fi ou du moins vendue comme telle. Et je suis en mesure d’affirmer que c’est un disque qui va marquer l’époque, qui va compter. Peut-être parce qu’il va continuer à s’en vendre des camions, ça j’en sais rien et je m’en fous. Mais ce que je sais, c’est qu’en matière de son, il risque d’y avoir un avant et un après « Random … ». Comme il y a eu il y a quarante ans un avant et un après « Dark side of the Moon » de Pink Floyd. A côté de « Random … » toutes les productions high tech du moment font figure de lo-fi enregistré dans une cave-trou à rats … C’est d’une limpidité irréelle, d’une précision hallucinante.
Daft Punk, Pharell Williams & Nile Rodgers ... Alors, get lucky ?
Ça suffit pas, du bon son. Faut encore que toute cette matière de base formidable débouche sur des titres, des morceaux qui tiennent la route. Là, je subodore un gros malentendu. A force de campagne de pub martelée, on a essayé de faire croire que ce disque allait être une sorte de révolution, d’apogée, de référence insurpassable. Comme si tout n’avait pas été fait et refait des milliards de fois. D’autant plus que Homem-Christo et Bangalter ont essayé de calmer cette folie furieuse promotionnelle en disant que ce « Random … » était un disque-hommage. Ce qui est vrai, et Daft Punk sur le coup, loin d’être l’innovateur sensationnel qu’on essaye de nous refourguer, est plutôt un tribute-band. C’est même pas un disque du duo comme avait pu l’être en son temps « Homework », c’est un projet avec une liste d’invités et de participants longue comme le bras, dont les deux frenchies sont les instigateurs et les chefs d’orchestre.
Hommages multiples et annoncés à Chic, Giorgio Moroder et Paul Williams (le moins connu des trois, auteur notamment de la BO de « Phantom of paradise » de De Palma). Et donc, forcément, il y a beaucoup de choses qui ressemblent à ce que faisaient ces trois-là, d’autant plus qu’à des degrés divers, ils ont collaboré à ce disque, le plus présent étant Nile Rodgers de Chic, à la guitare sur plusieurs titres. Tiens, et en passant comme ça, pour donner un peu plus de grain de moudre à ceux qui ne voient que plagiat, la pochette est exactement identique, y compris le lettrage, à celle de « Legendary hearts », mauvais disque de Lou Reed des années 80.
Il y a aussi dans ce disque une trademark Daft Punk. La plus évidente, et pas la plus heureuse selon moi, est cette manie de passer toutes les voix dans un vocoder, et de façon encore plus marquée quand ce n’est pas un invité plus ou moins prestigieux au micro. Parce que niveau featuring, il y a du monde, Casablancas des Strokes, Pharell Williams des Neptunes, le Panda Bear des Animal Collective, … On espère que ces trois-là auront pris quelques leçons, parce que franchement, y’a pas photo, entre leurs disques à eux à synthés et ce qu’on entend ici …
Daft Punk. Brillants ?
La seule chose réellement connue avant la sortie de ce « RAM » (tiens, c’est aussi le titre d’un disque surestimé de McCartney des 70’s, « RAM », mais si c’est fait exprès cette similitude, là ça m’échappe totalement), c’était le single « Get lucky » avec le Pharell. Pas mal, même si relativement convenu et centriste, plus long et un peu différent sur l’album. Et le reste, qu’est-ce qu’il faut-il en penser, ma bonne dame ? Ben, avec les ingrédients de la recette, il y a des choses prévisibles, des titres qui sonnent comme du Chic 78-80, ou du Sister Sledge de cette époque, ce qui revient un peu au même (« Give life back to the music », « Lose yourself to dance »), c’est bien fait, même si on ne remplace pas facilement une rythmique comme Bernard Edwards et Tony Thompson par des requins de studio.
Le long titre (plus de 9 minutes) avec Moroder, met évidemment à l’honneur le « tchac-poum » enrobé de synthés du Giorgio qui est sa marque de fabrique et a fait le succès de ses « choses » comme Donna Summer, et le discours de Moroder (« prendre le meilleur du son des années 50-60-70 pour créer le son du futur ») en toile de fond du morceau résume bien la philosophie de ce « Random … ». Le titre avec Paul Williams (« Touch »), avec grand orchestre et grand(iloquent)s synthés, multiples changements de rythme, pourrait être qualifié d’electro-prog, et perso, ça me laisse assez froid, alors que certains y voient la pièce maîtresse du disque. Logiquement, dans les titres très typés fin des 70’s, on retrouve aussi des allusions plus ou moins fines à Kraftwerk (le traitement des voix, le son des machines), voire à Stevie Wonder (des passages de « Fragments of time », titre qui en plus cite en intro un gimmick entendu chez Prefab Sprout). « Instant crush » chanté par Casblancas doit être la meilleur titre auquel il a participé depuis des années, y compris son détestable album solo à synthés (« Phrazes for the young »).
Tout n’est pas à se pâmer de bonheur sur ce « Random … ». Qui n’évite pas le piège de la longueur (une heure et quart, des choses auraient gagné à être élaguées) et donc de la redondance et de la répétition. La fin du disque est plus « expérimentale », plus strictement « techno », mais ne convaincra certainement pas les puristes de la chose (« les Daft Punk ? juste des vendus »), et se termine par « Contact » qui me fait penser à du Jean-Michel Jarre (toujours cette obsession fin 70’s) en version big beat …
Certainement un disque quelque peu « facile », « grand public ». Mais Daft Punk, si on peut dire, avançaient à visage découvert, c’était le but recherché et donc l’objectif est atteint. Et pour une fois, ceux qui n’achètent qu’un disque par an, vont se retrouver avec sur leurs étagères une galette pas honteuse, et qui je pense pourra encore se réécouter dans les années qui viennent, tellement au point de vue sonore le « groupe » a pris une sérieuse avance sur toute la concurrence …

ELECTRONIC - ELECTRONIC (1991)


Super groupe et super daube ...

Alors là, attention, c’était la grosse affaire (de la semaine) ce truc … Pensez, les célébrissimes ( ? ) Bernard Sumner et Johnny Marr montant un groupe, limité à leurs deux seules augustes personnes.
Par ici, on en avait rien à secouer, personne achetait les disques des Smiths ou de New Order. Par contre au pays de Churchill, ces deux groupes avaient écrasé par leurs ventes les années 80. Mais déjà, le nom même du groupe interpelle. Deux guitaristes, pas spécialement réputés pour leur sens de l’humour et du second degré qui baptisent leur groupe Electronic ? Personne ne s’attendait à une version moderne de Cream ou de l’Allman Brothers Band avec solos de guitare de quinze heures, mais ce truc là, hum … De la guitare, il faut tendre l’oreille pour en distinguer, mis à part sur le dernier titre. Il me semble avoir lu  qu’ils en jouaient, mais que ça avait été émulé, samplé, échantillonné, … et que c’était recraché par des synthés avec le son qui va avec.
Résultat des courses : à peu de choses près, ça sonne exactement comme du New Order de la même époque (si j’étais méchant, je dirais que ça prouve que New Order ne sert strictement à rien, puisque Sumner peut faire New Order tout seul, mais comme je suis pas méchant, je dis rien) et pas seulement à cause de la voix de Sumner. Tout ça pour ça ? surtout que New Order au tournant des années 90, ils étaient pas au mieux, si tant est qu’ils l’aient été un jour. « Electronic » est un disque de techno-pop qui à sa sortie sonnait déjà vieillot, c’est dire plus de vingt ans après … en tout cas, il n’a rien apporté de positif à la réputation des deux pacsés de circonstance, en cale sèche niveau inspiration.
Avant de ranger ce disque à sa place (suivez mon regard), on peut se laisser aller à écouter « Tighten up », un peu plus enlevé et poppisant que le reste, constater que les Pet Shop Boys étaient dans ce genre d’un niveau infiniment supérieur, puisque le titre (« The patience of a Saint ») sur lequel ils sont invités (compo, chant et synthés) est le meilleur du disque, et trouver amusant « Feel every beat », sorte de rap old school à guitares …
Ventes conséquentes en Angleterre, une paire d’autres disques suivront dans la décennie et n’amuseront plus grand-monde. Il semblerait que l’aventure Electronic soit terminée. Sans regrets …

THE REBIRTH OF COOL - VOLUME 3 (1995)



Recyclage of cool, volume 1756896584 …
Bon, là je suis chaud, Earhtling, Basement Machin… et comme le seul blog de ce pays consacré aux musiques électroniques (oxymore) a mis la clef sous le paillasson, manière d’aider à la représentation des minorités visibles (et surtout bruyantes), une ch’tite compile electro-machin-bidule …

A cette époque-là (le milieu des années 90), il en pleuvait littéralement des compiles plus ou moins techno, toutes les maisons de disques, y compris certaines crées pour l’occasion y allant de leur florilège de machins électroniques, généralement très mauvais. Le label Fourth & Bway (??) responsable de celle-ci se signale à l’attention des auditeurs potentiels en évitant les grosses daubes, affichant au générique valeurs sûres et buzz plus ou moins underground.
Leena Conquest
La chose est cependant rendue plus ardue par les versions anglaises et américaines de ces compilations, parfois aux pochettes identiques et aux contenus différents (ou le contraire), les versions anglaises contenant généralement plus de titres… bref, un vrai bordel pour s’y retrouver … Les plus perspicaces auront remarqué que les genres abordés (« The birth of cool » est le titre d’un disque de Miles Davis) s’inspirent, samplent, échantillonnent, de la musique venant du jazz, du blues, de la soul, en gros des musiques noires du paléolithique supérieur (début de la seconde moitié du XXème siècle). Les érudits diront que ça ressemble étrangement aussi aux compiles de la série « Jazzmatazz » fomentées par Guru, le rappeur de Gang Starr…
Donc sur celle-ci, y’a du lourd, du connu, du célèbre et célébré. Des titres parfois sous forme de versions alternatives, extended, single-edit, remixed, … tous ces colifichets sonores sans aucun intérêt mais qui ravissent les amateurs de la chose électronique, nique, nique (ton portefeuille) …
Pourtant d’entrée y’a de quoi retourner fissa aux Cramps. Une dénommée Jhelisa mélange house, jazz, soul et rap, l’objet du délit s’appelle « Friendly pressure » et y’a vraiment pas de quoi se relever la nuit pour l’écouter. Dans le même genre, Leena Conquest fait beaucoup mieux, allez savoir pourquoi, « Boundaries » ça s’appelle, et ça avait bien marché en son temps.
On peut zapper aussi, les ci-devant autrichiens très chiants Kruder & Dorfmeister, qui, ach, kolossale daube, testent plein de plug-in sur un machin tribal drum’n’bass totalement dépourvu d’intérêt. Ça s’appelle « Deep shit » et ça porte bien son nom … Y’a aussi un vieux funk très seventies de Freak Power, sympathique sans plus, mais un peu hors-sujet. Hors-sujet aussi, un titre de Tricky, très bon lui, mais totalement trip-hop et qui n’a rien de cool (d’ailleurs Tricky n’a jamais rien fait de vraiment cool, c’est un vrai méchant, lui …).
Portishead en pleine crise de fou rire
Bomb The Bass, avec un titre remixé et le featuring d’un rappeur jazzy est juste passable … Coldcut  fait avec ses boucles groovy intéressantes beaucoup mieux que ce que le teuton titre « Eine kleine hed music » laisse présager…
Reste quand même en plus de Leena Conquest, un bon titre peu connu de Portishead plus « léger » et moins oppressant que ceux qu’ils livraient à cette époque-là (« Revenge of the number »), un Beastie Boys de leur meilleure période (« Get it together » extrait de l’album « Ill communication »), et cocorico, MC Solaar, habitué de ce genre de compiles (il est aussi sur les Jazzmatazz), avec une version courte (single ?) de son « Nouveau western » qui sample davantage le « Bonnie & Clyde » de Gainsbourg que du jazz, mais qui bénéficie comme presque toujours à ses débuts des textes travaillés de Solaar …
En conclusion, une compile dans la norme de toutes celles qui regroupent autour d’un genre musical identique des artistes différents : les « stars » ressortent forcément du lot et les « inconnus » démontrent pourquoi ils le sont …


BASEMENT JAXX - REMEDY (1999)


Vendre des disques de techno ?

Les technoïdes ont toujours eu un problème avec les courbes de vente, se sont toujours posé des questions métaphysiques du genre : peut-on objectivement prétendre à l’avant-garde musicale et voir ses disques à côté de ceux de Sting ou Madonna dans le Leclerc du coin ? Et durant l’essentiel des années 90, le microcosme electro se gargarisa d’artistes prétendument incontournables … et inconnus d’à peu près tout le monde.
La réponse vint à la fin de la décennie d’un peu partout, et aussi, fait rarissime dans les annales, de France, avec les cartons commerciaux et internationaux de Air ou Daft Punk qui n’avaient pas grand-chose à envier aux succès de Moby ou Fatboy Slim. Et même si quelques puristes de la musique des joueurs de disquettes firent la moue, les faits étaient têtus, on pouvait faire de la « techno » au sens large, rester « crédible » et vendre du disque.
Basement Jaxx : et on fait tourner les serv ... les disques
La boîte de Pandore était dès lors ouverte (d’où allaient finir par sortir des Guetta, Solveig et consorts, mais c’est un autre problème), et il n’y eut plus de honte à faire de la musique electro « grand public ». Parmi les premiers à sortir du placard, Simon Ratcliffe et Felix Burton, le duo anglais Basement Jaxx. Dont ce « Remedy » est le premier Cd, après quelques obligatoires remix et maxis.
C’est pas élitiste, c’est sûr, pas très original non plus (les deux premiers titre dont le hit « Rendez-Vu » doivent beaucoup au son « vintage » compressé de Daft Punk), c’est juste fait pour attirer le plus de monde possible vers la piste de danse et accessoirement le tiroir-caisse. D’un autre côté, c’est pas sournois, c’est clairement revendiqué être fait pour. Alors ça a un petit côté festif, ensoleillé, chaloupé tout en restant martial et répétitif, funky à la Janet Jackson, Rihanna ou Beyoncé (c’est pas un compliment) comme le second gros succès du disque « Red alert », qui a fini dans la BO des Visiteurs 2, 3 ou 10, j’sais plus.
Il y a dans ce « Remedy » des choses anecdotiques, une tendance un peu trop visible à mettre en avant des gimmicks de violons manouches (« Stop 4 love »), des emprunts aux salseros sud-américains qui préfigurent les funestes Gotan Project et leur pillage en règle du tango (« Bingo Bango »), …  Il y a un acharnement à faire intervenir moultes chanteuses vaguement soul, une tentative ridicule de rap (« Don’t give up », rien à voir avec le duo de Peter Gabriel et Kate Bush) au cas où un minot à casquette à l’envers traînerait dans le coin ...
Bref, ça ratisse large, souvent un peu dans le vide, mais c’est pas désagréable, c’est juste … centriste (tiens, y’a longtemps que je l’avais pas placé celui-là), tout ça n’arrive pas à la cheville de « Dancing Queen » d’ABBA.
Ah si, j’oubliais, y’a un titre que je trouve vraiment bien, avec des slogans hurlés-rappés, des hurlements de femelles en rut, ça s’appelle « Same old show » et ce serait très bien dans la BO d’un Marc Dorcel … Comment ça j’ai l’esprit vulgaire ? Pas du tout, un film avec Clavier et Reno, c’est beaucoup plus vulgaire qu’un porno …
Bon, ben voilà … cette chronique ne pouvait finir qu’en sucette avec cette pochette de disque partouzarde …


DONNA SUMMER - THE BEST OF DONNA SUMMER (2001)


Voilà l'été, it's Summer time ...

Finalement, de toutes ces divas disco américaines de la fin des 70’s, il n’en reste pas beaucoup dont le souvenir a résisté à l’outrage des ans. Il n’y a même que le nom de Donna Summer qui éveille encore quelques souvenirs chez les amateurs de boules à facettes. Parce que déjà à l’époque, tout le monde n’avait d’yeux (surtout) et d’oreilles (un peu) que pour elle.
Elle avait de bien beaux ... chapeaux, Donna Summer
Déjà, et c’est pas rien de le dire, elle était mieux balancée que Thelma « Don’t leave me this way » Houston ou Gloria « I will survive » Gaynor. Y’avait guère qu’Amii Stewart qui pouvait par sa silhouette rivaliser, mais elle sortait des trucs vraiment pourris. Tandis que la Summer, elle a aligné une série de hits qui ont marqué l’âge d’or du disco. Elle avait en plus une bonne voix, et derrière elle le malin moustachu italo-allemand Giorgio Moroder qui écrivait et produisait tous ses titres. Un Moroder que certains ont pris pour un génie (les mêmes qui croient que Cerrone a du talent), alors qu’il n’est qu’un laborieux rat de studio, ayant eu la chance d’être au bon endroit au bon moment.
Le bon endroit, c’était le New York de la seconde moitié des seventies, dans lequel une jeunesse toute urbaine commençait à être gavée sévère par tous les ploucs à chemise à carreaux sévissant dans la country, le folk, ou le futur du rock comme disait l’autre. C’est par et dans la réaction que naissent d’autres courants musicaux. Deux endroits devenus mythiques ont canalisé cette réaction musicale. Le CBGB d’où sortira le mouvement punk de la côte Est et le Studio 54, temple du disco… Et le côté destroy de l’affaire n’était pas forcément où on l’imagine. D’un côté les prolos, la colle à rustine, la bière tiède et les putes décaties, de l’autre les friqués, les saladiers de coke, les cocktails aphrodisiaques et les partouzes avec les top models. Sodome et Gomorrhe sur fond de « tchac-poum » …
Donna Summer fut la reine sonore des nuits du Studio 54, avant que les premiers séropos et l’hécatombe qui a suivi ne sifflent la fin de la récréation au milieu des années 80. Et pendant une poignée d’années autour de 1980, elle a accumulé les hits. Dont la plupart sont présents sur ce « Best of ». La plupart car il manque quand même le tardif  et bien-pensant « She works hard for the money », mais plus ennuyeux, « Love to love you baby », un de ses plus connus. Et comme il faut préciser que son morceau emblématique « I feel love » n’y est pas en version originale, mais en version « expended » et plus ou moins remixée, ce « Best of » n’en est pas tout à fait un  …
Restent quelques monuments disco des années 77-78-79 comme « McArthur Park », « Hot stuff » (pour moi son meilleur titre, LE titre disco de l’époque, avec l’énorme « tchac-poum » rythmique, la basse slappée, les chœurs de jeunes ( ? ) vierges ( ?? ) et tout le tremblement), « The Wanderer » … Assez vite, Donna Summer se démarquera du disco pur et dur pour s’orienter vers la variété dansante (« Love’s unkind », plus ou moins plagiat d’ABBA, le génie de l’arrangement des Suédois en moins), voire la variété « de qualité » ( ? ), avec tous ces titres centristes, radiophoniques et souvent pathétiques comme « On the radio », « Breakaway », « Love is on control », et à partir des années 80 des machins qu’il vaut mieux oublier …
Conclusion évidente, un « Best of » de Donna Summer, ça vaut pas un disque moyen de Chic …

METRONOMY - NIGHTS OUT (2008)


La nuit, l'ennui
Ce genre de choses devait finir par arriver … un revival dance – techno – electro – bidule … Le coupable, le susdit Metronomy, faux groupe drivé par un certain Joseph Mount, sujet de sa Gracieuse ( ? ) Majesté, qui s’est fait connaître comme remixeur tendance dans les années 2000. Un remixeur étant, il faut toujours l’avoir à l’esprit, quelqu’un incapable d’écrire une chanson, mais tout à fait capable de massacrer celles des autres …
Donc des chansons ou quelque chose qui y ressemble, point on n’en trouve dans ce « Nights out », malgré des titres d’une durée « classique », oscillant pour l’immense majorité entre trois et quatre minutes. Par contre des choses « à la manière de … », il y a de quoi régaler les amateurs de blind-tests.
A commencer par la pochette, dans un style pictural très proche de celui de « Autotbahn » de Kraftwerk. Las, Metronomy en est resté à l’image pour ce qui est des précurseurs allemands, se contentant tout juste d’effleurer leur palette sonore, notamment dans le titre choisi comme single « Radio Ladio », également sous influence Moroder. Et les années 70 disco sont souvent à l’honneur, avec « My heart rate rapid », « Heartbreaker » très Studio 54, « On the motorway » qui évoque les passages les plus dansants de Devo ou des B 52’s, trois titres assez réussis. Par contre des choses comme « A thing for me » donnent envie de militer pour une reformation ( ? ) de John Travolta et Olivia Newton-John, « Back on the motorway » réveille le souvenir des pénibles Buggles.
Il y a aussi des choses qui sonnent années quatre vingt, « On the dancefloor » piquant pas mal de plans à New Order, « Holyday » (rien à voir avec Madonna, mais très dance 80’s). Autres « emprunts » sonores, Daft Punk, quasiment plagiés sur « The end of you too » ou « Please me »…
Rien d’inaudible, même si quelques bêtises (« The chase » au rythme qui s’accélère jusqu’à la nausée, 2 remix inutiles) auraient gagné à rester dans les placards … Rien de bien renversant non plus d’ailleurs, et l’impression qu’en matière de musiques électroniques également, il semblerait que tout ait été dit …
Ceux qui cherchent l’originalité, l’innovation, laisseront de côté Metronomy, et ses quelque peu anecdotiques recyclages …Evidemment, ce qui devait arriver arrive, ces quelconques bénéficient d’une hype démesurée, quelques malentendants considérant même leur dernier méfait en date, une daube du nom de « The English Riviera », comme un disque qui compte, qui marque son époque …