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PETER WEIR - MASTER AND COMMANDER DE L'AUTRE COTE DU MONDE (2003)

 

Il était un petit navire ...

… qui avait beau beau beaucoup navigué … Et qui s’appelait le HMS Surprise, et qui comme son nom l’indique (Her Majesty Service) portait fièrement les couleurs de l’Union Jack pour défendre sur mer les intérêts de la Couronne contre les coques de noix affrétées directement ou en sous-main par l’infâme Napoléon Bonaparte à qui l’on prêtait l’intention en ces années-là (tout début du XIXème siècle) d’envahir grâce à sa marine la toujours perfide Albion …

Weir & Crowe

Le HMS Surprise, deux douzaines de canons et quasiment 200 hommes à bord (militaires, marins, hommes d’équipage, personnel d’entretien, …) se trouve en avril 1805 au large des côtes brésiliennes lorsque commence le film. Il ne va pas tarder à rencontrer si l’on peut dire son âme-sœur (en deux fois plus balèze) le navire corsaire français l’Achéron (pour bien montrer que c’est un esquif méchant, on l’a baptisé du nom d’un fleuve des enfers dans la mythologie grecque). Les infâmes froggies profitent du brouillard pour s’approcher, attaquer et mettre à mal le bateau des rosbifs. Sans l’expérience et la rouerie de son capitaine Jack Aubrey, dit Jack la Chance (qui rentre dans le banc de brouillard pour éviter d’être coulé), le film n’aurait pas duré longtemps …

Dès lors, le capitaine Aubrey n’aura de cesse de traquer l’Achéron autour de l’Amérique du Sud. La seconde rencontre sera aussi synonyme de branlée pour les Anglais, et la troisième confrontation sera (on le voit venir depuis le début) la bonne …

Le scénario de base est digne d’un téléfilm de France 3 Limousin (l’obstination du « bon » contre le « méchant » qui finit par triompher), j’aime pas la mer, encore moins les bateaux, et pas trop les Anglais dont on dirait qu’ils sont juste là pour nous faire la guerre et nous battre au rugby (même si sur ces deux aspects ils sont en train de s’améliorer, ils prennent des roustes au rugby) … donc tout ça pour dire que « Master and Commander …», il se pointait pas chez moi sous les meilleurs auspices …

Bettany & Crowe

Passées les deux heures et quart du film, j’aime toujours pas la mer, les bateaux et les Anglais, mais j’aime plutôt bien « Master and Commander … ». Qui en plus de ses a priori défavorables déjà évoqués, affiche en tête de générique le nom immensément bankable pour le capitaine Aubrey de Russell Crowe (le seul à figurer sur la jaquette) qui en trois ans, vient d’être nominé trois fois aux Oscars dans la catégorie meilleur acteur (et gagnant pour « Gladiator »). Bon, tant qu’on est dans les amabilités, Crowe pour moi, c’est Bronson en blond, juste capable de faire son regard noir annonciateur de mauvais temps pour ses interlocuteurs, le castagneur bien bourrin … or ici, il a un personnage un peu moins taillé à la hache, et un interlocuteur-contradicteur campé par Paul Bettany (Maturin dans le film), scientifique homme à tout faire (et surtout réparer les estropiés), et doublé d’une humaniste. Cette opposition entre les deux amis dans le film fait déborder « Master and Commander … » du strict cadre du film d’action. Entre deux joutes verbales où s’opposent deux définitions du Bien et du Mal, le devoir et l’obstination face à la raison et la science, les deux compères se retrouvent dans la cabine du capitaine pour jouer des airs classiques, Crowe au violon et Bettany au violoncelle. A noter que les deux ont réellement suivi un entraînement intensif pour ces instruments, ce sont eux qui jouent vraiment (même s’ils sont doublés par de vrais pros sur la bande-son, il n’y avait paraît-il pas trop de pains à l’origine).

Derrière la caméra, Peter Weir (plein de succès au box office, d’abord en Australie, puis plus tard dans le reste du monde supposé libre). Qui voulait absolument Crowe pour le premier rôle (par solidarité antipodique, les deux étant australiens ?). Bonne pioche, Crowe n’est pas pour rien dans le succès du film. Revers de la médaille, les relations, ont été sinon tempétueuses, du moins fortement houleuses entre les deux …

Le scénario est tiré d’un bouquin d’une interminable saga nautique d’un certain Patrick O’Brian (évidemment un Anglais, malgré son pseudo irlandais), adapté par Weir (pour être sûr de ne fâcher personne aux Etats-Unis, le bateau « ennemi » à l’origine américain est devenu français, et rien que sur ce sujet, y’en aurait des choses à dire …). Weir est un type sérieux, pour pas dire austère. Il sait qu’il va pas falloir se contenter de deux maquettes dans une bassine et trois effets spéciaux pour faire un film d’action crédible. D’autant qu’en matière de bateaux, un certain James Cameron vient de placer la barre plutôt haut … « Titanic » n’est jamais évoqué dans les bonus du Blu-ray même si, comment ne pas penser sur un plan qui nous montre Crowe et Bettany en haut d’un mât à Di Caprio et Winslet à la proue du Titanic … Manque juste la Dion en train de brailler une de ses insanités habituelles (dans « Master … », c’est de la musique classique, qui n’est pas forcément moins pompière d’ailleurs, merci Mozart, Bach et consorts …).


« Master … » ne sentait pas le film fauché au départ. Avant même d’avoir finalisé son scénario et complété son casting, Weir (ou plutôt la Fox), avait acheté un vrai voilier d’époque. Ce sera le HMS Surprise, il sera réellement en mer, et certaines scènes y seront tournées (par temps calme, faut pas non plus demander à des acteurs et une équipe technique de manœuvrer ce bestiau par gros temps). Parallèlement, une copie grandeur nature sera réalisée par l’équipe du film, montée sur vérins, immergée dans un gigantesque bassin dans les studios de Baja (propriété de la Fox), au Mexique. C’est cette réplique qui donnera certaines scènes de combat et de gros temps. Deux morceaux de navire (un pour le HMS Surprise et un pour l’Achéron) serviront pour l’abordage final. Plus évidemment les maquettes qui serviront de base aux trucages numériques. On voit que d’entrée, « Master … » était tout sauf un film à petit budget.


Rajoutez les tenues d’époque, une vraie escale dans les Iles Galapagos (parfois retouchées numériquement, mais la plupart des bestioles rencontrées par Maturin et ses deux accompagnateurs font réellement partie de la vraie faune locale. Rajoutez aussi un travail colossal sur le son (tous ces bruits boisés dans le bateau, de vrais essais dans un champ de tir de l’armée américaine de vrais canons d’époque pour savoir où et comment placer les micros pour reproduire leur vrai son). Rajoutez un parti pris de beaucoup de pans larges y compris lors des scènes de bataille (nécessitant donc la participation de dizaines de figurants ou cascadeurs), des préparations minutieuses pour des séquences « one shot » (avec destruction de fausses parties du navire) filmées sous plusieurs angles par quatre caméras, pour que si un truc déconne dans un coin, on ait d’autres angles de prise de vue pour exploiter la scène sans avoir à la refaire … Cerise sur la gâteau maniaque du réalisme, lors de la tempête au passage du Cap Horn, ce sont de vrais vagues du Cap Horn (tirées d’un documentaire maritime) qui, ramenées à grands coups d’ordinateur à l’échelle de la maquette du bateau, servent de décor à une des scènes épiques du film (démâtage, marin tombé à l’eau sacrifié, …). Tout se veut réaliste dans « Master … », ce qui nous vaut aussi beaucoup de sang lors des bastons et quelques scènes crispantes (l’amputation du tout jeune aspirant, la trépanation d’un vieux marin, l’auto-opération de Maturin lorsqu’il s’est accidentellement ramassé une balle dans le buffet, …)

Tout ça coûte forcément une blinde. Le point faible du film, c’est donc qu’il repose beaucoup sur Crowe (et un peu sur Bettany). Le reste du casting (composé de « gueules » venues essentiellement du théâtre anglais), c’est à peu près des figurants muets, les seconds rôles parlants sont peu nombreux et les histoires dans l’histoire qu’ils peuvent générer guère captivantes (le sous-off accusé d’être le chat noir de l’équipage et qui finit par se balancer à la flotte lesté d’un boulet de canon, …).

« Master and commander … » est un film à grand spectacle qui est … spectaculaire. Mission accomplie …



Du même sur ce blog :

STEVEN SPIELBERG - LES AVENTURIERS DE L'ARCHE PERDUE (1981)

 

Le meilleur ?

De la série des Indiana Jones ? De Spielberg ? Des films d’action et d’aventure ? Si on veut, et même si on veut pas d’ailleurs, tant on a affaire à un film hors-norme …

Spielberg, Lucas & Ford : tiercé gagnant

Qui a mis à l’écran un personnage créé de toutes pièces pour les besoins d’un film, l’archéologue-aventurier Indiana Jones (entendez par là que c’est pas un héros de bande dessinée type Marvel, ou de romans d’espionnage à la James Bond). Non, Indiana Jones est né si l’on en croit la légende d’une discussion sous les palmiers à Hawaï entre George Lucas et Steven Spielberg, même pas soixante dix ans à eux deux au moment des faits, et déjà un passé bien rempli niveau succès au box office …

Le résultat, pour moi, c’est mater une page blanche sur le traitement de texte … Qu’est-ce que vous voulez bien que je raconte sur ce film qui n’ait pas été dit ou écrit des centaines de fois et en mieux à la télé, sur des journaux, dans les recoins du Net ? Même E.T. ou l’Alien doivent avoir donné leur avis …

Eux, il les aime pas ...

Moi, ce qui me scotche, c’est passé le pré-générique en incrustation sur trois types qui avancent en sueur dans la jungle, les dix « vraies » premières minutes du film (jusqu’au coup du serpent dans l’hydravion). Il se passe un truc exceptionnel au sens littéral du terme toutes les dix secondes. Ces dix minutes-là, des types connus et reconnus derrière la caméra n’en ont même pas rêvé comme le final d’un film, et Spielberg l’a fait, jeté là en guise d’amuse-gueule ... Moi c’est bien simple je vois que deux trucs qui approchent (sans l’égaler) ces premières scènes. Le début de « GoldenEye » (James Bond chez les Soviets) qui se termine par cette cascade surréaliste de Bond balançant une moto dans le vide pour l’abandonner, continuer en chute libre et s’assoir aux commandes d’un avion sans pilote en piqué dans le même ravin. Et le début de « Game of Thrones », à l’opposé, tout en lenteur glaciale et glaçante, sans quasiment un mot, au milieu de paysages enneigés avant que les Marcheurs Blancs (les zombies de George RR Martin) commencent à décapiter du patrouilleur de la Garde de Nuit … En fait, le cinéma c’est comme le rock, si t’as une bonne intro, t’es quasiment sûr que le morceau va être réussi (l’occasion de signaler que John Williams a pondu un thème aussi évident qu’un titre de Chuck Berry) … Et « GoldenEye » est un des meilleurs James Bond, et « GoT » est peut-être bien le phénomène culturel de ce début de siècle, une odyssée qui oblige à repenser le terme de « série » … et « Les aventuriers de l’Arche perdue » enterre toute concurrence passée, présente et future dans son genre, et Moïse et ses Tables de la Loi doivent le savoir, c’est pas faute d’impétrants qui s’y sont essayés dans le genre …

Eux non plus ...

« Les aventuriers … » c’est le film qui rend le surnaturel naturel … et je suis pas vraiment fan des nuages de fumée maléfiques (le « Dracula » de Coppola, « Ghostbusters », « The Thing » de Carpenter, etc … enfin « The Thing » mauvais exemple, le film est bon). « Les aventuriers … » ce sont les scènes improvisées qui deviennent culte (l’Arabe en noir avec un grand sabre qui se prend une balle, au départ ce devait une baston avec Indy et son fouet, Harrison Ford avait la gastro, pouvait pas jouer une scène de combat et a donc suggéré que la confrontation soit expéditive)… Tiens, Harrison Ford, en voilà un qui a intérêt à dire du bien de Lucas et Spielberg, jouer Hans Solo chez l’un et Indiana Jones chez l’autre, ça t’évite quand même d’aller sur le simulateur de retraite du gouvernement, pour voir quel cercueil tu vas pouvoir te payer quand t’auras fini de bosser, si t’es pas déjà mort avant …

« Les aventuriers … » est un film parfait, un rythme qui ne faiblit jamais, c’est drôle quand il n’y a pas d’action, et même quand il y en a (Indiana Jones n’est pas Jason Bourne ou Rambo), ses exploits sont souvent accidentels, parce qu’il se retrouve pris dans l’imprévu et qu’il improvise. Sous cet aspect-là, il est un peu le père de John McLane-Bruce Willis dans la série « Die Hard », et le fils de Belmondo dans « L’homme de Rio » (l’influence revendiquée de Spielberg, alors que tout le monde a cru que le modèle d’Indiana Jones c’était Tintin, raté, Spielberg connaissait pas les BD d’Hergé …)

Elle, il l'aime bien ... quand il a le temps ...

Le scénario (Lucas et Spielberg pour la genèse, Lawrence Kasdan et Philip Kaufman pour l’écriture, c’est quand même une putain de Dream Team tout ça) prend le temps (mais où l’ont-ils trouvé le temps) de poser le personnage d’Indiana Jones, parce que dès le départ, si le premier marchait (il a un peu marché, rapporté vingt fois la mise, un des films les plus rentables des années 80), une ou plusieurs suites étaient prévues. Quand il est pas casse-cou à la recherche de bibelots antiques, Mr Jones est un type assez compliqué dans ses rapports familiaux et amoureux (son ancienne promise Marion, bien interprétée par Karen Allen, traverse le film à cent à l’heure, encore plus speed que son (ex)mec), il aime pas les serpents et les nazis, deux espèces particulièrement dangereuses qu’il croisera souvent dans les autres épisodes de la série, qui seront bons, mais pas autant que l’inaugural (malgré des séquences encore plus folles, Spielberg et son héros ne retrouveront pas le rythme effréné du premier).

Donc, pour répondre à mes trois questions à la con du début, « Les aventuriers de l’Arche perdue » est le meilleur de la série, le meilleur film d’action et d’aventure des cent trente dernières années … et le meilleur de Spielberg ? Pas loin pour moi. Pour faire mon malin, je vais vous dire que je préfère le plus atypique des ses films, « Lincoln », tout en lenteur et tons sombres, avec (comme toujours) une prestation extraordinaire de Daniel Day-Lewis …


Du même sur ce blog :

Le Secret De La Licorne

Lincoln



MICHAEL CURTIZ - LES AVENTURES DE ROBIN DES BOIS (1938)

 

Les aventures d'un type en legging vert ...

Robin des Bois, un type qui apparemment n’a jamais existé a été moultes fois adapté au cinéma. Passons sur les cartoons Walt Disney, les films russes et de Bollywood, reste un gros paquet de versions anglo-saxonnes du personnage. Avec pour interpréter celui qui vole aux riches pour donner aux pauvres, quelques grosses stars, Douglas Fairbanks, Russell Crowe, Kevin Costner, Sean Connery entre autres. L’interprète le plus emblématique restera sans doute Errol Flynn. Pour deux bonnes raisons : parce que sa vie est encore plus rocambolesque que celle de son personnage, et parce que « Les aventures de Robin des Bois » laisse assez (ou très) loin derrière toutes les autres versions du noble malandrin de la forêt de Sherwood.

Olivia de Havilland & Errol Flynn

« Les aventures de Robin des Bois » est pensé pour être un gros succès. Et une prise de risque pour la Warner, société de production d’une quinzaine d’années et qui jusque-là s’était cantonnée (avec bonheur) à des comédies musicales (Prologues », « 42nd Street ») ou des films de gangsters (« L’ennemi public », « Le petit César »), et qui avait sa star, James Cagney. C’est Cagney qui est au centre de tous les projets de « diversification » de la Warner. Mais voilà, des histoires contractuelles à base de paquets de billets verts entraînent une tension entre l’acteur et les gros cigares, et il refuse systématiquement tout ce qu’on lui propose. Sauf que la Warner trouve facilement un remplaçant pour son adaptation de Robin Hood. C’est un gars qui vient de se faire remarquer dans un de ses films d’aventures, ayant dépassé populairement les attentes du studio. Le film, c’est « Capitaine Blood » et l’acteur c’est Errol Flynn.

Il y a quand même un os. Errol Flynn n’est pas le genre de gars à se mettre béatement au garde-à-vous devant ses patrons. Il est plutôt du genre ingérable, bourré en permanence à la vodka, et toujours prêt à baiser tout ce qui lui passe à portée (hommes, femmes, peu importe …). D’un autre côté, il a l’avantage d’être un charmeur né, beau gosse baraqué et sportif. A une paire de prises près, il fera les cascades du film. Et comme on ne change pas une équipe qui gagne (et qui rapporte), le premier rôle féminin de « Robin des Bois » sera confié à sa partenaire dans « Capitaine Blood », la jeunette (22 ans) Olivia de Havilland. Parenthèse. Olivia de Havilland décèdera à 104 ans, sera nominée cinq fois aux Oscars de meilleure actrice, en remportera finalement deux, et entretiendra une relation compliquée, parfois haineuse avec sa sœur Joan Fontaine. Olivia de Havilland sera une actrice d’une précision de jeu diabolique, toujours d’une justesse remarquable, évitant d’en faire trop. Contrairement à Errol Flynn, qui a toujours tendance à en rajouter devant la caméra …

Cooper, Rathbone & Rains : les méchants

Les scénaristes de la Warner se mettent au boulot, piochant personnages et situations dans les versions précédentes, et en créant de nouveaux (personnages et situations). L’objectif est clairement défini : faire du film un divertissement à grand spectacle, basé sur la traditionnelle opposition entre les bons et les méchants. Et en utilisant toutes les techniques de pointe de l’époque. « Les aventures de Robin des Bois » est souvent présenté comme la première référence majeure en terme de Technicolor (format 1,37 :1) et couleurs criantes pour ne pas dire criardes. Les collants vert moule-burnes de Flynn deviendront aussi célèbres que lui, quasiment toutes les scènes en extérieur sont vraiment en extérieurs (dans un parc naturel californien).

Au centre, Curtiz & Rains
Pour l’histoire il faut faire dans le basique. Les gentils sont très gentils et un peu cons, les méchants sont très méchants et très cons. Le trio de méchants est constitué de deux grandes figures de méchants de l’époque, Claude Rains et Basil Rathbone, auquel se rajoute le méchant comique, Melville Cooper. Un peu comme dans les cartoons, le but du jeu est de capturer Robin des Bois, en utilisant des pièges invraisemblables, dans lesquels Robin se jette à pieds joints, et s’en échappe d’une façon encore plus invraisemblable (genre dans une baston à un contre cent, et pas une égratignure). Il y a dans le film tout ce qu’il faut pour faire du populaire, au sens noble du terme : de l’action, de l’amour, des trahisons, des rebondissements, pour un résultat couru d’avance … Et tant pis si rien n’est vraisemblable. Voire pire, tant pis s’il faut réécrire l’Histoire. L’action est censée se passer alors que Richard Cœur de Lion est prisonnier à son retour de croisade, et que son frère Jean Sans Terre tente de se faire proclamer roi d’Angleterre, sur fond de frictions entre Anglais (descendants des envahisseurs Normands) et Saxons (les populations originelles de l’île). Dans le film, le retour de Richard précipite le dénouement. Dans les faits, il est tué en France (siège de Châlus) et Jean sans Terre règnera une quinzaine d’années… Passons aussi sur les scènes de bataille à l’épée, celles d’époques étaient le double, et dans le film les acteurs ne frappent pas d’estoc et de taille, ils font de l’escrime …

Par contre, sur d’autres points, le réalisme est poussé à l’extrême. Robin de Bois est censé être un archer d’exception et Flynn est doublé au tir à l’arc par Howard Hill, plus grand archer de son temps (c’est lui que l’on voit opposé à Robin dans le concours de tir à l’arc). Plus fort, c’est Hill qui tire sur les figurants (une plaque en fer surmontée de balsa dans lequel de vraies flèches se plantent est sous leurs vêtements) … Sacrés risques, ils devaient serrer les fesses, les figurants …

Grands décors (en carton) et costumes

Il n’y a pas que des scènes de baston qui en foutent plein les yeux. La scène du sacre de Jean (beaucoup de figurants en costume d’apparat) est grandiose et réglée au millimètre. Le prestige du film rejaillira sur son réalisateur. Sauf que si Michael Curtiz voit son nom écrit en gros, c’est un peu comme pour « Autant en emporte le vent » l’année suivante, un film auquel plusieurs réalisateurs ont mis la main à la pâte. Un habitué de la Warner, William Keighley commence le tournage, prend son temps, lambine, et finit par se faire éjecter au profit de Curtiz. Qui n’avance pas assez vite, et une partie des scènes d’action sera tournée par un troisième réalisateur qui n’a pas vu son nom passer à la postérité (un petit contractuel de la Warner ?). En fait, « Les aventures de Robin des Bois », beaucoup plus qu’un projet de scénariste et de réalisateur, c’est un projet de studio avec cahier des charges très écrit préalable…

Résultat au-delà des espérances (gros succès populaire planétaire à la clé), et film d’un charme et d’une qualité kitsch remarquables. Sans parler de ses remakes et déclinaisons, un modèle et une référence pour des décennies de films d’action et d’aventure …


PETER WEIR - LES CHEMINS DE LA LIBERTE (2010)

 



Les Marcheurs Blancs ?

« Les chemins de la liberté » (« The way back » en V.O.) est adapté d’un bouquin (« A marche forcée ») de Slavomir Rawicz, « pensionnaire » des goulags sibériens. Qui ne s’est pas évadé, mais a été amnistié. Et qui raconte l’histoire de gens qui se sont évadés, parcourant des milliers de kilomètres pour rejoindre la Chine ou l’Inde dans une nature hostile, forcément hostile … Récits vraisemblables, véridiques, mais pas forcément vrais, même si le réalisateur Peter Weir et l’acteur principal Jim Sturgess affirment avoir rencontré des survivants de ces ultra trails … Les noms de ces gars (pas très nombreux évidemment, trois il me semble) apparaissent au début du film. Le film de Weir est une totale fiction, et ne retrace aucun périple étant censé avoir existé.

Peter Weir

Mais avant de s’évader d’un goulag au milieu de la Sibérie, faut d’abord y être déporté. Le film débute en 1940, au moment où Staline et Hitler sont copains comme cochons qu’ils sont et se partagent la Pologne. Tous ceux qui ne plaisent pas à l’Armée Rouge et au pouvoir politique de Moscou finiront au goulag. La première scène (et pour moi la meilleure du film) montre un soldat polonais (Janusz / Jim Sturgess) interrogé par un militaire sur des faits qui lui sont reprochés. Il nie, jusqu’à ce qu’il soit confronté avec sa femme qui l’accuse. On voit bien qu’il y a eu pression et chantage sur elle. Et Janusz se retrouve donc dans un « camp de travail », il ne sait même pas où, au milieu des neiges sibériennes … Les « anciens » lui expliquent que tu coupes du bois dans la forêt, et que si tu déconnes, tu finis à la mine attenante. Avec dans tous les cas, une espérance de vie d’à peu près un an. Et comme le rappelle gentiment le surveillant général, la prison c’est pas le camp, c’est la Sibérie et ses millions de kilomètres carrés enneigés …

La réadaptation sociale par le travail (comme ils diront plus tard en Chine), ça ne concerne pas que les « suspects » des pays conquis. Il y a aussi ceux qui ne sont pas dans la ligne du parti (dessinateur, acteur, rom, …), un Américain ayant fui la Grande Dépression (Ed Harris) croyant trouver en Russie communiste un nouvel Eldorado, et puis les prisonniers de droit commun, tous ces plus ou moins grands criminels que le régime stalinien envoyait dans les camps … Dans le baraquement où échoue Janusz, le maître des lieux, c’est Vilka, parce que c’est pas un tendre, et qu’il a un putain de couteau qui le fait respecter. Vilka, c’est un Colin Farrell, hirsute et forcément violent, avec Lénine et Staline (entre autres tatouages) sur le poitrail, loin ici de ses rôles de beau gosse … Dans le contexte, le but du jeu est simple : survivre en attendant la mort. Et être prêt à tout pour survivre (« la bonté ça peut te tuer ici » glisse l’Américain à Janusz alors que le Polonais vient de filer la moitié de son ignoble rata à un pauvre vieux qui crevait de faim dans la neige). Et puis il faut rêver d’évasion parce que ça ne coûte rien de rêver. Par contre si tu la tentes, c’est la mort assurée (les gardes, les paysans Russes aux alentours qui touchent une prime s’ils ramènent la tête d’un évadé, les loups, l’étendue et le climat sibérien).

Lénine, Staline & Colin Farrell

Pourtant, une petite bande prépare the great escape. Et une nuit, ils passent à l’action. Ils sont sept, ceux qui avaient prévu le coup, ceux qui se retrouvent là par hasard, ceux qui profitent de l’occasion, comme Vilka et son couteau …

Dès lors s’organise un survival direction la Mongolie. Evidemment, les faibles ne vont pas très loin (l’aveugle se perd en cherchant du bois, et meurt congelé à quelque pas du campement de fortune organisé pour passer le nuit), tout le monde s’épuise un peu mentalement et surtout physiquement, les conditions sont extrêmes, on ne survit qu’en rongeant l’écorce des arbres, en mangeant des vers, des serpents, en disputant des charognes aux loups. Les festins ont lieu quand on attrape un poisson avec une ligne de fortune, un daim (?) embourbé dans un marais, ou de la volaille que Vilka est allé piquer dans un village (en tuant un chien qui aboyait, ou un paysan, on sait pas trop …). Assez vite se joint à cette mâle troupe un élément féminin, une jeune fermière polonaise (Saoirse Ronan, à peine 16 ans et pleine de talent, la suite l’a prouvé) qui fuit elle aussi un site concentrationnaire.

Après avoir longé le lac Baïkal, la petite troupe se retrouve à la frontière mongole. Vilka fait demi-tour et revient en Russie (c’est son pays, il ne veut pas le quitter, et veut contribuer à sa criminelle façon au succès du communisme), les autres vont vite déchanter. La Mongolie est devenue communiste, et les monastères bouddhistes où ils comptaient se réfugier ont été détruits, pillés et saccagés. Décision est prise par les six rescapés de traverser la Mongolie, la Chine, franchir l’Himalaya pour passer en Inde … Je vais pas tout spoiler, tous n’y arriveront pas (le désert de Gobi se révèlera plus dangereux et mortel que la Sibérie enneigée) …


Le scénario a tout de l’épopée grandiose, de la grande aventure humaine et larmoyante. Il peut en sortir un chef-d’œuvre comme un navet. C’est là qu’intervient Peter Weir. L’Australien a du bagage. Une carrière commencée avec un thriller Belle Epoque au milieu d’un pensionnat féminin (« Pique-nique à Hanging Rock »), pour finir avec de (très) gros succès au box-office : « Witness », « Le cercle des poètes disparus », « Green card », « The Truman show », « Master and commander, de l’autre côté du monde ». Pour la façon de filmer, Weir à un modèle, c’est John Ford. Ça tombe bien, montrer les immenses étendues enneigées ou désertiques traversées par les personnages qui semblent minuscules dans leur environnement, et en respectant les proportions de Ford (2/3 de ciel, 1/3 de terre), tout cela sied à ravir au format en cinémascope choisi. Le David Lean des immenses panoramiques n’est pas loin non plus. Ici, les paysages de la Bulgarie, du Maroc et de l’Inde (oui, pas possible pour Weir et son équipe de filmer en URSS ou en Chine, la Muraille de Chine qu’il y a dans une scène est numérique) sont somptueux.

Bon point également pour les différentes parties du film. La vie au goulag (un vrai faux goulag construit par l’équipe du film, mais une fausse forêt de studio pour certaines scènes, surtout pour pouvoir gérer les effets spéciaux désirés, comme la neige ou le blizzard) occupe la juste part du film, parce qu’il faut montrer l’enfer qu’y représente la vie, que ce soit dans la vie « normale » où lorsque l’on est « puni » à la mine, parce qu’il faut montrer la promiscuité et la tension générée par cette multitude disparate. On comprend pourquoi par la suite, tous ceux qui se retrouveront à crapahuter dans la nature, ont des parts d’ombre ou de mystère. Dans l’enfermement du goulag, il faut en dire le moins possible, gommer son passé … Même la jeune Polonaise (ou qui se présente comme telle) qui les rejoint dissimule soigneusement son passé. Il leur faudra du temps pour qu’ils se livrent tous sur leur vraie vie passée et leurs rêves d’avenir …

En rando sur les bords du lac Baïkal ...

La scène d’évasion est quand même un peu sabotée, avant que le groupe se retrouve dans la forêt sous les tirs des soldats russes et avec leurs clébards au cul. Cette scène d’évasion dure juste quelques secondes, à tel point qu’on se demande si le Blu-ray a pas sauté vers l’avant.

Les deux tiers du film constituent leur longue marche vers la liberté pour certains, vers la mort pour d’autres. C’est fort bien fait, entre volonté et résignation, courage et désespoir, tant la tâche est immense et difficile.

Et quoiqu’on pense de la véracité de ce périple, faut reconnaitre que « Les chemins de la liberté » est un film plaisant, grande aventure prenante au milieu d’espaces naturels gigantesques, avec son lot d’émotions, de joies et de larmes de la part des protagonistes …

C’est juste la dernière scène que je trouve totalement à côté de la plaque. Janusz, une fois gagné l’Inde, veut à tout prix retrouver sa femme si elle est encore en vie, parce qu’il est persuadé qu’elle ne l’a trahi que sous la contrainte. Il lui faudra attendre 1990 (après la chute du Mur et l’effondrement de l’URSS), soit cinquante ans après son arrestation, pour pouvoir retourner en Pologne. Et là, comme dans ses rêves qui l’ont aidé à tenir dans le goulag et dans sa longue marche, il va retrouver la même baraque, avec la clé sous la même pierre, et sa femme qui l’attend, assise à la table … Je suis désolé, ça peut faire écraser une larmette à la ménagère de moins de cinquante ans, mais moi je trouve ça juste très con, finir une histoire qu’on présente comme vraie, par un truc totalement irréel …

Bon film de dimanche soir tout de même …


Du même sur ce blog : 

Master And Commander De L'Autre Côté Du Monde


ARTHUR PENN - BONNIE & CLYDE (1967)

Et bien écoutez l'histoire de Bonnie and Clyde ...

Clyde a une petite amie, elle est belle et son prénom c’est Bonnie … Gainsbourg avait une petite amie, elle était belle et son prénom était Brigitte … et elle fermait sa gueule à l’époque, causait pas écologie ou politique … N’empêche le tombeur moche lui a écrit une putain de bien belle chanson, inspirée par un film américain.
Beatty, Dunaway & Arthur Penn
Juste retour des choses … A l’origine du film, deux jeunes scénaristes du pays de l’Oncle Sam,  Robert Benton et David Newman, inspirés par un bouquin historique sur un gang de braqueurs ayant sévi une petite poignée d’années dans le sud-est américain au début des années 30. Gang constitué d’un ramassis de bras cassés parfois juste de passage, mais responsable de quelques drive-by-shootings sanglants sous la conduite d’un couple de jeunes délinquants, Bonnie Parker et Clyde Barrow. Problème, un tel scénario a peu de chances d’aboutir dans l’Amérique du milieu des années 60, réactionnaire et engluée dans le conflit du Viet Nam autour duquel la nation est censée se fédérer dans un respect strict de valeurs saines et patriotiques.
La première mouture du scénario est inspirée par les films de la Nouvelle Vague française. Benton et Newman voient bien Truffaut ou Godard derrière la caméra. Truffaut est contacté, étudie l’affaire, et décline. Un peu plus tard, il rencontre un peu par hasard Warren Beatty, lassé de jouer les play-boys neuneus et qui entend désormais produire les films dans lesquels il joue pour donner une autre image de lui. Beatty est intéressé et va chercher à monter le film aux Etats-Unis. Il lui manque à peu près tout : un réalisateur, un casting, et une distribution qui accepte de compléter la partie financière.
Tous ceux qu’il va contacter vont y aller à reculons. Arthur Penn, avec qui Beatty a tourné récemment (dans « Mickey One », un joli bide), qui est vaguement intéressé mais verrait bien Bob Dylan dans le rôle de Clyde. La jeune Faye Dunaway, au physique plutôt grassouillet qui se voit prescrire un régime pour avoir le rôle et n’aime guère Beatty. La Warner qui veut prendre les bénefs s’il y en a, mais ne veut pas essuyer les plâtres en cas d’échec commercial …
Un casting qui a de la gueule ...
La situation sera souvent tendue, humainement et financièrement. Le producteur et l’acteur auront des discussions interminables pour quasiment toutes les scènes, ce qui gavera passablement le reste de l’équipe et du casting. Il faudra pas se louper, pas refaire cinquante fois la même prise (pour la fusillade finale, il n’y a que deux voitures à cribler de balles, donc deux prises, et la première ne sera pas évidemment pas la bonne …). Sans compter Benton et Newman qui bataillent avec Beatty et Penn pour que leur scénario ne soit pas dénaturé. Par exemple, pour eux Clyde Barrow est bisexuel. Il est finalement hétéro impuissant dans le film, mais Bonnie et Clyde ont toujours comme compagnon de chambre Salomon (Michael J. Pollard, qui décroche là le rôle de sa vie). Penn doit également composer avec son chef opérateur, Burnett Guffey, un vieux de la vieille qui déteste tout ce qu’on lui demande de faire, mais récoltera un Oscar pour son boulot …
Il faut dire que « Bonnie & Clyde » est un film novateur. Le couple tueur de flics est glamour, sympathique, drôle et attachant, alors que le cinéma, code Hayes oblige, n’a pas du tout l’habitude de présenter les truands de cette façon. Sans parler de la sexualité équivoque de Clyde, d’une p’tite pipe bien suggérée lors d’une scène, et d’une conception du braquage de banques quasi communiste (on pique le pognon aux banquiers parce qu’on est pauvre et que c’est à cause d’eux, voir la scène du paysan exproprié qui dégomme les vitres de sa ferme, ou du plouc en train de déposer quelques billets à une banque que Clyde lui dit de remettre à la poche).

Le film est assez loin de la vraie histoire de Bonnie & Clyde, à tel point que quelques membres des familles Barrow et Parker intenteront des procès (une fois le succès commercial – qui fut long à se dessiner – acquis). Il n’en demeure pas moins que le « Bonnie & Clyde » de Penn fait partie de ces œuvres qui font date, qui vont marquer leur époque. Témoin l’anecdote de Faye Dunaway, stupéfaite lors de la tournée promo en Europe (où le film a tout de suite bien démarré) de ces troupes de filles longilignes fringuées rétro et coiffées d’un béret. Parenthèse, si le cinéma s’est souvent inspiré de « la rock attitude », ça a quelques fois fonctionné dans l’autre sens. Il suffit de voir les photos de Joni Mitchell ou Rickie Lee Jones dans les seventies pour savoir qu’elles ont longuement disséqué le look de Bonnie / Faye Dunaway …
Parce que la Dunaway, elle crève l’écran … et pas qu’un peu … dès la première scène, où elle s’emmerde ferme, mais à poil, ce qui change tout pour le spectateur, dans sa chambre avant de s’intéresser au petit manège de Clyde qui essaie de piquer la bagnole de sa mère, on  peut dire qu’un sex symbol est né (là non plus, pas un hasard si une certaine Deborah Harry en tentera dix ans plus tard une imitation, plutôt convaincante il faut dire, au sein de Blondie …). Si Clyde est davantage dans l’action, c’est Bonnie qui dirige et influence ses actes, elle est pas la poule du gangster, mais son alter ego … A côté de la Dunaway, Beatty par une sorte d’effet radioactif, livre ce qui est certainement sa meilleure prestation devant une caméra.
D'après une vraie photo de Bonnie Parker ...
Et le reste du casting est à l’avenant. Composé essentiellement de seconds ou troisièmes couteaux (budget serré), il révèle une  superstar en devenir (Gene Hackmann en frère un peu neuneu de Clyde) et offre un premier rôle pour une courte apparition à Gene Wilder. Plus expérimentée est Estelle Parsons, en belle-sœur hystérique de Clyde, prestation furieuse qui lui rapportera le second Oscar que glanera le film (une relative déception, alors que les pronostics prévoyaient à « Bonnie & Clyde » une véritable razzia de statuettes…).
Arthur Penn en profitera aussi pour donner un second souffle à une carrière jusque-là quelconque et poussive (« Little Big Man » est à venir). Parce que « Bonnie & Clyde » est un film spectaculaire, violent, novateur (les impacts de balles et les giclées de sang sont commandés par tout un tas de fils qui donnent un effet réaliste jamais atteint jusque-là). Les costumes, pas vintage mais inspirés de ceux de l’époque, sont superbes, la reconstitution du Texas et des états avoisinants crédible (si la fusillade finale a été tournée en Californie, tout le reste est en « décors naturels », Penn ayant été stupéfait de découvrir  que sans rien toucher, les petits patelins du milieu des années 60 étaient identiques à ce qu’ils furent trente ans plus tôt).
Même la « gauche » américaine (oxymore) a vu dans « Bonnie & Clyde » une critique sociale et économique de l’Amérique des années 30, traumatisée par la crise de 1929, qui généra des millions de types pauvres et ruinés …
Enfin, de là à imaginer Sophia Chikirou et Jean-Luc Mélenchon en Bonnie & Clyde contemporains …



RIDLEY SCOTT - ROBIN DES BOIS (2010)

Robin Hood prequel ...

Le film de Ridley Scott est la vingt et unième adaptation au cinéma des aventures de Robin des Bois. Pas mal pour un type qui n’a jamais existé … en fait parmi tous ces kilomètres de pellicules consacrées à Robin à la Capuche, seules deux étaient jusqu’à présent passées à la vraie grande postérité. Celle de Michael Curtiz, avec Erroll Flynn en collant moule-burnes vert sur un fond de couleurs pétaradantes, et celle très quelconque du troisième couteau Kevin Reynolds avec dans le rôle-titre le très bankable Kevin Costner, assurant sur son seul nom un retour sur investissement très conséquent.
Blanchett, Crowe & Scott
Et là, en 2010, on pouvait s’attendre à voir débarquer la version ultime de Robin des Bois. Parce que derrière la caméra il y a quand même rien de moins que Ridley Scott, qui bien qu’ayant ses œuvres légendaires tournées depuis quelques lustres (« Alien », « Blade runner », « Thelma et Louise »), sortait encore des trucs plus que bien foutus (« Gladiator », « La chute du faucon noir », « Kingdom of heaven », « American gangster », …). Et en gros plan sur l’affiche, la tronche rondouillarde de Russell Crowe, incontournable des années 2000 dès lors qu’il s’agissait de pulvériser des records au box-office (« Gladiator », « Master and Commander », « American gangster », « Jeux de pouvoir », …). Scott – Crowe, un attelage qui n’en était pas à son coup d’essai et promis à un succès assuré …
Les bons
Et succès il y eut (des centaines de millions de dollars de recettes au box-office). Mais de grand film point … Peut-être parce que l’équation était trop difficile à résoudre, même quand on s’appelle Ridley Scott. Comment faire du neuf avec du vieux, mille fois vu ? Même si Scott avait trouvé le gimmick : raconter l’histoire de Robin des Bois avant que ne commencent toutes les autres déjà filmées. Le prequel de Robin Hood en quelque sorte. Quitte à triturer tous les scénarios précédents pour en faire un de nouveau. Sans éviter le principe du prequel, assez gênant quand on fait un film de deux heures et demie, c’est qu’on connaît la fin puisqu’on a déjà vu la suite … alors on peut multiplier les méchants, les fourberies, chausse-trappes et situations désespérées, y’a pas de suspense. Et tout l’art et le talent de Scott, servis par quantités d’effets numériques n’y changent rien. Pire, lors de la bataille finale qui se veut le summum du film, on s’aperçoit qu’elle ressemble à un copier-coller de celles des Champs du Pelennor dans le dernier volet du « Seigneur des Anneaux », avec la femme, ici Lady Marianne qui se bat contre le méchant absolu Godefroy (à noter que Cate Blanchett qui joue Marianne est dans les deux films).
Les méchants
Et puis il y a le cas Russell Crowe. Qui dans la plupart de ses films ne joue pas un personnage, mais fait du Russell Crowe. Le type massif, œil noir inexpressif limite bovin qui finit par castagner tout ce qui passe à portée. Une sorte de Schwarzenegger néo-zélandais qui occupe certes l’écran d’une façon vue et revue et somme toute très stéréotypée. Perso, j’ai jamais considéré ce type comme un grand acteur malgré tous les énormes succès de son CV.
Certes, pris en dehors de son contexte le « Robin des Bois » de Scott est un film d’aventures divertissant, qui tiendra en haleine la cellule familiale un dimanche soir …
Ce « Robin des Bois » c’est quand même un peu beaucoup de la chair à prime time sur chaîne généraliste …

Du même sur ce blog : 




STANLEY KUBRICK - BARRY LYNDON (1975)

Eloge de la lenteur ...
Comme celle de la « Sarabande » de Haendel qui rythme l’enterrement du fils de Barry Lyndon. Ou plutôt de Redmond Barry. Oops … Spoiler ? Ouais, mais on s’en fout. Quiconque n’a pas vu « Barry Lyndon » est juste bon pour l’intégrale de Christian Clavier …
Parce que « Barry Lyndon » est, du moins en France, un des Kubrick les plus populaires. Peut-être parce que le Kubrick le plus facile. Facile d’accès, évidemment, parce que sur bien des aspects, « Barry Lyndon » se situe à des hauteurs stratosphériques.
Kubrick met les figurants au pas ...
Il n’y a pas dans « Barry Lyndon » de parabole, de message caché, ou subliminal, ou hermétique. C’est un film à prendre au premier degré. Un film d’époque en costumes, un peu d’aventure, de l’amour, de la haine. La matrice de milliards de films. Sauf que pas beaucoup arrivent à ce niveau.
Parce que Kubrick est un maniaque. Qui commence à prendre son temps pour rendre sa copie. Quatre ans séparent « Barry Lyndon » de « Orange mécanique » et il faudra en attendre cinq pour voir sur les écrans son successeur, « Shining ». Kubrick se fixe sinon des challenges, du moins des exigences sur ce qu’il entend montrer au spectateur. Et pour « Barry Lyndon », les obstacles n’ont pas manqué. Financiers, certes, même si c’est pas la préoccupation principale. Parce que faire un film de trois heures (version « publique », je vous dis pas le nombre d’heures de rushes que ça a du générer) se passant au XVIIIème siècle, en costumes d’époque (et pas des fripes vaguement vintage, non, dix huit mois « d’atelier de couture » d’après les tableaux d’époque minutieusement disséqués), et avec quelques scènes de bataille (avec des vrais figurants, pas des silhouettes numériques rajoutées). L’exigence de Kubrick va trouver un challenge à sa hauteur. Il n’entend pas filmer des scènes d’intérieur (et il y en a un paquet) sous la lumière de projecteurs électriques. Non, les gens au XVIIIème s’éclairaient à la bougie, c’est donc à la lumière exclusive et unique des bougies et autres chandelles que Kubrick filmera. Or, il n’y a au début des années 70 pas le matériel capable de filmer dans la pénombre. Kubrick aura recours à des optiques conçues pour autre chose par la NASA, il devra les modifier pour les intégrer à ses caméras, afin d’avoir toutes les scènes en lumière naturelle ou réelle.
Un certain sens du cadrage ...
Bon, tout ça (les costumes, le matos) on peut le faire ou l’avoir (avec du pognon). C’est pas pour autant qu’on va derrière sortir un grand film. Moi, je suis une tanche niveau technique cinématographique, je me contente de ce qui passe sur l’écran sans souvent avoir la moindre idée de comment ils se sont démerdés les types sur le plateau de tournage pour arriver à ce que je vois. Dans « Barry Lyndon », il y a au moins un truc technique qui saute aux yeux, c’est le cadrage. Putain il avait des lasers dans les pupilles le Kubrick (ou le mec qui tenait la caméra) pour arriver à ce résultat. Cherchez dans les putain de trois heures une seule scène dans laquelle les personnages ne sont pas positionnés au millimètre au centre du décor ou de l’environnement. Qu’il s’agisse de mecs filmés en gros plans, ou d’une calèche pas plus grosse qu’une fourmi dans un extérieur grandiose. Et si des fois c’est pas le cas, il faut quand même regarder plein milieu de l’écran, c’est là qu’il y a ce qui est essentiel ou va le devenir dans la scène.
Parce que l’histoire de Barry Redmond (si Kubrick avait été au courant de la chose rock, il aurait pu appeler ça « The rise and fall of … »), elle est, sinon évidente, du moins prévisible. Le film est divisé en deux parties (plus un épilogue sous forme d’intertitres) aux intitulés suffisamment explicites pour qu’on devine à peu près vers quoi on s’avance. Deux parties différentes. La première relativement picaresque (entre Don Quichotte et Gil Blas de Santillane), où l’on voit un jeune hobereau irlandais chercher la réussite sociale (dans l’amour, l’armée, la désertion, le jeu, …), en flirtant évidemment avec toutes les limites et en les dépassant allègrement dès que possible. Barry Redmond est un personnage attachant bien que peu sympathique. Barry, c’est Ryan O’Neal (le beau gosse 60’s révélé dans le machin fleur bleue « Love Story ») qui trouvera dans « Barry Lyndon » son titre de gloire avant de retomber dans les nanars plus ou moins affligeants (lui et Kubrick se détesteront évidemment de plus en plus à mesure que le tournage avance). Même si sa performance d’acteur ici n’est pas de celle que l’histoire du cinéma retiendra (surtout si on la compare à McDowell dans « Orange mécanique »). Il y a par contre dans cette première partie toute une série de personnages pittoresques qui apparaissent plus ou moins furtivement et donnent le plus souvent des éclaircies comiques dans un film qui ne l’est pas vraiment.
Un certain sens du cadrage (bis) ...
Au milieu du film (quasiment à la seconde près), apparaissent la comtesse de Lyndon (Marisa Berenson) et son mari impotent et grabataire. Forcément, le vieux cocu une fois mort, Barry Redmond va épouser la veuve pas très éplorée et devenir Barry Lyndon. Et alors que l’on croit le personnage parvenu (dans tous les sens du terme), c’est justement sa déchéance qui va nous être montrée dans la seconde partie du film. Malheureux en amour, en affaires, détesté par la noblesse anglaise qui n’est pas dupe de son arrivisme, il finira amputé (après un duel avec son beau fils qui le hait cordialement) et exilé, loin de sa femme et de ses fastes et frasques passés. Sans que pour autant il puisse y avoir une sorte de morale ou qu’on ait envie de s’apitoyer sur son sort. Aucun des personnages mis en scène par Kubrick n’inspire la sympathie, et surtout pas le couple Lyndon. Rien cependant qui tienne de la révélation, quand on sait le peu d’estime que porte Kubrick à la « vieille Angleterre » et à tous ceux qui la représentent, la noblesse séculaire en particulier.
Et aussi de l'éclairage ...
Deux scènes mémorables. Les deux duels de Barry. Le premier avec un officier anglais, hyper hautain et hyper sûr de lui, qui se délite complètement au moment fatidique. Le dernier avec son avorton de beau fils, grand épisode tragi-comique du film.
Deux observations pour finir. La mort du fils (par ailleurs belle tête à claques) de Barry intervient dans exactement les mêmes circonstances (chute de cheval) que la mort de la fille de Rhett et Scarlett dans « Autant en emporte le vent ». Certainement pas un hasard. Et la seconde partie du film a quasiment été plagiée (dans la forme et l’esprit) par le pénible et expérimental Peter Greenaway dans son « Meurtre dans un jardin anglais ».

Conclusion perso : « Barry Lyndon » est à Kubrick ce que « Le temps de l’innocence » est à Scorsese. Une parenthèse apaisée et merveilleuse dans une œuvre globale ne manquant pas de tempérament…


Du même sur ce blog :



JEAN-JACQUES ANNAUD - LA GUERRE DU FEU (1981)

Western préhistorique
Avant l’assez pénible Luc Besson, Jean-Jacques Annaud fut le golden boy du cinéma français. Une carrière à succès et hautement lucrative (il l’admet lui-même) commencée dans les spots (on ne parlait pas encore de clips) publicitaires, des envies de long format, et coup de bol, un Oscar récupéré pour son premier film, « La victoire en chantant », bide retentissant en France. Guère plus de succès pour le suivant, « Coup de tête », mélo noir et footballistique, devenu plus ou moins culte parce que le suicidé Dewaere y tenait le rôle principal.
Fiers comme des vainqueurs de la Champions League
Annaud, quelque peu mégalo, rêve d’un film qui marquera son époque, une sorte de fresque, de péplum. C’est par hasard, lors d’une discussion avec Gérard Brach, scénariste notamment pour Polanski, que l’adaptation d’un roman à succès de J-H Rosny, « La guerre du feu », est envisagée. Une histoire qui se situe 80 000 ans avant Jacques Chirac. Comme Annaud n’a pas de Raquel Welch au générique (« Un million d’années avant J.C. »), les producteurs ne se bousculent pas. Personne veut foutre des pépètes dans un machin sans dialogues où des types en peau de bête se baladent pendant une heure et demie. Chou blanc en France et timides promesses aux States. Ce qui n’empêche pas Annaud de préparer le film. Des repérages en Islande, des dialogues et des langues inventées par le linguiste Anthony Burgess (c’est son taf, même s’il est beaucoup plus connu comme l’auteur de « Orange mécanique », qui a inspiré à Kubrick le film du même nom), des castings et des répétitions avec des spécialistes de la préhistoire, des mimes, des comportementalistes...
Jusqu’à ce que, patatras, à la suite de jeux de chaises musicales dans les studios américains, les financeurs se désistent. De production américaine, « La guerre du feu » devient finalement une coproduction franco-canadienne. Le film sera tourné au Canada, en Ecosse et au Kenya. Les acteurs seront plutôt des « gueules » (Everett McGill, Ron « pas encore Hellboy » Perlman) que des stars (l’actrice principale, Rae Down Chong, est la fille d’un ami d’Annaud qui débute quasiment devant les caméras).
« La guerre du feu » est un de ces films extrêmes, dans la lignée des « Fizcarraldo » ou « Apocalypse now », sortis quelques années plus tôt. Parce qu’on parle là d’une époque où si tu voulais avoir une image sur l’écran, ben fallait d’abord la filmer. Aussi con que ça puisse paraître aujourd’hui où tu « tournes un film » avec des types bardés de capteurs qui s’agitent devant un mur vert fluo, et après à grands coups de Mac tu rajoutes ce que tu veux pour faire apparaître au cochon de spectateur les choses les plus extravagantes, autant au début des années 80 il fallait de l’imagination, des acteurs, et pour des scènes difficiles, épiques, grandioses, ben y’avait pas droit à l’erreur.
Mammouth va écraser le campement
De tout cela, Annaud s’en explique longuement dans son commentaire du film (pas toujours passionnant, son commentaire d’ailleurs, c’est un peu lou ravi du village qui se la pète). La plupart des scènes sont tournées avec trois caméras (une pour les gros plans des personnages, une pour la vue de groupe, la dernière pour les personnages dans les décors grandioses), souvent dans des conditions météo extrêmes (-10 voire -15° dans les marais d’Ecosse, 40° au Kenya). Il fallait répéter beaucoup avant, parce que la première prise se devait d’être la bonne (cinq heures de maquillage pour chaque acteur, et une fois que t’es passé dans l’eau, s’il faut refaire la prise, faut aussi refaire le maquillage, et quand t’as du mal à trouver les budgets, vaut mieux pas multiplier les prises).
Pour moi, « La guerre du feu » est un très grand et très bon film. Même si comme d’habitude, les ronchons le dézinguent. Les ronchons, ici, sont les historiens spécialistes de la préhistoire. Foutaise que « La guerre du feu », invraisemblances à tous les étages. D’ordre chronologique (de tels événements ne dateraient pas de 80 000 ans, mais de 800 000, vous saisissez la nuance, moi pas …), d’ordre linguistique (ces tribus-là ne parleraient pas et d’une façon générale ne communiqueraient pas comme ça, pfff …), d’ordre social (les tribus ne fonctionnaient pas comme ça, re pfff …), et en veux-tu en voilà des précisions d’érudits … Bon, les rats de bibliothèque, on se calme, z’avez jamais lu Rahan, le guerrier des âges farouches quand vous étiez minots ? Ben il faudrait. Parce que je vais vous dire, on s’en cogne de l’exactitude. Dans un film, ce qui compte, c’est l’enchaînement des images qui racontent une histoire, et l’émotion ou les émotions que cette histoire te procure. Et pas vos putains de ratiocinations sur les costumes, les armes, les dialectes, etc etc … Tiens, et tant que j’y suis, tant qu’à avoir cité Rahan, autant préciser ici que l’auteur de l’affiche du film pour la France est Druillet, un des grands de notre BD.
« La guerre du feu » part d’un postulat simple. En des âges lointains, le feu est synonyme de vie. Faut soit savoir le faire, soit le conserver précieusement. Le film raconte les pérégrinations de trois « guerriers » d’une tribu qui savait pas faire du feu et se l’est fait « voler » lors d’une attaque d’une tribu hostile, des types plus simiesques, plus cons, mais plus balèzes. Parce que tout est là, et comme aurait dit La Fontaine, la raison du plus fort est toujours la meilleure. Quoique, c’est grâce à une tribu de maigrichons peinturlurés, que les solutions et le progrès arriveront. Et donc les trois Pieds Nickelés en peau de bête doivent pour sauver leur tribu, ramener du feu.
Le repos du guerrier ...
C’est leur périple en milieu hostile, forcément hostile, que le film nous raconte. Il leur faudra éviter de se faire bouffer par des lions à grosses canines, par une tribu de cannibales, apprivoiser des mammouths (Annaud nous raconte la galère pour transformer des éléphants en mammouths et les faire « jouer », pour finalement qu’ils foncent là où c’était pas prévu et détruisent plus ou moins le campement de l’équipe du film), se battre avec des ours (ce qui donnera une autre idée de film à Annaud), s’enliser dans des sables mouvants, régler quelques problèmes avec un trio de jaloux de leur propre tribu, … Mais ces hommes découvriront aussi la solidarité, le rire, l’amour et toutes les situations vaudevillesques qui peuvent aller avec.
Parce que, et c’est tout l’art et toute la réussite du film, n’importe qui pourvu de quelques neurones en état de marche suit. « La guerre du feu », film sans dialogues (ou plus exactement des dialogues auxquels on ne comprend rien), est d’abord et surtout un grand film d’aventures au milieu de paysages grandioses. L’émotion et  un humour sous-jacent sont toujours présents, même dans les situations les plus difficiles et scabreuses. Grande scène du film : les larmes de Naoh (Everett McGill), lorsque qu’un homme de la tribu de sa dulcinée lui montre comment « fabriquer » du feu. Là moi j’aurais mis dans le soundtrack « Allumer le feu » de Johnny. Bon, Annaud a des excuses, le morceau était pas sorti. Mais c’était pas une raison pour foutre en bande-son les trucs pompiers de Philippe Sarde (« c’est beau comme du Stravinsky » dit en substance Annaud à propos de sa bande-son. Moi j’aurais dit aussi chiant que du Wagner, mais bon, on va pas chipoter …).

Une anecdote pour finir. « La guerre du feu » a été un film très compliqué à financer, le projet a pris cinq ans avant de voir le jour. Une fois terminé, c’est la Fox qui a hérité, à la suite de tractations à base de dollars, de sa distribution. Le Président de la Fox ne croyait pas du tout en ce film, et Annaud pensait qu’il ne sortirait pas. En dernier recours, le gars de la Fox le montre à un de ses copains et lui demande son avis. Le type est emballé, le film sort. Ce type était Frank Sinatra …