GEORGE WAGGNER - LE LOUP-GAROU (1941)

Loup y es-tu ?

Film culte, comme n’importe quel film sorti qui est culte pour quelqu’un. En l’occurrence, « le Loup-Garou » (« The Wolf Man » en V.O.) est considéré comme l’ancêtre des films de … loups-garous. Et si le nanar de George Waggner n’est pas le premier film à traiter du sujet, il reste le plus connu des temps préhistoriques du cinéma. Parce qu’il y a (surtout) un casting. De seconds couteaux qui sont pas loin d’être des premiers. Genre Claude Rains (toujours là pour jouer le méchant de service), Ralph Bellamy, Patrick Knowles pour les messieurs, Evelyn Ankers et Maria Ouspenskaya pour les dames. Sans oublier les deux noms qui brillent le plus en haut de l’affiche, Bela Lugosi et Lon Chaney. Précision : Lugosi a en tout et pour tout sept répliques (vu son accent, il vaut mieux) et se retrouve vite dans (where else) un cercueil, quand à Lon Chaney c’est Jr., le fils de son père « l’homme aux mille visages » et une des plus grandes stars du muets.
George Waggner
Le fiston se contentera de décliner son personnage de Larry Talbot / Le Loup-Garou (il a eu de la chance, c’est Boris Karloff qui était pressenti pour le rôle) dans les suites du film, finissant même, après avoir affronté Dracula ( ! ) et Frankenstein ( ? ), par donner la répliquer aux inénarrables Abott et Costello (duo de comiques troupiers) pour un très improbable « Deux nigauds contre Frankenstein » (c’est fou comme on apprend plein de trucs inutiles en matant les bonus des Dvd …). Et le fiston n’arrivera jamais à la cheville de son paternel, qui lui foutait vraiment les jetons dans ses apparitions …
« Le Loup-Garou », scénario de Curt Siodmak (un Allemand fuyant les nazis) et réalisation de George Waggner. Suffit d’aller voir sur Wikichose leurs pédigrées et les films auxquels ils ont contribué, pour voir qu’on est là au cœur de la série Z. D’ailleurs, toujours section bonus (y’a de la place pour les bonus, le film ne dure que 67 minutes), une sorte d’universitaire du film d’horreur (Tom Weaver) nous assène (heureusement sous-titré) avec un débit de mitraillette à faire passer Scorsese pour un bègue, toutes les incohérences scénaristiques (le film est la conjonction de plusieurs scénarios bâclés) et tous les raccords hasardeux ou foirés, même si le gars a l’air assez fan ...
Chaney & Ankers
Faut dire qu’à la vitesse où allaient les choses (deux mois entre le premier coup de manivelle et la version montée présentée à la critique, même si on était dans les années quarante, ça fait rapide …), fallait pas être trop regardant …
L’histoire, exploitée des dizaines de fois (la plus célèbre étant tournée par John Landis au début des 80’s), est archi-connue. C’est celle du type qui avant de tuer un loup-garou se fait mordre et devient à son tour loup-garou. Soit. Ce qui en soi n’est pas plus con que le concept d’Alien…
Et parce que le scénario tient sur la tranche d’un feuillet à cigarettes, on y rajoute les événements qui vont « meubler ». L’histoire familiale compliquée (entre papa Rains et fiston Chaney), l’histoire d’amour (entre Ankers et Chaney, les deux sous contrat avec Universal ont tourné plusieurs films ensemble et se détestaient comme c’est pas permis), la pseudo enquête policière entre chasse à courre pour débusquer le toutou tueur et intrigue métaphysique et psychologique (à laquelle on ne comprend rien, pas plus que les acteurs si on en juge par leur jeu). Et puis les indispensables à ce genre de film, le château familial (en carton, ça se voit plus que beaucoup), les arbres en carton (ça se voit bien aussi) baignés par un brouillard artificiel (le préposé aux fumigènes faisait un peu n’importe quoi). Sans oublier les gens du voyage mystérieux chargés de pouvoirs surnaturels et de lourds secrets (Lugosi et Ouspenskaya, il est son fils, alors que dans la vie il est plus âgé qu’elle, ça se voit aussi …).
Number of the Beast ?
Le plus remarquable pour l’époque, tout le monde se plaît à le souligner, c’est le maquillage nécessaire à transformer Chaney en loup-garou, qui est l’œuvre d’un cador du genre, Jack Pierce, référence culte de tous les spécialistes d’effets spéciaux à base de monstres encore aujourd’hui. Selon les intervenants des sections bonus, Chaney en avait pour des heures à se faire coller des poils de yak sur le museau (entre trois et six plombes) et quasiment autant pour retrouver apparence humaine. Petit détail : Pierce et Chaney se détestaient (apparemment le Chaney avait pas beaucoup de potes dans le métier), c’est pourquoi à mon sens, une fois grimé en loup-garou, il faisait plutôt rire que peur (je sais, c’est facile et méchant, le film a quasiment 80 ans, y’avait pas la motion capture assistée par des multitudes d’ordinateurs) …
Bon, ben voilà, si vous avez un peu plus d’une heure à perdre … ou alors regardez « Dr Jerry et Mister Love » avec Jerry Lewis, c’est pas seulement un pastiche de Jekyll et Hyde, c’est aussi dérivé du « Loup-Garou », et c’est beaucoup plus fun …



3 commentaires:

  1. Ça serait pas plutôt "Loup y ES-tu ?"
    Sinon bon ben voilà quoi...

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  2. Ah, Claude Rains... "Casablanca", "Mr Smith au sénat", "les Enchainés"... mais pour rester dans ta thématique, "L'homme invisible" de James Whales, le mec de Frankenstein. Quel film cet "Invisible man" !

    Pas sûr d'avoir vu ce Loup Garou, pourtant je me régale de ce cinéma, les "Momies" avec Karloff, les films de Lon Chaney. Y'avait du talent... Et quels cadrages, quelles photos !

    Bon, comme tu aimes les vielles badernes, tu as été voir le dernier Eastwood. Tu en parles quand ?

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  3. Loup y es-tu ... effectivement, je corrige...

    J'ai pas vu l'homme invisible ... non, c'est pas une joke ...
    Si seulement c'était le dernier Eastwood ... non, pas vu non plus ...

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