DOGS - THREE IS A CROWD (1993)

Emportés par la foule ...
Ouais, j’suis mal barré là … alors qu’il y a des milliards de disques que je pourrais dégommer sans avoir à me forcer, à la jouer désabusé, cynique, tout ça … Voilà que je me retrouve avec un Cd dont j’ai pas envie de dire du mal. Ni du bien, c’est là tout le problème.
Parce que les Dogs, même si ça compte triple, comme au Scrabble, quand on arrive à glisser leur nom en société, j’essaie d’en dire du bien autant que faire se peut. Sur la foi d’un de ces croisés-crucifiés du rock Dominique Laboubée, qui était leur âme et qui est parti pas vieux la faute à une saloperie qui l’a bouffé à vitesse grand V. Les Dogs, c’était lui et ses disciples, recrutés au fil des rencontres parmi les plus fines lames rockant et rollant de Rouen d’abord et puis de tout ce pays. Les Dogs, c’étaient des puristes du binaire, les types au goût sûr et à la culture musicale millésimée. Ils ont réussi à se faire une place et à survivre au milieu des punks (ce qui était loin d’être gagné, surtout en Giscardie) et à même attirer l’attention d’une major (Epic, avec toute l’artillerie de la CBS derrière). Les Dogs ont même sorti deux disques parfaits (« Too much class for the neighbhoorood » et « Legendary lovers ») au début des mornes 80’s. Qui parce qu’ils étaient remplies à la gueule de rocks classieux et sans concessions, qui plus est en anglais, n’ont pas du tout marché dans le pays dévoué à Téléphone et Trust, en attendant Rita Mitsouko. Le rock, ici, c’est en français ou aux oubliettes. Grosse connerie et vaste débat, on va pas épiloguer là-dessus.
« Three is a crowd », c’est les Dogs des nineties. Toujours aussi anachroniques (on les a jamais vus en pantacourt balancer des riffs grungy et fuzzy). Toujours obsédés par une musique qu’à juste titre ils trouvaient meilleure que d’autres. Celle des Beatles, des Stones (qu’ils citent dans « Today sounds like yesterday »). Aussi la soul, le rhythm’n’blues, le rock garage, en gros tout ce que les sixties avaient de meilleur. Revivalistes un jour, revivalistes toujours … Sauf que là, exit les majors, faut faire avec les moyens du bord. Et se raccrocher à l’ami Zermati et à son label Skydog, ambulance de tant de rockers français en mal de reconnaissance. Zermati, c’est pas la CBS. Finis les « objectifs », retour au « do it yourself ». Les parutions discographiques des Dogs se sont espacées et quand on peut sortir une galette, faut pas passer trois mois en studio pour régler la caisse claire.
Malgré tout, « Three is a crowd » n’est pas un disque au rabais, un vague cataplasme sonore anémique. C’est là tout le problème pour moi. Les Dogs se sont fait produire par Colin Fairley (pas n’importe qui, longtemps aux côtés de Costello, Nick Lowe, les Dexys Midnight Runners et quantité d’autres). Et volontairement ou pas, l’Anglais leur a collé ce qu’on appelle un « gros son ». Une armure sur de la dentelle, parce que les compos, elles sont loin d’être mauvaises.
Laboubée entouré par Rosset & Lefaivre : Dogs 1993
Mais dès le début du premier titre (« The price of my sins »), on est quelque peu dérouté par une intro hard-indus, un mid tempo lourd de chez lourd, un écho démesuré (et malvenu) dans la voix de Laboubée. C’est cette fragilité naïve qui faisait tout le charme des Dogs (ou dans un autre registre, des Modern Lovers par exemple). Ils nous sortent pas la Panzer Division sonore, mais bon, ces gros artifices clinquants, pour moi, ils leur vont pas. Little Bob aussi (« Ringolevio ») avait quelques années plus tôt malencontreusement durci le ton. Foutue recherche du tape à l’oreille qui a fait tant de ravages dans les discos de types qui n’en demandaient pas autant (hein, Springsteen et Petty, vous voyez de quoi je parle ?).
Dominique et les Dogs savent écrire des chansons, c’est un truc qui s’oublie pas une fois qu’on est tombé dedans. Et celles de « Three is a crowd » sont loin d’être mauvaises (« Back from nowhere » énergique et mémorisable, « Super friend » frais et mélodique même si ça parle de rupture sentimentale, « Today sounds yesterday » on dirait par moments les Who des débuts, « Never been in love » mid tempo avec harmonica bluesy). L’ambiance est à la nostalgie, souvent (« Back from nowhere », « Super friend », « 19 again »), développant la thématique du « c’était mieux avant ». Les hommages sont bien là (« Skydogs » court instrumental pour l’ami Zermati, « Noise therapy » très Ramones (rien que le titre !). On a droit à deux reprises, l’obscure « Three is a crowd » qui donne son titre à l’album et dont j’ai pas réussi à trouver la version originale (non, c’est pas le morceau éponyme d’Otis Clay), et la beaucoup moins obscure « I wanna be your dog » des Stooges, plutôt convenue (le « Johnny Be Good » de la génération garage sixties énervée) et qui n’apporte rien à l’originale ni aux Dogs d’ailleurs.
A signaler aussi pour achever de faire à peu près le tour du proprio une ballade mid tempo (« The end of the gang »). Musicalement et dans les paroles (niveau quinze jours d’anglais au lycée) on est dans la nostalgie (des genres musicaux, des gonzesses, ces vilaines, qui se cassent). La voix de Dominique est souvent bidouillée et un peu trop chargée d’écho à mon goût, mais faut l’extirper des multiples parties de guitare bon, c’est pas Otis Redding au micro, on savait depuis longtemps. Zermati met la main à la pâte (piano martelé au fond du mix sur « I wanna be your dog »), et Philippe Almosnino (Wampas et Johnny Hallyday band entre multitude d’autres) vient placer quelques parties de guitare sur deux titres.

« Three is a crowd » n’est pas le disque par lequel il faut débuter les Dogs. Pas leur meilleur, c’est sûr. Mais s’il sortait dans ce pays que des disques de ce niveau, le rock made in France serait moins comparé au vin anglais … 


Des mêmes sur ce blog :

DEVO - Q : ARE WE NOT MEN ? A : WE ARE DEVO (1978)

UFO ...
Le mag Rolling Stone, dans un de ses hors-série, classe ce disque de Devo comme un des meilleurs disques punk de tous les temps. Non, pas d’accord … J’en veux pas à Rolling Stone, d’ailleurs tous les journaleux « rock » disent que Devo c’est du punk. Objection, messires …
Faut pas déconner. Autant on peut trouver des similitudes certaines entre Pistols, Clash, Dead Kennedys, à la limite les Ramones vers 76-78, autant avec Devo, on trouve des similitudes avec … rien. Enfin le Devo de ce « Q : … » parce que je ne connais personne de censé dans cette galaxie qui ait écouté d’autres disques de Devo. Même si le groupe (ou ce qu’il en reste) tourne encore aujourd’hui … Les punks venaient par ordre d’apparition de New York, Londres, Los Angeles. Devo étaient de Akron, Ohio, dernier pôle industriel avant le Midwest. Ville connue pour ses usines de pneus (et pour avoir vu naître Chrissie Hynde, inconnue en 1978 … et aussi un rappeur ou un big seller r’n’b, j’sais plus lequel et je m’en tape). Autrement dit, pas l’endroit musicalement tendance, où l’on s’emmerde ferme en attendant le prochain concert de nullards comme Journey, Nazareth, Kansas, … qui jouissent d’un succès sans commune mesure avec leur talent (ou plutôt leur absence de talent) dans les USA des mid 70’s.
Des employés du gaz ? Non, Devo 1978
Devo est constitué de deux « couples » de frères, les Mothersbaugh et les Casale, plus un batteur, Alan Myers (s’il est encore de ce monde, il peut me faire un virement Paypal, c’est pas tous les jours qu’on cite son nom …). Logiquement, le jeune qui fait de la musique, il essaye d’écrire des morceaux, de les jouer, de les enregistrer. Devo rajoutent une étape, ils créent un concept autour de leur musique. Oh, partez pas, on n’est pas chez ELP ou Genesis …
Le concept de Devo, piqué apparemment à des scientifiques sérieux ( ??? ), c’est le concept de la de-evolution, autrement dit une évolution à rebours, une régression planifiée ou un truc du genre (puisque le progrès nous amène des machins de plus en plus mauvais, faut revenir en arrière, vous voyez le truc ? non, ben tant pis …). C’est là, quand se pointe un truc loufoque, que les grands esprits citent le nom de Zappa et évoquent la filiation. Tout faux… Zappa, dont la musique est quand même chiante au possible, a un discours sérieux qu’il expose de manière loufoque. Il n’y a absolument rien de sérieux chez Devo. Parmi les cinq, y’en a un qui joue du synthé et ils sont allés enregistrer ce premier disque en Allemagne. Les mêmes gros malins vous citeront comme une évidence l’influence de Kraftwerk. Je les mets au défi de me trouver la moindre similitude ente les teutons électroniques et Devo.
Plus prosaïquement, à mon sens, Devo s’inscrit dans une démarche libérée des carcans et des stéréotypes qui commençaient à encombrer tous les dinosaures du rock ou qui allaient le devenir. Le rock des mid 70’s était devenu sérieux, appliqué, triste, joué par des types qui l’étaient tout autant. A l’opposé quelques trucs discordants et le plus souvent dissonants apparaissaient, joués par des types capables de sourire sur une photo : les Modern Lovers, Père Ubu, les Feelies, les Sparks, bientôt les B 52’s … auxquels je rajoute donc Devo. Parce que, je vais vous dire, les guignols qui comparent Devo à Kraftwerk, sont-ils seulement arrivés à la plage 10, « Come back Jonee » ? Ils devraient, ils y entendraient un riff très Chuck Berry (d’ailleurs dans les paroles, ils citent « Johnny B Good », et aussi « Johnny too bad », le reggae des Slickers).
L'autre pochette du disque (très moche)
Remarquez, je peux comprendre, il fallait chercher des comparaisons « intelligentes », puisque Devo était censé être un groupe intello. Et d’autant plus que sur la pochette du disque, y’a un nom qui clignote et pas qu’on peu : produced by Brian Eno. Alors forcément, s’il y a Brian Eno, c’est que prise de casque il doit y avoir … Apparemment Eno a été aiguillé sur Devo par Bowie alors que l’ex Roxy et l’ex Ziggy enregistraient des machins de la trilogie berlinoise. Et Bowie on ne sait trop comment, aurait écouté les premiers 45T et maxis confidentiels de Devo. A ce sujet, ceux qui ont payé (cher, c’est collector) pour se procurer ces premiers enregistrements autoproduits affirment que les versions qui y figurent sont meilleures que celles produites par le dégarni anglais. Soit … D’un autre côté, en allant chercher Eno, faut s’attendre à ce que ça sonne comme du Eno (on triture les rythmes et les sons, avec effort tout particulier sur ceux des guitares et des synthés).
En tout cas, avec « Q : … », on est fixé dès le premier titre « Uncontrollable urge » : un rythme épileptique, avec des riffs de guitare vifs et tranchants (ce son de guitare sera plagié sur les premiers B 52’s), et une voix très aigüe qui cherche toujours à aller encore plus haut. En ces temps reculés, de l’inédit sonore total. A peine digérée cette entrée en matière, on arrive sur « Satisfaction ». Ca vous dit quelque chose, pareil titre ? Ben oui, c’est une reprise des Stones, enfin le morceau est signé Jagger-Richards. Parce que la version des Devo, ma bonne dame, elle réduit l’emblématique titre à sa version la plus congrue. Exit les couplets, et place au seul refrain avec des arrangements qui le malmènent pas mal. Il n’empêche que cette reprise pour le moins « décalée » ne dénature pas le titre, c’est bien plus intéressant qu’un copier-coller mal foutu.
Un certain sens de l'accoutrement ...
« Praying hands » qui suit avec ses arrangements opératiques évoque l’axe Queen-Sparks, « Space junk » accélère jusqu’à la surchauffe des grilles d’accords qu’affectionnent d’habitude les progueux. Même si rétrospectivement et aussi malins qu’ils soient ces deux titres ne sont qu’un intermède avant les deux pièces de choix de la rondelle. « Mongoloid » a beaucoup fait jaser, on a accusé les Devo de se foutre de la gueule des trisomiques, alors qu’en fait ils racontent le monde vu par un mongolien. Le fan de rock, surtout en ces temps-là, n’était guère habitué au second degré … « Jocko Homo » qui clôturait la première face du vinyle, c’était aussi le premier single des Devo, qui contenait leur fameux mantra épileptique répété ad lib qui donne son titre au skeud : « Are we not men ? We are Devo ». L’intro de « Jocko Homo » faisant fortement penser à la bande son de « Rencontres du 3ème type » quand les savants essayent de communiquer en musique avec les Aliens.
On pourrait penser que la seconde face souffre de la comparaison. Même pas. Les Devo sont suffisamment en état de grâce pour, tout en continuant avec leur son global frénétique immédiatement reconnaissable, varier les mélodies et les arrangements, éviter la redite et capter l’attention. Les sons de guitare (merci Eno ?) de « Too much paranoia » préfigurent ceux du King Crimson reformé des 80’s, « Gut feeling » commence par tromper son monde avec ses arpèges de six-cordes, fait ensuite penser à de la surf music sous LSD, avant que le tempo s’accélère façon crise de tachycardie sur le final. « Come back Jonee » fait subir au rock’n’roll à la Chuck Berry la même punition qu’à « Satisfaction », on démonte violemment pour voir ce qu’il y à l’intérieur. « Sloppy » fait alterner rythmes de dragster et décélérations brutales, tout en montagnes russes mélodiques, avant la conclusion « Shrivel up », sorte de disco passé à la mauvaise vitesse.
Les Devo étaient partis de rien pour créer un univers sonore original, dérangé et dérangeant.

Un coup d’éclat, aux dires des courageux qui ont écouté l’interminable suite de leur discographie, resté sans équivalent …



PUBLIC ENEMY - IT TAKES A NATION OF MILLIONS TO HOLD US BACK (1988)

Combat rap ...
Public Enemy, c’est du rap, certes. Mais aussi beaucoup plus que cela… En trois disques à la fin des années 80 ils ont placé la barre tellement haut que personne a cherché à la franchir depuis, on a vu tous les grands noms de la chose partir dans d’autres directions, esquiver le défi, ou se casser les dents à le relever. A la limite, Public Enemy, ils auraient même pas fait de musique, ils auraient fait parler d’eux.
PE presque au complet ...
Public Enemy, c’est un concept global. Deux rappeurs, un dans les graves (Chuck D.), l’autre dans les aigus (Flavor Flav). Un jongleur des platines et de bidules électroniques qui tient plus du terroriste sonore que du pousseur de disques (Terminator X). Un ministre ( ? ) de l’Information ( ?? ), Professor Griff. Une équipe d’auteurs (le Bomb Squad). Une milice à Uzi (S1W, pour Security of the First World). Une affiliation « politique » (la Nation of Islam). Un « atypique » pour la mise en sons (Rick Rubin, juif fan des deux genres musicaux alors extrémistes et a priori opposés, le rap et le trash metal). La seule chose bruyante connue qui coche autant de cases, c’était … le MC5.
Evidemment, pareil conglomérat ne pouvait pas durer sans frictions. Et si Public Enemy existe encore vaille que vaille aujourd’hui, ne restent plus de cette dream team originelle que Flav et Chuck D. Quelques uns de l’aventure « It takes a nation … » sont morts, Terminator X n’était pas là au début, le Bomb Squad s’est plus ou moins désintégré, Rubin est parti voir ailleurs et faire la carrière que l’on sait, le S1W a vu défiler un nombre conséquent de gros bras, et Griff (ministre de l’Information faut-il préciser) a multiplié les déclarations racistes, homophobes, antisémites, et on en passe …
Mais là, à l’époque de « It takes … », pièce centrale de la trilogie entamée l’année d’avant avec « Yo ! Bum rush the show » et conclue en 90 avec l’énorme et insurpassé « Fear of a black planet », Public Enemy plane très loin au-dessus de toute la meute en survet et casquettes à l’envers.
Terminator X, Flavor Flav, Chuck D.
Public Enemy, c’est au départ la rencontre de Flav et Chuck D du côté de la fac de long Island, New York City. Fans de soul, de funk, des premiers collectifs proto-rap « engagés » (Grandmaster Flash), et des « poètes de la rue » des 70’s (Last Poets, Gil Scott-Heron). Influence majeure, on s’en doute un peu rien qu’à leur nom, Jaaaames Brown, qu’ils sampleront et échantillonneront abondamment. Très vite, plus que militants (et davantage Malcolm X que Luther King), ils vont se positionner politiquement, et d’une façon plutôt radicale, citant pêle-mêle les Black Panthers, la Nation of Islam et son très controversé leader Farrakhan qui flirte avec toutes les lignes blanches xénophobes et antisémites. A quelques années près, la création et l’existence même d’un groupe comme Public Enemy aurait été impossible (Guerres du Golfe, Al Qaida, Daesh, et autres joyeusetés intégristes et radicales du même tonneau …).
Assez étrangement, les allusions à la religion si elles sont très rares dans les disques de Public Enemy, sont beaucoup plus présentes dans leurs déclarations publiques. Même si la structure bordélique du groupe fait que chacun peut s’en revendiquer porte parole. Et quand à côté d’un Chuck D. (parolier hors normes, le Woody Guthrie Noir ?) s’agite un crétin comme Griff, les dégâts peuvent être considérables dans l’opinion publique, au gré de déclarations plus imbéciles les unes que les autres. Il n’en demeure pas moins que Public Enemy est à la fin des années 80, le groupe le plus « signifiant » et engagé des States (et d’ailleurs), tous genres musicaux confondus. Ce qui au mieux le relèguerait à la confidentialité si au niveau de leurs disques, ils n’enterraient pas toute la concurrence.
Le poing levé dans un gant noir, allusion aux JO de Mexico, 1968
Musicalement, Public Enemy est un choc pour l’époque. On est très loin de l’électronique funky et des boîtes à rythme sommaires des débuts du rap. Rubin oblige, le son de Public Enemy est dense, martial (les appétences sonores du trasher Rubin qui rajoute quelquefois de gros riffs hardos au second plan), limite oppressant. Avec leur gimmick qui les distingue immédiatement, l’omniprésence des samples de sirènes de police, qui rajoute une dimension anxiogène à leur son. A l’opposé par exemple du gros son potache des Beastie Boys. Avec lesquels ils semblent régler une question de suprématie, intitulant le dernier titre de ce « It Takes … » « Party for your right to fight », réponse brutale au « Fight for your right to party » des Boys. Public Enemy se pose comme le porte parole de la multitude noire laissée pour compte et qu’on entasse dans les quartiers-ghettos de New York. Public Enemy analyse, argumente, appelle à l’insoumission ou à la révolte. Rien que les titres claquent comme des directs dans la face d’un pays où existe, comme disait l’autre par chez nous, une profonde fracture sociale. Des trucs comme « Countdown to Armageddon » (l’intro terrifiante à mon avis très inspirée par celle du live « Kick out the jams » du MC5), « Bring the noise » (gros hit sorti en éclaireur, qui sera réenregistré avec les trashers de Anthrax), « Don’t believe the hype », « Louder than a bomb », « Night on the living baseheads » (allusion au film de Romero et aux dealers de freebase qui zombifient la jeunesse black), « Rebel without a pause » (là aussi clin d’œil au cinéma et à James Dean), « Prophets of rage » (le nom qui est actuellement celui d’un conglomérat de stars des 90’s, alliage plus ou moins contre nature comprenant Chuck D., des types de RATM et de Cypress Hill).
Tous les titres sont construits selon un procédé immuable de pilonnage sonore duquel sont bannis toute forme de refrain, on se contente d’une courte phrase-slogan répétée plusieurs fois. Un truc tellement bien foutu que ça reste hors d’âge, comme du Led Zep ou du Stones early seventies. Quasiment la moitié des titres de ce « It Takes … » se retrouvent sur les compilations de Public Enemy.

Classique de chez classique … 


Des mêmes sur ce blog :