THE BOO RADLEYS - GIANT STEPS (1993)

Furieusement 90's ...
Boo Radleys, c’est le groupe typiquement warholien … le quart d’heure de gloire et la disparition corps et biens ensuite …
Quarantième roue du carrosse Creation, le label de Manchester fondé par Alan McGee, et au catalogue comprenant tous ceux qui ont fait la hype – l’actualité (rayer la mention inutile) fin des 80’s-début des 90’s, à savoir les House Of Love, My Bloody Valentine, Primal Scream, … avant le gros « coup » Oasis. Les Boo Radleys, c’est une paire de disques anonymes, ce « Giant steps », une paire d’autres disques oubliés par tous, et la débandade à la fin de la décennie.
Robert Duvall, le Boo Radley du cinéma
Par habitude sémantique, je me méfie d’un disque ou d’un morceau avec le mot « giant » dans le titre. Généralement, on se retrouve avec un machin boursouflé (mètre-étalon, la rondelle « GIANT » des Woodentops), jouant des biscottos pour se faire remarquer et s’effilochant à mesure qu’on l’écoute. « Giant steps », c’est un peu pareil. Ça part dans tous les sens, multiplie les références à tout-va, cherche à se faire remarquer. De la musique qui a des lettres en somme.
Déjà, le nom du groupe vient de celui d’un personnage de film (Boo Radley un des premiers rôles de Robert Duvall, le mutique soupçonné de sordides histoires avec des gamins, dans le classique de Robert Mulligan « Du silence et des ombres », « To kill a mockinbird » en V.O.), on a de la culture dans le groupe. Même si la musique n’a rien à voir avec un pseudo-concept intello, c’est un digest de plein de choses déjà entendues. Et depuis longtemps, on remonte aux Beatles et aux Beach Boys (les mélodies, les harmonies vocales, tout ça …). Ce qui suffirait, pour peu que ce soit bien fait. Mais c’est pas tout, loin de là. Dans l’épicerie Boo Radleys, vous trouverez aussi du reggae, des machins lyriques avec des cordes et des cuivres, de la new wave 80’s, des guitares grabugeuses grungy ou mybloodyvalentinesques, des bandes passées à l’envers comme au bon vieux temps du psychédélisme, des rythmiques Madchester, ... Et bien souvent le tout dans le même morceau.
The Boo Radleys 1993
Résultat, des pièces montées impressionnantes, mais un peu creuses finalement. Une bonne intro, et on se demande dans quoi le groupe va aller se perdre pour épater la galerie, parce qu’il y a un peu de ça. Les types, avec à leur tête un certain Martin Carr fourmillent d’idées et essayent de toutes les caser (le disque dure plus d’une heure avec 17 morceaux, c’est bien long). C’est pas toujours imbuvable, certains assemblages sont bien vus, rehaussent un niveau d’écriture qui n’a rien d’exceptionnel (de la pop de base, assez loin des quasi contemporains XTC ou Squeeze, et à des lieues de Beatles ou Beach Boys), et, à la louche, une moitié des titres sont plaisants. J’aime bien des choses comme « Leaves and sand », et son alternance quiet-loud poussée au paroxysme, « Butterfly McQueen » sur le même registre et autre référence cinématographique, « Barney (…and me) », sympathique titre sautillant qui rappelle à la fois Cure et XTC, « If you want it, take it », qui avec ses gros riffs et malgré la voix efféminée préfigure Oasis, « Take the time around », qui semble un plagiat des Hüsker Dü de la fin période « Warehouse … », le petit hit « Lazarus », fortement inspiré par la pop à trompettes de Love ou des Pale Fountains, quelques autres sont pas trop mal.
Et puis, on trouve aussi quelques trucs assez risibles aujourd’hui, quelques assemblages sonores ubuesques, mais qui ravissaient la presse musicale toujours à l’affût de sensations (selon un fan, ce « Giant steps » aurait été désigné disque de l’année par le NME et les Inrocks, ce qui est fort possible, c’est le genre de patchwork dont les hebdos sont friands une semaine, avant de passer à autre chose la semaine suivante). Les brouillages trentreznoriens de « Spun around », c’est juste ridicule, des gros riffs nirvanesques sur l’interminable berceuse  « I’ve lost the reason », c’est juste une très mauvaise idée, « One is for » me fait penser aux Beatles, mais ceux inaudibles de « Revolution n°9 » … et grosso modo, pas mal de choses déjà entendues chez les groupes-phares de Creation ou dans l’indie-pop anglaise de l’époque.

« Giant steps » et les Boo Radleys sont un peu, et je suis très gentil, passés de mode aujourd’hui. Sans trop de regrets en ce qui me concerne …

8 commentaires:

  1. 'tain, si t'aimes même plus la pop anglaise à guitares... En général j'aime bien les disques avec "beaucoup d'idées", enfin, je les préfère aux morceaux de 2-3 minutes basés sur 2-3 accords (toujours les mêmes) et les sempiternels "gratouillages" de gratte mais il ne m'avait pas marqué, je ne m'en souviens d'ailleurs plus. Je réessaierai. "Giant Steps", c'est aussi le titre d'un Coltrane, m'étonne que t'aies pas souligné.
    Chez Creation, ne pas oublier Teenage Fanclub...
    Plus que 4 dans les "prochainement à la une", que doit-on comprendre ?

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    1. Oui, pop anglaise à guitares si on veut ... mais y'a pop anglaise à guitares et pop anglaise à guitares, et ça, justement c'est de la pop anglaise à guitares ... euh, comment çà, c'est pas clair mon raisonnement ?

      Beaucoup de (vrai) boulot ces temps-ci, donc il risque d'y avoir des trous dans les parutions à l'avenir ... mais c'est pas sûr, je ferai tout pour publier et empêcher des vagues de dépressions et de suicides parmi mon lectorat en manque ...

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  2. Ton hypothèse de travail sémantique se heurte à un roc... "Giant steps" c'est aussi (et surtout) un disque de John Coltrane... (oui je sais, c'est du jazz...) et pis c'est une chanson de Taj Mahal, espèce de folk bluesy acoustique que j'adore...

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    1. Giant steps, je sais que c'est un disque de Coltrane... je crois bien l'avoir même ... Mais comem c'est du fuckin' jazz, pas d'erreur sémantique ...

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    2. Et le disque en mp3 haut de gamme, il est là :
      http://musicmp3spb.org/album/giant_steps_the_boo_radleys.html

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    3. "Giant steps" c'est aussi (et surtout) un disque de John Coltrane"

      Dites donc, M. B., c'est bien ce que je dis, faut suivre un peu... Oui, même moi, l'amateur de "techno", je sais ça, incredible, isn'it ? :)
      Par contre pour Taj Mahal je savais pas... Dont acte.

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    4. Mais je savais que vous le saviez... Nous sommes ici entre gens de bonne compagnie, l'endroit est de qualité, et c'est bien pour cela que je viens !!

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  3. A leur regard, y z'ont pas l'air vif les Boo... Surtout celui qui a une casquette et celui qui a la chevelure de Fabien Barthez...

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