DUKE ELLINGTON - AT NEWPORT (1956)

Bis repetita ...
Le genre de skeud qui me passe par-dessus la tête. Et le type qui l’a fait tout autant …
Pourtant, les Stones (putain les Stones quoi !) rentraient sur scène lors du « Still Life Tour » en 81-82 au son de « Take the A Train » de Duke Ellington (ce devait être Charlie Watts qui avait fait du chantage). Et il y avait cette tuerie sur « Songs in the key of life » de Stevie Wonder qui s’appelait « Sir Duke », en hommage à … comment ça, vous aviez deviné ?
Le jazz, c’est un peu comme la techno (non, vous avez pas deviné que j’allais dire aussi chiant, d’ailleurs je l’ai pas dit), y’a cinquante genres et sous-genres qui me parlent à peu près autant qu’une notice de montage de chez Ikea, les ébénistes du pauvre.
Ellington, pour moi, c’est le jazz à papa, les big bands menés par les faux aristos (lui, Basie, …). Les centristes, quoi, comme Dick Rivers et Bruce Springsteen dans un autre genre … D’un autre côté, ça permettait à Ellington d’avoir dans son band les meilleurs zicos du pays, comme Springsteen et Dick … euh, non, ça marche pas avec ceux-là …
Duke Ellington 1956
Bon, faut être honnête (si, si, ça m’arrive quelques fois, même quand je cause musique) et dire que « Ellington at Newport » c’est bien foutu, ça joue, ça swingue. Assez vite gonflant quand même, mais quoi, faut pas espérer que je me pâme devant ce genre de rondelles, ces groupes à l’organisation militaire où toutes les improvisations sont minutieusement répétées. D’ailleurs, y’a tout un tas d’infos (ou de rumeurs, je m’en cogne un peu) sur cette prestation (public « surmixé », bandes a priori inutilisables, titres refaits en studio, puis bandes originales finalement utilisées, …) ce qui nous vaut sur l’édition 2 Cds l’intégralité du concert (en deux parties, à cause de la pluie qui a contraint le groupe à arrêter après deux titres, avant de revenir, puis en bonus les fausses présentations et quelques titres refaits en studio) ;
Les types assurent, c’est sûr, c’est même pas lourdingue, Ellington c’est une pointure, il a écrit plein de titres devenus des standards, pas un hasard si tout un tas de maltraiteurs de gamme le citent comme un des musiciens les plus importants du siècle, et c’est festif, plein de bonne humeur enjouée, comme on dit dans la presse provinciale pour causer de Marcel et son Orchestre, de Manau, des Têtes Raides, ou des sept ou huit zigotos qui faisaient du ska à l’occasion d’un festival dans un trou perdu de l’Auvergne …
Ellington & Band - Newport 1956
Tandis que Ellington, c’est à Newport, La Mecque de la musique live pour bourges friqués de la East Coast qui ont l’impression de s’encanailler en écoutant les fanfare de niggaz entre deux drinks dans les vertes pelouses du site … Eh ben tous ces dégénérés fin de race d’un capitalisme déjà triomphant, le Duke et sa troupe les ont fait bouger, crier, hurler (oui, je sais les réactions du public sont exagérément amplifiées au mixage, mais quand même …), alors que d’habitude chez ces gens-là, on dodeline mollement du chef pour marquer son contentement … Paraît même que sur le solo « historique » (pourquoi historique, hein, moi ça aurait plutôt tendance à me bassiner ce genre de démonstration, mais bon, chacun son truc …) du sax Gonsalves unissant les deux parties du « Diminuendo in blue and crescendo in blue », y’avait une nana qui était montée danser suggestivement sur scène, et cette vision inhabituelle jointe aux encouragements du Duke et du restant du Band avaient poussé le basané à cracher toutes ses tripes dans son sax … D’ailleurs, pour ceux qui aiment le sax, c’est ce truc-là qu’il doit falloir, tellement il y en a des saxeux (cinq s’ils ont tous recensés dans le livret), plus des trompetteux et des tromboneux. Et comme grand seigneur, le Duke (qui au passage se fait pas mousser, c’est pas son piano qui est en avant, il se contente d’être le chef d’orchestre) laisse chacun y aller de son petit numéro, ça solote surtout cuivré sur ce « Ellington at Newport », mais même le batteur a droit à son « espace ».
En fait, y’a qu’un truc qui m’interpelle vraiment. C’est que ça commence par une version pli sur la couture du pantalon de « Star spangled banner ». Pas le genre de titre neutre, et encore moins son interprétation (voir Hendrix à Woodstock). Ellington et son Band n’auraient-ils pas voulu montrer que malgré leur couleur de peau, ils sont bel et bien Américains (rappelons qu’à cette époque-là la ségrégation était officielle, notamment dans les lieux publics et les transports en commun), et en plus fiers de l’être ? Une autre façon de dire « I’m black and I’m proud » …

Sinon, n’étant point spécialiste de ce genre d’objet sonore, je ne sais point trop où il se situe dans le mouvement et l’évolution du fuckin’ jazz, même s’il me semble qu’à cette époque c’était déjà un peu suranné (comme aller voir Metallica aujourd’hui, quoi), et qu’à la même époque et dans d’autres genres des types comme Presley ou Petit Richard avaient entamé une révolution qui me parle beaucoup plus …

13 commentaires:

  1. "Le jazz, c’est un peu comme la techno (...), y’a cinquante genres et sous-genres qui me parlent à peu près autant qu’une notice de montage de chez Ikea"

    Moi c'est pareil... pour le rock ! Pas foutu de faire la différence entre grunge, glam, garage, stoner, etc...
    Le jazz, c'est comme la techno, je l'aime funky. Ou "expérimentale".

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    1. Ah bon, ça peut être funky la techno ?
      Des noms, des noms !!!
      Ah si, j'ai trouvé, le dernier Daft Punk ...

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    2. Ah bon, c'est de la techno le dernier Daft Punk ? (gniark gniark gniark)

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    3. Mais la techno, c'est Funkadelic + Kraftwerk dans un ascenseur à la base (elle n'est pas de moi). T'écoutes les classiques de Model 500, si tu n'entends pas le funk, c'est que t'as trop écouté de guitares saturées et que t'as les esgourdes bouchées.
      Le dernier Daft Punk c'est la plus grosse escroquerie de la décennie en cours. C'est comment refaire du neuf hype avec du vieux ringard.

      Euh, sinon, j'adore Take the A Train.

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    4. Le coup de Kraftwerk et Funkadelic, il me semble que c'est d'Afrika Bambaataa. Faudrait peut-être demander son avis au père Clinton, ou à Bootsy Collins, Bernie Worrell, Maceo Parker ... ça les ferait bien marrer je pense ...

      Ben je suis allé sur Youtube écouter du Model 500 ... du funk, sans rire, cette bouillasse ???
      J'avais écouté du Sly Stone cet aprèm, ça m'a ruiné la journée, les daubes de model machin ...

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    5. Perdu, essayes encore. C'est de Derrick May, l'un des trois inventeurs de la techno (Juan Atkins alias Model 500, Kevin Saunderson et May, donc).
      T'as trop écouté de guitares saturées... :)

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    6. C'est quand même drôle d'être rétif à ce point à certains styles de musique... (j'attends un train...)

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    7. C'est ce qui fait le charme du truc, si on aimait tous les mêmes choses...

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  2. Et allez, Young, Dylan, Beach Boys, quand y'en n'a plus, y'en a encore... What ? New Order ? Encore ? Ça va faire quatre... Pour un groupe que t'aimes pas... "Movement", "Get Ready" ? Ou une sortie récente ?

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  3. Young, Dylan, les Beach Boys ... ben oui, y'en a encore, ils ont du sortir quarante disques chacun (hors compiles) et ils sont pas encore morts (quoique souvent ces gens-là sortent encore plus de disques quand ils sont morts).
    Tiens, ça me fait penser que je pourrai parler des Beatles ou des Stones pour changer ...

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  4. Bon, hé, si on en revenait au sujet du jour : Ellington.
    Alors pour le côté "jazz à papa" tu repasseras !! Vu de 2013, les orchestres de swing, c'est sûr, ce n'est pas la forme la plus radicale du jazz, et c'est d'ailleurs contre ça que les boppers (Parker, Monk, Gillespie...) se sont insurgé, considérant qu'en jazzman qui fait frémir les bourgeoises blanches de New York, ça ne va pas dans le tableau. Le Be Bop est donc né aussi de cette rupture, comme le punk avec le progressif, et comme en fait toute l'histoire de la musique et de l'art en général...

    Sauf que Ellington, il a survolé le siècle dernier, il a donné dans l'Afro, le swing, mais s'est aussi accoquiné avec tous ces fameux boppers, avec Coltrane plus tard, a produit un big band, en quintet, trio, duo, solo... bref, à part le "free" ou le "jazz rock", il a à peu près tout joué ! Et quand il met son jeu de piano en avant, c'est avec une classe et une économie de moyen qui n'est pas sans me rappeler le style très percussif de Monk.

    Ce double album est un must du genre... si on aime ce genre... Dans le cas contraire, ben, on n'écoute pas, comme ça on n'est pas tenté d'en dire du mal !!

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  5. Tu dois avoir raison sur Ellington ... j'y connais rien en Ellington, ni en jazz d'ailleurs ...

    Par contre, comment tu veux savoir si on aime ou si on aime pas sans écouter ?? J'en dis pas du mal, je suis en mode bisounours là ... bon juste que je m'en fous un peu beaucoup de la zique d'Ellington ...

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