JACK MEATBEAT & THE UNDERGROUND SOCIETY - BACK FROM WORLD WAR III (2001)

L'Apocalypse ...

On ne sait pas qui avait commencé. Lequel dans son bunker avait validé le premier l’algorithme de mise à feu des missiles. Tous l’avaient suivi. Guerre nucléaire totale…
Et contrairement aux prévisions, ce ne furent pas les scarabées, les rats ou les scorpions qui survécurent. Non, juste des chevelus en train d’écouter les Stooges au moment du Big Bang terminal. Juste une poignée de types. Des Finlandais, la plupart faisant autrefois partie d’un groupe nommé Flaming Sideburns. Et aussi un Argentin bizarre. Au doux surnom de Speedo Martinez.
C’est lui qui retrouvera les Finlandais, calfeutrés dans un studio d’enregistrement. Et qui leur dit que puisqu’ils avaient survécu en écoutant les Stooges, peut-être la vie renaîtrait-elle si on jouait du rock’n’roll. Comme les Stooges, évidemment … Tous ensemble, ils prendraient le nom de code et de guerre de Jack Meatbeat & the Underground Society.

Il fallait faire vite, les générateurs menaçaient de lâcher définitivement… Moins d’une heure d’autonomie. Ça suffirait… on ferait ça sous forme de jam, on enchaînerait tous les titres …
Et on commencerait par une courte incantation en espagnol sur un fond de free-jazz. Et puis on continuerait par un blues mutant, menaçant, très lent, avec plein d’orgue Hammond (« Back in the Delta ») parce que le blues, y’avait de quoi l’avoir devant la folie des hommes et que le Delta, c’est là dans le Mississippi que tout avait commencé. Mais bon, le seul truc capable de faire tenir, de faire oublier tout ce bazar, d’espérer en une régénération, c’était du rock métallique et violent. Y’avait qu’à faire un shoot électrique et meurtrier (« Stay and dance »), d’ailleurs y’avait un gratteux au surnom prédestiné, il se faisait appeler Sky Williamson, et à temps perdu, mais il y en avait plus beaucoup à perdre, il se prenait pour Hendrix (à moins que ce soit l’autre guitariste, Mr. Hellstone),  les titres étaient pleins de ces notes sales, distordues, cosmiques, si caractéristiques du Voodoo Chile.
De toutes façons, y’avait pas le choix, fallait jouer, compact, dru, méchant, dresser des murs de larsens et de feedback, parce que là, dehors, quelques silhouettes, qui avaient peut-être été des hommes avant, rendus aveugles et brûlés par les radiations, traînaient près du studio, et menaçaient de contaminer les survivants (« We are the zombies »). L’électricité n’allait pas tarder à manquer, les bécanes d’enregistrement recrachaient des bruits bizarres au gré des micro-coupures, y’avait tout un bourdonnement, tout un parasitage, des interférences à rendre jaloux Ministry, Trent Reznor et Marylin Manson s’ils avaient encore été de ce monde (« Cosmic power », comme une jam entre les Stooges et le MC5 en 1970). Le matos déconnait de plus en plus, « Granada smokin’ gypsy », on aurait un Cd d’Aphex Twin passé à l’envers, avec l’Argentin qui venait se lamenter sur le Mur des larsens …
Tout manquait, les meufs, l’alcool, la came … ils en étaient réduits à invoquer le nom d’un narco colombien (« Hotel Escobar »), dans une complainte de junkie en manque, sale et dangereuse comme une aiguille rouillée avec laquelle on va se faire un shoot. Et puis, avant que la vision devienne mirage (« Sun eclipse 1999 »), un dernier hommage au Maître Iggy et à sa bande (« Magnetic KO ») allusion transparente à un live semi-officiel (« Metallic KO »).
Le compresseur du studio rendait l’âme, la fourniture d’électricité devenait de plus en plus aléatoire, il y avait sur les bandes des échos stéréo bizarres, on avait l’impression qu’un type tapait le blues pendaient que les autres jouaient du métal indus (« Space mountain blues ») … Bon, là, ça y est, c’est la fin, la lumière clignote, l’oxygène se fait rare, y’en a qui bougent plus, peut-être qu’eux aussi ils sont morts, alors les derniers valides balancent un rock’n’roll ultime avant la fin (« Jack’s ink gone red »).
L’espace-temps était en pleine déconnade, Speedo Martinez, dernier encore en vie, vient de s’apercevoir que ça a pris trois ans pour enregistrer ces treize titres, mais de toutes façons on s’en fout, le jour où quelqu’un écoutera cette musique, Jack Meatbeat lui aussi sera mort depuis au moins deux ans …
Voilà, c’était quelque part près du cercle polaire, c’était la fin de la fin du monde, et l’orchestre jouait du rock’n’roll …

14 commentaires:

  1. Enfin un groupe que je connaissais pas... Superbe pochette. Et des trois extraits, je préfère largement le premier.

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    1. M'étonne pas...Pour moi ce sont les 2 autres! Des Finlandais, comme Hanoi Rocks...Chouette découverte, vraiment!!

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    2. Je crois pas une seule seconde que tu connaissais tous les disques dont j'ai déjà causé ... le nom des types qui les ont fait, certainement ...

      Je pense que ce Cd est maintenant à peu près introuvable ... s'il y en a qui sont intéressés, je mets un lien pour le télécharger sur mon google drive ...

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  2. "...le nom des types qui les ont fait, certainement"

    C'est effectivement ce que je voulais dire... Mais les pubs et les films, c'est bien pratique, ça m'a permit de connaitre "Imagine", "Satisfaction" ou "People have the power"... :)

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  3. Ben tu vois, toi aussi t'inventes des noms de groupe. T'es mûr pour Guts (enfin non, y a trop de prog sur le site). Vache sacrée que personne connaît quand même.
    Blague à part, ça à l'air excellent cette connerie, dans le genre.
    C'est quoi Google Drive ? (en effet j'ai checké, les CD d'occazes se vendent à des prix confinant au ridicule achevé)

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    1. Chez Guts, ils s'extasient sur l'intégrale Simple Minds, je suis trop sauvage pour eux ...
      Vache sacrée, c'est le contraire de poubelle direct, je parle que du skeud, pas des types qui l'ont fait ...

      Google drive, c'est quand tu as un compte google, ils te filent 15 gigots (ou gigas) gratos sur leur cloud dans les nuages informatiques pour que tu stockes, fasses des sauvegardes, partages des documents de travail, ...
      Chaque fichier a une adresse que tu peux partager ou pas. J'ai mis le mp3 du cd de Jack Meatbeat en partage.
      l'adresse c'est
      https://drive.google.com/folderview?id=0B5roC6b1WiOGMXNZTFVvWEZiZzQ&usp=sharing
      Tu fais un clic droit sur le dossier et tu peux le télécharger ...

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    2. Je suis un peu une quiche en ce qui concerne tous ces bidules faut dire. Mais ça a fonctionné. Merci garçon, parce qu'acheter un CD d'occase à 60 euros, ça l'aurait pas fait.;)

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    3. Mais ne vaut-il pas mieux acheter un bon skeud à 60€ plutôt que 6 m***** à 10€ ? Moi c'est le "Cinemascope" de Monolake qui a des prix prohibitifs, ça dépasse les 100€... Sur Price Minister y'a même le paiement en plusieurs fois... P'tain, maintenant même pour les skeuds il faut faire des crédits, je vais aller voir mon banquier, tiens... :)

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    4. Il est sur Mamazon chez un venduer Marketsquare. 1.443,33 euros. Non mais sans déconner, c'est juste une grosse vanne. Surtout que tu peux le télécharger légalement pour 8,99 euros, et probablement illégalement gratos en cherchant bien. L'industrie du disque nous prend vraiment pour des cons. De plus en plus quand c'est possible j'achète direct aux groupes/artistes quand je vais aux concerts, ou bien aux petits labels, au moins ça court-circuite tous ses atroces intermédiaires qui se goinfrent.

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    5. Acheter un skeud à 60 euros parce qu'il est bien ou un à 10 euros parce qu'il est pas cher ?
      Ni l'un ni l'autre (bien au contraire). Y'a longtemps que j'ai perdu la foi (ou la naïveté) envers les "artistes", les maisons de disques et le music-business en général.
      J'aime pas les vinyles (l'objet en soi est le meilleur support pour la musique, mais ça devient très in, ça coûte une blinde, je parle même pas du matos et de l'entretien si tu veux pas avoir au bout trois écoutes un concerto pour craquements et grésillements), j'ai rien contre les Cds (les récents, parce que ceux des années 80 sont abominables question son)ni les mp3 (à condition que ce soit pas hyper compressé)...
      Tout ça pour dire que je me refuse absolument à casquer plus de 15 euros pour un Cd simple neuf (alors des centaines d'euros en occase, no way ...). Si c'est plus cher, je télécharge, et j'ai toujours trouvé tout ce que je cherchais (y compris des très vieux trucs totalement improbables)pour rien et dans une qualité correcte ... et qu'on vienne pas me dire que je dépouille les artistes et les auteurs, ils ont qu'à se bouger le cul et faire exploser un système qui les arnaque depuis des décennies ... un cd avec un beau packaging tiré à quelques milliers d'unités, ça revient au maximum à 5 euros ...

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    6. Le problème du mp3 c'est que c'est vraiment un son pourri, et je m'en rend compte de plus en plus bizarrement (alors que normalement vu le nombres d'heures que je passe avec un casque naze dans les oreilles je devrais devenir de plus en plus sourd). Mais enfin c'est vrai que c'est pratique pour les trucs épuisés qui de toute façon ne gènent personne, les maisons de disques sont trop occupé à faire des rééditions de Jimi Hendrix, les Beattles, les Stones et tutti quanti tous les deux ans. Récemment ce gros blaireau de Pascal Nègre s'excitait sur un nouveau format super CD, le Blue-Ray audio (sans rire), avec, oui tu l'as deviné, des rééditions des grands noms du catalogue Universal (surtout les morts, comme Moustaki). Non mais ils nous prennent vraiment pour des blaireaux !
      Sinon, ouais, je suis comme toi en ce qui concerne les prix, jamais au-delà de 15, et honnêtement en jonglant avec les réducs, les imports et autres soldes, j'achète en général pour moins de 10 euros. C'est un peu ma limite en général. Faut pas charier. Le vinyle revient en force chez les geeks, mais là aussi faut faire gaffe car quand on voit que les remasters sont fait à partir des mix numérique, ça revient à coller le son du CD sur un vinyle, donc faut rester prudent (même si c'est vrai que question objet, c'est quand même autre chose qu'un CD à la con).

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    7. Moi qui me questionnait sur l'opportunité de m'acheter quelques vinyles, je crois que j'ai compris : je vais rester avec mes CD rikiki. A moins que je glisse mes CD dans des pochettes vinyles...

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    8. "si tu veux pas avoir au bout trois écoutes un concerto pour craquements et grésillements"

      Ah, si on met un vinyle d'Oval ou de Pan Sonic, qui sont déjà à la base de "concertos pour craquements et grésillements", il en sortira peut-être une symphonie de Beethoven, qui sait... :)

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  4. Enfin écouté ce bidule. Stooges + Hawkind + Sabbath + MC5. Du revivalisme, mais du bon. C'est presque aussi bien que Heavy Rocks de Boris. J'ai dit presque. Ca reste un gros compliment. Merci pour le lien, les prix des CD épuisés sont grotesques.

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