DIANA ROSS - ONE WOMAN THE ULTIMATE COLLECTION (1993)

Dirty Diana ?

Ah que non, ce serait trop facile de dézinguer la vieille mémére, la sophisticated diva des années 60 et suivantes. Parce que je vais vous avouer quelque chose, Diana Ross, elle a un truc (le même que Chrissie Hynde ou à un degré moindre Alison Mosshart) : une voix qui fait bander. Ça s’explique pas, … c’est comme ça, la la la …
Et y’a pas qu’à moi qu’elle a du faire cet effet. Dans le lot, il doit y en avoir quelques autres, parce que la Ross, sous son seul nom et avec les Supremes est la recordwoman de ventes de disques dans le monde. Ce qui n’est certes pas un gage de production discographique de qualité … Parce que comme tous les autres, la Ross a assis sa légende sur quelques années de son interminable carrière. En gros, les premières et sa période dite « disco ».
Pourtant ça n’avait pas débuté du feu de Dieu pour la Diana. Un petit groupe chantant, les Primettes, remarqué par Berry Gordy (enfin, il avait surtout remarqué Diana, on y reviendra) et signé sur son label Motown. Et quelques 45T qui se ramassent. Pas glop, l’organisation quasi militaire que Gordy met en place n’aime pas ça, et nombreux sont ceux qui n’auront pas de seconde chance. Faut dire que dans un répertoire « classique », Diana, chanteuse lead du trio rebaptisé Supremes, n’est pas très à son aise, et comme la concurrence est rude, chez Motown et ailleurs, il faut être plus que correct pour grimper dans les charts.
Diana Ross & The Supremes
Berry Gordy, que le minois de Diana Ross ne laisse pas indifférent, s’entête, réquisitionne ses meilleurs auteurs (Holland/Dozier/Holland) au service des Supremes. Deux essais du trio pour régler le tir, et bingo avec le troisième titre « Where did our love go » en 1964, qui deviendra le premier N°1 des filles et un peu la quintessence du son Tamla-Motown. Le monde entier succombe et les Supremes vont alors enchaîner les hits pendant trois ans. Jusqu’à ce que le groupe, sous l’instigation de … Berry Gordy, soit rebaptisé Diana Ross & The Supremes. Sur la lancée, nouveaux hits, mais la belle mécanique commence à s’enrayer, les changements de personnel autour de l’inamovible Ross surviennent, et la formule Motown commence à lasser. De cette période Supremes, on ne trouve sur cette compilation que quatre titres, et encore, le tardif « Reflections » ne fait pas pour moi partie des titres légendaires du groupe.
Diana Ross devient alors en quelque sorte l’ambassadrice de la Motown, la Dionne Warwick de Berry Gordy. Elle participe pleinement au rêve américain, son histoire tient de la success story (quelque peu romancée), et elle qui est issue d’une famille nombreuse, s’entiche d’une troupe de gosses chantants, plus particulièrement du plus jeune, un certain Michael Jackson. C’est elle qui assure leur promotion sur leur tout premier disque « Diana Ross presents the Jackson 5 ».
Pause Closer. Deux questions essentielles reviennent au sujet de Diana Ross. Un : Berry Gordy l’a t-elle pécho ? Oui, elle a eu un enfant de lui (alors qu’elle était mariée avec un autre). Deux : Diana Ross a t-elle dépucelé Michael Jackson ? Rien n’est officiel, il y a de fortes présomptions … Fin de l’épisode presse people …
Diana Ross époque "Diana"
Revenons à cette compile. Les seize titres restants couvrent la période 1970-1993. Evacuons d’emblée les trois derniers des années 90, très mauvais. Le reste rassemble ses morceaux les plus connus, plus ou moins chronologiquement. Dès les débuts de sa carrière solo (comme toutes les autres stars de la Motown, Marvin Gaye ou Stevie Wonder, Diana Ross aura des velléités d’indépendance, mais c’est celle qui renâclera le moins pour rester sur le label, ses liens particuliers avec Gordy expliquant cela), Diana Ross devient une chanteuse centriste, au répertoire très middle of the road, invitée vedette de tous les shows de variété familiaux. Meilleur titre de l’époque, « Ain’t no mountain high enough », grosse pièce montée pop avec orchestration démesurée et quelque peu dégoulinante …
Lentement mais sûrement au cours des seventies, l’étoile de la Ross commence à pâlir. Sont convoqués à la rescousse Bernard Edwards et Nile Rodgers, les rois du disco Chic, chargés d’écrire et produire un disque. Ce sera « Diana » en 1980. Les choses ne se passent pas très bien, la Diana fait ses numéros de diva, et gonfle passablement Edwards et Rodgers. Qui font leur boulot, tout en truffant les lyrics du disque de paroles à double sens. Et si Diana Ross chante maintenant très bien, si elle sait prendre des poses avantageuses sur ses photos, elle … comment dire, ne brille pas forcément par son esprit. Elle piquera une légendaire colère quand elle comprendra des mois après l’avoir enregistré ce que signifie le titre et les paroles de la chanson « I’m coming out » qui feront forcément d’elle une icône de la culture disco gay. Ce titre ne se trouve évidemment pas sur la compilation, mais il y a de cette collaboration avec les leaders de Chic l’imparable « Upside down » qui fera de Diana Ross la rivale et l’égale en terme de succès de toutes les divas disco de l’époque.
Diana Ross 1989
La revoici donc au top, se piquant de gérer au plus près sa carrière, quittant Motown (avant d’y revenir quelques années plus tard), duotant avec Lionel Richie (titre calamiteux mais qui se vendra très bien). Elle n’en poursuivra pas moins son déclin artistique, non sans avoir tenté en 1985 un génial coup de poker avec les frangins Gibb à l’écriture (oui, oui, ceux des Bee Gees). Ce conglomérat de vieilles gloires disco sur le retour va accoucher d’un titre fabuleux, « Chain reaction », mix discoïde insensé du son des Supremes, mélangeant plus particulièrement dans ses influences « Baby love » et « You keep me hangin’ on ».
Evidemment aujourd’hui, vu l’âge de la dame, il n’y a plus rien de bon, même pas de moyen à attendre de sa part. Et on ne fait pas  sur plusieurs décennies une carrière dans la variété haut de gamme, mais la variété tout de même, sans enregistrer des choses très dispensables. Cette compilation le démontre. Les titres avec les Supremes font bien de l’ombre,  c’est le moins que l’on puisse dire, au reste de sa carrière, malgré une poignée de hits disco très recommandables …

3 commentaires:

  1. Ca fait des jours que "My World Is Empty Without You" des Supremes me hante complètement. Bon, c'est la version interrpétée par Diamanda Galas, donc c'est, comment dire, un peu différent. Mais c'est beau à pleurer.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai écouté cette version ... oui, euh, comment dire ... comme si antonin artaud reprenait siouxsie ... ou le contraire ...

      Supprimer
  2. Artaud reprenant Siouxsie, bien vu dis-donc ! Je te la piquerai à l'occasion.;) (suis à fond dans Diamanda Galas en ce moment. Bonne ambiance chez moi.)

    RépondreSupprimer