ABDELLATIF KECHICHE - LA GRAINE ET LE MULET (2007)

Vous reprendrez bien un peu de couscous ?

Abdellatif Kechiche est un réalisateur remarquable, au sens étymologique du terme. Il a un style, tant pour la narration que pour la mise en images, et il semblerait qu'on s'en soit rendu compte dernièrement à Cannes. Kechiche est un type qui arrive à faire une fresque humaine, une épopée, avec trois fois rien. Des histoires simples de gens simples.
Même pas des histoires d’ailleurs. Dans « La graine et le mulet », on prend l’intrigue en route, et le film se termine alors que des pans entiers du scénario n’ont pas trouvé leur épilogue. Slimane va t-il réussir à le monter, son restaurant ? D’ailleurs, est-ce qu’il n’est pas en train de crever contre un mur de son quartier, le souffle coupé après avoir poursuivi les enfants qui lui ont piqué sa vieille mobylette ?
Kechiche, Herzi & Boufares
Tout ça parce que Kechiche est autant intéressé par les gens qu’il montre que par leur(s) histoire(s). La trame principale du film tient sur un timbre-poste. Un ouvrier immigré, la soixantaine, perd son boulot sur les quais de Sète. Il va se mettre en tête de transformer une épave de bateau en restaurant spécialisé dans le couscous (la « graine », pour la semoule) au poisson (le « mulet »). Kechiche filme l’intrigue chronologiquement, mais se concentre sur quelques très longues scènes, dans lesquelles les principaux protagonistes s’exposent (le repas de famille chez Souad, le premier repas au restaurant). Le talent de Kechiche est de livrer un rendu de documentaire, avec des mouvements apparemment confus de caméra (on dirait que c’est un des protagonistes qui filme avec un caméscope, c’est fait exprès, Kechiche sait tenir une caméra, voir « La Vénus Noire »), et de très gros plans sur les visages (c’est un régal de voir les sentiments qui passent par les regards et les non-dits). L’aspect documentaire vient aussi de la distribution, pas de têtes d’affiche, mais des habitués des films de Kechiche, et de nombreux acteurs non professionnels. Dont le « héros » Slimane, joué par un ouvrier du bâtiment (Habib Boufares, un ami du père décédé de Kechiche prévu à l’origine pour le rôle), ou la parfaite débutante pour l’occasion Hafsia Herzi (la fille de la compagne de Slimane dans le film). Il y a d’ailleurs une « famille » d’acteurs utilisés par Kechiche, qui peuvent avoir des rôles importants dans un film et des rôles mineurs dans un autre. Dans « La graine et le mulet », Sabrina Ouazani (la Frida de « L’esquive ») est une fille de Slimane, qui est peu à l’image, Carole Frank (la prof de français de « L’esquive ») apparaît très fugacement parmi les invités du repas sur le bateau, les deux jouent des personnages mineurs de l’intrigue. De même, on retrouvera dans « La Vénus Noire » pour de petits rôles trois actrices très présentes dans « La graine … » (celles qui jouent l’ancienne femme, Souad, et deux des filles de Slimane). Autres points communs dans la distribution des films de Kechiche, des « héros » peu loquaces (le jeune garçon de « L’esquive », la « Vénus Noire », ou ici Slimane), et des acteurs principaux dans un film absents des autres.
Repas de famille chez Souad
Kechiche, c’est un peu le cinéaste de la fiction « vraie ». A une époque, on a appelé ça du néoréalisme, plus tard du cinéma social. On a souvent cité à propos des films de Kechiche et de « La graine … » en particulier des réalisateurs comme Cassavetes (la descente dans l’intimité familiale) ou Ken Loach (l’engagement, le militantisme, …), et Kechiche a reconnu lui-même que le final du film (Slimane poursuivant les gosses) est un hommage au premier degré au « Voleur de bicyclette » de De Sica. Moi je rajouterais l’influence du cinéma nordique, certaines choses de Bergman (l’hystérie claustrophobe en moins, quoi que le pétage de plombs de la belle-fille cocufiée à la fin …), la façon de tourner très Dogme (Lars Von Trier des débuts et toute la clique), l’importance des deux repas longuement filmés m’évoque elle fortement « Festen » et « Le festin de Babette » deux classiques du cinéma danois. Kechiche n’a pourtant rien d’un Nordique, il est d’origine tunisienne, et « La graine … » est un film très méditerranéen. Parce qu’il se déroule à Sète (qui n’est certes pas la ville littorale la plus glamour, cité portuaire industrielle dévastée par les crises économiques à répétition, genre Le Havre ou Dunkerque, avec le soleil et l’accent qui chante en plus), mais aussi parce qu’il met en scène « sa communauté ». Un des reproches faits à Kechiche, ce « communautarisme », voire même du « racisme à l’envers » (comme si le racisme avait un sens !). Kechiche est un réalisateur engagé certes, qui montre. Et autant on peut émettre des réserves sur certaines de ses stigmatisations (le contrôle musclé des flics dans « L’esquive », la charge contre la « science » occidentale et française dans « La Vénus Noire »), autant dans « La graine … », on a son traitement le plus fin et le plus subtil de l’aspect « social ». Oui, la défiance voire la méfiance entre les deux communautés est explicite, notamment sur le bateau, entre une famille « issue de l’immigration » comme on dit dans les JT, et les petits notables sétois, et la condescendance des banquiers ou de l’administration vis-à-vis d’un Slimane un peu largué côté paperasserie, est un régal de finesse d’observation et de retranscription à l’image. Le trait n’est pas forcé, c’est la vie, quoi. Comme lorsqu’on se retrouve en famille, on peut passer un moment à causer prix des couches-culottes. Les personnages de Kechiche sont des gens « normaux », pas des Batman ou des James Bond…
La danse du ventre d'Hafsia Herzi
De plus, Kechiche sait éviter l’atmosphère sordide, voire glauque que pourraient entraîner certaines situations. Il y a toujours un sourire, tout un vocabulaire ensoleillé, tout un tas de petites réflexions, allusions, regards  (ah, les fabuleux regards des petits bourges sétois imbibés d’alcool lors de la danse du ventre d’Hafsia Herzi), mimiques, de tous ces anonymes voire étrangers aux studios de cinéma, qui arrivent à faire passer plus d’émotions et de sentiments que beaucoup de têtes d’affiche de nos productions franchouillardes (non, je ne vais pas me laisser aller à citer des noms comme Clavier, Reno, Boon ou Dubosc, j’ai pitié des minables …).
« La graine et le mulet » porte bien son nom de long-métrage (deux heures et demie), et encore Kechiche use d’un stratagème venu du théâtre (les copains musiciens du dimanche de Slimane qui au milieu du film racontent l’évolution de l’histoire, comme un remake du rôle des chœurs antiques) pour passer à une autre étape de son histoire. Mais on ne s’ennuie pas, il y a suffisamment de mini-intrigues et de mini-personnages secondaires pour captiver l’attention. Les gens « ordinaires » peuvent être très intéressants. Merci à Abdellatif Kechiche de nous le rappeler ...

Du même sur ce blog : 
L'Esquive


34 commentaires:

  1. "il semblerait qu'on s'en soit rendu compte dernièrement à Cannes."

    C'est vrai qu'un film sur un amour lesbien, on s'attendait pas du tout mais alors pas du tout à ce qu'il ait la Palme (du film qui fera 8 entrées) ! :) On n'est franchement pas loin de la propagande des dictatures... Y'a d'ailleurs un début de polémique (et à notre époque on carbure à une "polémique" par jour, qu'on aura oublié avec la suivante) sur les conditions de tournage de ce "chef-d'oeuvre"...

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    1. C'est le mauvais temps qui vous rend maussades et grincheux ?

      La vie d'Adèle, je crois qu'il sort en octobre en salles, et il a été vu que par quelques centaines de personnes à Cannes. Mais ça fait rien, tout le monde a un avis dessus... Moi pas.

      Là, je cause de La graine et le mulet ... d'après le Net, pas 8 entrées, mais plutôt 1 million ... je suppose que tu étais pas dans le nombre ...

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  2. Oh bordel... Moi qui suis déjà hyper remonté depuis quelques jours... Bon ben comme ça se sera fait. Déjà Kechiche est un réalisateur incroyablement surfait. Cette "Graine et le Mulet", faudrait lui sarcler trois bons quart d'heure pour en faire un film raisonnable. "L'esquive" était un film sympathique, mais enfin pas de quoi sauter au plafond non plus. Et puis bien sûr cette "Vénus Noire" infâme, déguelasse, se vautrant dans la complaisance la plus crasseuse sous prétexte de "dénonciation" (la bonne blague). D'ailleurs la complaisance est le principal élément du cinéma de Kechiche, complaisance avec lui-même déjà. Cette idée qu'il faille s'inscrire dans une durée ridicule pour accéder à une idée de réel, c'est de la pose pseudo-radicale périmée. Déjà que perso, le cinéma naturaliste me gonfle profond, ce culte à Pialat à tout bout de champs, c'est très contestable. Et puis il y a chez Kechiche un gout pour l'humiliation, qu'il ne fait pas subir à qu'à ses personnages mais aussi à ses acteurs (voir ses méthodes de travail, j'y reviendrai). A ce titre, la "Vénus Noire" est proprement irrecevable, c'est un film à vomir. Il est très loin de l'humanisme de Ken Loach, il y a chez Kechiche un façon de se repaitre de l'humiliation à l'écran qui est assez malsaine. La fameuse scène de danse, qu'il aurait mis 5 jours à tourner (culte de la performance, de la durée et de la douleur, encore), est certe très belle pendant quelques minutes, mais elle dure simplement trop longtemps, et les regards libidineux des blancs (et seulement des blancs, Kechiche fait preuve d'un manichéisme dans les rapports sociaux qui laisse rêveur, encore une fois pour un sois-disant "grand cinéaste) donnent à la scène un côté un peu douteux, on ne sait plus à quel niveau se pose le regard du cinéaste pour être franc. Sans compter que dans le même temps, on a Slimane qui court pendant 20 mnutes après sa mobylette piquée par des sales gamins, dans une scène qui confine au ridicule absolue, surout dans un film qui cherche sois-disant le naturalisme. Alors il y a quelques belles scènes, vraiment, je retiens particulièrement celles avec Hafsia Herzi, celles où elle discutent avec le groupe de musiciens à l'hotel et où elle tente de convaincre sa mère. Mais enfin, je trouve le film au final très inégal, beaucoup trop long, très manichéiste (beaucoup plus qu'un Loach à son pire) et très complaisant.

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    1. La scène de danse, ouais, apparemment ça a duré 5 jours. et Herzi al'a tourn"e avec une entorse à la cheville et en ayant du prendre 15 kilos pour tourner le film. Elle était majeure et vaccinée, et elle a pas porté plainte ...
      La scène du vol de la vieille mob ? le voleur de bicyclette de De Sica, où le mec passe plus d'une heure à courir après sa bécane. Y'en a qui disent que c'est un chef-d'oeuvre et moi aussi ...
      La scène de la danse, rien que les regards des "blancs" ...non, sérieux ? et ceux du fils à Slimane, qui en est amoureux, les regards des demi-soeurs, leur mépris au début, et puis leur joie et leur reconnaissance parce que la gamine fait gagner du temps ? et les regards et l'attitude des musiciens quand elle leur fout son nombril sur le nez ? T'as piqué un roupillon ou quoi pendant cette scène ?

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    2. Pas pendant celle-là, non. Mais c'est bien ce que je dis. Seul le regard des blancs est libidineux. Le regard des arabes, même de ceux qui ne peuvent pas piffrer la nana au début, devient bienveillant. Avec les musiciens c'est un jeu sensuel, mais à l'intérieurs de codes qu'ils connaissent et dans lesquels ils jouent. Les regards des blancs sont exclusivement pateux et libidineux.

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  3. Après, sur la polémique, je suis fatigué d'en parler en d'autres lieux, donc je vais pas m'étendre, mais enfin Kechiche (et ce n'est pas franchement une révélation) à des méthodes de travail extrèmement contestable. Mépris des techniciens, mépris du Code du Travail (d'autant plus génant qu'il a produit son dernier film), mépris en général et égo surdimensionné. Vous me direz, y en a d'autres. Certe, mais enfin quand on se prétend un réalisateur "engagé", et à gauche de surcroit, c'est quand même très génant je trouve te traiter se spetites mains comme de la merde. C'est beau de faire des films qui "dénoncent", qui montrent les "petites gens", mais Kechiche a manifestement une pratique de son métier qui ne s'accorde pas à l'image qu'il prétend montrer. D'autant que, pour ma part, il est grotesquement surrévalué comme j'ai dit (voire l'unanimité de la critique). Donc voilà, j'aime pas le type, j'aime peu ses films (on va dire que Vénus Noire est un faux pas, pour être poli) et là très franchement j'ai juste envie de voir un backlash qui me semblerait mérité (d'autant que je pense que le public, même de film d'auteur, ne sera pas aussi facilement unanime à propos de son dernier film, les quelques avis contradictoires que j'ai lu, y compris de spectatrices lesbiennes qui n'y voit que le point de vue d'un mec hétéro, sont déjà assez sévères).

    Bon voilà, je suis remonté contre ce type qui m'avais déjà fait quitter une sale de ciné très en colère, et encore plus contre la critique (de gauche) qui le porte aux nues et qui balaye d'un revers de la main le malaise que des techniciens ont exprimés. Donc non, pas merci, plutôt fuck off Kechiche.

    @Red : rien à voir, tu crois que le jury en a qyelque chose à carrer du mariage gay en France ? Sérieux... C'est juste un hasard. D'autant qu'apparemment, Spielberg penchait plutôt pour donner la Palme à Farhadi (très beau film en passant, Le Passé, même si pas au niveau D'une séparation, mais c'était impossible).

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  4. (je pourrais en rajouter sur son filmage et son montage, tu fais bien d'évoquer le Dogme, la plus grosse escroquerie de l'histoire en terme de mise en scène cinématographique, par ailleurs issue d'un manipulateur sadique et réalisateur totalement surfait et souvent stupide, c'est intéressant de les mettre en parrallèle ces deux là tiens... Bon allez, je vais boire un tisane et puis je file au ciné voir le docu de Fatih Akin, un vrai réalisateur humaniste.;))

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  5. Pour en finir (si si, c'est vrai cette fois), l'article répugnant des Inrocks s'offusquant qu'on puisse exprimer autre chose qu'une adoration idôlatre pour "La Vie d'Adèle", puant de tartufferie, de veulerie et se vautrant dans l'amalgame le plus détestable (en gros, fourrant dans un sac les techniciens, Julie Maroh l'auteure de la BD qui a pourtant montré une grande classe devant la polémique et la façon dont elle a été traitée, et..... l'homophobe Christine Boutin. Ouais, carrément.). La plupart des commentaires valent leur pesant de cacahouètes.

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  6. http://www.lesinrocks.com/2013/05/29/cinema/stop-au-kechiche-bashing-11399226/

    (avais oublié le lien... quel boulet j'te jure)

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  7. A lire, le post de 00ben, tout en bas, très long. La réponse est cinglante, et fait du bien.

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    1. Les Inrocks, je m'en tape, j'ai pas besoin d'eux pour savoir quoi penser d'un film. J'envisage de voir La vie d'Adele parce que je suis plutôt preneur (mais pas d'absolument tout) des films de Kechiche.
      Quant au post du 00ben (j'ai lu qu'en travers, les diarrhées littéraires des aigris, c'est pas mon truc), le syndicaliste comptable de ses heures sup,... c'est juste que s'il veut faire de l'art en étant fonctionnaire, il a qu'à rentrer à la DDE, il peindra les lignes blanches sur les routes, 35 heures, pause café et temps de trajet compris ...
      Faudrait qu'ils aillent voir comment ça se passe dans d'autres pays, et pas des anodins en matière de cinéma, voir le littérature sur les conditions de tournage chez Friedkin, ou Werner Herzog avec les flingues (pas chargés à blanc) de sortie ...
      Un détail (désolé je vais pas répondre à tout, moi non plus j'aime pas faire des heures sup), Akin et Bunel se sont foutus sur la gueule pendant le tournage de Head-on ... même l'humanisme a ses limites ...

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    2. Freidkin et Herzog, je les avais oublié ceux-là !!! Et c'est vrai qu'un tournage ne se gère pas comme n'importe quelle entreprise... Pour y avoir tâté un peu, je peux assurer (même à mon tout petit niveau) que lorsqu'un plan vous taraude mais que les techniciens te font savoir qu'il est 20h, qu'ils ont faim, et que la cantine ferme dans 20 minutes, ben... on a un peu envie de les envoyer se faire foutre, de les tuer, de les remplacer !! Quand 1h30 de film te prennent trois ans de ta vie, les concessions sont difficiles, la politesse le cadet de tes soucis !! Le technicien, lui, le soir il rentre chez lui, le mois d'après il tourne avec un autre. Ce qui ne veut pas dire qu'on doit tout pardonner aux "artistes", mais il y a des circonstances atténuantes... C'est vachement drôle un tournage avec Chabrol, mais y'a qu'un film sur 5 qui valait vraiment le coup...

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    3. C'est des clichés ce que tu déballes sur les conditions de travail dans le cinéma, on voit bien que tu ne connais pas les tenants et les aboutissants de la chose, c'est bien plus complexe que ça. Moi qui connais un peu le milieu, ça me touche d'entendre parler de ces problèmes. C'est pire ailleurs ? Et alors, c'est une raison pour Kechiche, ce "grand réalisateur humaniste" pour traiter les gens comme de la merde ? Le discours "allez voir comment ça se passe dans d'autres pays et vous gueulerez moins" c'est à peu près celui de Laurance Parisot. Quant aux tournages chez d'autres réal, c'est pas le souci non plus en l'occurence et ça ne veut pas dire que se soit plus excusable (Herzog ou Friedkin n'ont jamais fait de "cinéma social naturalisme de gauche sur les petites gens" non plus).
      QUe des gens s'engueule sur des tournages, ne s'entendent pas, c'est bien humain. Avec Kechiche on parle d'autre chose, on parle de manquement systématique au Code du Travail, de mépris déguelasse pour les petites mains (même pas remerciés du bout des lèvres à Cannes, alors que le film y a été présenté *sans générique* en plus), de harcèlement moral, de pratiques qu'ont trouverait ignobles (et à raison) dans n'importe quelle autre domaine. Venant d'un type qui prétend faire un cinéma "social", c'est doublement plus déguelasse. Et c'est pas nouveau, on entend dire ça depuis des années à propos de ce type. Donc voilà. Fuck Kechiche.

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    4. Franchement, ça me déçoit que tu balayes d'un revers de la main ce qu'on entend dire sur ce qui s'est passé sur ce tournage en employant les même "arguments" que ce pourris de Kaganski (et je n'hésite pas à employer ce mot, son article m'a scandalisé), en disqualifiant d'entrée de jeu les techniciens qui témoignent comme de simples aigris qui feraient mieux de fermer leur gueule si ils ne sont pas content. Je te le dis comme je le pense. Moi aussi j'ai été sur des tournage, et dans des boites de prod, j'ai même établit des devis, des plans de financement. Et moi aussi à un tout petit niveau, mais quand même, ça me suffit pour être sensible à ce qui se dit là, et de la part d'un sois-disant réalisateur engagé de gauche, ça me fait gerber. Voilà. J'en resterai là sur le sujet.

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    5. Je ne balaie pas tout d'un revers de main... Je livre juste une (modeste) expérience. Tous les postes de travail son important dans un film. Mais il se trouve que le réal (quand il est scénariste et monteur, et qu'en plus, c'est son fric qui est en jeu, c'était mon cas...) a un statut un peu à part. C'est lui qui va essuyer les coups, c'est lui qui sera toujours rattacher au film, c'est lui qui porte le projet. Les enjeux font parfois qu'on a vite fait de se montrer intransigeant. C'est un défaut, oui, mais c'est ainsi. Le comportement de Kechiche est impardonnable, oui, je dis simplement que je peux le comprendre. Ce qui ne signifie pas que j'y adhère.

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    6. Je m'adressais à Lester en fait sur ce coup là.
      Les pratiques douteuses de Kechiche ne sont pas nouvelles, elles sont assez connus dans le métier apparemment. Que tout le monde ferme sa gueule parce que c'est supposé être un "grand cinéaste" (ce que je conteste personellement) est inadmissible. Et c'est d'autant plus de la tartufferie quand cela vient d'un type qui se pose comme "engagé". On ne parle pas d'intransigeance (chose compréhensible) ou même d'être un emmerdeur (chose bien humaine), on parle de manquements beaucoup plus graves au respect du travail d'autrui et d'une attitude puante en générale.
      Bref, comme j'avais dit, j'en reste là. C'est aux journalistes de faire leur boulot, de se lever le cul et d'aller chercher ce qui se passe vraiment sur ses tournages au lieu de se faire des génuflexions devant la statue de grand commandeur du cinéma français qu'ils lui ont dressé malgré la mauvais bruit ambiant.

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    7. Fuck Kechiche ...
      Ouais, je m'en fous un peu de ces histoires, mais j'ai jamais pensé que le milieu du cinéma où il y a des sommes colossales en jeu c'était le pays des Bisounours. Tu vas bosser pour Kechiche qui a pas bonne réputation pendant des mois, et à la fin tu te rends compte que tu t'es fait entuber et tu vas chialer sur le Net. Il filme pas à la Kalachnikov quand même, il doit y avoir moyen de discuter, voire d'instaurer un rapport de forces avec ce genre de types, on est pas (encore) dans une république bananière dirigée par La rance Parisot et ses méthodes ...

      Fuck Kechiche ... et fuck beaucoup d'autres alors ...
      S'il faut garder que les "gens biens", j'ai pas fini de passer des annonces sur priceminister. Y'en a un paquet dans le cinéma qui ont dérapé salement sur des trucs beaucoup plus graves que le droit du travail ...
      Et si on parle de la musique, alors là, il va rester qui ? j'en ai plein les étagères de disques de types qui ont fait des déclarations dégueulasses, des actes pas mieux, qui se sont retrouvés en taule et pas pour des vols de scooter, même des assassins. Bien souvent, je juge que l'"oeuvre", et pas ceux la font, sinon ce serait presque tout poubelle direct ...

      J'ai l'impression que ce genre de trolls (y'a l'équivalent du "forum" des Inrocks sur Première, copie quasi-conforme), ça alimente juste les compteurs de visites, mais que ça fait rien avancer du tout, et surtout pas la cause de ceux qui se le font mettre bien profond sur un plateau de tournage ...

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    8. Evidemment qu'il y a un paquet de connards dans le ciné, la musique, et ailleurs, je dis pas le contraire. Mais là le cas est aujourd'hui, sous nos yeux, et alors même qu'on le porte aux nues. Donc ça me saoûle bien bien (d'autant que j'avais déjà un précédent en terme de colère avec lui). Après, j'ai probablement tort de m'énerver comme ça hein...
      (après, y en a aussi des biens, des crèmes, et c'est pas toujours les moins bons non plus)

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    9. Y'en a un paquet qui ont dérapé... Jean Claude Brisseau, qui avait une manière très particulièrement de caster ses (très) jeunes actrices, par exemple ??? Il n'a pas été condamné lui ? (Entre nous, Godard ou Rohmer faisaient pareil... Fut un temps, il n'était pas bon être jeune figurante chez eux !!). Et les rockers ? Ah non, pitié, on ne va pas se mettre à dénoncer, c'est pas bien... :)

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  8. LA GRAINE est le genre de film devant lequel on recule, au début. Le parti pris de mise en scène, qu'on ne qualifiera pas de "radical" (vous avez vu les films de Bruno Dumont ??), mais tout de même "exigeant", peut rebuter. Mais quand on accepte les choses, ce rythme, le film prend soudain une autre intensité. Et c'est vrai que ces séquences très longues finissent par transmettre une émotion, par leur durée, plus que par leur propos initial. La danse du ventre, à la fin, est assez prenante. Classique d'abord, puis chiante parce que trop longue, et comme ça continue encore et encore, on entre dans une troisième phase, où on commence à ressentir ce que le metteur en scène cherche à faire passer. On y est sensible ou non, c'est ça le problème, ça ne fonctionne pas toujours, c'est un équilibre précis, une justesse, savoir à quel moment on coupe un plan, une scène, ni trop, ni pas assez, non pas pour faire passer l'information, mais faire passer l'émotion.

    T'as raison de citer Cassavetes, très organique aussi,sur les méthode de filmage (Cassavetes, c'est très écrit contrairement à ce que l'on pense) sur cette faculté de tourner beaucoup, longtemps, de laisser les acteurs aller très loin, et décider ensuite, au montage, ce qu'on garde ou pas. Et laisser les plans dans leur continuité. A propos du dernier Kechiche, ADELE, il semblerait que les rushes permettraient de construire des films différents, les actrices elles mêmes ayant découvert le film à la projection, ne sachant pas quelle direction prendrait le réalisateur.

    Concernant ADELE, et la polémique "mariage pour tous", je la trouve aussi ridicule. Les dates des festivals de Cannes sont bloquées depuis des années (surtout celle où Spielberg est président), et le parallèle entre palme d'or et manif tient évidement du hasard. Les réflexions de Boutin sont... pfff... bref...

    Sur les conditions de tournages, on semble découvrir que la grande famille de cinéma passe plus de temps à s'engueuler qu'à s'embrasser !! Kechiche, on connait ses méthodes. Quand on part pour un an de tournage, on sait que ce sera douloureux. Sinon, on tourne avec Chabrol !! Il est loin d'être le seul, ni le premier, et par le passé, les Chaplin, Preminger, Ophuls, Kubrick, Clouzot, Godard n'étaient pas des tendres non plus. Un réalisateur "de gauche" se doit de respecter plus que d'autres les conventions collectives des techniciens ? Bah... y'a bien des ministres du budget de gauche qui planquent du fric en Suisse...

    à N°6 : le Dogme... Faut pas pousser, ce n'est pas une escroquerie, cela n'a de valeur que pour celui qui l'applique !! C'est plutôt rigolo, je trouve, de baliser, avoir un cahier des charges technique. C'était aussi une manière de revenir au fondamentaux (caméra épaule, éclairage naturel, son direct...) de réagir à des mises en scène formatées, ou 80% des idées étaient rajoutées en post-prod, et non au tournage. Ca n'a pas fait long feu, et puis peu se sont prêtés au jeu, et encore une fois, ce n'est une obligation pour personne !

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    1. Je déteste Dumont aussi, mais pour d'autre raisons, ses films me paraissent d'une bétise et d'une grande lourdeur. Il sait filmer les paysages, je lui reconnais au moins ça. Mais c'est d'une prétention souvent risible. J'échangerai pas une scène de Bresson ou de Tarkovsky pour l'intégrale de Dumont. Et puis c'est même pas la question que se soit radical ou non, je m'en contrefout, franchement, c'est juste que ça procède d'autre chose de sous-jacent dans le cinéma de Kechiche, mais là j'ai ni le temps ni l'envie de me pencher là dessus.

      C'est drôle cet argument que sous prétexte que des emmerdeurs, il y en a eu d'autre, on devrait tout excuser à un type, qui *aujourd'hui* se comporte comme une merde avec ses équipes. Et puis si on doit vraiment utiliser l'arguement falacieux du "grand artiste à qui on excuse bien des choses", ben je suis désolé mais Kechiche pour moi n'est pas un grand cinéaste du tout, c'est à se taper le cul par terre de voir comment il est porté au nues vu sa filmographie. Perso un type qui pond 750 heures de touranges et qui fout 6 monteurs au boulot c'est un peu un rigolo quand même, c'est un travail de branleur (et je ne parle pas du fait qu'il a fait tourné des scènes de cul interminables à deux filles dont une à peine majeure).

      Le Dogme, c'était une grosse vanne de fin de soirée dont il n'est rien sorti que des petits trucs surfaits qui ont fait la hype dans les années 90. En quoi la caméra à l'épaule et la lumière naturelle sont des "fondamentaux" ??? N'importe quoi. En quoi la préparation et la post-production seraient des étapes moins importantes que le sacro-saint tournage ??

      J'avais dis après la Venus Noire que Kechiche faisait du cinéma de "sale type". Je maintiens.

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    2. La lumière naturelle (qui n'a de naturelle que le nom, en réalité...) ne fait pas parti des fondamentaux du cinéma, mais disons que le Dogme essayait de dire : on va faire des films sans avoir recours aux effets de post production. Oui, c'est une vanne de fin de repas, et puis ? C'est une idée comme une autre. Pas mauvaise en plus. Restreindre la technique, pour se concentrer sur le tournage en lui même. Pour les techniciens, c'est une gageure intéressante, savoir qu'il n'y aura pas de retouche plus tard, qu'on doit être parfait de suite. Cela implique des compétences. La post prod est très importante, elle inclut les phases de montages images et sons. Toute la définition même du cinéma. Ces cinéastes ont juste voulu tenté autre chose. Comme la Nouvelle Vague en son temps avait défini d'autres règles. Libre à chacun de les suivre, ou pas. C'est ainsi que le cinéma (et n'importe quel art) progresse, évolue. La "grammaire" du cinéma reste à 90% la même depuis Griffith, mais les 10% qui restent peuvent proposer de nouvelles pistes (bien que le Dogme n'ait pas grand chose de nouveau...). l'important est le résultat final : le film. Peu importe qu'il soit "dogme" ou "hollywoodien". S'il est bon, c'est le principal !

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  9. Je poste un message ce matin, je rentre ce soir et... 15 nouveaux coms ! Dont plus de la moitié de DeL ! Alors je résume : Fuck Kechiche (et les Inrocks) ! :)
    Je ne crois franchement pas que cette Palme soit innocente, même si le film doit bien avoir des qualités. Il n'y a qu'à voir le genre de films récompensés par ce festival (ou aux Césars) en général, c'est quand même souvent "politique"...

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  10. François... "politique" ??? Spielberg en étendard du mariage pour tous ??? Je n'y crois pas une seconde !! De l'avis d'à peu près tout le monde, ce film était tout simplement au dessus du lot.

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    1. Que se soit une Palme politique, moi non plus je n'y crois pas une seconde. Quand Tarentino la donne à Moore pour Farenheit (sonplus mauvais film qui plus est), là oui. Ici, c'est un hasard.
      "Tout le monde", c'est une toute petite minorité de privilégiés dont les jugements ne brillent pas nécessairement par leur pertinence, mais qui ont le pouvoir de se poser en prescripteur et définissent le goût car ils bossent dans des médias culturels. La majorité de la minorité en quelque sorte.

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    2. Bon bon bon... disons alors que ça tombe "bien"...
      Pour le Code du Travail, il n'a fait qu'anticiper l'accord CFDT-Medef... :)

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    3. Quand tu songes que sans l'envie irrépressible de Jean François Copé d'exister aux yeux du monde, par l'organisation de cette dernière manif, ce "hasard" n'aurait pas eu lieu... On aurait causé de quoi, nous, chez Lester ?! (D'ailleurs qui a autorisé cette manif, le jour de la remise de la palme d'or ??)

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    4. Evidemment que la date (manif + Palme), c'est une coïncidence... Je parlais du contexte. Un film comme ça (que ce soit effectivement le meilleur de la sélection ou pas) dans le contexte actuel, ça peut donner lieu à interprétation...

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  11. Ce type fait des films sur les arabes puis sur les goudous, c'est la bonne conscience du cinéma

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    1. ???

      ça aurait pu être pire, il aurait pu faire un film sur des nègres pédérastes ...

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    2. Ma foi, s'il estime que c'est la prochaine tendance... ;)

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  12. S'il te plait, Lester, retire le dernier commentaire... ça fait tache.

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    1. T'as raison Lucio, ça fouette dans les cabinets...

      Et zut, je m'étais promis de la fermer sur ce coup-là!

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    2. Ouais, il a pas compris l'ironie de ta réponse manifestement. Tire la chasse et balance un peu de breeze.

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