NEIL YOUNG - AFTER THE GOLD RUSH (1970)


Une pépite ...

Neil Young doit avoir le don d’ubiquité. Pour le même prix, vous pouvez tomber sur un disque du Roi des hippies (« Harvest » au hasard), ou sur un du Parrain du rock lourd (« Ragged glory » tout aussi au hasard). Sachant que la plupart du temps vous risquez de vous retrouver avec un mélange des deux.
« After the gold rush » est le troisième disque en solo de Neil Young, paru juste après sa collaboration à (très gros) succès avec Stills et les deux boulets Crosby et Nash. La pochette est sombre, le contenu un peu moins. Triste et mélancolique, c’est bien le moins … En tout cas dans mon tiercé des préférés du Canadien.
« After the gold rush », c’est le disque des mélodies en or massif, les plus délicates et souvent les plus dépouillées de sa carrière. Et même si on trouve au casting trois guitaristes (Young, Danny Whitten et Nils Lofgren), c’est le piano qui est l’instrument roi du disque. Les accompagnateurs historiques de Young sont là (le Crazy Horse, et David Briggs à la production).
Alors bien sûr il y a toutes ces ballades portées par la voix fluette, plaintive et inimitable de Neil Young, qui donnerait envie de chialer tellement c’est beau rien que s’il lisait le bottin. Des sommets de feeling que l’on croyait intouchables ou inaccessibles surgissent de partout. L’irréelle « After the gold rush » (juste piano et voix), « Only love can break your heart » (une des plus belles mélodies de Young qui dépasse largement le côté baba-cool dans laquelle on pourrait la réduire), « Don’t let it bring you down » (même verdict que la précédente), la petite bluette sautillante d’à peine plus une minute (« Till the morning comes »), ou encore « Birds » et « I believe in you » qui évitent tout pathos lyrique dégoulinant … Grosso modo, ces titres représentent la moitié du disque.
Il y a encore d’autres choses fabuleuses. « Oh lonesome me », c’est un blues mais avec l’approche toute particulière qu’a toujours eu Neil Young pour le genre rustique. « Tell me why » placé en ouverture est un country-rock cool et pépère, peut-être le maillon faible du disque, le genre de morceaux qu’on a l’impression d’avoir entendu mille fois depuis, et qui ne laisse pas vraiment présager de la qualité de ce qui suit. Dernier titre, « Crippple creek ferry » est un hillbilly antidéluvien, qui ravira ceux qui ont été scotchés par la B.O. de « O’Brother ».
Et puis avec parcimonie (un titre sur chaque face du 33T original), et parce qu’il faut bien occuper les trois gratteux, deux déflagrations électriques. Oh, pas des tord-boyaux tout en larsens, non, plutôt des titres sournois, puissants mais bridés, reposant sur de gros riffs semblant joués au ralenti, « When you dance you can really love », et le fameux « Southern man ». Fameux parce que c’est un classique youngien qui fait chauffer les Marshall, et aussi parce que ça en a énervé quelques uns, des hommes du Sud. Faut dire que Young a souvent oublié qu’il avait un passeport canadien et s’est mêlé de ce qui se passait dans la vie sociale et politique aux Etats-Unis, souvent de façon bizarre et incompréhensible. Mais avec « Southern man » pour le coup c’est très clair, c’est une dénonciation de tous les culs-terreux réactionnaires qui ont tendance à pulluler à mesure que le soleil donne comme dirait l’autre. Un titre qui avec son quasi-siamois par le propos « Alabama » (sur « Harvest »), fera voir rouge à quelques-uns, les plus célèbres étant les par ailleurs excellents graisseux Lynyrd Skynyrd qui répliqueront avec leur « Sweet home Alabama » (genre par chez nous, c’est très bien, c’est juste que c’est pas un bled pour les chochottes, et que si le Sud des USA te plaît pas, tu retournes dans ta cabane au Canada).
« After the gold rush » sera un gros succès pour Neil Young, qui va avec ce disque continuer la période la plus florissante commercialement parlant de sa carrière, entre les cartons planétaires de « Déjà vu » (avec Stills et les deux boulets sus-cités)  et de « Harvest ».

Du même sur ce blog :
Everybody Knows This Is Nowhere
Harvest 
On The Beach


6 commentaires:

  1. Génial. Indispensable. Point barre.

    (Southern Man, je l'ai "chanté" dans une cabine de karaoké à Tokyo vers 4 heures du matin. Voilà pour l'anecdote vraiment mais alors vraiment inutile)

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  2. Tu te la jouais Bill Murray lost in translation ?

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    1. Exactement ça. J'avais même ma petite Scarlett personnelle avec moi.;)
      J'y ai aussi massacré "Monkey Gone to Heaven" des Pixies d'ailleurs.

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    2. Eh ben, vous êtes backstage dans des festivals, vous chantez à 4 heures du mat' à Tokyo...
      Moi j'ai juste un autographe d'Agnès Jaoui à la Ciotat et un livre sur l'OM dédicacé par Jean-Philippe Durand et Bernard Casoni au Géant Casino (à l'époque où on était en D2, 1994-1996)... On fait c'qu'on peut...

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    3. "un autographe d'Agnès Jaoui à la Ciotat et un livre sur l'OM dédicacé par Jean-Philippe Durand et Bernard Casoni au Géant Casino" ... oh la la, tu vas faire plein d'envieux là ...

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    4. Hé zyva comme il nous parle, lui... Une (belle) femme qu'a eu plein de César et deux Olympiens "historiques" de Munich 93 (sur le banc, d'accord) et de la remontée en D1 en 1996...

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