JOHNNY HALLYDAY - JOHNNY, REVIENS ! LES ROCKS LES PLUS TERRIBLES (1964)


Ah que oui !

Il serait trop facile de dézinguer la vieille idole. Sauf que plein de gens talentueux avec des arguments solides comme ça l’ont déjà fait, depuis plus de cinquante ans. Tout le monde les a oubliés et Jean-Philippe Smet est toujours là, Statue du Commandeur inébranlable du rock français. Du rock français ? J’en vois qui rient aux éclats, que le rock français ça existe même pas, et que l’autre là, le Johnny, déjà il est pas Français il est Belge ou Suisse, allez savoir, et il est encore plus con en vrai que sa marionnette des Guignols … Ben z’avez tort … enfin pas sur tout, mais z’avez tort quand même.
D'où viens-tu Johnny ?
Je m’explique. La concurrence, Johnny les a tous enterrés. Au propre, souvent, et encore plus au figuré, suffisait pour ça qu’il monte sur les planches, aujourd’hui comme il y a cinquante ans, que ce soit devant cent personnes ou cent mille, et là, tous, même Didier Wampas, ils sont tout petits. Tous ceux qui dans la musique ou la chansonnette ou les deux en France ont eu leur quart d’heure ou leur décennie de gloriole sont venus en rampant lui apporter une chanson (généralement très mauvaise, mais c’est pas, ou c’est plus le problème) qu’il leur avait demandée. Et ceux qui n’ont pas encore eu ce privilège seraient prêts à bouffer les varices de leur grand-mère et feraient sous eux de joie si une voix au téléphone leur disait : « C’est le management de Johnny, il aimerait bien bosser sur un truc avec vous … ».
Parce que Hallyday est une légende. Surévaluée comme toutes les légendes. Au moins les trois-quarts de ses disques sont des daubes infectes. Mais il y a très longtemps, au siècle dernier, dans les années 60, et malgré quelques bêtises sonores retentissantes, il a sorti des disques qui ont forcé le respect de tous et généré des hordes d’admirateurs béats. Des disques en public, certes le plus souvent (les séries à l’Olympia, au Palais des Sports), mais aussi quelques sacrées rondelles en studio avec Mick Jones et Tommy Brown. Jones et Brown … deux Anglais. Parce que très vite Johnny (ou ceux qui géraient sa carrière) a voulu avoir les meilleurs musiciens pour l’accompagner. Et il valait mieux laisser de côté la plupart des Français, soit baltringues incompétents, soit requins de studio ultra-techniques ne rêvant que de jazz-fusion. Totalement incompatibles avec le rock’n’roll que voulait faire Hallyday.
Les zicos qui l’accompagnent sur ce disque, baptisés Joey & the Showmen constituent un assemblage cosmopolite (frenchies, ricains, british), mais envoient le bois grave, et c’est ce qui importe. Le concept du disque est simple, voire simplet : adapter en français des standards du rock’n’roll américain. Comme d’hab et comme toujours, Johnny ne fait que suivre ce qui a déjà été fait. Notamment l’année précédente par son rival mais néanmoins ami Eddy Mitchell (« Eddy in London »). Bon, on peut comparer les deux, trouver Schmoll plus subtil, plus cultivé, plus drôle, plus tout ce qu’on veut, mais dès qu’il s’agit de chanter le rock’n’roll, y’a plus photo, victoire par KO de Jojo …
Joey (Greco) & the Showmen
Ce « Johnny, reviens ! » compte quatorze titres, quatorze standards des pionniers du rock, aujourd’hui connus et célébrés de tous mais à l’époque (1964), seuls quelques rares maniaques en France causaient Elvis, Chuck Berry, Little Richard, ou Gene Vincent. Les adaptations (la plupart dues à Manou Roblin), mêmes si elles ne visent pas le Nobel de littérature, ne sont pas plus neuneues que les versions originales. Musicalement, c’est exécuté pied au plancher en 2’30, produit en stricte mono (il existe évidemment et malheureusement des rééditions stéréo à fuir) pour que tu  prennes ça droit dans ta face, et ça s’embarrasse évidemment pas de solos de xylophone ou de violoncelle. Guitares, basse, batterie, un peu de piano, quelques cuivres au fond du mix, et roulez petits bolides … Hallyday, quiconque doté d’une paire d’oreilles en état de marche s’en est aperçu, est un grand chanteur, et là, dans un registre hyper-basique, il est impressionnant.
Joey Greco, Claude Djaoui, et un joueur de air guitar ...
Il suffit d’écouter ses versions de « O Carol ! » ou « Suzie Q » qui valent bien celles des Stones sorties à peu près simultanément, et Jagger qui n’est ni sourd ni sot, a souvent clamé haut et fort son respect pour Hallyday le chanteur. Les versions de Johnny n’ont rien à envier aux interprétations de Chuck Berry (plus doué à la guitare et à la composition qu’au chant), ni même à celles de Presley, qui lui est quand même un sacré client derrière le micro, c’est le moins que l’on puisse dire. D’autant plus qu’en jouant quelquefois malignement sur le tempo, Hallyday parvient à ne pas faire des copies conformes, il apporte sa propre patte à des titres entendus des milliards de fois. La seule réserve concerne les quatre morceaux correspondant aux titres popularisés par Little Richard. On ne touche pas impunément au répertoire de Petit Richard sans prendre le risque de se couvrir de ridicule. Ici, seule « Belle », adaptation de « Ready Teddy » soutient le choc de la comparaison, les trois autres (« Lucille », « Long tall Sally » et « Good Golly Miss Molly ») sont nettement inférieures aux versions originales. C’est pas honteux pour autant, McCartney et John Fogerty sont les deux seuls au monde à pouvoir reprendre le curé gay, tous les autres faisant rire ou pitié dans cet exercice (j'entends les cris d'orfraie de mon fan club féminin, oui, les filles, d'accord, y'avait aussi Wanda Jackson qui s'en sortait plus que bien) …
Le résultat, il est simple. « Johnny, reviens ! » est un Himalaya du rock français (allez, je me mouille, je vois guère que « Tostaky » de Noir Dèz ou « No comprendo » des Rita de ce calibre-là). Et dans le même genre de disques axé sur des reprises de standards de old rock, ce skeud de Jojo voisine sans problème des choses comme le « Back in the USA » du MC5 ou le « Teenage head » des Flamin’ Groovies … Du lourd, du très lourd, je vous dis …

NEIL YOUNG - ON THE BEACH (1974)


Le long des golfes pas très clairs ...

Ce disque longtemps oublié par les détenteurs des droits du catalogue Neil Young, paru en 1974 et seulement réédité en Cd pour la première fois en 2003, a longtemps été zappé, les ceusses qui savaient ou prétendaient tout savoir du canadien s’en tenant à ses œuvres « disponibles » des 70’s.
Autrement dit, entre « Harvest » et la période « rouille électrique » (« Rust never sleeps » / « Live rust »), on citait bien le « Tonight’s the night » présent dans les rayons mais en avertissant le chaland que c’était un disque noir, déprimé et déprimant, difficile…
« On the beach » a été composé par Neil Young après « Tonight’s … » mais est paru un an plus tôt, les gens de chez Reprise (la maison de disques de Neil Young depuis toujours) ayant ajourné la parution de « Tonight’s » durant deux ans.
Les deux disques sont siamois, également joyeux. Peut-être la pochette et le titre de « On the beach » ont-ils été jugés plus « engageants ». Mais franchement, qui aurait envie de prendre un bain de soleil sur cette plage déserte et blafarde, encombrée d’épaves industrielles ? Elle a l’air aussi accueillante qu’une plage bretonne (avant ou après dégazage ou échouage d’un super-tanker, c’est pas le problème, sache ami(e) lecteur breton que j’ai rien contre toi ou tes plages, mais que t’habites une région toute moche et pourrie, et que ça j’y peux rien et que j’espère que l’on t’a obligé à vivre là, et que je comprends pourquoi vous êtes tous alcoolos dans votre coin … et non, y’a pas de comptes à régler avec qui que ce soit, c’est juste de la méchanceté totalement gratuite …)
Bon, reprenons, Neil Young « On the beach » donc. Qui est disque introspectif. A replacer dans son contexte.
Neil Young est fondamentalement un naïf, une sorte de Jean-Jacques Rousseau version hippie de Laurel Canyon égaré avec ses valeurs dans les States de la fin des 60’s – début des 70’s. Un type qui a vu ses rêves et ses proches s’écrouler dans tous les sens du terme autour de lui. Charles Manson, qu’il avait un peu fréquenté vers 1968, avant que ce dernier fasse mettre à l’air les tripes de Sharon Tate et de quelques autres par les membres de sa secte The Family. L’engagement et l’acharnement des USA dans la guerre du Vietnam, l’ont marqué et traumatisé comme tous les hippies (Neil Young s’est toujours beaucoup plus senti américain que canadien, et ses prises de position, parfois assez « bizarres », lui ont valu de solides inimitiés). Le mouvement hippie (Neil Young avait tenu à jouer à Woodstock, dans des conditions techniques difficiles et précaires) est parti à fond dans les drogues de toutes sortes (Neil Young est clean), avant de partir définitivement en sucette à Altamont. Le roadie (Bruce Berry) et le guitariste (Danny Whitten) de Neil Young sont morts d’overdose. Sa femme (l’actrice Carrie Snodgress, celle à qui est dédiée « A man needs a maid » sur « Harvest ») est en train de le quitter.
« On the beach » est forcément imprégné de tout ceci, et les textes font clairement allusion à ces gens ou ces événements. La musique n’est guère plus joviale, Young et ses musiciens (une partie du Crazy Horse, des anciens de The Band), se complaisent dans des tempos traînards, tout en électricité sournoise et saturée (la marque de fabrique de ses meilleurs disques), martelant des atmosphères sombres, sépulcrales, oppressantes. La voix nue de Young file le frisson par sa fragilité (« See the sky »), il y a une paire d’éclaircies sonores (l’introductif  country-rock « Walk on », la country d’avant que la country existe « For the turnstyles »), et puis en gros tout le reste, d’une noirceur compacte, tous ces morceaux avec blues dans le titre (« Vampire  blues », « Ambulance blues », « Revolution blues ») qui tiennent bien sûr beaucoup plus d’un état d’esprit que du strict respect des douze mesures chères à Muddy Waters. La seconde face du 33T original constituant à elle seule un océan de déprime rarement égalé dans le rock avec son lancinant tryptique « On the beach » - « Motion picture » - « Ambulance blues ».
Neil Young a sorti une bonne dizaine de disques rigoureusement indispensables. « On the beach » en fait partie…

Du même sur ce blog : 
Everybody Knows This Is Nowhere
Harvest 

FRANZ FERDINAND - YOU COULD HAVE IT SO MUCH BETTER (2005)


Status Quo ...

Battre le fer pendant qu’il est encore chaud … c’est ce qu’ont du se dire les Franz Ferdinand et leurs conseillers financiers (pardon, les gens de leur maison de disques). Parce qu’avec leur première galette, ils avaient fait fort, devenant par la magie de quelques hits assez bien troussés un groupe qui comptait, dont les chiffres de vente se chiffraient en millions, chose prodigieuse en ces années 2000 où une connexion ADSL et MegaUpload suffisaient pour avoir de la musique.
Alors, pas téméraires pour deux sous, les Franz Ferdinand se sont appliqués à sortir fissa un skeud qui passerait comme lettre à la poste chez leurs fans. Comme y’avait les moyens, ils ont truffé leurs morceaux de petits gris-gris sonores gentiment centristes, mais sans prendre le moindre risque. Un follow-up, on appelle çà, à tel point qu’il faudrait être bien malin (ou bien fan) pour reconnaître lors d’un blindtest de quel disque provient le titre qu’on écoute. Alors c’est plutôt sympa, totalement dans l’air du temps consensuel, il n’y a plus aucun effet de surprise, tout est under control, totalement prévisible. Tout ce que les jeunes filles qui avaient acheté en masse le premier devaient attendre.
Bon, moi je suis plutôt client, avec toute ma blasitude et toute ma mauvaise foi. En fait, ce doit être mon côté pédo-pervers qui ressort, je trouverais toujours plus intéressant de voir un concert de Franz Ferdinand à la O2 Arena avec aux premiers rangs de jeunes nymphettes hurlantes miniskirtées que des hordes de graisseux fortement houblonnés index et auriculaire dressés ovationnant la reformation de Manowar ou Accept à une quelconque Hellfest …
Quelques titres surnagent du lot « The fallen », « Walk away » (comme si les Smiths avaient enregistré sous amphets), la gentiment mélodique « You’re the reason », le morceau-titre, le plus franchement rock du Cd … Il y a pas mal d’auto-citations (« Well that was easy », « Outsiders », « I’m your villain »), ce qui à force laisse à croire à un certain manque de renouvellement, de fraîcheur et d’inspiration … Quelques trucs piqués chez les autres : du piano en avant genre Coldplay (« Elanor … », « Fade together »), des choses qui tentent de sonner comme les Beatles en 65 repris par le Knack de « My Sharona » (« Do you want to »), une sorte de ska centriste énervé à la No Doubt (« This boy »), et aussi une poignée de titres aussi vite oubliés qu’écoutés …
Résultat des courses : un disque tellement prévisible que ça en devient embarrassant, plus arrangé que le premier, mais sans aucune surprise, sans la moindre trace d’évolution, sans le moindre risque. Le noyau dur des fans a adoré, ceux qui n’aimaient pas ont détesté, la routine quoi …
Il aurait tout de même peut-être fallu dire à ces jeunes gens qu’ils sont certes bien gentils, mais que bon, il serait temps de passer à autre chose. Apparemment, personne n’y a songé, leur troisième disque était comme les deux premiers, il a fini par lasser quelque peu et a pas très bien vendu. Bien fait …

Des mêmes sur ce blog : 
Franz Ferdinand
Right Thoughts, Right Words, Right Action

RAY CHARLES - THE GENIUS OF RAY CHARLES (1959)


La leçon du Maître ...

Bon, on va pas chipoter sur la réputation de Brother Ray. Si vers l’époque où est paru ce disque, il était déjà le « Genius », et que plein de gens, et pas des moindres (James Brown, Miles Davis pour ne citer que les plus évidents et les moins modestes), acceptaient cette reconnaissance et ne la lui contestaient pas, peut-être bien était-ce parce que Charles la méritait.
L’aveugle avait une longueur d’avance sur tous les autres, pour dans le domaine de la musique noire, anticiper tous les genres qui allaient régner sur les ondes. Il avait déjà passé le jazz et le blues dans sa moulinette, codifié de façon définitive rhythm’n’blues et soul music. Et là, avec ce « Genius of Ray Charles », il s’attaque sans trop de modestie aux sons des big bands et aux crooners des années cinquante.
Douze titres se succèdent aujourd’hui sur le Cd, il y en avait six sur chaque face du vinyle original. Et chaque face avait sa couleur sonore bien précise. Même si des similitudes sont criantes. La moindre n’étant pas un  parti pris de foisonnement instrumental, genre exposition ostentatoire de signes extérieurs de richesse. Il y a derrière Charles et son piano une armée de musiciens, des bataillons de cordes, de cuivres et de choristes. De la musique version Cecil B. DeMille.
C’est là que le bât blesse quelque peu. Sur les rhythm’n’blues enlevés du début, ça peut aller, c’est le genre lui-même qui par essence est friand de cette luxuriance instrumentale. Par contre, pour les ballades lentes de la fin, oscillant entre soul et exercices de crooner, un peu moins de grandiloquence aurait me semble t-il été bienvenue. A vouloir trop bien faire, Ray Charles en fait parfois juste trop. Dans un genre somme toute pas très éloigné, Sinatra et son arrangeur Nelson Riddle savaient aller à l’essentiel, et doser beaucoup plus finement les arrangements.
Il convient quand même de rester mesuré, peu de gens (personne ?) à cette époque-là n’était capable d’entrevoir avec autant de lucidité et de talent ce qu’allait devenir la musique noire dans les années suivantes.
La première partie du disque est exceptionnelle, fait souvent penser aux big bands de Count Basie ou Duke Ellington qui se seraient aventurés « ailleurs » (d’ailleurs nombre de musiciens de ces deux orchestres interviennent sur ce disque), le seconde quand elle réussit à se départir de son côté péplum musical présente aussi de grandes et belles choses (« Tell me you’ll wait for me », et surtout « Am I blue » qui montre tout ce qu’un autre génie aveugle, Stevie Wonder, doit à Ray Charles).

Du même sur ce blog :
Ultimate Hits Collection


GOGOL - LE RETOUR DE LA HORDE (1986)


Un peu de poésie ...

S’il y a bien un retour que pas grand-monde attendait, ou au choix, dont tout le monde se foutait, c’est bien celui du Sire Gogol Ier et de sa Horde. Gogol (Jacques Dezandre pour l’état-civil) n’a jamais vraiment mobilisé les foules derrière son auguste personne et sa musique. La musique, c’est du primaire, peu ou prou un gros bordel punky. Le personnage suscitait au début des années 80 des réactions diverses, entretenues par des shows destroy, porno-scato et provocateurs. Gogol Ier ne laissait pas indifférent, mais était loin de faire l’unanimité, surtout si l’on ne dépassait pas l’approche au premier degré… Auto-proclamé gourou-pape de son propre culte, Gogol se présentait sur scène en soutane, portée comme les Ecossais portent le kilt, offrant donc à ses fidèles ouailles la contemplation de sa virilité…
Gogol et la Horde, c’est pas vraiment l’imagination élégante au pouvoir, c’est violent, vulgaire, bête et méchant. Dans le style Hara-Kiri – Charlie Hebdo, version binaire. Farouchement indépendant, forcément loin de tout « pacte » avec une major, à tel point que les disques de Gogol ne sont aujourd’hui trouvables (tout de même au prix fort) que sur le site du groupe, et témoignent d’une « carrière » en pointillés mais qui semble t-il perdure encore.
Ce « Retour de la Horde » comme son nom l’indique succédait à une période plutôt silencieuse au début des années 80. Le titre éponyme est une introduction martiale à grosses guitares tendance Hendrix (à la place du « Star spangled banner », il y a quelques notes saturées de « La Marseillaise »). On « pénètre » dans le vif du sujet (hum …) avec « Voilà des paroles faciles à comprendre », porte d'entrée sur fond de punk-rock primaire à chœurs hooliganesques, à l’univers tout en rimes riches de Gogol.
Ensuite, ça part un peu dans tous les sens, on quitte souvent le domaine musical pour de courts spoken words tout en délicatesse, « Je pisse » et son bruit de bidet final, « Dernière prière du soir » imprécation de prêtre pédophile, le confus règlement de compte « Vengeance anonyme ». Musicalement, ça casse pas toujours des briques (« Je bois et je suis le Roi » rock lent et lourd plutôt commun, « Moi » pénible electro-punk comme en faisait le B.A.D. de Mick Jones ), il y a vers le final un parti pris de punk crétin, « On se calme », ou « Mais qui va nous faire marrer » en hommage à Coluche fraîchement encamionné. En gros, Gogol délire bien, et se fout totalement de ce qu’on peut bien en penser.
Parfois ce délire égomaniaque frappe juste et fort, comme le rageur « J’encule » sur fond de piano-bar Rive Gauche ou encore le disco-punk pétainiste « Travail Famille Patrie » qui aurait été encore plus amusant s’il avait réussi à faire un hit.
Evidemment, tous les moralisateurs (ou les mélomanes) qui prennent tout çà au premier degré vont être offusqués par tant de vulgarité. Les autres souriront souvent devant cette rabelaisienne crétinerie, qui s’avèrera sans limite quand Gogol, à l’instar de Coluche annoncera sa candidature à une élection présidentielle (en 1988 il me semble). Il n’ira pas plus loin que la déclaration d’intention …
Bonne vanne pour la pochette qui pastiche la première page du Libé de l’époque avec édito de « Philippe Grandes Manœuvres » que Gogol n’a pas vraiment l’air d’apprécier …

WHITNEY HOUSTON - WHITNEY HOUSTON (1985)


Allo Houston, nous avons un problème ...

Comme je suis un type bien, faut pas compter sur moi pour dire du mal des mort(e)s …
Bon, puisque vous insistez, juste un peu, alors …
En France, ce qu’on retiendra surtout, voire uniquement de Whitney Houston, c’est que Gainsbarre voulait la fucker dans une émission de Michel « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » Drucker. Parce que par ici à l’époque, Whitney Houston, c’était juste une jeune chanteuse de variété à la voix de cristal, mais au physique un peu plus avantageux que, au hasard ( ? ) Nana Mouskouri … Et là, elle apparaissait comme la jeune fille modèle aux prises avec un vieux pervers alcoolo… sauf que finalement, la Houston s’est révélée être au moins aussi déglingo que le pochetron de la Rue de Verneuil, cumulant mari imbécile (le junkie tabasseur Bobby Brown), consommation effrénée de coke et de junk food, et une fois la gloire venue et repartie syndrome de réclusion continue bien connu des fans d’Elvis le Bouffi …
Tandis que chez elle, là-bas, au pays de Michael Jordan, qui aime bien célébrer les nègres qui réussissent à condition qu’ils restent polis et fassent là où on leur dit de faire, elle était entrée avec ce premier disque dans le cercle très fermé des divas de la musique populaire, (genre particulier quasi séculaire dont l’archétype peut se  définir par la tante à Whitney, Dionne Warwick) … à savoir une technique vocale irréprochable au service de musiques et de textes incolores, inodores et sans saveur (le mot « love » est dans la moitié des titres de chansons de ce « Whitney Houston »), et l’entretien d’une image lisse et souriante genre la une de Cosmopolitan ou Vogue … Mais voilà, là où Warwick pouvait compter sur des joyaux ciselés par Burt Bacharach et Hal David, Houston doit se contenter de compositions fadasses vite torchées par les laborieux scribouillards recrutés par Clive Davis, le PDG d’Arista qui avait fait de Whitney Houston sa « priorité ».
Il y a dans ce disque des ballades gluantes servis par une armée de requins de studio très côtés (Phillinganes, East, Buchanan, …, ils étaient sur « Thriller » de Michou Jackson), une débauche d’arrangements (les faux violons, les fausses cordes, les empilages de synthés) qui se voulaient tellement à la mode que là, plus de vingt cinq ans après, ils ne sonnent pas sympathiquement vieillot ou vintage, ils sont juste totalement ringards. Clive Davis ressort toutes les recettes éculées pour faire vendre du disque, à commencer par les duos avec les noms ronflants à la mode : un Jackson pour deux duos (pas Michael, sans doute trop cher, mais le frérot Jermaine, qui bien que sans aucun talent, réussit à faire écouler des millions de rondelles pourvu que son nom y figure), le centriste chantant Teddy Pendergrass …
Ce disque est une grosse daube écoulée par dizaines de millions all around the world. La seule chose à conserver est bel et bien la voix de Whitney Houston qui évite d’en faire des tonnes (c’est-à-dire à l’inverse d’une quelconque québecquoise braillarde), mais sans réussir à sauver par une forme épurée un fond d’une médiocrité repoussante …
Tiens, elle aurait dégotté quelqu’un du calibre de Gainsbourg comme Pygmalion, elle aurait certainement fait une carrière autre que celle de gentille bimbo nunuche qui a été la sienne …

MICKEY 3D - TU VAS PAS MOURIR DE RIRE ... (2003)


Quoique ...

J’ai du rater un épisode, une mode, quelque chose … parce que là, je comprends pas trop …
Comment des choses aussi quelconques que ce disque, peuvent être perçues comme des révélations, des jalons qui comptent dans cette décennie ? Certes, il m’arrive parfois aux oreilles, voire plus souvent que ça encore, des choses infiniment plus mauvaises que Mickey 3D.
Mais comment se fait-il que ce machin, plein de « bons sentiments » à deux euros, d’une qualité musicale famélique, avec un type qui chante à faire passer Gainsbourg pour Placido Domingo ses textes écolos-centristes pour collégiens concernés, comment se fait-il donc qu’il s’en soit vendu des camions ?
Comme tout le monde, j’avais entendu cette scie « Respire », appris que le gars qui avait écrit ça, c’était celui de la semblable scie « J’ai demandé à la Lune » des vieux ados gothiques Indochine (les Cure bleu-blanc-rouge, les bonnes chansons et les bons disques en moins). J’avais trouvé « Respire » aussi vite fatigant que les machins  de Louise Attaque, le putain de violon en moins, et les synthés façon electro en plus, ce qui n’est pas forcément mieux.
Et bien, après écoute plus ou moins attentive du skeud, je suis en mesure d’affirmer que « Respire » est de loin le meilleur titre de cet album, c’est dire si avec tout le reste on s’emmerde ferme. Le gars derrière tout çà (Mickael Furnon, c’est en fait quasiment Mickey 3D à lui tout seul), ne sait effectivement pas chanter (bonjour la monotonie), et en gros écrit toujours la même chanson accompagnée des mêmes textes de flippé désabusé. Il n’y a rien ici d’original, on a même quelques fois l’impression, au gré des arrangements (c’est le seul truc qui différencie les morceaux, selon que ça donne dans l’ethnique-world, l’acoustique, l’électrique, l’électronique) que l’on a entendu tout ça en beaucoup mieux chez d’autres.
Chez Louise Attaque, et donc chez leurs pères électriques Noir Désir, particulièrement flagrant sur le titre caché (« Avance » ?), chez Miossec aussi (qui même à jeun pulvériserait le pauvre Mickey niveau textes), voire au détour de quelque sonorité arabisante chez les Négresses Vertes.
Niveau écoutable si on a vraiment rien de mieux à foutre, j’ai noté « Ca ne m’étonne pas », chanson yéyé avec chanteuse à voix acidulée, « La mort n’existe pas » malgré des paroles putain de simplettes, et « Beauseigne » avec ses arpèges à la Byrds-REM …
Il semblerait que le groupe n’existe plus … C’est con, j’avais oublié d’en écraser une larme …