NOIR DESIR - TOSTAKY (1992)


Soyons désinvoltes, n'ayons l'air de rien ...

Faisons comme si … comme si ce disque était le meilleur de Noir Désir, et un des meilleurs disques de rock (le meilleur ?) jamais sorti en France … en oubliant tout le reste … comme si plus rien n’avait d’importance …
Des années que je l’avais pas écouté, comme tous les autres de Noir Dèz. De toutes façons, depuis qu’il était sorti, je l’avais mis sur la platine tant de fois que je le connais par cœur …
J’ai jamais été fan (trop vieux, tout çà, y’a bien longtemps que je suis plus fan de personne…), mais force est de reconnaître que Noir Désir fut le groupe d’une génération, comme dix ans plus tôt Téléphone. L’oasis dans le désert qu’a toujours plus ou moins été le paysage rock français, en état de tchernobylisation quasi permanent. Apprécié, Noir Désir le fut, avec un succès qui ira même s’amplifiant, alors que la qualité de leurs disques déclinera dans les années 90. Et surtout Noir Désir fut un groupe respecté. Tatillon sur la communication, sur l’art et la façon de dire les choses. S’impliquant sans trop de tapage médiatique (à l’opposé des Enfoirés qui portent  bien leur nom, tout pour l’auto-pub et pas grand-chose pour la cause) pour des causes plutôt éloignés des sunlights des médias mais qui n’en valaient pas moins les autres …
Un groupe très soucieux, pointilleux même, sur son image et sa communication. Fonctionnant à la soviétique, avec un porte-parole officiel le batteur Denis Barthe, et s’entêtant à véhiculer une image communautaire, alors que tous les regards se focalisaient sur la belle gueule du chanteur Bertrand Cantat. Un groupe qui faisait tout pour rester honnête et intègre dans la jungle du show-biz qui a vu tant de croisés des bonnes causes céder aux sirènes du vedettariat et du bling-bling facile. Un groupe qui voulait être un exemple et un modèle, défenseur d’idéaux quelque peu romantiques et de causes chevaleresques, où l’on retrouvait souvent les mêmes noms accolés au sien (Zebda, Manu Chao, Rodolphe Burger, … qui a dit Cali ? tu sors …).
Jusqu’à cet hôtel de Vilnius par une nuit de juillet 2003, où Cantat, héros concerné certifié, chargé comme une mule, a ressemelé sa meuf … on connaît la suite, coma, mort clinique, opérations désespérées et RIP Marie Trintignant … dream is over … ce type cité en exemple s’était conduit comme le gros con de beauf qui bu trop de rouge et balance quelques bourre-pif à sa bourgeoise. Le procès, la taule, le repentir, rien à secouer. Pour tout un tas de gens, les masques étaient tombés. Cantat, le Jim Morrison français, n’était qu’un putain d’assassin … Et que fit-il et que dit-il du fond de ses taules concernant Noir Désir ? Rien … et que firent et dirent les autres ? quelques déclarations elliptiques ou sibyllines, certifiées pure langue de bois … choquant, en tout cas pour moi …
Il faudra attendre des années (Novembre 2010), bien après la libération de Cantat et moult atermoiements, pour que Sergio Teyssot-Gay (par ses collaborations annexes le moins noirdésir-dépendant du lot) quitte le groupe, entraînant la dissolution officielle de celui-ci dans la foulée … Il était temps de mettre un terme à cette  tragique mascarade. Pour n’avoir pas été capable de prendre cette décision, la seule qui vaille eu égard à ce que ce groupe représentait en termes de valeurs humaines, immédiatement après la tragédie de Vilnius, j’ai trouvé ces gens détestables … à faire passer Ted Nugent pour un type bien ou Nadine Morano pour une femme intelligente et de bon goût … Et j’ai zappé leurs disques, ce qui n’est pas forcément plus intelligent …
Là, j’ai failli l’écouter « Tostaky » … puis finalement je me le suis passé en accéléré dans la tête, et l’ai reposé sur l’étagère …
Je sais qu’il y a tout Noir Désir dans ce disque, le seul qui s’approche du cataclysme que ces types déclenchaient sur scène. Les obsessions hardcore, les tentations noisy, les envolées lyriques, l’ombre tutélaire du Gun Club de Jeffrey Lee Pierce, la poésie baudelairienne à deux balles de Cantat mais déclamée avec tant de tripes qu’on peut la croire géniale, ce bruit blanc porté par la guitare de Sergio qui fout par son jeu dans la même poubelle une litanie de guitar-heroes bluesy, ces titres rêches à prendre ou à laisser balancés dans ta face, ce sentiment de vie bouillonnante qui se dégage de chaque note, cette impression que ces gars ne calculaient pas, ne trichaient pas (ou beaucoup moins que d’autres) … Les Noir Désir avaient fait avec « Tostaky » un disque qui n’a rien à envier à ceux de leur héros, de leurs références à eux …
Un jour je le réécouterai …

6 commentaires:

  1. C'est beau, snif...
    Tu ferais pas une petite fixation sur Nadine Morano, par hasard ?

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    1. Si, elle me manque déjà ... là, elle s'agite pathétiquement pour pas sombrer dans l'oubli, mais elle va vite retourner chez elle en Lorraine, tomber dans un trou d'obus et on n'en entendra plus jamais parler ...

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  2. Je ne comprends ps bien ce qui t'as choqué à vrai dire. Pour ma part j'étais bien plus choqué par le lynchage hystérique d'une frange de la population qui sous couvert de défendre une cause plus que noble (la lutte contre la violence faite aux femmes), s'est contenté de taper sur le bouc émissaire que les médias lui servait sur un plateau. Les membres de Noir Dez, que pouvaient-ils dire vraiment ? La situation était impossible, rien ne pouvait en sortir. Teyssot-Gay a quand même eu le plus de couilles dasn l'histoire, en annonçant son départ et la fin de facto de l'histoire, c'est sûr.
    Faudra un jour que je l'achète ce disque. Je ne connais que le premier, très gothique encore, très Gun Club, très Morrison. J'aurais pourtant du être de cette génération là à bien des égards. D'abord parce que c'est pil ma génération. Parce que ma jolie petite voisine dont je reluquais les jambes dans la voiture qui nous amenais au lycée était fan du groupe, et qu'on était du côté de Bordeaux, c'était les régional de l'étape en quelque sorte. Rétrospectivement, Tostaky, le morceau, n'a rien perdu de sa force, avec ce riff infernal de Tessoy-Gay qui s'inverse à la fin, et ce refrain en Espagnol. La formule "Soyons désinvolte, n'ayons l'air de rien..." est sans conteste une des plus marquante, sinon la plus marquante, du rock français. C'était un peu la classe ce groupe (même si, déclaration un peu facile et faux-jeton aux Victoire, faut quand même bien le dire). Une putain de tragédie cette fin d'histoire quand même. L'année prochaine ça fera 10 ans. Le temps file putain...

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  3. Pour moi, au lendemain de Vilnius, ils auraient dû dissoudre le groupe, pas attendre des siècles en essayant entre-temps de le faire repartir ...

    Devenir fan de ND en reluquant les gambettes d'une lycéenne, c'est mimi tout plein ...

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    1. D'accord, je saisis mieux. Je suis d'accord, dès Vilnius, Noir Désir était mort.

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  4. Je me souviens très bien avoir demandé à un pote de m'accompagner lors de la récup' de mes affaires chez une ex en lui demandant au préalable de m’assommer si par malheur je prenais des tours lors de la confrontation. Cantat n'avait surement pas de pote sous la main à Vilnius...Aucune excuse, on est d'accord! Juste de la compréhension..

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