BRIAN SETZER - THE KNIFE FEELS LIKE JUSTICE (1986)


Le cas Setzer ...

Il a eu l’immense mérite de faire perdurer avec ses Stray Cats toute l’innocence originelle du rock’n’roll, s’escrimant à recréer toute la magie perdue de choses aussi simples et évidentes que le Johnny Burnette Trio et d’une façon générale l’ensemble des pionniers de l’écurie Sun. Oui, mais voilà, pour éviter que ça tourne à la formule convenue, il fallait qu’il aille voir ailleurs, en tout cas plus loin que le revival rockabilly dont il était la jolie frimousse de proue. Et pour cela, crève-cœur obligatoire, se séparer de ses copains d’enfance, Phantom et Rocker, gentils garçons mais tout de même techniquement limités pour mener à destination tous les voyages musicaux dont rêvait Setzer.
Ce « Knife feels like justice » sera son premier album solo. En rupture par rapport à ceux des Stray Cats. Mais sans grosse surprise, il ne fallait pas non plus s’attendre à voir Setzer se muer en sorcier des synthés ou faire un disque avec des bonzes tibétains. Non, Setzer est profondément américain (pire, new-yorkais) et viscéralement attaché à la culture US, d’autant plus qu’elle aura une couleur 50’s vintage.
« Knife feels like justice » est donc un disque tout ce qu’il peut y avoir d’américain dans ce mitan des 80’s. Setzer commence à bénéficier, Stray Cats oblige, d’une bonne renommée de guitariste et chanteur, il vend du disque, a le soutien d’une major et une bonne bouille … Il se retrouve dès lors avec quelques moyens en studio, quelques requins, (la doublette Aronson – Aronoff à la rythmique, c’est du sérieux), quelques choristes réputés, et quelques « people » venus faire un tour pendant les séances… Campbell et Tench, Briseurs de Cœurs chez Tom Petty, Miami « Steve Bandana Futur Soprano » Van Zant, du backing-band du Jean-Patrick Capdevielle américain Springsteen. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que Setzer a écouté les disque du Boss, notamment « Darkness » et « The River », tant une grosse moitié des titres sonne comme des chutes de studio de ces rondelles-là. On se retrouve donc avec pas mal de rock lyriques, classiques, centristes, bien chantés, bien joués, avec quelques bonnes parties de guitare (la Gretsch, c’est pas seulement pour faire joli sur les photos, Setzer en joue plus que bien), mais qu’on a comme l’impression d’avoir déjà entendus bien souvent (tous ces « Bobby’s back », « Chains around your heart », « The knife feels like justice », « Maria » co-écrit avec Van Zant forcément…).
Quelques morceaux donnent eux dans le son FM, limite variété (« Boulevard of broken dreams »), celui avec Campbell ressemble étrangement à du Tom Petty, tout ceci finissant par traduire une légère incapacité de Setzer à se démarquer, à innover par des compositions vraiment originales. Finalement, il n’y a que quand il se lâche, sous l’influence de ses premières amours rockab, que l’on a droit à trois titres furieux et échevelés (« Radiation ranch », « Three guys », « Barbwire fence ») d’assez loin les trois meilleurs du disque.
En résumé, parce qu’on va pas y passer la nuit sur ce disque en plus à peu près introuvable aujourd’hui (grosse gamelle commerciale lors de sa sortie), ceux qui aimaient le rockabilly des Stray Cats n’y trouveront pas leur compte, ceux qui n’en démordent pas du fantastique jumpbilly du Brian Setzer Orchestra encore moins. Juste un disque ni vraiment mauvais mais pas non plus franchement captivant de rock US 80’s … Pour amateurs exclusifs du genre, tendance complétistes …

1 commentaire:

  1. Je me suis arrêté au titre : le cas Setzer. Je reviendrai lire la suite plus tard. Mais je sens que je vais aimer !

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