MOTT THE HOOPLE - ALL THE YOUNG DUDES (1972)


Fantasmatique ...
Quand les deux disques qu’on a le plus écouté dans sa vie doivent être « London calling » et « Ziggy Stardust », le nom de Mott The Hoople fait rêver. Mott … la chose de Guy Stevens, le producteur de « London calling », gourou de la scène mod anglaise, qui a pris une bande d’anonymes nommée Silence (quel blaze idiot !), et leur a adjoint un chanteur, le quasi-vétéran Ian Hunter, fan ultime de Dylan et des Stones à la tignasse bouclée et aux inamovibles lunettes noires. Mott The Hoople est né, sort sous l’égide de Stevens une poignée de disques recueillant au mieux une indifférence polie, et l’affaire en 72 commence à sentir le sapin …Parallèlement, le Bowie s’entiche du groupe, et en ambulancier de ses idoles en perdition (Lou Reed, bientôt Iggy Pop), entend les remettre à flot et en faire des stars. Il leur offre un titre, « Suffragette City ». Refus poli de Hunter. Le Ziggy revient à la charge avec « All the young dudes ». Affaire conclue.
Bowie – Stevens, la collaboration n’aura pas lieu. Bowie entend superviser totalement le disque, vient avec dans ses bagages son manager DeFries et son guitariste Mick Ronson, et Stevens s’éclipse. Le changement va être radical pour Mott. Fini le son à la Faces – Stones et place à quelque chose de beaucoup plus glam, le genre qui est en train de mettre la planète à ses pieds. Et puis finies aussi les vaches maigres, « All the young dudes » le titre sera un énorme succès. Rien à dire, c’est un classique de Bowie, qui figurera en bonne place dans répertoire live de son auteur.
« All the young dudes », avec le recul, n’est pas le meilleur disque de Mott The Hoople. On y sent l’omniprésence aux manettes du studio de Bowie et Ronson. Et comme le groupe, déjà tiraillé entre deux pôles créatifs Hunter et le guitariste Mick Ralphs, n’a pas l’aura et la personnalité d’un Reed ou d’un Iggy, on sent une sort de tension, d’hésitation entre ce que Mott aimerait faire et ce que Bowie veut enregistrer. « All the young dudes » est un disque le cul entre deux chaises, balançant sans cesse entre rock dur stonien, et paillettes glam.
Le premier titre, et ce n’est pas neutre, est une reprise du « Sweet Jane » de … Lou Reed, suggérée-imposée par Bowie. Une version qui ne m’a jamais emballé, assez éloignée de l’originale, ici plutôt heavy boogie, et assez proche toutefois de ce qu’en fera Lou Reed en public avec Hunter et Wagner aux guitares. Il y a de bons titres sur ce disque, « Momma’s little jewel » (piano en avant et guitares incisives de Ralphs), « One of the boys » (très stonien), « Sea driver » (ballade avec piano et cordes, réussie, mais très différente de la tonalité globale du disque), le bon riff de derrière les fagots de Ralphs sur « Ready for love … », … Et puis des choses qui m’accrochent moins. « Sucker », pourtant un des classiques live du groupe, quelque peu empêtré entre glam-rock et « Sticky fingers » et qui n’arrive pas à choisir son camp, « Jerkin’ crocus », dans lequel Ralphs se prend un peu présomptueusement pour Mick Taylor, le boogie pataud de « Soft ground », …
A noter une excellente réédition Cd de 2006, avec moult bonus, notamment deux autres versions de « One of the boys », (la dernière étant pour moi la meilleure des trois), et deux titres live (« Sucker » et « Sweet Jane »), qui montrent que sur scène, quand Mott se lâchait, ça envoyait le bois sévère …
La suite ? Hunter, sentant le piège de la Bowie-dépendance, refusera un autre titre du Zig (« Panic in Detroit » il me semble), le groupe sortira une paire de bons disques mésestimés, Mick Ralphs partira fonder Bad Company avec Paul Rodgers, Mick Ronson rejoindra le groupe pour un dernier tour de piste en 1974 après la dissolution des Spiders from Mars de Bowie, Mott The Hoople explosera, laissant Hunter partir dans une carrière solo qui hormis un grand hit (« Once bitten, twice shy ») dans les mid-seventies restera assez confidentielle. Depuis, tel le proverbial serpent de mer, la reformation de Mott The Hoople est régulièrement annoncée, et jamais concrétisée …

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9 commentaires:

  1. (N°6) (alias D.E.L.)26 mars 2012 à 14:38

    Un groupe culte qui m'est passé par dessus, glam oblige. Le titre de Bowie ressemble à du Bowie de l'époque, ça ne peut pas être mauvais. Ah, j'en ai bouffé chez Lenoir du Mott the Hople quand Cassavetti débarquait. Me suis jamais penché sur la question.
    (tiens, à propos, rien à voir, mais je chronique désormais sur le site Guts of Darkness, je crois que Red connaît, sous le nom de (N°6). Certaines anciennes chro retravaillées, ou non, referront sans doute surface là-bas).

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    1. C'est noté, N°6 ... Guts of Darkness, ça fout les jetons ... Sinon, t'as l'Idiot Electrique ...

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    2. Un site qui met la note maxi à Ground Zero, aux Boredoms et aux Fiery Furnaces ne peut avoir que notre reconnaissance :) Bobby Conn, je connais un peu, mais pas ce disque, un autre qu'il a publié sur Thrill Jockey, "The Golden Age".

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  2. Hé hé, tu montes de grade DEL ! Excellent site en effet ! Une raison de plus pour aller y faire un tour régulièrement.

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    1. Ca m'a fait tout drôle qu'un des membres me contacte pour me proposer d'y écrire, j'étais un vieux "client" du site sans quasiment jamais y faire de commentaires. Du coup je vais virer mes com Mamazon au fur et à mesure pour ceux que je retravaille pour Guts. Bon, ya des trucs dont je pourrai pas trop parler là-bas, mais enfin la "ligne éditoriale" des origines en a quand même pris un coup dans les dents depuis longtemps, ça s'est vachement élargi depuis 4-5 ans en gros.

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    2. Je connais depuis combien, un an peut-être mais c'est vrai que l'éventail est assez large, y'a même du vieux jazz Blue Note...

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    3. Je connais depuis 8-9 ans quasiment, et j'ai acheté pas mal de trucs à cause d'eux.;)

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    4. Ground Zero (Zero ? ils ont lucides au moins) et les Boredoms avec la note maxi, du vieux jazz Blue Note, ça fout VRAIMENT les jetons ...

      à cause d'eux ? c'est le mot ...

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    5. Faut essayer un peu, avant de lancer des jugements hâtifs...

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